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Avez-vous déjà rêvé de vivre à l’étranger, de vous immerger dans une culture totalement différente ? Dans cet épisode du podcast « VIVRE À… », Olivier nous emmène à Tokyo, une ville fascinante et complexe qui attire de nombreux expatriés français. Nous découvrons les histoires inspirantes d’Isabelle, journaliste et autrice, et de Sublime, une artiste au parcours atypique. Mais avant de faire le grand saut, comment se préparer à une telle aventure ? Quelles sont les attentes réalistes à avoir lorsqu’on décide de s’installer dans un pays aussi éloigné et culturellement distinct ?
Isabelle, notre première invitée, est une journaliste et autrice qui s’est installée au Japon il y a cinq ans. Après avoir étudié le manga et le scénario au Japon, elle a choisi d’y revenir pour des raisons personnelles et professionnelles. Elle partage avec nous ses expériences d’adaptation à la vie tokyoïte, les défis linguistiques et culturels qu’elle a rencontrés, ainsi que son travail pour LePetitJournal Tokyo. Isabelle souligne l’importance de créer un réseau social et professionnel solide pour réussir son expatriation.
Dans cet épisode, nous explorons également les différences culturelles majeures entre la France et le Japon, notamment en matière de communication et de travail. Les invités discutent de l’importance de comprendre et de respecter les codes sociaux japonais, tout en gardant l’esprit ouvert et prêt à s’adapter. Que vous soyez attiré par la culture japonaise, en quête d’une nouvelle aventure professionnelle ou simplement curieux de découvrir la vie à Tokyo, cet épisode offre des conseils précieux et des témoignages authentiques pour vous aider à envisager une expatriation réussie au Japon.
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Chapitrage de l’épisode :
Salut, c’est Olivier pour le podcast VIVRE À qui fait le tour du monde des villes les plus plébiscitées par les expats de français. On s’en va loin aujourd’hui, on va faire un grand bond vers le pays du soleil levant, carrément. On part au Japon, à Tokyo, pour écouter deux belles histoires, celle d’Isabelle qui est revenue au Japon il y a 5 ans après y avoir fait une partie de ses études, et celle de Sublime, c’est son nom, une artiste tombée amoureuse du Japon il y a presque 40 ans. Bon voyage ! Vous vivez dans une ville qu’à vous aimer ?
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Salut Isabelle ! Salut ! Bienvenue dans le podcast Vivre à Tokyo. La première chose que j’ai envie de te demander, c’est que j’ai remarqué que tu étais beaucoup de choses, journaliste, autrice, rédactrice, scénariste. Il y a clairement un dénominateur commun et je pense que c’est l’écriture.
Il y a aussi d’autres choses. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ton parcours perso, ce que tu as fait ces dernières années, ce que tu fais en ce moment ? Oui, bien sûr. C’est vrai que quand on dit ça comme ça, ça fait beaucoup de choses. Après, beaucoup de gens font beaucoup de choses et au final ne font pas grand-chose.
Donc, je ne sais pas si c’est un gage de qualité. En tout cas, c’est vrai que j’ai fait beaucoup de choses. J’ai fait des études horaires aménagés en danse classique. de haut niveau, donc j’étais plutôt dans le sport à la base. Et puis ce que j’aimais c’était créer, donc je me suis tournée très vite vers l’écriture, l’écriture de fiction.
J’ai appris à faire du scénario de films, de bandes dessinées, et c’est par ça que je suis arrivée en fait vers le Japon, puisque en m’intéressant aux divers formats de bandes dessinées, je connaissais très bien le format franco-belge évidemment, Je connaissais aussi un peu le format des comiques. Et en fait, je suis arrivée à m’intéresser au manga. Et j’ai eu la chance d’aller étudier un an dans une école art, scénario et dessin au Japon. Tu es dans la catégorie des personnes qui sont parties étudier dans un pays et qui ne sont jamais rentrées, c’est ça ? Non, pas vraiment.
Je suis rentrée en France et je ne comptais pas revenir au Japon. Pour moi, c’était une expérience très agréable, très sympathique, mais je n’avais pas du tout envie de retourner dans le pays. J’avais prévu de faire mon working holiday en Nouvelle-Zélande, mais j’ai rencontré mon mari, celui qui est devenu mon mari en tout cas, qui est franco-japonais et qui avait envie de venir travailler au Japon, d’avoir une expérience au Japon comme beaucoup de métis, je crois, franco-japonais, en tout cas ceux que j’ai rencontrés, qui se posent beaucoup de questions sur leurs origines, leurs autres pays. Donc on est venus ensemble, on est repartis pour le Japon ensemble. Lui pour travailler dans une entreprise et moi pour travailler ici en tant que journaliste.
Alors justement, même si toi tu as des circonstances atténuantes dans le bon sens du terme, quel genre d’approche faut avoir pour se dire à un moment donné, boum je pars au Japon parce que c’est à la fois un pays qui attire et c’est pas forcément la destination la plus commune ou même la plus simple. Donc dans quel état d’esprit on est juste avant de partir une fois qu’on a pris la décision ? J’ai beaucoup de mal à m’en souvenir. C’était il y a cinq ans. Pas tant que ça, mais j’ai toujours voulu habiter ailleurs qu’en France.
J’ai toujours voulu avoir une expérience à l’étranger. Comme je disais, je voulais partir en Nouvelle-Zélande. J’ai pas mal voyagé et pour moi, c’était pas très compliqué, en fait, de me dire que j’allais partir m’installer dans un autre pays. Après, le fait que ce soit le Japon, oui, c’est sûr, c’est un challenge parce qu’on comprend pas du tout la langue, ni à l’écrit, ni à l’oral. enfin bon moi je la comprenais un petit peu à l’oral, mais on a l’impression de redevenir un peu un enfant, de dépendre de tout le monde en fait, pour pouvoir lire des panneaux dans la rue, pour pouvoir comprendre un message dans un ascenseur, c’est très frustrant, très challengeant, et je pense que l’état d’esprit pour aborder ça, il faut être positif.
Et ça a été le cas, même si tu te souviens pas de tout, ça t’a paru facile quand même, t’as pas de souvenirs où t’as eu des énormes galères, par exemple. Si, si, énormément de galères. Mais quand on s’expatrie à deux, je pense que voilà, en se connaissant très bien en plus, puisque nous, on était ensemble depuis déjà longtemps. ça aide, il y a toujours un soutien avec soi pour affronter ces choses-là, ces choses un peu bizarres qui nous arrivent. Non, ce n’était pas facile.
