Pablo Emmanuel : Entre France et Espagne

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Avez-vous déjà ressenti un amour partagé entre deux pays, comme si votre cœur battait pour deux patries différentes ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys explore cette question fascinante avec son invité Pablo Emmanuel Fernandez Priego. Né en France de parents espagnols expatriés, Pablo Emmanuel nous emmène dans son univers où la France et l’Espagne se mêlent constamment, que ce soit pour le travail, la famille ou la passion de la musique.

Pablo Emmanuel Fernandez Priego est un véritable Européen, né à Aubagne, mais profondément attaché à l’Andalousie, région d’origine de ses parents. Il partage avec nous son parcours de vie unique, marqué par des allers-retours incessants entre la France et l’Espagne. Artiste dans l’âme, il a été bercé par le flamenco dès son plus jeune âge, une influence musicale qui se reflète dans ses créations actuelles. Malgré une enfance et une adolescence marquées par une maladie auto-immune, Pablo Emmanuel a su transformer ses défis en force, trouvant dans la musique et l’écriture un exutoire puissant.

L’épisode aborde également des thèmes plus personnels et profonds, tels que la résilience face à la maladie et la quête d’identité entre deux cultures. Pablo Emmanuel nous parle de ses difficultés à se sentir pleinement chez lui, que ce soit en France ou en Espagne, et de son rêve de vivre de sa musique tout en travaillant comme éducateur en foyer. Il nous présente également son dernier titre « Malaga », un hommage vibrant à ses racines andalouses. Rejoignez-nous pour découvrir l’histoire inspirante de cet artiste franco-espagnol qui, malgré les obstacles, poursuit inlassablement ses passions.

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https://youtube.com/@pablo.emmanuel?si=ZYsLzVZsYywIpZFy

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Podcast n°2277 (Septembre 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage de l’épisode

00:00:01-Introduction au podcast 00:00:45-Pablo Emmanuel, un vrai Européen
00:01:18-Balancement entre France et Espagne
00:02:10-Choix de l’équipe de football
00:03:08-Le futur entre le sud de la France et l’Espagne
00:03:50-Découverte de la maladie auto-immune
00:04:47-Impact de la maladie et maturité précoce
00:05:31-Rôle de la musique et influence du flamenco
00:06:37-Difficultés et plaisirs de vivre de la musique
00:07:44-Tournage du clip à Malaga
00:08:57-Éventualité d’un morceau sur Marseille
00:09:38-Espoir d’une carrière musicale prometteuse
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Retranscription de l’épisode

Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Pablo Emmanuel Fernandez Priego. On va parler d’un cœur, mais de deux pays. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Alors Pablo Emmanuel, tout est dit dans son prénom.
Un petit peu d’espagnol, un petit peu de français. Il faut dire que pour faciliter le tout, il est grand, blond, aux yeux bleus. Comme ça, on est complètement paumé. C’est un vrai Européen au micro de la radio des Français dans le Monde. Bonjour Pablo Emmanuel.
Bonjour Gauthier, ça va ? Ah oui, je vais pas te dire que non. Malaga, l’Andalousie, c’est spécial, ouais. C’est spécial. Tes parents sont de là-bas, mais c’était des expats, ils travaillaient en France.
Tu es donc né à Aubagne, la ville de Pagnol, et tu vis toujours dans le sud de la France. C’est un peu compliqué à te suivre parce qu’en fait, tout te mène systématiquement, soit en Espagne, soit en France, continuellement, pour la musique, pour le travail, pour les amours, pour la famille. Mais en fait c’est ça, étant espagnol et fils d’espatrie espagnole, c’est vrai qu’on a toujours été balotté entre la France et l’Espagne. Donc du coup, c’est vrai que toute ma vie, j’ai entendu Espagne, France, France, Espagne. Donc on est toujours ramené à ça parce que voilà, c’est mon pays d’origine, même si je suis né en France, pour moi c’est mon pays de cœur, on va dire.
Et voilà, on a toujours été sensibilisés dans ma famille à l’Andalousie et à tout ça. On parlait d’un match de foot par exemple, alors ça existe, des grandes rencontres, France-Espagne. Alors là, tu dois être dans une merde noire. Ben, sans te mentir, je suis pour l’Espagne. J’ai toujours été pour l’Espagne.
Alors France 98, c’est l’exception, j’avais 7 ans. Mes parents, ils m’ont acheté un chapeau avec des cloches et une coque. Je crois que c’était la seule fois où j’étais pour la France. Après, j’ai toujours été pour l’Espagne. Après, c’est une sensibilité.
C’est une sensibilité que j’ai pour l’équipe espagnole. Mais c’est vrai qu’après, avec les amis ici, on se chambre, comme on dit à Marseille. Mais avec ces deux cultures, j’ai souvent la remarque que finalement, quand t’es à Marseille, t’es un Espagnol. Quand t’es à Malaga, t’es un Français. On te rappelle quasiment que t’es jamais à la bonne place.
Oui c’est ça carrément, en France j’ai toujours été l’Espagnol, je crois que c’était mon tournoi à l’école et tout, c’est l’Espagnol et à Malaga c’est le Français, le Français directement. Même ma famille, mes cousins, je suis le Français et ici c’est l’Espagnol. Comme je t’ai dit, je me prenais une maison dans les Pyrénées. Entre les deux. Entre les deux.
On va couper la poire en deux. Alors en vrai, Pablo, tu vas plutôt rester dans le sud de la France parce que l’amour avec un mariage dans quelques mois va faire que tu vas poser les bagages et peut-être construire une famille dans le sud de la France. L’Espagne, ce sera peut-être pour plus tard. Oui, voilà. Après, on va dire que c’est pas si loin que ça.
On n’est pas loin et on peut y aller en vacances. Mais après, je me sens bien ici aussi dans le sud de la France. C’est pas tellement différent. Donc on verra par la suite. Alors, on va parler d’un sujet un peu moins rigolo.
Vers 17 ans, on trouve une maladie auto-immune qui va t’emmener dans les hôpitaux, qui va te pousser à vivre plein de traitements, à subir la peur. Aussi, quand on est ado, ce n’est pas une période très facile. De 17 à 25 ans, ça va être un peu difficile. Oui, à 17 ans, je faisais beaucoup de sport, des sports de combat. J’ai ressenti des fortes douleurs au dos.
Après les championnats de France, c’était assez compliqué. Je suis parti vivre en Espagne et là j’ai eu un KO en boxe et j’ai eu une paralysie de l’épaule pendant 2-3 ans. J’ai eu cette paralysie, cette douleur, et on m’a annoncé que j’ai souffré d’une spondylarthritis ankylosante. Donc 17-18 ans, enfin de 17 à 20 ans, ça remet tout en question. Là, justement, je voulais faire ma vie en Espagne, être professeur d’espagnol, etc.
Donc ça, oui, ça met un coup quand même, physiquement et moralement, à ce moment-là. Mais quelque part, ça aide aussi à être plus vite mature et à peut-être mieux savoir profiter des bonnes choses de la vie. Clairement, c’est vrai que J’ai passé pas mal de temps à l’hôpital, beaucoup de peur, beaucoup d’incompréhension, beaucoup de maladies qui m’ont été nommés et maintenant je vis différemment les choses, j’ai toujours cette maladie. Mais je vis les choses avec plus d’espérance, plus de foi, plus de joie qu’avant et je me dis que j’aurais pas été le même, j’écrirais pas maintenant, je serais pas le même aujourd’hui. Alors justement, on va parler de l’écriture et de la musique.
