Denis Morandet : La passion de la francophonie en Australie

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Avez-vous déjà rêvé de vivre une vie d’aventure à travers le monde, tout en restant connecté à vos racines culturelles ?

Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde » réalisé dans le cadre du partenariat avec la Fondation des Alliances Françaises, Gauthier Seys nous emmène à Sydney pour une conversation captivante avec Denis Morandet, un Français qui a su conjuguer mobilité internationale et enrichissement personnel.

Denis Morandet, originaire de Guadeloupe, a un parcours professionnel des plus variés. Après avoir grandi à Lyon et étudié la géographie, il a exercé des métiers aussi divers que facteur, professeur de braille et scaphandrier. Son goût pour l’aventure l’a mené à Mayotte, Madagascar, et la Nouvelle-Calédonie, avant de s’établir à Sydney où il est aujourd’hui General Manager de l’Alliance Française. Sa vie est un véritable témoignage de la richesse que peut offrir la mobilité internationale.

L’épisode explore les défis et les joies de l’expatriation, notamment les débuts difficiles en Australie et les efforts nécessaires pour s’intégrer dans une nouvelle culture. Denis partage également ses réflexions sur la situation complexe en Nouvelle-Calédonie et la passion des Australiens pour la culture française. Il évoque le rôle crucial des Alliances Françaises dans la promotion de la langue et de la culture françaises à l’étranger, illustré par le succès du French Film Festival en Australie. Une conversation inspirante qui montre comment la mobilité internationale peut enrichir nos vies de manière inattendue.

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Podcast n°2226 (Juin 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia d’aide à la mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage de l’épisode :
00:00:01-Présentation du podcast et de l’invité
00:00:35-Introduction à la carrière de Denis Morandet
00:01:76-Parcours professionnel et personnel de Denis
00:03:193-Séjour à Mayotte et Nouvelle-Calédonie
00:05:319-Installation à Sydney et défis initiaux
00:06:369-Réussite de l’immersion culturelle et éducation bilingue
00:07:458-Vie dans la communauté française de Sydney
00:08:484-Liens avec la France et évolution technologique
00:09:583-Évolution professionnelle au sein des Alliances françaises
00:10:638-Australiens et leur passion pour la culture française
00:11:690-Succès du French Film Festival en Australie
00:13:783-Fierté de l’Alliance Française auprès d’Emmanuel Macron

Retranscription de l’épisode :

