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Avez-vous déjà envisagé de quitter votre pays pour vivre une expérience à l’étranger, ou peut-être de revenir après plusieurs années passées ailleurs ?
Caroline Lee Maillebiau est une coach spécialisée dans l’intelligence émotionnelle, notamment pour les personnes à haut potentiel intellectuel (HPI) et émotionnel (HPE). Ayant déjà participé à un précédent épisode du podcast, Caroline est devenue une voix familière pour les auditeurs de la Radio des Français dans le Monde. Installée près de San Francisco, elle a vécu de près les bouleversements politiques et sociaux des États-Unis, tout en offrant à ses enfants une éducation internationale riche et diversifiée. Caroline et sa famille ont décidé de rentrer en France pour se rapprocher de leurs proches et offrir à leurs enfants un nouveau chapitre de vie.
Dans cet épisode, Caroline partage les complexités émotionnelles et logistiques liées à un retour en France après une longue expatriation. Elle aborde les différences culturelles entre la France et les États-Unis, en soulignant les avantages et les défis de chaque pays. Caroline insiste sur l’importance de ne pas comparer les deux expériences, mais plutôt de les voir comme des chapitres distincts et enrichissants de leur vie. Elle évoque également les préparatifs nécessaires pour ce retour, allant de la gestion des sentiments de ses enfants à la logistique pratique du déménagement. Pour Caroline, ce retour n’est pas un simple retour aux sources, mais une nouvelle aventure qu’elle et sa famille abordent avec optimisme et ouverture d’esprit.
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Chapitrage de l’épisode :
0:00:01 – Introduction et présentation de l’invité
0:00:45 – Retour sur le parcours de Caroline à San Francisco
0:01:68 – Impact de l’élection de Trump sur les expatriés
0:02:12 – Les raisons du retour en France
0:02:51 – Expériences positives des enfants à l’international
0:03:22 – Défis du retour dans le système éducatif français
0:04:28 – Préparation émotionnelle et logistique au retour
0:05:34 – Comparaison des modes de vie entre la Californie et la France
0:07:45 – Décision et préparation du retour en France
0:10:30 – Importance de prendre le temps pour fermer un chapitre
0:11:34 – Adaptation aux changements et réajustements
0:11:70 – Clôture et invitation à découvrir le travail de Caroline
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Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent des mobilités internationales, c’est le propos du jour. Je suis Gautier Seyss et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Caroline Li-Mallebio. On part à San Francisco, mais pas pour longtemps.
10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Aujourd’hui à San Francisco et dans quelques semaines à Nanterre, région parisienne, on pense, en préparant cette interview avec Caroline, qu’il y aura un petit choc, en tout cas au niveau de la météo. Bonjour et bienvenue Caroline. Bonjour Mathieu. Content de te retrouver.
Nous avons échangé en février 2023. C’est le podcast 1802 sur ton travail de coach. Tu travailles aujourd’hui dans tout ce qui concerne l’intelligence émotionnelle, notamment les HPI, les HPE. J’invite les auditeurs à retrouver ce podcast. D’ailleurs, depuis que tu es toi-même passé dans le podcast de la Radio des Français dans le Monde, tu es devenu un habitué de nos programmes.
Oui, ils font du bien, ils mettent du boom au cœur et ça change de l’actu un petit peu noire qu’on a partout ailleurs. Bon, il faut dire que tu es en Californie, tu n’es pas loin de San Francisco, tu vis donc dans le drôle de monde de Trump aujourd’hui. Tu as fait quelle tête le soir des résultats ? Un peu un silence de mort comme je te le fais là. Je l’ai reçu, je l’ai reçu.
D’autant que c’est un petit peu un coup de théâtre avec ce qui s’était passé après son premier mandat, le Capitol, tout ça. Par exemple, on se dit qu’en France, ça n’aurait pas été possible qu’il puisse se retrouver à nouveau là. Mais pourtant, il y est. Tout à fait, j’ai juste un mot pour nos amis américains ici, et je crois que c’est important que la France l’entende. Et dans le monde entier, beaucoup, beaucoup d’Américains sont évidemment ici, c’est très démocrate, vous le savez, Berkeley, San Francisco, absolument effondrés, mais effondrés au point de vouloir quitter leur pays.
