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Vincent Catherine raconte son parcours de Pévétiste au Canada, de Québec à Vancouver

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Avez-vous déjà envisagé de tout quitter pour vivre une aventure à l’étranger? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous emmène à Vancouver, au Canada, en compagnie de Vincent Catherine. Originaire de Bretagne, Vincent partage son expérience et ses découvertes en tant qu’expatrié dans cette ville dynamique et multiculturelle.

Vincent Catherine, notre invité, a grandi à Lorient en Bretagne avant de poursuivre ses études en ressources humaines à Rennes et à Nantes. Inspiré par un article de journal, il décide de tenter l’aventure du Programme Vacances-Travail (PVT) au Canada. Après avoir traversé les démarches administratives et le tirage au sort, Vincent s’envole pour le Québec en janvier 2021, où il commence par travailler dans une ferme produisant du sirop d’érable. Cette expérience enrichissante le conduit ensuite à Vancouver, en Colombie-Britannique.

L’épisode explore en profondeur les défis et les opportunités de la vie au Canada, notamment les différences culturelles, les procédures d’immigration, et les aspects pratiques du PVT. Vincent décrit la transition entre le froid hivernal du Québec et le climat plus doux de Vancouver, ainsi que l’importance de la francophonie dans sa vie professionnelle. Il travaille désormais pour la Société de Développement Économique de Colombie-Britannique (SDECB), aidant les immigrants francophones à s’intégrer et à prospérer dans leur nouvelle vie canadienne.

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Podcast n°2217 (Juin 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage de l’épisode :
00:00:01 – Introduction et présentation de Vincent Catherine
00:00:19 – Points communs entre Vancouver et la Bretagne
00:00:37 – Origines et études de Vincent en Bretagne
00:01:00 – Projet de PVT au Canada
00:03:52 – Arrivée au Québec et premiers travaux
00:05:47 – Transition vers l’Ouest canadien
00:06:39 – Vie à Vancouver et différences culturelles
00:08:52 – Usage des langues officielles au Canada
00:11:01 – Travail de Vincent au sein de la SDECB
00:12:43 – Réflexions sur la vie et le travail à Vancouver
00:13:52 – Perspective sur l’immigration et racisme au Canada
00:14:53 – Conclusion et remerciements
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Retranscription intégral de l’épisode :