En plus, on est arrivés juste avant le Covid, avant la fermeture des frontières, etc. Donc, on s’est retrouvés en plus dans un contexte où on s’est retrouvés au Japon sans pouvoir revenir en France, sans pouvoir aller rencontrer des gens dans des soirées, etc. On s’est très vite retrouvés enfermés, en fait, au Japon. C’était un peu compliqué, justement, quand on arrive d’avoir ce genre de contexte. Ouais, c’est hyper bizarre.
C’est-à-dire qu’on est arrivés en fin janvier, donc le mois de février, on a fait quelques soirées, on a commencé à rencontrer des gens. On s’est dit, bon, on va construire, commencer à construire notre vie ici. Et puis, bim, mars, voilà, tout était fermé. On nous a demandé de moins sortir. On nous a demandé…
Enfin, voilà, tous les événements, peut-être importants pour moi en tant que journaliste, l’ambassade, etc. étaient annulés. et on s’est retrouvés assez isolés. C’est difficile de se retrouver isolés dans un pays aussi loin, en fait. C’est sûr.
Tu fais beaucoup de choses sur place, on l’a dit. Tu es aussi responsable éditoriale du petit journal Tokyo, grand partenaire de Français dans le Monde. On salue Hervé et toute son équipe au passage. Tu fais ça full time, tu fais autre chose. Comment tu occupes tes journées à Tokyo ?
Alors, mes journées à Tokyo sont bien occupées. Je m’occupe effectivement du journal. Je travaille aussi pour une formatrice de japonais française qui s’appelle Sophie Thomas et qui a une formation en ligne de japonais qui s’appelle Cours de Japonais. Enfin, la formation s’appelle Objectif Japon, mais son site s’appelle coursdejaponais.com. Et pour elle, j’écris des newsletters, j’écris des articles, je charge des partenaires.
Je fais de la veille aussi par ma présence au Japon. Et puis je travaille aussi en freelance pour des médias occasionnellement, notamment des médias japonais, Gigi Press, ou des médias français, Japan Magazine, diverses choses en tant que freelance. Tu fais tout ça en français ou aussi en japonais du coup maintenant ? Alors je le fais, j’écris en français et en anglais. Je n’écris pas en japonais.
Par contre, oui, je fais mes interviews, mes échanges, etc. en japonais. Tu dirais que c’est important, pour travailler dans ton milieu clairement, mais tu dirais que c’est important d’avoir quand même des notions de japonais avant d’arriver ? Tout dépend de son objectif. Si l’objectif est de s’installer au Japon, oui, c’est vraiment vital, je pense, d’avoir des bases en japonais avant d’arriver.
de savoir lire au moins l’alphabet, ce qu’on appelle les kana, de connaître quelques petites phrases. Parce que sinon, c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup d’informations d’un coup. Même à Tokyo, on pourrait imaginer que l’anglais est assez utilisé, assez courant. Mais tu confirmes ou en fait, c’est quand même toujours très, très japonais ? Non, tout est très japonais, l’anglais est plutôt mauvais.
Même dans les services qui sont censés être plutôt tournés vers l’étranger, comme les services d’immigration ou des milieux du journalisme, on peut s’attendre à ce qu’en travaillant avec des organes de presse étrangers, les gens parleraient peut-être au moins anglais. Non, beaucoup de personnes ne parlent pas. Du tout, du tout anglais. C’est assez surprenant. Il y a beaucoup de challenges quand on vient habiter au Japon.
Je pense que c’est assez drôle. Il y a la langue, il y a la culture. C’est un pays extrêmement différent de la France et il faut vraiment en être conscient. Je pense que beaucoup de Français ont une image très lisse, très parfaite du Japon et ne se rendent pas compte d’à quel point ça peut être très, très différent. Tu dirais, si je te demande le top 5, en tout cas les principaux points différenciants entre la France et le Japon ou entre là où tu habitais.
Tu habitais où en France d’ailleurs ? En France, j’habitais à Paris. J’habitais en Bourgogne aussi très rapidement, mais principalement à Paris. Donc disons les points différenciants qui te viennent à l’esprit tout de suite entre Paris et Tokyo. Je vais dire quelque chose, mais bon, c’est mon point de vue.
Évidemment, ça n’engage que moi. Bizarrement, ça va faire bizarre aux gens qui ne sont pas de Paris, puisqu’ils trouvent les Parisiens très froids. Mais je trouve les Tokyoïtes 100 fois plus froids que les Parisiens. Donc, je dirais la froideur. C’est une ville tentaculaire où on est vite très perdu, très seul, surtout comme les gens ne vous parlent pas.
En fait, on peut passer des jours et des jours sans parler à personne. Un autre point différenciant, je dirais que c’est la propreté. Là, en faveur de Tokyo, clairement. On est d’accord. Moi, je suis venu à Tokyo il y a quelques temps pour un gros week-end, une dizaine de jours exactement.
J’avais noté que la sécurité était clairement une grosse différence aussi, dans le sens où on pouvait se balader n’importe où à Tokyo, à n’importe quelle heure, on se sentait quand même en sécurité. Oui, c’est plutôt vrai. Ça fait longtemps que je n’habite plus à Paris, donc la ville évolue aussi énormément. Quand je reviens à chaque fois, il y a un peu une nouvelle ambiance. Quand je reviens en tant que touriste à Paris, j’ai l’impression que la ville fluctue, mais j’imagine que globalement, Tokyo est quand même plus sûre en termes de petits délits.
c’est-à-dire les vols à l’arraché, les petites agressions de rue. Effectivement, oui. On est à Tokyo avec Isabelle en direct pour vous dire un petit peu plus à quoi ça ressemble de vivre à Tokyo. Et toi Isabelle, même si ça va être peut-être difficile de visualiser, tu habites dans quel coin de Tokyo ? Alors, j’habite dans le sud du centre de Tokyo, parce que Tokyo, c’est vraiment immense.
J’habite vers Shinagawa, qui est l’une des grosses gares du Shinkansen. C’est assez facile à visualiser pour les gens qui sont déjà venus à Tokyo. Ouais, Shinkansen, je vois. Alors moi, je visualise aussi, c’est sans doute dans d’autres coins, la Tour de Tokyo ou le Shibuya Crossing, par exemple. C’est loin de chez toi ?
