Procès Mazan : Liz Fredon décrypte l’impact mondial

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Le procès Mazan : un électrochoc médiatique, et après ?

Comment un procès peut-il secouer une nation entière et pourtant laisser peu de traces dans les actions politiques concrètes ? C’est la question que se posent de nombreux observateurs après le procès Mazan, un événement qui a captivé l’attention mondiale pendant quatre mois. Avec 80 médias internationaux présents, les images et les récits de ce procès ont mis en lumière les failles du système judiciaire français face aux violences sexuelles. Mais alors que les projecteurs se sont éteints, le silence persiste du côté des décideurs politiques, laissant planer le doute sur l’impact réel de cette médiatisation.

Liz Fredon, journaliste pour Lepetitjournal.com, est l’invitée de cet épisode. Elle partage ses réflexions sur les conséquences potentielles de cette affaire. Elle apporte un éclairage sur les défis auxquels sont confrontées les victimes en France. Son expérience en tant que chroniqueuse radio lui permet de livrer un récit à la fois informatif et engagé, utilisant un ton parfois piquant pour souligner les manquements du système.

L’épisode explore en profondeur le procès Mazan et ses répercussions, posant la question cruciale de l’évolution des lois en France concernant le consentement. Alors que des pays comme le Danemark, l’Espagne et la Belgique ont déjà inscrit cette notion dans leur législation, la France semble à la traîne. Le manque de moyens et de soutien pour les victimes est également abordé, avec seulement 6% des victimes portant plainte et une majorité des affaires classées sans suite. Malgré l’héroïsation de figures comme Gisèle Pélicot, le chemin vers un changement concret reste semé d’embûches, laissant entrevoir la nécessité d’un engagement plus fort pour faire évoluer les mentalités et les lois.

Le podcast se termine par la diffusion d’une chronique réalisée par Liz Fredon dans le cadre de ses études à l’UPHF.

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Lisez l’article « L’électrochoc mondial du procès Mazan, et après ? » sur Lepetitjournal.com

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Chapitrage de l’épisode :

00:00:00 – Introduction et présentation de l’invité 00:00:18 – Déroulement et impact médiatique du procès Mazan
00:00:46 – Conséquences médiatiques et professionnelles pour les journalistes
00:01:21 – Débats autour de l’évolution législative en France sur le consentement
00:02:10 – Comparaisons avec d’autres pays européens et perspectives de changement législatif
00:02:30 – Manque de plaintes et difficulté des victimes à obtenir justice
00:02:48 – Figure féministe de Gisèle Bellico et impact mondial
00:03:30 – Futur projet audiovisuels autour de Gisèle Bellico
00:04:10 – Expérience de l’invitée avec la chronique radio
00:04:38 – Chronique radio pleine de second degré
00:05:00 – Scepticisme vis-à-vis des actions concrètes après le procès Mazan
00:05:51 – Manque de moyens et faible taux de plaintes débouchant sur des procès
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Transcription de l’épisode :