Notre média accompagne tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui ont vécu la mobilité internationale. Déjà 2000 interviews disponibles sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Vincent Catherine. On va parler du Canada. D’ailleurs, on y va tout de suite et on va à Vancouver.
10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. francaisdanslemonde.fr Oh, il y a des points communs entre Vancouver et la Bretagne, Vincent. La pluie. Par exemple, c’est ce qu’on me dit souvent, d’ailleurs. Bonjour Vincent, bienvenue.
Tu es en effet originaire de l’Orient en Bretagne, tu vas faire tes études à Rennes et à Nantes dans le domaine des RH. Mais une fois diplômé, tu avais dans un coin de ta tête, suite à un article lu dans un journal, l’envie de faire un PVT. Alors pour nos auditeurs, on peut rappeler ce qu’est ce programme vacances-travail, un super dispositif. qui ne fonctionne plus pour moi, je suis trop vieux, réservé aux jeunes. L’âge diffère de pays en pays, mais tu voulais faire ça.
Oui, c’était le projet. Pendant que j’étais en études, je travaillais ce projet justement d’un peu d’ailleurs, ne serait-ce que d’aller prendre de l’air pour quelques années et peut-être de revenir en France. Donc, je me suis informé sur le PVT et on peut encore remercier, je pense, toute l’équipe des PVTistes qui fournit un travail absolument incroyable d’information et de sensibilisation à ce sujet. qui m’ont permis justement de construire un projet qui tenait un peu la route et qui m’ont permis de m’informer justement sur le programme. Alors une fois qu’on s’informe et qu’on doit se lancer dans la procédure, la particularité avec le Canada, c’est que c’est un système de tirage au sort.
Il y a plus de demandes que de personnes qui peuvent avoir l’autorisation de se lancer sur un PVT et le tirage au sort, c’est le lundi. C’est long la procédure, c’est compliqué, ça coûte ? Alors c’est en soi même la procédure d’inscription.
pour les jeunes, on va dire entre 18 et 35 ans pour le Canada. Ça reste assez facile, le Canada n’a pas besoin de beaucoup d’informations, il suffit d’avoir un CV à jour, de prendre un peu de temps pour remplir ses informations personnelles. Et à partir de là, ça roule. Ensuite, il n’y a plus qu’à être tiré au sort. Là, le temps varie évidemment entre chacun, c’est au petit bonheur à chance.
Et ce que ça coûte, alors à l’heure à laquelle je ne me souviens plus malheureusement des tarifs, mais ça reste quand même très abordable au vu de l’opportunité que ça offre. C’est surtout ça qu’il faut regarder. Parce que quand on est jeune, du coup, ça permet d’aller dans le pays pendant deux années, de pouvoir y travailler, y vivre, d’avoir un visa assez léger par rapport aux autres visas.
Pour moi, c’est le meilleur statut possible, surtout en tant que jeune. On a cette opportunité d’aller dans un pays pour un ou deux ans, en fonction des pays. Au Canada, c’est deux ans pour les Français. On peut bouger dans ce pays comme on le souhaite, travailler pour n’importe quel employeur, sous réserve de ne pas être dans un métier réglementé, bien entendu. Mais on a cette flexibilité-là.
qui est vraiment très agréable. Alors tu arrives en janvier 2021, c’est l’hiver du coup à Québec ? Totalement, là c’est en plein dans l’hiver, la neige… Et moins 30 quoi ! Pas de moins 30, mais on a eu des bons moins 15, moins 20 au pic des périodes avec le vent qui fait un ressenti un peu…
Qui pique un peu. Qui pique un peu, ouais, exactement. Alors, ça ne s’invente pas, tu fais un hoofing, ça aussi on peut en parler, tu bosses, en échange tu as un logement, et tu bosses dans le sirop d’érable, ça c’est une blague. Alors, en fait, j’ai eu de la chance parce qu’à cette époque-là, on n’était pas encore dans la reprise du Covid. Et pour partir au Canada, même avec un PVT, il fallait une offre d’emploi.
Et j’ai réussi, grâce à une connaissance, à obtenir ce contact d’un couple de retraités français, mais qui ont ménagé au Québec il y a plus de 50 ans maintenant. Et à la retraite, ils se sont décidés à avoir leur petite ferme avec quelques animaux et à produire leur propre sirop d’érable. Et donc, ils recherchaient du monde, tout simplement, parce qu’ils nous ont une grande maison et ils aiment rencontrer du monde et donc j’ai pu être en contact avec eux et ils m’ont dit bah écoute on va peut-être faire une dernière saison avant de partir définitivement en retraite Donc j’ai eu cette opportunité-là d’être hébergé chez eux en pleine campagne au sud du Québec et de faire du coup entre autres la production pure artisanale du sirop d’érable. Et comment on fait du sirop d’érable ? Alors c’est assez simple en fait.
Il faut attendre que les jours commencent à être un peu plus doux. Il faut une nuit très froide et un matin très doux. Les érables vont commencer à pomper de l’eau dans les terres via leurs racines et on va faire un petit trou à la perceuse dans le tronc de l’arbre. On va mettre un petit robinet, y accrocher un seau, un couvercle pour éviter que des insectes viennent et on n’attend plus que les conditions météorologiques deviennent bonnes.
commence à être tiré de l’arbre, et c’est Toloch qui a une teneur en sucre beaucoup plus élevée qu’un arbre traditionnel, même si c’est très faible au goûter, on peut le sentir. On va prendre toute cette eau, remplir des tanks, et grosso modo là je vais vraiment… Mais on va faire un caramel, littéralement. On va faire chauffer toute cette eau via tout un processus qui va faire que l’on va obtenir in fine un sirop qui va être incroyable. Et alors sur un pancake c’est délicieux pour un petit déj.
