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Quel est le secret d’un pays souvent méconnu mais riche en traditions et en culture ?
Thierry Ernst est un Français originaire de Lyon, qui a commencé son parcours humanitaire en Roumanie après la chute du dictateur Ceausescu. Fasciné par la région, il a ensuite découvert la Moldavie en 1995, où il a décidé de s’installer (capitale : Chisinau). En Moldavie, il a fondé une société qui soutient des initiatives humanitaires et de développement rural, notamment à travers des projets de production locale comme une fromagerie et une fabrique de confiture. Marié à une Moldave, Thierry est un fervent défenseur de la culture et du potentiel de ce pays.
L’épisode explore la richesse culturelle et les défis actuels de la Moldavie, un pays en pleine transition vers l’Union européenne. Thierry partage ses observations sur les impacts de la guerre en Ukraine voisine et les efforts de la Moldavie pour maintenir une coexistence pacifique entre ses influences russes et roumaines. Il met également en lumière les attraits touristiques du pays, tels que ses caves à vin renommées et ses paysages pittoresques, tout en soulignant l’importance du développement rural et de l’autosuffisance pour les communautés locales. L’épisode se termine par une invitation à découvrir la Moldavie et à soutenir les initiatives locales, notamment à travers le livre de Thierry, « Ma vie au pluriel ».
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Chapitrage de l’épisode :
00:00:01 – Introduction et Présentation de Thierry Ernst
00:00:29 – Installation en Moldavie et Premières Impressions
00:01:03 – Attraction de la Moldavie et Notoriété de ses Vins
00:01:24 – Dualité Culturelle et Linguistique
00:02:05 – Impacts de la Guerre en Ukraine sur la Moldavie
00:03:05 – Vie Rurale et Autosuffisance
00:03:57 – Le Charme Authentique et les Saisons en Moldavie
00:05:05 – Hospitalité et Traditions Moldaves
00:06:38 – L’engagement Humanitaire de Thierry
00:08:18 – Initiatives de Développement Local
00:09:50 – Potentiel Touristique de la Moldavie
00:10:42 – Conclusion et Références pour Plus d’Informations
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Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Thierry Ernst. Je vous emmène en Moldavie. 10 minutes, le podcast des français dans le monde. francaisdanslemonde.fr C’est peut-être l’un des pays les plus pauvres d’Europe, mais c’est peut-être l’un des pays avec son plus grand charme aussi.
En tout cas, le charme de la Moldavie a touché Thierry, qui s’y est définitivement installé, qui a fait sa vie. On le retrouve aujourd’hui à 85 kilomètres de la capitale, Chisinau. J’ai eu un cours de roumain qui est la langue officielle par mon invité parce que je m’étais trompé en citant le nom de la capitale. Bonjour et bienvenue Thierry. Bonjour, merci pour l’invitation.
Et bien, content de faire ta connaissance et la connaissance, je vais pas te mentir, de cette république de Moldavie. On est en Europe orientale, coincée entre l’Ukraine et la Roumanie. C’est une ancienne république soviétique. Il y a des forêts, il y a des collines et des vignes. A priori, il y a même la plus grande cave du monde en Moldavie.
Oui, je confirme qu’il est classé au Guinness du record avec la cave de Vilecimic, une ancienne mine de calcaire qui a des centaines de kilomètres de couloir. Et où on boit un bon petit vin local du coup. Alors oui, la Moldavie produit des très grands vins, des choses de très haut niveau et elle gagne souvent des concours en Europe de l’Ouest. C’est vraiment des vins à découvrir, je vous encourage si vous avez l’occasion de les trouver chez votre caviste, de tenter l’expérience. Alors l’indépendance après l’URSS en 91, depuis c’est quand même un peu compliqué.
La capitale, je l’ai dit, Kichinau. La langue, le roumain, mais tout le monde parle pas le roumain alors que c’est la langue officielle. Ce pays est baigné par les deux cultures. Il y a eu 70 ans d’occupation russe, donc avec la langue qui a été imposée. Et puis voilà, donc des Russes aussi vives de là depuis des années, qui avaient été implantés par l’Union soviétique.
Donc il y a vraiment un mélange. mais qui se passe bien par rapport à ce qu’on peut voir en Ukraine, ainsi de suite, c’est qu’il se passe plutôt bien, il y a de belles cohabitations. Aujourd’hui, c’est une présidente de la République, elle est pro-européenne, elle fait son deuxième mandat, et puis il y a une démarche en cours pour rentrer dans l’Union a priori autour de 2027. Même si on en parlait, l’actualité, la guerre entre l’Ukraine et la Russie, ça change peut-être un peu les plans. Comment vous vivez cette période depuis ces derniers mois ?