Shibuya, il y a peut-être 15 minutes de chez moi en train, mais ça, ça ne veut vraiment rien dire. On peut habiter très, très loin en ce que nous, on appellerait la banlieue, mais qui reste Tokyo et avoir un train express qui vous amène dans les plus gros quartiers en 20 minutes, 30 minutes. Quand tu joues aux touristes, Isabelle, tu fais quoi ? Que ce soit toute seule ou quand tu as des amis de la famille qui viennent, par exemple, tu les emmènes visiter quoi en priorité pour leur faire découvrir Tokyo ou les environs ? Eh bien j’essaie de m’adapter aux envies de chacun parce que c’est ça qui est assez chouette, c’est qu’il y a vraiment des Japon très différents et on peut chacun faire un voyage au Japon et ne pas du tout voir les mêmes choses.
Pour un Japon très, on va dire, classique, je vais les emmener effectivement au Shibuya Crossing, je vais les emmener dans le quartier d’Asakusa où il y a des temples, je vais les emmener à Akihabara pour voir un petit peu les quartiers, les anciens quartiers de technologie où on trouve un petit peu des, aussi pas mal de mangas, pas mal de choses un petit peu pop culture. Mais il y a aussi énormément, énormément d’autres options. Moi, ce que j’adore comme quartier, c’est le quartier de Kagorazaka, qui est au nord-est et qui est super joli avec plein de petits restaurants, un canal. Une ambiance un petit peu particulière. Tu l’aimes bien parce que ça fait peut-être un peu plus côté village par exemple ?
Ouais c’est ça, un petit peu côté village. Alors c’est pas le village de Shimokitazawa qui est encore plus loin à l’ouest et qui s’est vachement développé un peu plus avec une population assez jeune, beaucoup de cafés d’artistes, de tags, des choses qu’on n’avait pas l’habitude de voir avant à Tokyo. Là c’est un petit peu plus traditionnel. Et tu as des bonnes adresses dans ces coins-là qui pourraient donner envie et donner des pires pairs justement à ceux qui débarqueraient prochainement à Tokyo ? Comme repère dans le quartier de Kagurazaka, moi j’aime bien donner le Canal Café, qui est un café qui est comme ça, tout en bas de la rue qui monte sur la colline de Kagurazaka.
Question importante, est-ce que c’est marqué Canal Café en occidental, on va dire, dessus ou pas, pour le trouver ? Ah, je pense que oui. De toute façon, quand on tape Canal Café sur Google Maps ou ce genre de choses, on le trouve. Ouais, pas de souci. Donc le Canal Café, c’est noté.
Tu y vas régulièrement toi-même ? J’y vais. Oui, oui, j’y vais de temps en temps quand je veux boire un café avec des amis. En fait, ce qui est chouette, c’est que c’est un peu en terrasse et c’est rare au Japon, les terrasses. Et puis, c’est surtout que c’est super bien situé au pied de ce quartier qui est très chouette pour flâner.
Donc voilà. Tu as des restaurants plus traditionnels peut-être en tête aussi ? Ou une spécialité que toi tu aimes bien déguster de temps en temps ? Ou des coins street food peut-être que tu aimes bien ou des choses comme ça ? Il n’y a pas de street food au Japon.
Ah bon, d’accord. Pas vraiment street food.
Il y a les Yokocho, on peut dire ça. Il y a une adresse que j’aime bien, ça s’appelle un Yokocho. Les Yokocho, c’est des espèces de petites allées couvertes où il y a plein de petits restaurants qui sont vraiment collés, serrés. On peut s’asseoir sur des petits tabourets et puis manger assez facilement de la nourriture qui ressemble en fait à de la nourriture street food. Et j’en ai un que j’aime bien qui est à Ebisu.
Donc si vous cherchez le yokocho d’Ebisu, vous devriez le trouver assez facilement et il est très très chouette. Alors, petit repère français de chez Français à deux balles. En France, quand je veux me faire un petit plaisir, moi, je vais dans ma boulangerie locale, parce que j’ai la dent sucrée. Est-ce que toi, tu peux avoir l’équivalent sur place ? Pas forcément une boulangerie, même si je sais qu’ils en sont assez friands, il me semble.
Mais est-ce que tu as des petites adresses comme ça où, tiens, t’as envie de te faire un petit plaisir sucré, boum, tu vas là directement ? Je ne mange pas du tout de sucré, je ne suis pas du tout dessert. La conversation va s’arrêter maintenant. Du coup, je ne saurais pas du tout quoi conseiller comme dessert au Japon. Moi, si je veux me faire un petit plaisir, je suis très basique.
Je vais au Konbini m’acheter un Nikuman. Ce sont des petites brioches vapeur à la viande qu’on achète au comptoir. Ça me va très bien. Il y a autre chose que tu voulais mentionner justement, toujours dans la catégorie bonnes adresses, nourriture ou pas d’ailleurs. En fait, moi, j’aimerais bien plutôt sortir de Tokyo, mais je ne sais pas si tu es d’accord.
Une de mes prochaines questions, c’était est-ce que tu t’évades de temps en temps? Est-ce que tu prends le Shinkansen pour aller à Kyoto, par exemple, ou ailleurs? Voilà, je m’évade beaucoup. Effectivement, je dois avouer que je ne suis pas fan de Tokyo. C’est vraiment une ville que je trouve un peu trop impersonnelle.
J’aime beaucoup aller effectivement à Kyoto, à Osaka, dans le Kansai, la région du Kansai. Et si j’ai une recommandation au final touristique à faire, c’est celle d’un voyage en vélo que j’ai fait et que je recommande à tous les gens qui viennent au Japon de faire. Ça s’appelle la Shimanami Kaido et c’est une route de vélo, la plus grande route de vélo du Japon, qui passe sur plein de petites îles pour relier la grande île de Honshu et l’île de Shikoku. D’accord, par des ponts, j’imagine. Oui, par des ponts, exactement.
Alors, on peut la prendre dans les deux sens. On peut la prendre à Onomichi, à Honshu, sur l’île principale, et finir à Imabari, côté Shikoku, ou inversement. Il y a des endroits pour louer les vélos des deux côtés, et même les gens peu sportifs peuvent le faire puisqu’ils louent aussi des e-bikes. C’est juste incroyable, tant au niveau culturel que paysage, que nourriture. Chaque île a un petit île comme ça au milieu de cette route, ont leur spécialité locale.