Voici un nouveau podcast qui parle de la mobilité internationale et qui va rejoindre la galerie des 2000 interviews disponibles sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gauthier Seyss et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Denis Morandet dans le cadre du partenariat avec les Alliances françaises. Direction Sydney. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. francaisdanslemonde.fr Je fais un des plus beaux métiers du monde, je me promène constamment à travers la planète pour rencontrer des français qui vivent la grande aventure de la mobilité internationale.
Et nous allons faire connaissance avec Denis, une carrière plurielle qui l’amenait aujourd’hui à être General Manager de l’Alliance française de Sydney. Je pars au bout du monde. Bonjour Denis. Bonjour Gauthier. Ça m’étonne toujours, alors je reste un enfant, j’ai une candeur en moi, c’est de savoir que nous c’est l’été, toi c’est l’hiver, que moi c’est le début de journée, toi c’est la fin de journée et que techniquement parlant, si on regarde et qu’on prend beaucoup de recul, tu as la tête en bas, moi ça m’étonne.
Et malgré tout, on arrive à communiquer. C’est beau. Et en toute facilité en plus. Merci Internet. On va revenir sur ton parcours.
Tu es originaire de Guadeloupe. Ensuite, tu viens en France. Tu grandis à Lyon. Tu fais des études de géographie. Tu bosses dans la région Rhône-Alpes.
Alors côté boulot, Denis, si je peux me permettre, quand j’ai dit une carrière plurielle. La poste, t’es facteur. Tu vas être professeur. T’apprends le braille. Tu fais scaphandrier.
Toi, t’aimes bien, t’as la bougeotte. Oui, j’ai la bougeotte à la fois géographiquement, mais aussi je suis un peu touche à tout. Je n’ai jamais su exactement ce que je voulais faire. Donc j’ai suivi un peu les envies et j’ai essayé de m’adapter. Tu as aussi suivi ta compagne puisque tu te retrouves pour ta première expatriation à Mayotte.
Ta compagnie est Sage Femme. Je ne savais pas que Mayotte était une référence pour les sages femmes. Oui, alors Mamoudzou est la première maternité de France, donc quand ma compagne m’a proposé de partir, j’ai dit ben Banco. Il y avait aussi l’aspect vraiment île un petit peu vierge à l’époque, avec moi ma passion déjà pour la plongée, donc on a vécu trois très belles années là-bas. Alors tu me dis que tu as une âme d’insulaire, les grands territoires ça te va pas, il faut qu’il y ait de l’eau autour toi.
Je dois reconnaître que j’ai gardé mon âme d’insulaire. Je ne sais pas si c’est la naissance aux Antilles, si c’est le goût de la mer, mais je suis plus à l’aise au bord de l’eau. Et Scafandrier en 2024, c’est comme Tintin dans la BD d’Hergé, c’est les gros trucs en fer avec les hublots, c’est. Encore comme ça ? Il y a plusieurs types de scaphandres, mais celui-ci existe toujours, le CB Gorman.
Il est étonnamment très pratique. On a l’impression qu’on est là-dedans en bibendum et qu’on ne s’est plus bougé ? Non, mais en suivant les types de travaux, il est encore beaucoup utilisé.
Après Mayotte, l’envie de voyager reste présente. Madagascar, il va y avoir la Nouvelle-Calédonie. L’une des trois provinces de la Nouvelle-Calédonie, tu t’installes dans les îles loyautées. Un mot sur ce qui se passe actuellement en Nouvelle-Calédonie. Tu m’as dit, c’est une situation qui me fait mal au cœur.
Oui, c’est vrai, ça fait mal au cœur. C’est un peu triste de voir les communautés se déchirer. La Calédonie, c’est une situation complexe, un processus de décolonisation, c’est jamais facile. Il y a des intérêts géostratégiques, il y a des populations qui sont soit là depuis très très longtemps, les populations mélanésiennes, des populations caldoches européennes qui sont installées depuis des générations, des populations plus récentes. L’amalgame est difficile à faire.
Et est-ce qu’il y a une solution à cette équation ? Il y a certainement une solution, mais il n’y a pas de solution facile. C’est-à-dire qu’il va falloir que tout le monde accepte de perdre certaines choses pour qu’il y ait ce que les Calédoniens ont appelé le destin commun. Et pour moi, le destin commun, la solution, c’est que j’accepte de perdre certaines choses pour que toi, tu puisses en avoir. Et on fait tous des efforts et on y arrive ensemble.
Et donc, c’est la discussion dans tous les cas. Alors, la discussion en Calédonie, c’est fondamental, c’est la palabre. Donc oui, je pense que ça sera incontournable. C’était déjà le cas en 88, quand les accords avaient été négociés à Matignon. Beaucoup de discussions, beaucoup d’échanges, parce que c’est un problème très, très complexe.
