Grégory Hu : Vivre et enseigner en Arabie Saoudite

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Comment une ville en pleine mutation peut-elle redéfinir votre perception du monde ?

Dans cet épisode captivant de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », réalisation en partenariat avec l’association Français du Monde ADFE, Gauthier Seys nous emmène à Riyad, en Arabie Saoudite, pour découvrir l’histoire inspirante de Grégory Hu. Ce dernier s’est installé dans cette ville en pleine transformation il y a deux ans. L’épisode commence par une interrogation sur la capacité d’une ville à changer notre vision du monde. Riyad, autrefois fermée et conservatrice, s’ouvre aujourd’hui à de nouvelles influences, symbolisées par des constructions modernes avec de grandes baies vitrées, une véritable métamorphose urbaine.

Grégory Hu, l’invité de cet épisode, est un enseignant français qui a décidé de quitter la Picardie pour s’installer à Riyad. Issu d’une famille terrienne, il est le premier de sa famille à s’expatrier. Après des études de droit à Reims et un passage par Sciences Po Paris, Grégory a enseigné en Normandie avant de franchir le pas de l’expatriation. Motivé par un désir de changement et d’aventure, il a répondu à une offre de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) et s’est retrouvé à enseigner en Arabie Saoudite. Son expérience est marquée par des défis administratifs et culturels, mais aussi par une grande satisfaction personnelle.

L’épisode explore les changements rapides et significatifs en Arabie Saoudite, notamment à Riyad. Grégory partage ses observations sur les évolutions architecturales et culturelles, telles que l’apparition de parcs et d’événements internationaux comme des concerts de Metallica. Il évoque aussi les défis rencontrés par les expatriés, notamment les procédures administratives complexes. L’Arabie Saoudite, autrefois perçue uniquement comme un pays pétrolier, se réinvente avec des projets écologiques et une ouverture culturelle. Grégory, à travers son rôle dans l’association Français du Monde ADFE, s’engage à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants dans ce pays en pleine mutation, soulignant une qualité de vie et une sécurité appréciables.

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Chapitrage de l’épisode :
0:00:01 – Introduction et bienvenue
0:00:25 – Découverte de Riyad en pleine mutation
0:01:17 – Ouverture de l’antenne Français du Monde à Riyad
0:01:77 – Changements urbanistiques en Arabie Saoudite
0:02:142 – Parcours académique et premières démarches
0:03:208 – Processus de sélection pour l’AEFE
0:05:314 – Difficultés administratives à l’arrivée
0:06:408 – Complications liées à l’ikama
0:08:495 – Première rentrée scolaire à Riyad
0:09:545 – Projets écologiques à Riyad
0:10:587 – Evolution culturelle et changements en Arabie Saoudite
0:11:672 – Mission pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants
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Transcription IA du podcast :

Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Grégory Hu. Direction la capitale de l’Arabie Saoudite, nous sommes à Riyad. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
Une ville en pleine mutation qui est en train de changer très vite selon mon invité qui s’y est installé il y a un peu plus de deux ans. On va revenir sur son parcours. On va commencer par la Picardie pour arriver à Riyad. Oui, on peut faire des vols surprenants en écoutant la radio des Français dans le Monde. Grégory, bonjour.
Bonjour Gauthier. Merci d’être avec nous. On se rencontre dans le cadre du partenariat avec Français du Monde ADFE qui a désormais une antenne à Riyad grâce à toi. Oui, effectivement, elle a été ouverte il y a un an. On a ouvert l’antenne de Français du Monde en septembre 2024 pour accompagner et surfer sur cette dynamique par rapport à l’ouverture de l’Arabie Saoudite et de Riyad.
Alors en effet, c’est un pays qui change. L’Arabie Saoudite s’ouvre sur le monde. Tu expliquais en préparant cette interview qu’avant les constructions, c’était sans fenêtres. Aujourd’hui, il y a des grandes baies vitrées. En quelques années de temps, c’est un des signes d’ouverture.
Oui, effectivement. En fait, ça, on ne le voit rien que dans l’urbanisme. On avait des anciennes constructions où on avait des fenêtres, des petites fenêtres, et quand il y avait des fenêtres, il y avait toujours des murs qui venaient et qui faisaient qu’on ne voit pas à l’extérieur. Alors que maintenant toutes les nouvelles habitations, tous les nouveaux appartements ont des balcons, ils ont des grandes baies vitrées, et ça c’est un des premiers indices qui montrent que l’Arabie change. Alors on va parler de ton métier de professeur, de l’AEFE, on va revenir sur l’association et la nécessité que cette association aide les nouveaux arrivants parce que c’est pas toujours simple de s’installer en Arabie Saoudite et puis on va parler de ta vie au quotidien.
Mais on commence donc par la Picardie, tu es dans une famille de terriens, personne ne voyage spécialement, personne ne s’est expatrié, t’es un peu le premier à ouvrir le bal dans la famille. Exactement. Mes parents sont toujours en Picardie. Je suis plutôt issu d’une famille terrienne, mais je suis content et heureux aujourd’hui de m’expatrier. Alors tu fais tes études à Reims, fac de droit, puis tu montes à Paris pour faire Sciences Po et tu passes une thèse à Strasbourg, puis ton CAPES et tu es professeur en Normandie jusqu’à ce qu’un jour tu surfes sur le site de l’AEFE Ça se passe en décembre, janvier, tu me disais à peu près.
Il y a des annonces pour des postes qui se libèrent. Et donc aujourd’hui, tu es détaché de l’éducation nationale. C’est un processus que tu as voulu faire. Tu voulais aller voir un peu ailleurs. Oui, pour des raisons d’ordre privé, j’avais envie de changer d’air, j’avais envie de couper un petit peu avec la France.
Donc effectivement, j’ai vu cette annonce proposée par l’AFE. Et j’ai envoyé mon dossier de candidature. L’établissement ici, les FIIR, m’a classé et ma candidature a été retenue au mois de mars 2023. C’était l’année 2022-2023. Au mois de mars 2023, j’ai accepté ma venue ici à Riad.
Comme tu étais un jeune professeur, comme c’est un système de classement, l’administration aime bien faire ça. Les pays très prisés comme l’Espagne ou les Etats-Unis, c’était pas dispo. L’Arabie Saoudite, ça s’est présenté, t’as vu l’annonce, t’as choisi l’Arabie Saoudite, mais au final, t’aurais pu y arriver n’importe où dans le monde. Oui, j’aurais pu aussi aller dans d’autres pays du monde, mais effectivement j’avais eu mon CAPES depuis peu de temps et donc c’était l’occasion de de partir m’expatrier un peu et en Arabie Saoudite, en plus en sciences économiques et sociales, il y a peu de postes, c’est une petite discipline, donc il y a peu de postes offerts. Alors on prend fin d’année la petite annonce sur le site de l’AFE, on postule, on envoie des dossiers, on est sélectionné, tu le sais, à la mi-mars, et là il y a toute une série de procédures qui s’engagent, on va pas se cacher, les procédures notamment pour t’installer à Riad, elles sont assez longues et fastidieuses.
Oui, effectivement. Et ça, ça a été aussi un des déclenchements de mon engagement au sein de Français du Monde. C’est qu’effectivement, quand on arrive ici à Riyad, on est agent du ministère des Affaires étrangères, mais au final, on est peu accompagné par l’ambassade. Il a fallu faire toutes les procédures soi-même et quand on arrive dans un pays dont on ne connaît pas, et beaucoup de choses se font de manière électronique, etc. Tout est dépendant de ce qu’on appelle l’ICAMA ici, c’est-à-dire une sorte de titre de séjour.
Et ce titre de séjour, comme il est lié à l’ambassade, le mien, puisque je suis personnel détaché, il y faut toute une série d’autorisations de l’ambassade, du ministère de l’éducation saoudien, etc. Et tant qu’on n’a pas cet ikama, on ne peut pas louer un logement, on ne peut pas vivre ici. Donc ça a bloqué, je me suis retrouvé trois semaines comme ça, à l’hôtel parce que je ne pouvais pas signer de bail, je ne pouvais pas m’installer réellement ici. Et je ne parle même pas aussi des démarches pour le permis de conduire qui ont fait que j’ai dû attendre jusqu’au mois de février de l’année suivante. Même chose, toute une série de retards, de complications qui ont fait que je me suis dit il y a des choses aussi.