Les gens sont adorables et il n’y a pas de voitures, pas beaucoup de monde. C’est la chose que j’ai préférée faire depuis que je vis ici. Alors j’avoue, je ne visualise pas vraiment où c’est exactement. C’est à combien d’heures ou de temps de Tokyo, par exemple ? C’est assez loin puisqu’il va falloir relier d’abord Hiroshima et ensuite prendre un petit train local.
D’accord. On est dans l’ouest ? On est dans le sud ? On est où du coup ? On est dans l’ouest.
On est encore plus à l’ouest que Kyoto, etc. Et je vois là qu’en transport en commun, en Shinkansen, etc., on peut mettre à peu près 4h40 depuis Tokyo. Ah oui, quand même. D’accord. Donc là, on s’évade réellement.
On s’en va de Tokyo. On s’évade beaucoup. Mais c’est à faire. Tu recommandes ? Oui, vraiment.
Si j’ai une seule chose à recommander à faire au Japon, je recommande ça. Je l’ai recommandé d’ailleurs aux derniers amis qui sont venus nous rendre visite et qui l’ont fait sous la pluie. Et même sous la pluie, ils ont trouvé ça incroyable. Donc voilà. Très bien.
Ça prend combien de temps, tu sais ? On peut le faire en une journée. C’est 72 kilomètres, donc c’est clairement tout à fait faisable en une journée. Beaucoup de gens le font comme ça parce qu’ils veulent arriver au moment du coucher du soleil sur le dernier pont, qui est assez incroyable. Nous, on a choisi de le faire en deux jours parce qu’il y a plein d’itinéraires secondaires sur les petites îles qui mènent à des temples un peu cachés, à des villes improbables, etc.
L’itinéraire est toujours marqué en bleu, c’est très pratique. On a juste à suivre une grande ligne bleue, donc pas besoin d’être tout le temps sur son portable non plus à checker son itinéraire. Nous on a choisi de le faire en plusieurs jours, on peut même le faire en trois jours si on souhaite vraiment explorer à fond, mais c’est faisable en une journée. Redis-nous juste une dernière fois le nom de la route et où ça se trouve. Alors ça c’est Shimanami Kaido, au départ soit de Onomichi, soit de Imabari.
Qu’On va essayer d’orthographier tout ça. Je pense qu’on peut trouver des vidéos sur YouTube de gens qui l’ont faite ou quand même, je pense, au moins en anglais.
Nous sommes à Tokyo dans Vivre A cette semaine. On va retrouver Isabelle, responsable éditoriale du petit journal Tokyo dans quelques minutes. Mais avant, Sublime a une autre histoire à nous raconter, celle d’une artiste qui est tombée amoureuse du Japon il y a presque 40 ans. Elle est interviewée maintenant par Gauthier. Voici un nouveau podcast qui parle de la mobilité internationale et qui va rejoindre la galerie des 2000 interviews disponible sur francaisdanslemonde.fr.
Je suis Gauthier Seyss et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Sublime à Tokyo.
Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer. Ah oui, Sublime, on s’en fout. Et la terre peut bien s’écrouler. On va parler d’une belle carrière, d’un beau parcours à l’international. Un parcours qui va l’amener un peu partout dans le monde, mais surtout depuis 1986 au Japon.
Elle a un autre prénom, mais qu’elle n’aime pas. C’est donc Sublime, son nom d’artiste, qui sera le prénom du jour. Tu es ma première Sublime, interviewée sur la radio des Français dans le monde. Tu dis jamais ton vrai prénom ? Mais en fait, Sublime, c’est mon nom de famille, donc c’est mon vrai nom en même temps.
Donc je saurais pas, je saurais jamais. Non, même pas sous la torture. Tu es originaire de la région parisienne, mais assez vite dans la famille, il y a un melting pot qui va t’ouvrir sur le monde avec des parents qui viennent un peu d’Algérie, un peu d’Italie, famille de migrants. C’est donc assez naturellement qu’après le bac et une semaine en fac qui t’aura suffi, Tu décides de partir découvrir le monde, tu sautes dans un avion, tu as 20 ans. Dans l’avion, tu es à côté de deux américains qui disent comment ça va ?
Ça va bien, c’est mon anniversaire aujourd’hui que tu réponds. Et donc du coup, ils te servent le champagne et t’arrives à Marrakech défoncée. La vie commence bien, voilà. Incroyable. Te voilà arrivée au Maroc, ensuite tu vas faire la Turquie, les Caraïbes.
Sans transition aucune, tu vas passer des Caraïbes au Canada avec un petit coup de froid au passage. Un petit coup de froid en plein hiver. Tu voulais découvrir le monde, t’as été gâtée, t’as découvert des choses incroyables. C’est des souvenirs magnifiques aujourd’hui pour toi. Oui, c’est des souvenirs magnifiques.
Et puis, c’est déjà un début de conscience à l’époque que tout ce qu’on croirait quelque part ne l’est qu’à cet endroit là, parce qu’il y a plein d’autres vérités qui fonctionnent aussi bien. On a, par exemple, plein d’a priori sur le Japon, pays où tu vas t’installer quelques temps après. Quand tu arrives sur place, tu te rends compte que ces clichés sont à côté de la plaque, en fait. Alors en fait non, quand j’arrive, surtout je me rends compte que je suis… alors je voulais aller loin, j’ai été servi, je voulais me dépayser, je suis servi, mais je tombe vraiment…
dans l’inconnu le plus total. En même temps, c’est ce que je voulais, donc je suis servie. Je n’ai même pas le temps de comparer. Je n’ai même pas encore ne serait-ce que la conscience de me mettre à comparer mes clichés avec ce que j’essaye de comprendre ce qui m’entoure. Déjà, c’est pas mal.
On est on est un peu perdu quand on débute l’aventure au Japon. Pas complètement larguée, en plus, quand on parle pas la langue. En même temps, tu sais, c’est quelque chose parce que moi, par exemple, aujourd’hui, quand je suis en France, je vais à la poste et que je vois quelqu’un galérer à remplir ses papiers. Eh bien, je l’aide. Parce que moi, ici, si on ne m’aide pas, je suis incapable de remplir un formulaire.