Le début a été très compliqué parce qu’on s’attendait à une attaque russe en Moldavie. Ils n’avaient pas caché leur intention. On peut dire que la Moldavie a été sauvée par le courage des soldats ukrainiens. Maintenant ce qui est compliqué c’est que dans la Moldavie nous on fait un peu de tourisme rural et c’est compliqué parce que les touristes ne viennent pas. C’est assez compliqué.
L’énergie du fait de la bagarre autour du gaz a explosé. C’est des augmentations de 67% de l’électricité. La Moldavie était aussi un gros pays d’accueil. Pour une population de 2 millions d’habitants, il y a eu pratiquement 1 million d’Ukrainiens qui ont transité par la Moldavie. Actuellement, je crois que le chiffre est de 100 000 Ukrainiens qui ont choisi de rester en Moldavie.
Je suppose qu’au regard de l’actualité, ça ne reste pas très confort, il y a toujours un doute un peu sur l’avenir. On est à la capitale, on est à 100 kilomètres des bombardements, des sas, donc il n’est pas très loin. Donc voilà, on a des amis là-bas. Nous, on fait de l’humanitaire. On va aussi en Ukraine, donc on rentre en Ukraine.
Donc la guerre, oui, effectivement, on la vit beaucoup plus proche qu’en France. Tout à fait. On est à une centaine de kilomètres de la capitale. Tu disais, c’est un petit village. Ça ressemble un peu à la France de l’après-guerre avec Internet.
Exactement, c’est ça, les gens n’ont pas l’eau courante, l’eau arrive dans le jardin, mais ils n’ont pas l’eau dans la maison, c’est encore les toilettes au fond du jardin. Mais c’est un autre style de vie, les gens sont en autosuffisance, ils produisent tout, leurs viandes, leurs huiles, leurs légumes, ils font beaucoup de conserve pour l’hiver. Et le problème souvent c’est le cash, l’argent pour justement payer les études, payer les médecins et ainsi de suite. Et nous on développe donc deux types de programmes, une fromagerie et une fabrique de confiture dans ce village pour ça. Alors on va parler de ton travail humanitaire.
Juste pour terminer sur le sujet, c’est un réflexe devant des photos de la Moldavie, les décors sont magnifiques. Alors, c’est vrai qu’on retrouve un peu une architecture soviétique pour un certain nombre de bâtiments, mais il y a des campagnes sublimes. En tout cas, je comprends que tu aies eu un coup de cœur. Oui, tout à fait. Non, mais la campagne, c’est surtout ce côté authentique où on vit au gré des saisons.
Les saisons sont très marquées. Beaucoup de fêtes, beaucoup de fêtes en Moldavie. Il y a sans arrêt des fêtes. Et ça, c’est vraiment intéressant. Ça rythme vraiment la vie.
Et alors on devient pas facilement ou rapidement amis avec un Moldave, mais quand on est amis, c’est une vraie amitié et qui enchaîne sur une fête. Alors en fait, souvent en premier abord, c’est des gens de Robles dans la rue, ainsi de suite, ils ne sont pas forcément très jovials, mais c’est des gens qui très rapidement vous accueillent et l’accueil au Moldave est phénoménal, phénoménal. Les tables Moldaves sont phénoménales au niveau nourriture. Dans les villages, tout le monde produit son vin, donc vous êtes obligés de goûter le vin, voire les alcools un peu plus fort. Le Moldavie est aussi un gros producteur de cognac.
Donc voilà, qui n’est pas distribué sous le nom de Cognac, on est en train de faire l’exposé du Cognac. C’est distribué sous le nom de Divine, mais qui a le goût du Cognac. Et c’est les gros buveurs de Cognac aussi. En tout cas, j’imagine Thierry, quand tu me racontes tout ça, qu’il peut y avoir de belles fêtes qui s’organisent dans les villages. Oui dans les villages et puis de partout, même Kichinau à la capitale, la place centrale, tous les quinze jours il y a un concert, il y a une fête, alors la plus grande fête c’est la fête du vin, c’est l’occasion de venir en Moldavie, la journée du vin, ça c’est sur deux jours et tous les producteurs sont sur la place centrale et c’est toujours les premiers week-ends d’octobre, voilà si vous vous projetez de venir en Moldavie et que vous aimez le vin, retenez cette date.
Alors, on va revenir en Moldavie, mais d’abord, on repasse par Lyon. C’est là que tu es originaire. Tu travailles assez vite, en 90, à la chute de Ceausescu, le dictateur fascinant. Lui et sa femme me fascinent tous les deux. C’était quand même un drôle de moment dans l’histoire du monde.
Toi, tu te dis, je vais aller donner un coup de main. Tu déboules en Roumanie pour faire de l’humanitaire. En fait, il y a eu une espèce d’euphorie avec la chute du rideau de fer. C’est un pays qui s’est ouvert. J’avais 25 ans à l’époque.