L’électrochoc mondial du procès Mazan et après, je suis avec Lise Fredon, journaliste, Le Petit Journal.com, l’édition internationale. Lise qui a écrit cet article. Bonjour. Bonjour.
Alors, on revient sur ce procès Mazan qui a duré quatre mois avec 80 médias internationaux présents. Ça a vraiment été un éclairage extrêmement important. Oui, il y a 80 médias, comme vous l’avez dit, qui ont parlé de cette affaire et qui ont un peu mis les projecteurs sur la France. Et la question maintenant, c’est est-ce que ça va pousser la France à agir concrètement contre les violences faites aux femmes ? Gisèle Pellicot avait refusé le huis clos et donc les images étaient publiques.
Le fait que justement, on ait pu avoir beaucoup d’images, ça a changé les choses, ça a nourri les médias. Je pense que ça a nourri un espèce de buzz aussi, parce que malheureusement, on a eu beaucoup de médias qui ont parlé de cette affaire, mais est-ce que ça va finalement avoir des conséquences ? On ne sait pas. Je pense que ça a traumatisé aussi énormément de journalistes. C’est une de mes intervenantes, Lisa Cerreiro, qui est autrice et experte en violence sexiste et sexuel, qui m’avait parlé justement d’une nombre de journalistes qui avaient été traumatisés par ces images et qui les avaient exploitées dans leurs papiers et ça a joué dans cette espèce de buzz.
Malheureusement, est-ce que c’est un buzz ou est-ce que c’est vraiment un sujet de société ? C’est aussi ça la question. Il faudra bien faire évoluer les consciences, voire la loi, parce que pour l’instant en France, on est en retard. Oui, c’est ça, on est en retard parce qu’on n’a pas encore, nous, inscrit explicitement dans la loi le consentement. D’ailleurs, on s’y était opposé à l’échelle européenne.
Mais le Danemark, l’Espagne et la Belgique, par exemple, avaient déjà inscrit cette proposition, avaient déjà inscrit le consentement explicitement dans leur loi. En revanche, il y a un rapport parlementaire qui est sorti le 21 janvier 2025 et qui va permettre, potentiellement, d’inscrire… Qui devrait permettre ! Pour l’instant, qui devrait, parce que rien n’est fait depuis. Qui devrait potentiellement permettre d’inscrire la notion de consentement dans la définition pénale du viol.
Cela dit, dans ton article, tu rappelles que ça serait bien de faire évoluer la loi, mais il y a encore trop peu de plaintes déposées. Oui, il n’y a pas assez de plaintes déposées parce qu’il n’y a pas assez de moyens alloués à toute cette cause et que les victimes savent très bien qu’une fois qu’elles seront dans cette boucle judiciaire. Aujourd’hui, 94% des affaires de viol sont classées sans suite parce qu’il n’y a pas assez de preuves, de témoins ou de moyens alloués aux enquêtes, ce qui est extrêmement décourageant pour les victimes. Donc je pense qu’il y a un travail à faire aussi en amont qu’uniquement dans la loi. Merci Gisèle, c’était le titre de Der Spiegel en Allemagne.
On a parlé de Gisèle Bellico comme une figure féministe, une héroïne, une icône. On en a parlé aux quatre coins du monde. Ça m’a même fait l’ouverture des flash infos des grandes chaînes des différents pays de la planète. C’est quand même rarissime. C’est clair, c’est très rare.
On a une espèce d’héroïsation de cette figure. Maintenant, c’est devenu vraiment une figure féministe. Et c’est de part, à mon avis, déjà le fait qu’elle fasse changer la honte de Caen et également le fait qu’elle utilise des mots assez simples, qu’elle puisse toucher un peu tout le monde. Elle représente la victime. Elle représente un peu la victime absolue avec une horreur que tout le monde peut toucher, qui est vraiment perceptible par tout le monde.
C’est ça, la rendue publique, son calvaire personnel, au point que ça va devenir sans doute une série. C’est ça, il me semble qu’elle va écrire un livre qui va ensuite être adapté. On ne sait pas exactement si c’est Netflix ou HBO, il me semble, qui va prendre cette affaire, mais pour l’instant, c’est un livre. Lise, on va écouter maintenant un travail que tu as fait pour l’école. Tu es à l’UPHF et tu as réalisé une chronique version radio de ton article.
Ça a été un exercice qui t’a plu, faire de la radio, ça change un peu. Oui, totalement. J’ai adoré pouvoir faire ça avec un animateur radio et j’ai vraiment aimé l’écriture de cette petite chronique. Et dans cette chronique qu’on va écouter, tu t’es autorisée à être un peu piquante ? Oui, alors l’émission qu’on avait faite avait un peu un objectif de d’utiliser le second degré et aussi je pense qu’on est un peu énervé par le fait qu’il n’y ait pas eu de conséquences vraiment importantes après cette affaire, qu’il n’y ait pas assez de réactions que ce soit politiques ou autres.
C’est cet énervement qu’on a envie de prendre au second degré et essayer d’aller chercher la petite bête. Lise Fredon, on écoute tout de suite ton travail, donc ta chronique. Merci d’être revenue sur la radio des Français dans le Monde. A bientôt. A bientôt.
Chers auditeuristes, accrochez-vous car aujourd’hui, on parle du procès Mazan. Vous savez, ce petit moment où la France a brillé sur la scène internationale. Non pas pour sa baguette. De part du reste assis, ce n’est pas encore ton tour. Tranquille.
Mais pour son talent à gérer, ou plutôt à ignorer les violences sexuelles. Bravo à Gisèle Pellicot d’avoir refusé le huis clos. Parce que visiblement, en France, il faut des images choc pour que les gens réalisent que le viol, c’est mal. 4 mois de procès, 80 médias étrangers qui viennent observer notre système judiciaire vacillé, et des images insoutenables qui ont marqué journalistes et spectateurs. Et après, silence radio.
Personne au gouvernement n’a pris la parole. Comme si, après 4 mois de procès et une couverture médiatique mondiale, il se disait « Bon, on a fait les gros titres, ça suffit non ? » Ah si, il y a bien eu le rapport parlementaire qui propose enfin d’ajouter le non-consentement à la définition du viol. Une idée révolutionnaire qui existe déjà en Belgique, au Danemark, en Espagne… Et soyons honnêtes, changer une loi c’est bien joli, mais à quoi ça sert quand 94% des affaires de viol sont classées sans suite ?
Parce qu’il manque de preuves, de témoins et surtout de moyens. Seulement 6% des victimes portent plainte. Combien iront jusqu’au procès ? Et surtout, combien vont obtenir justice ? Alors oui, le procès Mazan a secoué les consciences au sujet de la soumission chimique.
Mais attention, ne nous emballons pas. Parce qu’en France, on adore les débats, les émotions, les grandes déclarations, mais les actions concrètes, Ah ça, c’est une autre histoire. En attendant, Gisèle Pellicot et les autres victimes peuvent toujours patienter ou bien écrire des livres adaptés par Netflix ou HBO. Parce que visiblement chez nous, le changement, c’est comme le consentement, c’est optionnel.
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