On fait partie de ce personnel du ministère des affaires étrangères et il faut aussi que le consulat, que l’ambassade aussi entendent nos difficultés et facilite notre implantation sur place. En effet, tu es détaché par l’AEFE avec un contrat de 3 ans, renouvelable 3 ans. Mais alors, toutes ces étapes de validation, une fois c’est les Saoudiens qui doivent valider, après c’est le consulat. Donc tout ça, ça prend du temps. Finalement, tu m’as dit que c’était pas si simple parce que tout ce qui découle derrière, donc en effet, logement, rouler, vivre, etc.
Faut prendre un peu sur soi. On pourrait fluidifier un peu cette démarche. Je pense oui, il faudrait effectivement lui dire que aujourd’hui en tant que représentant français du monde, j’ai l’occasion et c’est ça la grande chance quand on s’engage dans une association de pouvoir discuter avec la consul et l’un des problèmes aujourd’hui c’est aussi le problème du sous-effectif. au sein du ministère des affaires étrangères, qui peut-être peut expliquer des retards de traitement pour nous, et ça a des implications directes sur ces coûts budgétaires. Alors tu arrives avec quatre valises, tu fais simple parce qu’on voyait des meubles là-bas, c’était un peu tordu, donc t’as vraiment fait léger.
Et puis arrivé sur place, au final, donc avec un petit peu d’effort, tu t’es installé pour une rentrée de septembre 2023, où t’as une classe composée majoritairement de Libanais, parce que le système français est prisé. Ça va de la maternelle jusqu’en terminale. On a un public majoritairement libanais, d’origine libanaise, parce qu’effectivement, les Libanais ont une bonne opinion du système français. Ils le voient comme un système apportant une éducation de qualité et de manière générale, ils ont une bonne opinion de la France. Alors Grégory, quand tu étais en France et que tu apprends que tu vas aller t’installer à Riyad, je suppose que tu surfes sur Internet, tu lis des bouquins, tu te renseignes, tu vois peut-être des gens.
L’image que tu as de l’Arabie Saoudite par rapport à aujourd’hui, où tu t’y es installé depuis plusieurs mois maintenant, est différente. Oui, effectivement, c’est ce qu’on disait en propos liminaire. On le voit à travers l’architecture. On le voit aussi, il y a tout un projet Green Riyad. On s’imagine l’Arabie Saoudite, le pays du pétrole, etc.
Le pays des armes. Voilà, ça change. Il y a un grand projet Green Riyad et ils se sont rendus compte et on s’en rend compte quand il va faire chaud. La verdure, ça fait diminuer de 4 à 5 degrés, les températures et c’est pas rien. Et donc, il y a plein de parcs qui ouvrent, il y a des plantations d’arbres, etc.
Bien sûr, adaptées à la température ici, qui peuvent tenir les 45 degrés de l’été. Mais du coup, tout ça montre que l’Arabie change, l’Arabie s’ouvre. Il y a de plus en plus de choses liées à l’événementiel. On a eu Metallica qui est venu, qui aurait pu penser ça. il y a ne serait-ce que cinq ou dix ans, la police des mœurs existait encore.
La police des mœurs qui a donc depuis été supprimée. Tu parlais au niveau culturel, Guetta est venu à un gros festival. Tu sens que les choses sont en train de changer. Il y a 5 000 Français à peu près établis en Arabie Saoudite, dont à peu près la moitié dans la capitale. Aujourd’hui, avec un petit peu de recul, tu es heureux de cette nouvelle vie ?
Tu voulais changer d’air, c’est réussi ? Oui je suis heureux de cette nouvelle vie effectivement parce qu’en fait on y trouve une qualité de vie ici. Il y a une qualité de vie en termes de d’accès à des événements, de sécurité. Les femmes peuvent sortir à n’importe quelle heure, elles ne risquent rien. C’est sur des petites choses comme ça qu’on voit qu’on a aussi cette qualité de vie ici.
Alors, si vous voulez retrouver Grégory, il est à l’école française de Riad, donc c’est un lycée, un établissement AEFE. Et puis, si vous avez besoin d’informations, une antenne Français du Monde est donc désormais, grâce à toi, disponible, en espérant que tu puisses améliorer la fluidité dans les prochains temps. Ça fait partie de ta mission, du coup, maintenant. Tout à fait, ça fait partie de ma mission. Ça fait partie aussi de ma mission, c’est d’accueillir tous ces nouveaux Français qui arrivent.
La communauté française grandit de 10% par an à peu près. Juste une petite question par curiosité. Tu disais que dans le centre, c’est hyper bouchonné. Est-ce que c’est parce que le prix du litre du gasoil n’est pas cher ? Nous, on est à 2 euros le litre.
Toi, t’es à combien ? C’est 4 fois moins, c’est à peu près 1,8 sars, donc comme 1 euro c’est 4 sars, donc oui c’est à peu près 4 fois moins. Donc ça doit faire 50 centimes. Ça explique peut-être les bouchons, peut-être augmenter les prix pour que les gens prennent moins la voiture. Effectivement, il y a de plus en plus, la population augmente.
Alors ils ont ouvert le métro, le métro qui a été monté, qui a eu comme support une société française. Le bus, la RATP est en cogérance de certaines lignes de bus et de métro. Donc on ouvre les transports en commun parce que c’est une capitale qui bouchonne de plus en plus. Alors si vous vous installez en Arabie Saoudite et en particulier Ariadne, contactez Gregory U, le lien est dans ce podcast. Je te souhaite une belle journée.
Je ne te demande pas s’il fait chaud. Il fait un peu plus frais en décembre, janvier, mais oui, là, on est reparti sur du 35, 36 là. C’est pas mal. Au plaisir de te retrouver sur cette antenne. Merci Gauthier.
Vous écoutez la voix des expats.
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