Avec des copains, on a chargé des fourgons avec de la nourriture, des vêtements, et on est parti rejoindre ces orphelins. C’est vrai que c’était un voyage qui m’a beaucoup marqué parce que j’avais beaucoup lu de littérature sur la Roumanie, mais jamais sans pouvoir y aller. Et c’est vrai que je suis vraiment tombé amoureux déjà de la Roumanie, d’entrer dans cette région, très impressionné par tout ce que j’ai découvert. Et en 95, on te propose de découvrir la Moldavie. Tu en tombes amoureux, mais si j’ai bien compris, pas que de la Moldavie, de Tatiana aussi.
Alors attention, je ne suis pas venu en Moldavie pour une femme. Ça, c’est ma grande fierté. Je suis venu pour le pays. C’est deux sujets différents. J’ai tombé amoureux du pays, de la culture.
Et c’est une certaine logique. J’ai épousé de Moldave. On s’est mariés en 2000. et ce qui nous a permis de continuer, parce que je l’avais connu sur le terrain humanitaire, c’était mon tas de l’interprète à l’époque, de continuer et de créer la société hollandaise qui nous a permis de développer des projets humanitaires ensuite. Alors en effet, création de Vendeste, tu aides les enfants abandonnés, puis tu te rends compte que le développement rural est important.
Au moment où on s’est connectés tous les deux, nous on se voit en visio, tu étais dans la fromagerie, dans ce petit village, tu fais du fromage, tu fais de la confiture, tu fais de la pâte à tartiner. L’idée, c’est de faire travailler les locaux et de s’organiser un peu. Alors en fait, on n’achète que le lait aux gens du village de façon équitable. on le transforme en fromage de type français ou en pâte à tartiner. Le gros du projet aussi, on a acheté des vaches à une dizaine de familles qu’on a offert, des familles défavorisées, et on leur rachète le lait, pareil à prix équitable.
Donc on n’achète pas tous les jours, on laisse du lait pour faire leur fromage, ils mangent un espèce de type fétale qu’on appelle ici le brinza, donc ils peuvent faire leur fromage, et nous on leur maintient comme ça des revenus toute l’année à des prix équitables. Donc on soutient une quinzaine de familles de cette façon-là. Et pourquoi vous ne faites pas du vin ? Parce qu’on fait du vin mais pour notre consommation personnelle. Je me disais aussi Thierry, un bon français ne perd jamais le nord.
C’est vrai que c’est un pays qu’on ne connaît pas bien. Tu penses que le tourisme peut se développer ? Tu l’incites en tout cas ? C’est un tourisme de monastères et de caves à vin. Mais c’est vrai qu’il y a de plus en plus d’agences qui arrivent à attirer du monde avec des vrais retours à la nature.
Pour les amateurs de randonnées, de kayak et ainsi de suite, il y a des vraies possibilités. Et il y a toute une génération de Moldaves justement qui aiment leur pays et qui le mettent en avant. Voilà, on est un peu freinés par cette guerre. Le jour où la paix va être signée, je pense que touristiquement, la Moldavie va exploser dans le bon sens du terme. C’est une destination encore préservée.
Vous n’êtes pas des touristes de masse et ça vaut vraiment le coup de venir la découvrir. Dernier petit mot pour votre fille Lola qui a désormais 18 ans, qui connaît quatre langues. Tu disais qu’on apprend bien les langues en Moldavie. Déjà, de base, ils sont tous bilingues, avec le russe et le roumain. Donc souvent vient l’anglais.
Donc rapidement, les gens sont trilingues. Embaucher un serveur dans un restaurant trilingue, c’est pas un problème. En France, ça sera possible, je pense. Mais en Moldavie, c’est pas un problème. Et là, avec papa, elle parle en plus le français.
Résultat, elle va sans doute faire le chemin inverse à venir faire ses études en France. Exactement, une part pour la France, ça va être un peu compliqué, mais bon, ça nous permettra aussi de développer d’autres choses, d’autres projets. Thierry, merci de nous avoir fait découvrir la Moldavie. C’est vrai que je n’aurais pas su dire le nom de la capitale, par exemple. On ne va pas se mentir.
Ce n’est quand même pas un très grand pays. Donc voilà, tu m’excuses. Non, pas de souci. Alors si je peux faire un tout petit coup de promo, si vous voulez découvrir la Moldavie, notre travail, ainsi de suite. J’ai écrit un petit bouquin qui s’appelle Ma vie au pluriel que vous trouvez sur Amazon.
Si ça vous intéresse, vous verrez exactement. Ce pays est vraiment fascinant. Là, je peux plus développer dans ce livre mon amour pour ce pays. Merci beaucoup. En tout cas, on l’a ressenti.
Je mets le lien de ton livre dans le descriptif de ce podcast et au plaisir de te retrouver. Merci beaucoup pour l’invitation.
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