Je ne sais pas lire, je ne sais pas écrire. Tu réponds à une petite annonce pour une audition pour faire danseuse de french cancan dans une petite ville du Japon près de Fukushima. Alors on est loin de la capitale. C’est une espèce de campagne japonaise ? On est dans la montagne en fait.
On n’est pas très loin de là où a eu lieu la catastrophe en 2011. On m’avait dit c’était à deux heures de Tokyo. J’suis super, on m’avait pas précisé à 2h en Shinkansen, c’est-à-dire en TGV, donc c’est à 500 bornes de Tokyo, c’est comme Paris-Lyon en fait. Alors tu te retrouves pendant 6 mois avec une troupe désagréable, ton seul ami est un chien. Oui, oui, c’est le seul être qui était content de me voir arriver quand je descendais l’avenue ou quand je remontais l’avenue principale.
Ça a été 6 mois un peu difficiles. Et puis, le freinage rancan, ça fait mal partout. Ah oui, c’est terrible, c’est terrible. Mais vraiment, si on n’a pas la bonne technique, c’est une catastrophe. On se casse le dos, on a mal aux jambes tout le temps.
Ce n’est pas un bon souvenir. Non. Alors là, tu vas acheter le livre Apprendre le Japonais, des romans japonais. Alors tu dis que quand on rentre dans un pays, lire sa littérature, c’est assez formidable pour bien comprendre le fonctionnement du pays. Et oui, parce qu’en fait, tous les monologues intérieurs qui se font dans une langue et quand on lit plusieurs romans et qu’on retrouve un peu les mêmes considérations d’un roman à l’autre, on se dit ah bah ouais d’accord, entre eux ça fonctionne comme ça quoi.
Et en fait, je trouve que c’est une excellente introduction, la littérature d’un pays est une excellente introduction à sa compréhension. Ça peut être un conseil pour les auditeurs qui vont partir s’installer dans un pays. Au bout de ton visa de 6 mois, une copine à toi propose d’aller à la soirée du 14 juillet à Tokyo, à l’ambassade française. Et là, tu vas y rencontrer l’amour. C’est souvent l’amour qui fait qu’on reste dans un pays.
8 ans, passé avec un japonais. C’est vraiment là, Tokyo. Cette fois-ci, on est dans la capitale. C’est un Tokyo qui ne ressemble pas. Au Tokyo d’aujourd’hui, c’était une espèce de.
Venise de l’Asie à l’époque ? Alors non, ça c’est bien avant, la Venise de l’Asie c’est avant 68, avant les Jeux Olympiques de 68 qui ont défiguré complètement la ville. C’était une ville de canots, mais ça je n’ai pas connu, puisque déjà à la fin des années 80, C’était avec cette autoroute en plein milieu comme ça et puis tous les canaux recouverts par des routes, en fait par du béton. Mais par contre non, c’est un Tokyo qui est construit moins haut qu’aujourd’hui. Il y a plus encore que maintenant des vieilles maisons, il y a plus au coin d’une rue un paysage sorti de l’histoire.
C’est moins international aussi, donc on est beaucoup plus visibles en tant qu’étrangers. Beaucoup moins maintenant en fait. Ça a basculé un peu dans les années 2000, mais dans les années 80, 90, c’est encore assez fermé le Japon.
Alors on imagine cette capitale qui grouille de monde, avec beaucoup de travail, une culture qui est très différente de la nôtre, qu’on n’arrive pas à bien comprendre. T’arrives à t’y retrouver, là-dedans ? Non, pas au début, non. En fait, moi, je ne me suis pas mieux retrouvée, ça ne me dérange pas. Nager dans l’inconnu, ce n’est pas un problème.
Et surtout, il y a quelque chose, au milieu de tout ça, il y a une forme de silence, malgré tout. Il y a quelque chose de paisible, il y a quelque chose de… comme ça, qui te pyramide, qui te laisse serein. J’ai jamais réussi à comprendre pourquoi. C’est une forme de paradoxe, en fait, et c’est un des charmes du Japon.
Et puis avec, oui, ces saisons qui marquent le temps, ces frisiers qui se mettent à fleurir fin mars, début avril et qui sont plantés tellement partout que tu évolues dans un nuage de fleurs. Et puis à l’automne, c’est les arbres, c’est les érables rouges. Après, c’est les ginkgos qui sont plus jaunes. La nature en même temps est curieusement très paysagée, mais très présente aussi. Il y a des parcs.
Tu vas découvrir que le chant fait moins de courbatures que la danse. Non seulement ça donne moins de courbatures, mais en plus, tu peux prendre 10 kilos et tout le monde s’en fout. Alors là, je me suis dit ça, c’est pour moi. Alors tu te retrouves chanteuse des grands classiques du répertoire de la chanson française, accompagnée par un orgue de Barbarie et tu vas faire plein de galas. C’est le charme à la française qui plaît au Japon.
Voilà et puis je joue la carte à fond parce qu’en plus je suis super bien payée pour le faire et je suis tellement bien payée pour le faire que même je rentre en France trois mois par an pour apprendre à chanter pour faire ça bien et alors après ce qui est rigolo c’est qu’en même temps je rencontre je pense les trois compositeurs les plus d’avant-garde de ma génération et avec eux je me mets à écrire des chansons complètement barrées alors d’un côté je suis dans la tradition française à fond Et de l’autre côté, je suis dans la musique complètement perchée, complètement barrée, avec des gens absolument géniaux. Ce sont des moments de grand bonheur, on va dire. Et tu vas écrire une chanson qui s’appelle Tokyo, je t’aime, ça dit quoi ? Ecoute, Tokyo, il va pleuvoir toute la journée, toute la semaine, pendant des heures. Tokyo, ajisai à la saison des pluies, au printemps, sakura, nuages de fleurs entre les tours, etc.
Pour l’écouter, cette chanson est magnifique. On va l’écouter. En plus, il y a une super musique au-dessus. Alors, certes, il y a le soft power des mangas qui arrivent jusqu’à chez nous, mais eh bien, la chanson française arrive aussi au Japon. Mireille Mathieu, Damo ou Sylvie Vartan sont des vrais stars.