En tout cas, quand on tape « île loyauté » sur Google, les photos sont stupéfiantes. C’est très, très, très, très beau. Je te confirme, moi j’habitais à Uvea. Uvea ça a été nommé par les japonais à travers un roman, l’île la plus proche du paradis. Et oui, c’est vraiment, on en prend plein les yeux.
En 2013, vous décidez de vous établir à Sydney, pays anglophone, tu vas changer d’ambiance, pas être simple avec les visas et tout ça. Ta femme, qui est sage-femme, eh bien, son diplôme n’est pas reconnu. Elle doit laisser un peu ce métier de côté. Les débuts, j’ai l’impression, ont été un petit peu difficiles. Il faut s’accrocher.
Il faut s’accrocher, ça se mérite. Heureusement, on avait déjà un petit peu d’expérience en expatriation. On était relativement clair et déterminé sur ce qu’on voulait. Le point positif, c’est que dans ces situations-là, tu rencontres toujours des gens qui t’accompagnent, qui te soutiennent et on a eu la chance de rencontrer et des Australiens et des Français. qui ont été là pour nous et voilà on est très reconnaissant aujourd’hui.
Ça fait 11 ans donc on peut considérer que ça s’est plutôt bien passé, vous êtes bien installé désormais. Tu m’as dit que tu vivais l’expérience que tu voulais vivre, le target est atteint. Oui, complètement. On voulait cette immersion dans une culture différente. On voulait offrir à notre fils des opportunités d’ouverture sur le monde, d’apprendre, de maîtriser l’anglais.
Donc voilà, les objectifs sont largement atteints et il n’y a aucun regret. Ton fils va passer le bac de français, un grand moment dans la carrière d’un étudiant. C’est donc qu’il suit un cursus français là-bas. Alors il a démarré dans une école australienne, ensuite on l’a installé au nord de Sydney dans une école qui s’appelle Spans, qui propose un programme mixte. Et ensuite au lycée français où il suit un enseignement qui est quasi bilingue.
ce qui lui a permis vraiment de développer des compétences dans les deux langues. Et aujourd’hui, il arrive à la période des épreuves, donc il y a un peu de stress. Vous êtes dans quel coin de Sydney ? Est-ce qu’il y a un espèce de quartier français ? Je suppose que c’est souvent près du lycée français.
Oui, tout à fait. On est plutôt dans le sud-est de Sydney, dans un quartier qui s’appelle Maroubra. Dans la zone Maroubra-Coogee, il y a beaucoup de Français. Il y a aussi des Français dans le North Shore, du côté de Killarney et de cette école FANS. Mais oui, on est dans un quartier où les Français sont présents.
Alors vous avez de la chance, vous êtes les premiers à changer d’année. Chaque année, on voit dans les médias l’Australie et le feu d’artifice sur le magnifique bâtiment de la ville. Cela dit, ça fait loin, ça fait beaucoup de décalage horaire. Quelle est ta relation à la France aujourd’hui ? Quand tu veux parler à des amis, à de la famille, quand tu veux avoir de l’actu, t’arrives à rester proche quand même de l’actualité française ?
Alors oui, parce que les choses ont changé grâce à la technologie. C’est-à-dire qu’on a vécu, nous, à travers nos différentes périodes d’expatriation, une évolution progressive. Le décalage horaire, ça, c’est un peu incompressible. Mais par contre, tu peux avoir des conversations en ligne relativement facilement. Tu peux avoir accès aux news un petit peu partout.
J’ai aussi la chance d’avoir mon père qui m’envoie des coupures de presse à intervalles réguliers. ce qui me permet de rester vraiment aussi en contact avec l’actualité française, donc. Toujours un lien avec la mère patrie. On a fait un podcast il y a quelques temps sur c’était comment l’expatriation sans internet et on me racontait que la France faisait des montages des journaux télévisés de Antenne 2 à l’époque et que ces cassettes étaient ensuite envoyées par La Poste, le temps d’arriver en Australie ça prenait un petit bout de temps, et ensuite ces montages de journaux télévisés étaient diffusés dans les alliances françaises. Tout à fait, tout à fait.
Tu vois, on trouvait des solutions à l’époque pour rester en contact. Heureusement, aujourd’hui, c’est plus simple. Mais on a aussi une époque à l’Alliance où on était abonné au quotidien français qui arrivait par avion. Le Monde, le Figaro, etc. Et qui était attendu avec impatience par tous les membres.
Sauf que le temps que Pierre Mourois soit Premier ministre et qu’il arrive en Australie, c’était Michel Rocard. Mais bon, c’est juste un petit problème. Tu nous taquines, tu nous taquines. Il faut dire, vous êtes bien bien loin. Cela dit, toi, arrivé à Mayotte, tu avais déjà poussé la porte des Alliances françaises.