J’ai vraiment vu des amis intrinsèquement bouleversés par cette nouvelle élection. Et je tiens à le dire parce que non, tous les Américains ne sont pas pro-Trump. Cela dit, ce n’est pas pour cette raison que vous décidez de rentrer dans quelques semaines en France, en Europe. Vous avez vécu six ans et demi en Californie. L’idée de base avec ton mari qui est anglais, qui travaille dans la tech, c’était de proposer pour votre couple et les trois enfants une vie internationale, une ouverture d’esprit, la découverte du monde anglophone.
Vous êtes arrivés les enfants avec 14, 12 et 8 ans. Sur ce point là, c’est très réussi. Tout à fait. Je pense qu’ils ont véritablement expérimenté quelque chose de très différent. Comme partout, ils vont rentrer, ils vont avoir quelque chose de très différent, mais ils seront riches d’une ouverture d’esprit qui, il me semble, les forgera pour l’ensemble de leur vie.
Et on le voit déjà avec notre fille aînée qui est déjà en Europe depuis deux ans. Et qui, ouais, c’est très très riche et très constructif, très challenging. Ça a été six ans très challenging, mais extrêmement constructif pour nous cinq. Alors la maman que tu es va retrouver sa fille qui fait en effet ses études en Europe. Le plus âgé des trois, lui, quitte l’école et va rentrer dans le monde professionnel.
Plus difficile peut-être pour le petit dernier. Il est arrivé, il avait huit ans aujourd’hui. Il va découvrir ce qu’est la France finalement. Exactement, et au niveau académique, après six ans d’école américaine, à Berkeley encore une fois, donc très, très libéral, très permissif. C’est sûr que le retour dans l’éducation nationale française va être un choc, mais en même temps, pareil, il faudra avoir des rythmes beaucoup plus denses, mais des vacances toutes les six semaines.
Et puis, quelque part, peut-être un accompagnement un petit peu plus proche de ce dont il a besoin, ce qui a aussi été une raison pour laquelle on a également voulu rentrer. Alors, il faut dire que cette expérience de six ans et demi a été très riche. Vous avez eu l’occasion de vivre dans un pays assez étonnant, l’Amérique, mais pour lequel, entre l’Europe et l’Amérique, il y a beaucoup de distance en termes de valeur. Comment tu prépares toute la famille à ce retour ? Alors tout à fait, et c’est toujours pareil, rien n’est noir ou blanc, rien n’est parfait, il ne faut pas comparer.
Comment je les prépare ? C’est en me disant qu’il ne faut pas comparer. Si on compare, on sera malheureux. C’est sûr que la météo, la qualité de vie, la faune, la flore en Californie, on peut difficilement faire mieux, l’accès à l’océan et autres. On se recharge très facilement ici.
Nanterre, c’est sûr, ce n’est pas la même, mais c’est la proximité évidemment des proches, c’est l’art de vivre à la française, c’est retrouver beaucoup plus de spontanéité dans les relations, beaucoup plus de profondeur dans les relations, c’est retrouver des vacances, c’est retrouver une proximité à l’Europe aussi. C’est vrai qu’on ne voit pas juste notre retour comme un retour en France, mais vraiment l’accès à l’Europe et toutes ses beautés. Et puis, j’ai bien à cœur aussi de garder ce positivisme américain. La vie est belle, le monde est beau et ne pas tomber dans la grisaille française à tout critiquer. C’est ça qui sera vraiment peut-être le plus challenging et qui fera qu’on naviguera à vue.