En fait, on sait pourquoi les chanteurs français plaisent comme ça. Oui, alors ça, ça date, je pense, de l’après-guerre. Il y a une forme, chez les japonais, on va dire conscientisés, après-guerre, il y a une forme de résistance culturelle à l’occupation américaine, qui passe par aimer les films français, aimer la chanson française. Alors ça, c’est une saison, là. saison de la chanson française.
Ensuite, et puis aussi, je pense parce que la chanson française exprime beaucoup de sentiments à l’époque. Les gens sont sensibles à ça, vu que dans leur vie à eux, ils n’expriment pas trop leurs sentiments. Ensuite, il y a la période vieillée aussi qui vient cartonner ici. Adamo cartonne, Sylvie Vartan cartonne, Mireille Mathieu cartonne. Bon, puis après, avec le recul, il faut quand même dire que ce sont des gens qui avaient des sacrées voix.
C’est quand même quelque chose. Et puis, dans les années 80, il y a le rock français qui vient cartonner ici aussi. Il y a l’érita Mitsouko, il y a Safo. Il y a à l’époque un agent qui s’appelle Tatsuji Nagataki et qui fait venir des stars du rock français, puisque dans les années 80 c’est surtout le rock français qui prédomine dans la chanson française.
Ça a un impact sur un groupe plus réduit, mais quand même, sur 120 millions d’habitants, une niche, ça fait toujours du monde, donc ça a un impact. Ensuite, dans les années 90, il y a par exemple les Négresses Vertes qui viennent faire des concerts. Il y a toute cette mouvance, un peu rock, world, tout ça mélangé, qui vient faire des concerts ici, beaucoup de concerts. C’est comme ça qu’un certain nombre de groupes français fonctionnent mieux au Japon qu’en France. C’est arrivé, ça.
C’est arrivé. Alors ouais, mais là, les groupes dont je parle, c’est déjà des groupes qui fonctionnent super bien en France. Après, les groupes qui fonctionnent mieux au Japon qu’en France, c’est des groupes qui fonctionnent pas en France parce qu’ils sont pas en France, parce qu’ils sont au Japon. Mais il y a eu une chanteuse dans les années 90-2000 assez inconnue au bataillon en France qui s’appelle Clémentine et qui a cartonné ici parce qu’elle était vendue comme un produit français. Elle, elle a été un produit fabriqué par l’industrie du disque japonais.
Donc elle a cartonné. Mais sinon, la plupart des gens qui ont marché ici, c’est des gens qui marchaient en France aussi. Malheureusement, tu ne vas pas avoir la carrière de Mireille Mathieu, tu ne vas pas percer comme des artistes comme ça et tu vas décider de plutôt passer dans la transmission et ouvrir des classes de chansons françaises avec une méthode de prononciation. Il faut dire que quand on est japonais, les textes de braille, ça doit être un peu difficile à articuler. Donc, tu trouves une méthode et les classes cartonnent.
Ouais, et tu sais, c’est marrant, tu parles de Brel, mais j’ai un élève, enfin un élève, je veux dire, il y a quelqu’un à qui je coach, un chanteur, un chanteur amateur qui ne parle pas un mot de français et qui chante Brel comme s’il y était. Comme s’il y était et qu’il le prononce super bien et tu n’oublies pas un mot. Donc en plus, ma méthode, elle marche super bien. Sublime. Je creuserai la terre jusqu’après ma mort pour couvrir ton corps doré de lumière si tu veux.
D’accord. D’accord. Ouais, je veux bien. Ok, super. Vas-y.
Petite question. Au travail. On va sortir la pelleteuse. On va faire une matos. Depuis 86 au Japon, tu regardes comment la France ?
Elle te manque ? Elle te plaît ? La France c’est mes racines, c’est ma colonne vertébrale. Après moi j’y fais pousser les feuilles qui veulent bien pousser. Mais je pense que c’est un pays que j’aime beaucoup plus depuis que j’en suis loin.
Depuis que j’en suis loin, depuis que j’ai vu d’autres pays, j’ai conscience de toute… de toutes les choses formidables qu’on a en France et de toutes… comment dire… je sais pas comment dire ça, c’est important parce que je pense que le plus beau cadeau que j’ai reçu de la France c’est ma conscience politique en fait. C’est la conscience d’être issue d’un peuple civique et pas d’un peuple ethnique.
Et c’est ce qu’a fait de moi une citoyenne du monde, mais c’est aussi ce qui fait de moi aujourd’hui une fervente partisane de l’accueil de l’autre, y compris en France. C’est d’ailleurs un des points communs que j’ai avec les 2200 personnes que j’ai interviewées. On aime encore plus la France quand on n’y est pas, ce qui est très paradoxal. Mais bon, c’est le paradoxal système de Laurent Voulzy, peut-être c’est comme ça que ça l’a inspiré. Non, mais il y a aussi que quand on sort de…
On ne peut pas savoir qu’on est dans un cadre tant qu’on est dans un cadre, en fait. Et dans ce cadre, on s’y sent bien ou pas. Moi, je ne m’y sentais pas terriblement bien puisque j’en suis partie. Mais une fois que tu es parti et que tu regardes de loin, en fait, c’est un peu comme quand tu es trop près de quelqu’un, ça finit par être difficile. Et puis quand tu prends un peu de distance, là, tu vois les gens comme ils sont.
Je pense que c’est pareil pour notre pays. Une sublime interview de Sublime sur la radio des Français dans le Monde. Merci beaucoup pour ce moment. Je te souhaite le meilleur dans cette grande capitale et au plaisir de se retrouver sur notre antenne. Merci Gauthier, moi aussi je te souhaite le meilleur.
Nous sommes avec Isabelle du petit journal Tokyo, entre autres, pour essayer de partager avec vous ce que c’est vivre à Tokyo. C’est le nom du podcast, c’est le principe de ce podcast, faire un petit peu le tour des villes les plus plébiscitées par les Français expats. On a parlé du côté touristique, on a parlé de ton parcours perso, Isabelle, on va essayer d’aborder le côté culturel. Ce n’est pas forcément au Japon que c’est le plus facile, à mon avis, mais on va tenter le coup. Tu dirais qu’il est quand même accessible ou il y a moyen qu’il soit accessible ce côté culturel pour des occidentaux européens comme nous ou il faut vraiment faire un gros travail d’adaptation ?
