Martine Vautrin : Éveil citoyen en terre Tunisienne

Comment les expatriés peuvent-ils renforcer leur citoyenneté à l’étranger ?

Dans cet épisode de « 10 minutes » réalisé en partenariat avec Français du Monde ADFE, Gauthier Seys nous emmène en Tunisie pour une conversation captivante avec Martine Vautrin. Le sujet central ? Comment les Français vivant à l’étranger, notamment les binationaux, peuvent-ils mieux s’impliquer dans la vie citoyenne ? Une question d’autant plus pertinente à l’heure où la mobilité internationale est en constante augmentation. Martine partage son expérience et les défis qu’elle a rencontrés pour sensibiliser les jeunes franco-tunisiens à leurs droits et devoirs en tant que citoyens.

Martine Vautrin, née à Paris, a été attirée par l’amour sous le soleil tunisien. Après avoir rencontré son mari tunisien durant leurs études en France, elle s’installe en Tunisie et s’immerge dans la vie locale. Avec une carrière initiale dans le tourisme, elle se tourne vers la vie associative dans les années 90, à une époque où l’accès à l’information était limité. Aujourd’hui, elle est vice-présidente de Français du Monde ADFE Tunisie et conseillère des Français de l’étranger, démontrant un engagement profond envers la communauté française en Tunisie.

L’épisode aborde un projet innovant de Martine : un programme d’éveil à la citoyenneté pour les jeunes franco-tunisiens. Constatant que de nombreux binationaux ne connaissent pas bien leurs droits, elle a organisé des journées de sensibilisation pour les informer sur le fonctionnement de la démocratie française. Avec l’aide de l’association MOSEACT, ces journées ont inclus des interventions d’élus, des activités interactives et des discussions sur l’importance de l’implication citoyenne. Le succès de cette initiative a été reconnu par un prix de Français du Monde ADFE, et Martine envisage déjà une seconde édition pour continuer à renforcer ces liens citoyens.

https://fdm-adfe-tunisie.org/

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Podcast n°2588 (octobre 2025)

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Chapitrage du podcast :
0:00:01 – Introduction et présentation de Martine
0:00:46 – Rencontre et parcours de Martine en Tunisie
0:01:94 – Implication dans la vie associative
0:02:148 – Contexte avant l’ère d’internet
0:03:183 – Engagement dans l’ADFE
0:04:293 – Diffusion de l’information et transparence
0:06:382 – Les défis des binationaux franco-tunisiens
0:07:430 – Sensibilisation à la citoyenneté
0:08:531 – Réactions et découvertes des jeunes
0:09:608 – Récompense et rectification du projet
0:11:719 – Encouragement à l’implication citoyenne
0:13:788 – Conclusion et remerciements

Transcription IA du podcast :

Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde pour aider tous ceux qui se préparent ou qui vivent de près ou de loin la mobilité internationale. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Martine Vautrin, direction la Tunisie. 10 minutes. 10 minutes.
Martine est née à Paris, mais l’amour l’a téléportée sous le soleil de la Tunisie. Et c’est là qu’on la retrouve aujourd’hui. Bonjour Martine. Bonjour. Merci d’être avec nous sur l’antenne de la radio des Français dans le Monde dans le cadre de notre partenariat avec Français du Monde à DFE.
On se retrouve aujourd’hui pour parler de ce prix qui vous a été remis Grâce au travail de programme d’éveil à la citoyenneté, on va en parler dans un instant. Est-ce que tu veux bien d’abord qu’on retourne un peu sur ce parcours qui t’a amené sous le soleil d’Amamet ? Il faut dire qu’alors que tu faisais tes études, tu as rencontré ton futur mari qui était Tunisien, qui lui aussi faisait ses études de pharmacie et ça a changé ton chemin de vie. Tout à fait, mais c’est un parcours qui n’est pas rare, qui n’était pas rare en tout cas pour ma génération, puisque de nombreux étudiants tunisiens allaient faire leurs études en France, ce qui est encore le cas d’ailleurs. Ce n’est pas exceptionnel.
Alors tu vas donc t’y installer, tu vas travailler dans le monde du tourisme. Et puis ensuite, il va y avoir l’arrivée des enfants. Tu vas, à partir de 92, t’intéresser à la vie associative. Alors pour nos auditeurs, il faut rappeler un peu le contexte. On n’a pas beaucoup d’informations à ce moment-là.
Il n’y a pas internet. Les journaux qu’on sort sont en papier. Il faut les distribuer. Tu me disais, il n’y a pas d’autoroute, il n’y a pas la clim. Quand on vit un peu loin de la capitale, on est un peu coupé du monde et on n’a pas d’infos.
C’est difficile à imaginer pour nos plus jeunes auditeurs, un monde sans internet. Et oui, c’était hier. C’était effectivement au siècle dernier, mais c’était hier surtout. Et on se rend compte aujourd’hui de ce que ça représente. l’information, les informations n’étaient accessibles.
Quand je parle d’information, c’est les informations, les relations avec le consulat, etc. ou l’ambassade ou les activités culturelles n’étaient accessibles qu’à un cercle dans la capitale. Or, moi, j’habitais en province, même si d’une province proche puisque J’habitais à 60 kilomètres de Tunis, ce qui ne semble pas si loin. Mais voilà, ça représentait une distance importante à l’époque. Alors suffisamment loin pour ne pas connaître forcément ces droits, les aides sociales qui existent.
On a les enfants qui arrivent, donc il y a aussi des choses à faire pour eux. Et là, tu te dis, il faut peut-être que je m’implique un peu. Tu rentres dans l’ADFE à l’époque, ça s’appelle comme ça. Et puis tu vas grimper les échelons tout doucement, tu en seras même la présidente pendant 7 ans aujourd’hui. Tu es vice-présidente de Français du Monde ADF Tunisie, et également conseillère des Français de l’étranger.
On peut dire que tu t’es quand même pas mal impliquée dans la vie citoyenne. Oui, je me suis appliqué dans la vie citoyenne avec un credo parce que je me suis retrouvé justement confronté à ce manque d’informations et à une absence de transparence concernant nos droits à l’étranger et ma préoccupation première a été d’abord de diffuser de l’information et donc diffusion de l’information et transparence sur ce à quoi nous avions droit. ce qui n’était pas vraiment le cas pendant longtemps. Donc, c’était vraiment une ligne de… pour moi, un objectif de fond.
Et il fallait… et pour ça, on ne peut pas se battre tout seul, on est toujours plus efficace à plusieurs. Et donc, c’est comme ça que je suis rentré à Français du Monde, à DFE, qui correspondait, disons, à mes valeurs. Alors tu vas faire un jour un constat, c’est que les Français qui sont établis sur place sont à 70% des binationaux franco-tunisiens, et que l’implication dans la vie citoyenne, participer aux élections par exemple, connaître comment fonctionne le système, eh bien quand on ne le dit pas, on ne le sait pas. J’ai eu l’occasion de constater un jour, je me suis rendu compte que mon boucher avait la nationalité française dans mon quartier, le boulanger également, et je me suis rendu compte que ces gens-là, mis à part leur…
bon, ils avaient un passeport, évidemment, ils ont la nationalité française, mais leurs enfants étaient scolarisés dans le système scolaire tunisien, et à plusieurs reprises, ils m’ont posé des questions, et je me suis rendu compte que… Mais ils ne savaient pas du tout. Ils ne savaient rien, mis à part comment renouveler un passeport et encore. Ils ne sont absolument pas liés en aucune manière à la communauté française. Ils sont tunisiens en Tunisie.
et leurs enfants sont scolarisés dans le système scolaire tunisien. Je n’ai eu aucun mal à comprendre, bon, à la suite d’échanges avec différentes personnes, pourquoi ils se sentaient aussi peu impliqués dans leur citoyenneté française. Je ne veux pas, évidemment pas, donner de du grain à moudre à ceux qui entament des débats nauséabonds sur l’identité ou qui envisagent de modifier le code de la nationalité française, qui est quand même intéressant. Voilà, la nationalité se transmet même quand on est né à l’étranger, ce qui n’est pas le cas partout. Mais voilà, c’est une nationalité qui se transmet et je pense que Parfois, certains ont une nationalité administrative, j’allais dire.