Mais ce n’est en aucun cas, je le dis vraiment, un retour dans nos chaussons, mais c’est vraiment un nouveau chapitre pour nous tous. En tout cas, c’est comme ça qu’il faut aborder à chaque fois qu’on a parlé du retour en France. C’est une nouvelle expatriation. Vous allez découvrir un pays qui a beaucoup changé. D’ailleurs, en préparant l’interview, je vais me permettre de te citer.
Tu as dit que tu allais retrouver des Français gâtés pourris, car quand on a vécu l’international et nos auditeurs aux quatre coins du monde le savent, en France, il y a quand même beaucoup d’atouts et les Français de France ne s’en rendent pas compte. Non, ils prennent tout pour argent comptant. Et voilà, quand on sait ce que c’est d’avoir un accès à la Sécu, de pouvoir se soigner sans avoir des insomnies la nuit en disant j’ai plus d’assurance santé. Quand on a l’assurance chômage quand on perd son boulot, quand on a l’école gratuite de qualité, quand on a ce filet de sécurité en permanence en France. Ici, on termine dans la rue et vraiment, on le voit au quotidien.
Les gens terminent dans la rue. Donc les vacances, voilà. Et c’est vrai que c’est ce qui marque le plus. C’est le côté vraiment, on le sait, on les aime comme ça aussi, nos Français, c’est le côté râleur. Mais voilà, c’est pour ça aussi qu’on a voulu partir et montrer autre chose à nos enfants pour se rendre compte de la richesse de notre pays à tous les niveaux.
Et c’est là où faudra bien composer et garder le meilleur des deux mondes, finalement. Exactement, exactement. Et continuer à explorer et continuer à voyager. Ça, c’est pour moi indissociable de mon retour en France. Alors, on va aborder un petit point plus pratico-pratique.
Le choix, c’est vous qui l’avez fait, le choix de rentrer. Ce n’est pas lié à l’actualité. Vous avez dit on veut cette expérience, on l’a faite. Le retour est donc prévu en juin. Quand vous…
Je vais refaire ma phrase. Quand avez-vous décidé de rentrer et qu’est-ce qui a été mis en place pour préparer ce retour en France ? C’est très long. Je te dirais qu’il y a eu un décès aussi familial, ça fait partie aussi des choses qui font que tu te dis, OK, il est temps de revenir près des gens qu’on aime. La qualité de vie, c’est sympa, le beau temps et les beaux espaces.
Mais finalement, pour moi, la vie ne mérite d’être vécue qu’avec les gens qu’on aime. Ça, c’est quelque chose que je ne t’ai pas dit qui est très important. Donc, février 2024 a été une étape très importante. Et donc, tu vois, on va rentrer en juin 2025. Donc, un an, je vais dire six mois vraiment réflexion.
L’été dernier, vraiment OK, go, on y va. Et un an de préparatifs très lourds, très lourds. C’est lourd, un retour, c’est dense. Il y a beaucoup de choses pratico-pratiques. Les écoles et le parcours sub pour notre aîné qui donc, enfin, notre deuxième qui rentre.
Voilà, il y a la maison, C’est énorme. J’ai un tableau Excel digne d’événementiel. Ah oui, tu as tout planifié dans un Excel pour ne rien louper. Le côté hébergement, il y a un petit avantage. Vous êtes parti avec une maison que vous avez mis en location.
Vous allez donc la retrouver, mais tu n’as pas pour autant ce sentiment de revenir à la maison. Non, c’est vraiment, c’est la seule chose, voilà. En effet, on rentre géographiquement au même endroit, mais j’ai vraiment, vraiment à cœur de dire, attention, c’est un nouveau chapitre, c’est une nouvelle page. Oui, c’est la même maison, on ne sait pas dans quel état on va la retrouver. On ne sait pas, comme tu dis, tout a changé, le paysage a changé à tous les niveaux.