Non, bien sûr qu’il est accessible. Tout est accessible, je pense, quand on a vraiment envie de comprendre quelque chose, de connaître quelque chose. Le Japon a toujours fasciné les Occidentaux, l’extrême-Est en tout cas. Il y a énormément de livres qui traitent du sujet, il y a énormément de traductions aussi d’ouvrages japonais sur le sujet, ce qui est quand même génial. Donc on a un vivier de recherches, de romans, d’analyses qui viennent à la fois du côté occidental et à la fois du Japon lui-même, sur la culture japonaise, qui nous permet quand même d’avoir d’avoir de quoi nous y intéresser et faire notre propre opinion.
Alors on en a parlé un peu, on l’a évoqué tout à l’heure, aller vivre au Japon et même aller en vacances au Japon, c’est un dépaysement total, culture incluse évidemment. Est-ce qu’il faut changer un peu nos habitudes pour mieux apprécier, mieux s’intégrer ? Et si oui, il y en a qui deviennent à l’esprit des habitudes à changer ? Je pense que ça dépend vraiment totalement de la personne qu’on est déjà à la base. Oui, il y a des gens qui vont devoir repenser peut-être leur façon de communiquer, repasser leur façon d’envisager des notions qui nous semblent très acquises comme celle du temps qui passe ou celle de la politesse.
C’est très difficile de répondre à ce genre de questions de manière générale. Je me garde bien de faire des généralités. Je pense qu’il y a des Français qui viennent au Japon et qui comprennent peut-être même d’instinct un petit peu la culture et d’autres personnes qui ont plus de mal à la comprendre et aussi d’autres personnes qui la comprennent mais qui ne sont pas en accord avec elle, tout simplement. Ouais, puis tu l’as évoqué tout à l’heure, ça peut être très différent d’un coin à l’autre. Le côté froid, par exemple, à Tokyo, et le côté beaucoup plus chaleureux quand tu t’en vas en dehors de la ville.
Voilà, on ne peut pas résumer l’état d’esprit d’un pays entier, je pense. Évidemment, par exemple, c’est tout bête, mais vraiment, les personnes de Hokkaido, qui est l’île de l’extrême nord du Japon, ont une histoire et une culture qui est différente de celle des personnes qui vivent à Okinawa, l’archipel des îles qui se trouve quasiment au niveau de Taïwan. Oui, je pense que oui, C’est intéressant quand on s’expatrie dans un autre pays de prendre le temps de s’imprégner du pays sans aucun préjugé, sans aucune attente. Et je pense que c’est un problème qu’ont beaucoup de français quand même qui viennent visiter le Japon, c’est qu’ils ont des attentes. Et je pense que c’est une chance que j’ai eu justement de ne pas avoir d’attente envers le Japon, de ne pas vouloir absolument vivre au Japon, de ne pas avoir une vision idéalisée du Japon.
C’est que du coup j’étais personnellement assez ouverte à tout ce qui allait m’arriver de positif comme de négatif, sans attente particulière. J’espère que les gens qui viennent pour s’installer au Japon, qui ont envie de s’intégrer au Japon, ils viennent sans ni a priori, ni attente irréaliste. On rappelle que tu étais dans une situation un peu particulière, tu l’es toujours d’ailleurs, puisque ton compagnon est franco-japonais, donc c’est vrai que l’intégration est différente. Tu baignais déjà peut-être un petit peu dans la culture avant même d’arriver, etc. Je ne baignais pas vraiment dedans, mais effectivement on allait régulièrement voir sa famille au Japon, etc.
Donc j’avais déjà une connaissance du Japon, comment dire, je n’ai pas envie de dire réelle, mais en tout cas du Japon du quotidien, très très loin de ce qu’on peut voir dans par exemple les animés, les mangas. Les dramas, etc. Est-ce que dans le cadre de tes loisirs, de tes sorties, tu as déjà expérimenté pas mal la culture japonaise ? Tu as des spectacles en tête ou des choses qui t’ont vraiment marqué, que tu aurais vues récemment par exemple ? Oui, il y a un spectacle qui m’a vraiment marquée, mais c’était vraiment quelque chose d’exceptionnel.
C’était il y a très très longtemps. C’était en 2016 ou 2017. Je n’habitais pas encore au Japon. J’étais venue avec une amie et nous étions allés visiter l’île de Miyajima, qui est une île au large d’Hiroshima. sur laquelle on trouve un temple surpiloté, un temple sur l’eau.
À cette occasion, il y a eu un typhon, un énorme typhon, qui a fait que nous ne pouvons plus rentrer vers Hiroshima. Nous étions bloqués sur l’île de Miyajima, en plein typhon. Et en même temps, hasard, c’était très drôle, il y avait un mariage dans ce temple. Je ne sais pas si c’était pour les habitants de l’île ou alors pour un couple de personnes très aisées, très riches. En tout cas, ils faisaient leur mariage en plein typhon, leur mariage traditionnel japonais, et pour l’occasion, ils ont fait jouer un spectacle de théâtre nô.
Ah oui, le fameux. Voilà, et c’est extrêmement rare, franchement, de pouvoir voir ça sur cette scène de Miyajima, de l’île de Miyajima, parce que c’est l’une des trois, je crois, seules scènes extérieures de théâtre nô du Japon. Ils ont fait jouer ce spectacle de nô pendant le typhon et ils nous ont autorisé à venir, en fait, pour nous abriter. Ils ont ouvert, en fait, le spectacle à tout le monde, même aux gens qui n’étaient pas du mariage. Ça, c’est une sacrée expérience et c’est le Japon traditionnel pour le coup.
Oui, totalement traditionnel. Et c’était vraiment un moment hyper bizarre de voir ça en pleine tempête. J’étais à moitié… Mon côté droit était trempé par la pluie du typhon parce que c’est abrité par des toits, mais sur les côtés, il n’y a pas de… Il n’y a pas de mur.
Et en même temps, il y avait ces acteurs avec leurs masques blancs qui faisaient tous ces mouvements très lents. Ça m’a vraiment marquée. C’était incroyable. Et depuis, je me suis pas mal intéressée au théâtre japonais, que ce soit le théâtre Noh ou également le théâtre Kabuki. J’espère pouvoir revoir ce genre de spectacle un jour.