Il faut dire que ton papa est musicien, la musique a toujours été présente à la maison, comme par hasard le flamenco était présent à la maison. D’ailleurs, le flamenco est très pluriel aujourd’hui. Il y a le flamenco traditionnel, mais il a eu toutes ces déclinaisons modernes. Oui, le flamenco. Moi, j’ai toujours grandi avec ce flamenco que je n’aimais pas petit, que j’aime beaucoup maintenant.
Et il faut dire qu’on faisait Malaga, Marseille en voiture dans une Renault 19 avec des capsules de flamenco. Pas le choix, pas le choix d’écouter. Mais c’est resté en moi. C’est resté en moi. Et le flamenco, comme tu dis, a évolué.
Flamenco rap, flamenco pop, flamenco reggaeton, flamenco rock. Donc c’est resté très présent et dans la dernière musique Malaga, j’ai voulu parler de ses souvenirs en faisant du rap dans du flamenco, dans une musique qui a la consonance flamenco. Donc beaucoup m’ont comparé à Kenji d’ailleurs. On me dit ça ressemble à Kenji, c’est mélange etc. Mais non, ça reste présent, c’est dans le sens je pense.
Tu m’as dit, concernant la musique, c’est dur, mais je me régale. C’est dur parce que vivre de la musique, en tirer des bénéfices, c’est une chose, mais tout le monde n’est pas Jean-Jacques Goldman. C’est une passion aujourd’hui, c’est-à-dire que tu as quand même un métier, tu es éducateur en foyer. T’aimerais bien pouvoir laisser ce métier d’éducateur de côté et ne faire que de la musique si tu avais le choix ? Oui, forcément, c’est une passion.
C’est une passion où je peux dire ce que je vis au quotidien, où je peux parler de ma musique, je parle de ma foi, je parle de mes joies, je parle de mes peines, je parle de mes deux pays, je parle de ma famille, donc c’est un exutoire. Et c’est vrai qu’après, j’arrive à faire quand même quelques scènes et je suis content quand je suis devant 50 ou 300 personnes, ça me fait plaisir parce que c’est dans ma chambre. Ça sort, mais de là à gagner sa vie complètement, C’est autre chose et je pense pas que c’est forcément de la chance aussi, pour avoir peut-être un certain talent, se démarquer. Moi, je fais ce que je fais. Si un jour ça marche, mais tant mieux quoi.
Alors en tout cas, on va permettre aux auditeurs de découvrir Malaga, le titre sur lequel il y a un superbe clip, des guitares, les dunes, le ciel bleu et des sourires. Tu l’as mis en explication. C’est vrai que quand on voit le décor de cette partie de l’Espagne, c’est quand même pas mal. C’est assez joli. Oui, c’est pas mal.
C’est vrai que l’Andalousie, c’est une partie de l’Espagne un peu la plus typique pour moi d’Espagne. Il y a Barcelone, ça ressemble un peu au sud de la France. Il y a Madrid, etc. Mais l’Andalousie, c’est des paysans et c’est ce qu’on a voulu montrer dans le clip. D’ailleurs, le clip, on voit plein de belles images.
Tu m’as dit que ce n’était pas si simple que ça, parce que d’un plan à l’autre, c’est rapide. Mais sur le terrain, il y a parfois quelques heures de différence entre une jolie plage et un marché. Quand j’étais avec un ami à moi qui est mon manager, qui m’aide sur tout le canton, que je salue parce qu’il fait un travail exceptionnel, et on a été les amis du genre, Malaga c’est bien, on passe d’une lune à des petites rues. C’est plus compliqué que ça. On a été pendant la fériade, donc tout le monde est habillé en flamenco.
On a fait beaucoup de routes. Enfin, faire un clip, c’est de l’organisation, c’est beaucoup de travail. Mais on est content du résultat parce qu’on a montré l’essentiel de ce qu’on voulait montrer, les plages, les petites rues, le flamenco, les choses typiques. Résultat pour les Français, c’est l’occasion de découvrir cette région andalouse. Il te reste à faire un morceau qui s’appellerait Marseille et qui ferait la même chose pour les Espagnols.
Pourquoi pas ? Mais c’est vrai que Marseille, c’est aussi assez graphique en France, surtout Marseille. On peut montrer le bon de Marseille, pas que le mauvais. Il y a du bon. Bon, il faut juste demander à Jul de te laisser un peu de place, quoi.
Ça va être compliqué. On va découvrir ce titre qui s’appelle Malaga. Dès que tu peux, tu vas te ressourcer là-bas. En tout cas, c’est une bien belle région. Je te souhaite le meilleur pour cette carrière.
Merci. On ne sait jamais de quoi est fait la musique. C’est un matin, tu te réveilles et tu as été repris sur TikTok, t’es numéro un mondial. Ça arrive à plein d’artistes. Donc pourquoi pas ?
Écoute, est-ce qu’on se parlera encore quand tu deviendras une star mondiale ? Oui, j’espère. C’est enregistré. C’est ça, sur l’épreuve. Pablo-Emmanuel, deux cultures, mais un seul et gros cœur.
On écoute ton titre. À bientôt sur l’antenne de la radio. Des Français dans le Monde. Merci, à bientôt.
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