Et c’est vraiment comme ça qu’on l’aborde. Est-ce qu’il y a des choses à faire pour quitter l’Amérique ? Oui, énorme, ben oui, couper tous les amendements, vider notre maison, ça fait 7 ans qu’on est là, donc tu sais, on accumule, on était quand même 5, et puis évidemment l’aspect émotionnel, dire au revoir, dire au revoir, et personnellement, et je crois que c’est, quand je dis personnellement, c’est nous 5, le départ s’est fait dans la précipitation, puisque Trump venait d’être élu, et on avait aussi tout à fait peur de ne pas avoir nos visas, donc on l’a dit vraiment au dernier moment, et ça s’est fait vraiment assez brutalement pour nos enfants. Là, c’est tout l’inverse. On a vraiment eu neuf mois comme une grossesse pour se préparer, pour dire au revoir, pour fermer la porte de ce chapitre, et ça, vraiment, tous ceux qui m’écoutent, mon conseil c’est ça, c’est de prendre le temps de fermer ce chapitre, de prendre le temps de dire au revoir, je suis parfaitement prête aujourd’hui, il va y avoir des larmes en partant, c’est une évidence, aucune décision n’est facile, même si elle est actée, décidée et voulue, ça reste un chapitre de vie qu’on tourne, donc prendre le temps, c’est vraiment la tous les niveaux pour que ça se fasse sans stress et pouvoir profiter aussi de l’instant présent ici.
C’est-à-dire qu’il y a vraiment les deux choses, Gauthier. Il y a à la fois cette logistico-pratique très lourde et en même temps un vrai désir jusqu’au bout de profiter de ce qu’on a ici. Et toi qui es coach en intelligence émotionnelle, est-ce que tu t’apprêtes à ce que les Français, la famille, les amis que tu vas retrouver ne sont plus tout à fait les mêmes, qu’il y a parfois des sujets sur lesquels il va y avoir un peu de dissonance ? Tu t’es prête à ça ? Tout à fait, je m’y prépare complètement.
Et là aussi, la porte est ouverte, c’est-à-dire que la porte est ouverte à tout changement. Donc, j’évite de tomber dans le oulala, un tel, un tel, un tel, ça ne va plus le faire parce que voilà, ils sont trop négatifs. Non, mais je suis très ouverte et je sais qu’il va y avoir Je prends toujours cette métaphore quand on fait de la voile, de réajustement de mes voiles, de réajustement de mes capes, et je suis tout à fait au fait de ça. Ce ne sera pas du tout le même paysage qu’il soit à tous les niveaux. Il va y avoir des petits réajustages.
Eh bien en tout cas, Caroline, laisse-moi te souhaiter à toi et à toute la famille un bon retour en France. Mais comme on le dit dans de nombreux podcasts, je vous invite à découvrir notre dossier spécial sur le retour en France. L’appréhender, comme tu l’expliquais, comme une nouvelle aventure, une nouvelle aventure qui débute dans ce beau pays qu’est la France quand même. Et en expliquant peut-être aux Français que finalement, ils ne payent pas 200 balles quand ils vont nettoyer une dent dans un dentiste américain, comme tu m’expliquais hors antenne. Exactement.
C’est sûr qu’on a quand même cet accès aux soins qui est énorme. Encore une fois, accès aux soins, accès à tout ce parachute qui est totalement acquis en France. Et pourtant, il faut bien se rendre compte que ce n’est pas le cas dans le monde entier. Puis la nourriture aussi, tu vas retrouver du fromage qui a du goût, tu sais ça. Je rentre de vacances à chaque fois que je voyage.
Je comprends pourquoi mes invités me parlent continuellement de charcuterie, de vin, de fromage et de pain, parce que c’est épouvantable. Et on va retrouver aussi les dîners français où on ne parle que de bouffe, de ce qu’on vient de manger, de ce qu’on va manger ce soir, de ce qu’on va faire. Ça, ça me fait rire parce que c’est très français. Il n’y a absolument pas ça aux Etats-Unis. Mais merci beaucoup.
Et puis, si vous voulez en savoir plus sur le travail de coach de Caroline, je vous mets le lien de la précédente interview. Au plaisir de te retrouver sans doute dans la vraie vie lors d’un événement parisien. Merci beaucoup Gauthier.
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