Chose que tu vas renouveler lorsque tu arrives à Sydney, où tu vas commencer pour un métier de prof contractuel, puis prof principale, puis directeur pédagogique, puis aujourd’hui général manager d’une équipe de 50 permanents et contractuels. Là, tu es arrivé au plus haut dans la structure de l’Alliance française. Tu le sais, Denis. Oui, pour l’Alliance Française de Siné, j’ai atteint le plus haut niveau. C’est à la fois une satisfaction, mais le mérite ne m’en revient pas à moi seul, c’est-à-dire que je suis rentré dans une structure où à un moment on m’a aussi fait confiance, on m’a permis de me former, et c’est aussi ça les Alliances Françaises, c’est-à-dire qu’on touche à tout, on se forme et puis ensuite on repart ailleurs et souvent dans d’autres alliances.
pour porter ce bagage. Donc une très belle expérience ici. Double mission, l’éducation et la culture. Vous enseignez le français aux Australiens. Ils sont comment les Australiens vis-à-vis de la France ?
Ils savent où c’est dans le monde ? Ils aiment la langue ? Ils aiment la culture ? Ils aiment la chanson française ? Ils sont passionnés.
Pour un Français qui débarque en Australie, c’est toujours assez surprenant de découvrir la francophilie des Australiens. Ils voyagent énormément. Ils adorent la France. Le nombre d’Australiens qui suivent le Tour de France est juste incroyable. Dès qu’ils ont l’occasion, ils voyagent en France.
Ils adorent la langue française. Ils nous rejoignent pour apprendre et pour pratiquer. Il y a quelques jours, j’ai été invité à la télé australienne sur Channel 9 parce qu’ils vont retransmettre les Jeux Olympiques. et on a fait un petit segment sur du français basique pour les jeux, pour se présenter. Donc il y a une passion et puis c’est des gens qui sont adorables.
Après le festival de Cannes, le French Film Festival Australien est le plus connu, le plus fréquenté avec 190 000 spectateurs, 5000 séances de cinéma, 40 films. C’est en mars que ça se passe et c’est une initiative que vous avez mis en place ces dernières années. fier de porter les couleurs du cinéma francophone en Australie ? Alors oui, très, très fier. Pour être tout à fait honnête, l’Alliance française French Film Festival a démarré il y a 35 ans.
Les alliances qui ont lancé ça, c’était quelques alliances d’Australie. Maintenant, on a toutes les alliances capitales. On a Brisbane, Canberra, Melbourne, Adelaide, Perth. On diffuse aussi à Hobart, dans plein d’autres villes. Et c’est vraiment maintenant un effort commun pour amener cette culture française aux Australiens dont ils sont vraiment friands.
Et même Emmanuel Macron a parlé de votre French Film Festival. Fierté ! Oui, alors un très joli moment pour nous. En fait, en juillet dernier, on s’est rendu à Paris pour les 140 ans du réseau Alliance Française. Donc le réseau international a fêté ses 140 ans, on a été invité par la fondation Allianz et les présidents des Allianz qui étaient présents ont été reçus à l’Elysée par Emmanuel Macron qui a fait un discours et dans l’introduction il a cité comme exemple de belles réussites culturelles l’Allianz Française French Film Festival d’Australie.
Donc on était très fiers. Je me doute. Et on aura l’occasion de revenir sur ce French Film Festival sur l’antenne de la radio des Français dans le Monde. Et comme tu parlais de la Fédération, je salue au passage les équipes avec qui je travaille au quotidien pour préparer ces interviews qui me permettent de rencontrer partout dans le monde des Français qui portent haut les couleurs de la francophonie. Merci beaucoup Denis pour ce parcours.
T’as l’habitude de parler dans les médias puisque tu nous disais que t’étais à la télé il y a quelques jours. Oui, oui, oui. En fait, dans mon rôle, il y a une partie aussi de représentation. Donc, j’ai l’opportunité de m’exprimer sur des podcasts comme le tien, parfois à la télévision, quelquefois pour les journaux. Et c’est toujours plaisant parce que j’ai un vrai plaisir à vanter les missions et les valeurs des Alliances, pas seulement de celles de Sydney, parce que c’est la première ONG culturelle du monde et c’est un réseau qui a de belles valeurs et dont je suis très fier.
Et voilà, et 3 millions d’auditeurs sur la radio chaque mois pourront entendre parler de ce parcours. Le contact de l’Alliance Française est en lien dans ce podcast. Merci, belle soirée du coup pour toi. Merci beaucoup Gauthier, moi je te souhaite une très belle journée et je te dis à très bientôt.
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