Je recommence chaudement. Je ne sais pas si ce sera facile d’expérimenter le théâtre Ono. En revanche, pour le théâtre Kabuki, vous pouvez vous rendre au Kabukiza. C’est le théâtre, enfin le lieu de théâtre Kabuki du quartier de Ginza à Tokyo. Et à ce théâtre, il est possible de prendre des billets en anglais.
pour voir une partie du spectacle. Ça s’appelle des billets tatemité. C’est des billets où on est debout, on n’est pas assis, mais où on ne peut voir qu’une seule partie du spectacle. Parce qu’il faut savoir que les pièces de Kabuki, elles durent très très longtemps. C’est un peu comme l’opéra, on va dire en France, si on doit faire une comparaison.
Et ces billets sont très peu chers. Donc voilà, ce que je vous recommande, moi, c’est d’aller à Ginza, aller au théâtre Kabuki de Ginza et prenez des billets pour le tatemité. c’est vraiment pas cher ça doit être même pas ouais c’est peut-être 10 euros et vous pouvez assister comme ça à une partie de représentation de Kabuki pour vous pour vous rendre compte de ce que c’est. Très bien alors côté boulot Isabelle, dis-nous un petit peu plus tu côtoies les japonais pour ton boulot ou pas du tout ? Oui, je côtoie des Japonais, donc des personnes qui travaillent pour la presse côté Japon ou alors d’organisation, voilà tout ça, effectivement.
Est-ce que tu as noté des différences ? Est-ce qu’il y a des choses à savoir ? Comment sont les Japonais au boulot ? Comment on fait du business avec eux ? Il y a des choses importantes que tu voudrais mentionner ?
Je pense qu’il y a énormément de choses à savoir pour pouvoir lancer un business au Japon, ou s’expatrier en tant qu’entrepreneur, ou même s’installer en tant que professeur de français au Japon par exemple. La société japonaise est extrêmement codifiée dans sa manière de se parler, il y a beaucoup de notions de hiérarchie, de politesse, de gestes qui se font, qui ne se font pas. C’est impossible à résumer, ça dépend tellement du contexte Moi, ce que je conseille, c’est d’aller lire des interviews de personnes qui sont passées par là. Il y en a évidemment sur le petit journal Tokyo. Moi, je publie régulièrement dans la partie communauté des interviews de personnes qui ont un business au Japon ou qui travaillent en entreprise au Japon, qui sont sociologues au Japon.
Il y en a aussi sur le site coursdejaponais.com pour lequel je travaille, puisque récemment, j’ai interviewé des avocats qui aide les entrepreneurs à s’implanter au Japon en justement leur venant en aide sur toutes ces questions légales mais aussi culturelles. Voilà, renseignez-vous, renseignez-vous, renseignez-vous. Il y a énormément de choses à savoir et monter une entreprise au Japon ou alors venir travailler dans une entreprise japonaise, ce n’est vraiment pas comme venir travailler dans une entreprise française. Et par rapport à ton expérience perso, il y a un ou deux points en particulier que tu voulais aborder ou pas ? Je pense que les japonais, de manière générale, sont concentrés sur le détail.
Ce sont des gens qui veulent vraiment être minutieux sur des très petits détails et qui manquent un peu de vision d’ensemble. Quand des Français et des Japonais travaillent ensemble, généralement de ma propre expérience, de l’expérience de mes camarades expatriés avec qui j’échange et des gens que j’interview, c’est que les Français vont être plus brouillons. vont être plus, allez, on y va, on lance, il va y avoir des erreurs, mais on fait avancer les choses. Les japonais ne vont pas supporter, par contre, de faire ces erreurs. Ils vont aller beaucoup plus dans le détail, aller dans l’option 1, l’option 2, l’option 3, être sûr que toutes les options sont bouclées, faire une réunion, une autre réunion, refaire une confirmation de réunion.
Et quand ils lancent, voilà, c’est bon, tout est OK. Donc c’est vraiment deux approches très, très difficiles à concilier. Et je pense qu’il y aurait du bon à apprendre des deux. Et c’est une approche qui te paraît positive ou négative du coup ? A moi, personnellement, j’avoue que moi je suis plutôt dans ce côté, bah oui, on avance et on améliore.
Fait vaut mieux que parfait. Et ce côté peur d’aller, de lancer quelque chose, moi me frustre pas mal quand je travaille avec des personnes japonaises. Pour conclure, ou pas loin, quels seraient tes conseils principaux pour un expat français ? Alors au risque de se répéter par rapport à déjà ce qu’on a dit avant, c’est pas gênant, mais est-ce que tu as des conseils pour un expat français qui, comme toi, dans un contexte différent forcément, débarquerait à Tokyo ou ailleurs au Japon dans les prochains mois ? Mon conseil principal, ce serait vraiment d’aller à la rencontre d’un maximum de personnes le plus tôt possible.
Quand on arrive, mais je pense que c’est valable dans n’importe quel pays étranger, c’est vraiment d’aller à la rencontre des gens, que ce soit des personnes japonaises, des expatriés du même pays que soi, des expatriés d’autres pays. Créer son réseau assez vite. car je me rends compte en interviewant les gens, etc. que le réseau, qu’il soit professionnel ou personnel, c’est un vrai, vrai soutien quand on est un expatrié. Et c’est comme ça qu’on trouve aussi parfois du travail.
C’est comme ça qu’on trouve une sorte de deuxième famille. Et ça serait vraiment le conseil ultime pour moi. C’est ça, c’est aller à la rencontre des autres le plus vite possible. Et toi, ça fait cinq ans que tu y es, c’est ça ? Oui, c’est ça.
On peut y faire sa vie à Tokyo ? Oui, on peut y faire sa vie, comme dans n’importe quelle ville du monde, c’est possible. Avec l’économie actuelle, le Yen qui est en chute, On chute libre. Voilà, ça va peut-être être compliqué. Il ne faut pas s’attendre à avoir un salaire qui sera l’équivalent de celui qu’on avait en France.
Il faut prendre en compte énormément de choses. Mais ça reste une ville passionnante où habiter, je pense, si on est bien entouré. Tu voulais conclure avec quelque chose en particulier ? Non, juste si vous êtes passionné du Japon, arrêtez de lire des choses sur le Japon. Arrêtez de regarder des vidéos sur le Japon.
Allez-y. Allez-y sans attente et laissez-vous transporter par ce que le pays a à offrir. C’est le meilleur moyen de savoir si vous pourriez vivre sur place, je pense. Merci à toi. À bientôt.
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