Et donc, en effet, l’idée, c’est de pouvoir… On ne va pas les chercher parce qu’ils n’ont pas de vrais liens avec la France. Et même si la France est un pays proche, un voyage en France coûte très cher pour des gens revenus moyens ou modestes. Beaucoup de ces enfants ne sont jamais allés en France. Alors on comprend que ces binationaux ont besoin de savoir comment fonctionne notre démocratie.
Si on leur dit pas, ils ne le savent pas. L’idée, du coup, ça a été d’organiser une journée de sensibilisation, un programme d’éveil à la citoyenneté. Résultat, une trentaine de jeunes se sont réunis en novembre dernier. Une journée avec des interventions, avec des petits QCM ludiques, avec des cadeaux, d’ailleurs, des petits cadeaux qui pouvaient leur être offerts, des petits cadeaux tricolores. Tu m’as dit que tu avais acheté sur le site de l’Assemblée nationale.
Tout à fait. Oui, il faut toujours motiver les troupes. En fait, ça s’est déroulé sur deux jours. Nous avons eu un groupe sur Tunis et un groupe sur Sousse, donc dans deux villes différentes, avec le même programme. un affichage, alors un travail extrêmement bien préparé par nos intervenants de l’association MOSEACT, qui ont été réglés.
C’est une intervention payante, mais les choses ne sont jamais aussi bien faites que lorsqu’elles sont faites par des professionnels. et à partir du moment où j’avais eu ce contact avec cette association qui faisait un peu le tour de tous mes collègues, j’ai évoqué ce projet et immédiatement, voilà, le courant est passé et j’ai vu qu’ils étaient en capacité de nous préparer un programme tout fait avec des grandes affiches, des grands panneaux explicatifs sur l’Assemblée nationale, le Sénat, la République française et ses spécificités. Voilà et évidemment, il y a eu l’intervention aussi d’élus parlementaires qui ont gentiment accepté d’intervenir. Sénateurs et députés. Quels ont été les retours des jeunes franco-tunisiens à la fin de cette journée ?
Ils ont découvert ? Ils ont été étonnés du fonctionnement ? C’était vraiment une découverte pour eux ? Alors c’était une découverte, effectivement, c’était une découverte pour eux. Ils ont été…
C’est pas facile, je sais. Moi je faisais l’accueil le matin et c’est vrai, il est vrai que certains ont été amenés là par leurs parents, faut pas trop se faire d’illusions. Ils étaient venus entraînant les pieds un peu, mais aussi bien à Assous qu’à Tunis, la journée s’est finie dans une ambiance vraiment enthousiaste. Ils nous ont remerciés et rien que ça, au-delà de la récompense qui nous a été attribuée. Rien que ça, c’était une vraie récompense et une motivation suffisante.
Le résultat était très positif. Il y a eu un retour vraiment très très positif, avec des remerciements des parents évidemment.
En tout cas, Français du Monde ADFE a eu l’occasion de vous remettre le troisième prix pour ce programme d’éveil. C’est quoi la suite Martine ? Une seconde édition ? Vous allez renouveler l’expérience ? Je voudrais faire un petit rectificatif.
Nous, on a appelé ce projet Parcours Citoyens. Et sous le chapeau de Citoyens des deux rives. Parce qu’au-delà d’une approche j’allais dire franco-française, il s’agit vraiment d’un éveil à la citoyenneté. Quand on s’intéresse aux institutions, on est susceptible aussi de s’intéresser aux institutions du pays où on réside et ça, c’était une approche importante. C’est une première chose.
Seconde chose, les enfants, ont posé beaucoup de questions sur, par exemple, ils ont posé des questions à l’intervenant de l’attaché de défense qui est intervenu, sur les métiers de la défense, puisqu’ils ont trouvé qu’il y avait beaucoup de choses intéressantes, et sur les métiers de la diplomatie, à notre consul adjoint qui était intervenu, et sur la façon d’être élu. à nos députés et à moi-même parce que nous, j’ai intervenu, je suis intervenu, il y avait un module, évidemment, sur les conseillers des français à l’étranger et leur implication locale. Rien ne vaut l’exemple. Moi, je les ai exhortés d’abord à s’impliquer dans la vie associative, quel qu’elle soit, dans leur établissement scolaire, dans des associations sportives, citoyennes, écologiques. La jeunesse tunisienne est très sensible évidemment aux thématiques, à toutes les thématiques qui tournent autour de la préservation de l’environnement et de l’écologie.
J’ai vendu l’idée que l’implication citoyenne commençait par l’implication autour de soi dans la vie associative. Et je pense que c’est très important. Et Martine, du coup, c’est quoi la suite maintenant ? Une deuxième édition ? Alors on espère renouveler face à l’enthousiasme général, à commencer par celle de nos autorités, que ce soit au consulat, l’ambassade, l’Institut français de Tunisie et puis les familles qui ont d’autres enfants, parfois qui nous ont demandé si les plus jeunes pourraient participer après à une autre session.
Nous allons effectivement renouveler l’opération. l’année prochaine, pas en 2026, pas cette année parce qu’il y aura des élections, mais après les élections consulaires en octobre 2026. Et bien c’est une bien belle idée, mise en lumière par ce troisième prix de Français du Monde ADFE. Martine, je vais te demander de passer les félicitations à toute l’équipe qui a travaillé sur ce projet. Merci, je n’y manquerai pas.
Je ne manquerais pas de remercier Nathalie et Bernard, qui ont été de mosey actes, qui ont été vraiment très efficaces. Et puis à tout le conseil d’administration de français du monde ADFE, qui a un titre ou un autre, a contribué à la réussite de cet événement. Martine, merci. Je te laisse sous le soleil de Tunisie et à bientôt. Merci, à bientôt.
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