Entre autres. Bref, au bout de quatre mois tu te dis je suis pas venu au Canada pour ne connaître que la province de Québec. Tu vas décider de partir dans l’ouest canadien. Alors attention, rappelez-vous, chers auditeurs, que le Canada est un peu grand, un peu large et un peu haut. Très, très en haut, c’est très, très froid.
Et de gauche à droite, il y a 7000 kilomètres, quoi. Voir plus si on prend du coup les provinces des Maritimes, on touche peut-être des dix mille et quelques kilomètres de large. Mais oui, c’est C’est très énorme, donc j’ai un peu évité les provinces centrales qu’on appelle les prairies, tout simplement. Ça m’attire un peu moins, donc je suis parti pour la Colombie-Britannique. Alors Colombie-Britannique avec Vancouver, très belle ville.
Quand on regarde des photos à chaque fois, c’est assez stupéfiant. Avec tous ces grands immeubles au bord de l’eau, c’est très, très beau. Là, cette fois-ci, tu es dans un climat qui est radicalement différent. C’est beaucoup plus doux, moins oppressant. Ce n’est pas comme vivre à Paris, tu m’as dit.
C’est ça. Et pour n’insulter personne parmi les auditeurs, bien sûr, je tiens à dire que je n’ai jamais vécu à Paris. Mais c’est sûr qu’à chaque fois que j’y suis allé, et même si j’ai adoré visiter, il n’y a pas ce climat, pour moi, qui m’a semblé un peu anxiogène des grandes villes. Ça reste une ville dynamique, un grand centre économique pour l’Ouest canadien, très dynamique. Mais il y a aussi cette manière d’aborder le travail au Canada en général, Travailler, c’est bien, mais vivre surtout à côté, c’est important.
Et c’est vraiment important pour aussi bien les employeurs que pour les salariés. Donc, il y a une vie après le travail et on sent cette dynamique, cette manière de penser dans la vie de tous les jours et quand on est en ville, etc., quand on va au travail, quand on le quitte. Donc, c’est pour ça que cette vie reste paisible ou très acceptable, très tolérable, même dans un grand centre urbain comme Vancouver. Et le week-end, tu peux partir dans la nature. Il y a la Sunshine Coast, par exemple.
Tu t’éloignes un peu et t’es en pleine nature. C’est ça, il y a vraiment beaucoup d’opportunités pour sortir de la ville pour ceux qui le veulent, pour faire de la randonnée, du camping, aller visiter des parcs nationaux ou juste aller ailleurs. Et l’avantage de Vancouver, c’est que le système est très bien fait. Il y a un réseau de ferries. qui part très souvent, dans plusieurs points d’accès, pour des destinations comme l’île de Vancouver, la Sunshine Coast au nord, les petites îles qui bordent l’île de Vancouver justement, et ainsi de suite.
Donc oui, il y a beaucoup d’opportunités à partir en nature. Alors le Canada parle deux langues, l’anglais et le français, c’est statutaire. Nous, on voit le premier ministre Trudeau parler en français, mais si la question lui est posée en anglais, il répond en anglais. Par contre, quand on vit réellement à Vancouver, par exemple, le français est un peu moins omniprésent. Tu rentres pas dans une boulangerie pour demander une baguette en français.
Non, on va éviter. Enfin, ça sera très bien perçu. Peut-être que même les propriétaires ou les personnes à l’accueil essaieront, mais ce n’est clairement pas quelque chose que l’on recommande de faire. Le français est très minoritaire ici en Colombie-Britannique. C’est beaucoup moins parlé que de l’anglais, que le mandarin, que le punjab, donc l’une des langues indiennes que je peux parler et l’écrit indien.
et voire même peut-être le japonais ou d’autres langues. Donc oui, c’est peu parlé. Il y a… Les Canadiens ont généralement des bases en français et ils apprécieront d’ailleurs d’essayer de parler un peu en français quand ils détecteront l’accent français, ce qui arrive très vite. Mais sinon, oui, dans les commerces, c’est rare.
C’est ça. Si tu as affaire avec l’administration, les documents sont dans les deux langues ? Oui et non. Si on a affaire à l’administration, un dossier pour l’immigration canadienne, je pourrais faire tout mon dossier et avoir l’accès à de l’information en français. Si je dois faire l’administration provinciale, faire la carte de santé ou autre, faire des papiers, tout sera ici en anglais parce que la province de Colombie-Britannique n’a juste pas clémenté, si je puis dire, le français comme langue officielle provinciale.
En Belgique, il y a un petit conflit entre le néerlandais et le français. Il n’y a pas vraiment de conflit ou on n’est pas toujours d’accord sur ces deux langues aujourd’hui ? Je pense pas qu’il y ait de conflit parce qu’il y a cette… Il y a tellement une multiculturalité omniprésente à Vancouver, où tout le monde vient un peu avec son anglais approximatif ou non, et essaye de faire sa vie avec et de créer une communauté autour de cela. Donc de conflit sur le français, non.
Par contre, il y a une vraie volonté de la part des acteurs francophones d’augmenter la présence francophone et la reconnaissance du français comme langue officielle fédérale pour l’implémenter au provincial. Alors on va parler justement de ton travail autour de la francophonie. Juste un dernier mot, il n’y a pas réellement de quartier français. Il y a Meilleurville, qui est une ville juste à côté, qui était ancienne capitale francophone. Là, il y a du français, mais sinon, dans la ville même de Vancouver, pas tellement.
Non, les Français sont très éparpillés. Pour le coup, il n’y a pas de quartier réellement français. volonté à l’époque de créer un quartier français dans les années 70, je pense, peut-être même avant. Mais sinon, ce projet invisible, on n’a jamais abouti. Alors un jour, tu as une amie qui te parle d’un speed jobbing et tu te retrouves du coup à travailler dans la CDE, un organisme à but non lucratif qui défend justement la francophonie et qui aide le développement économique pour aider les immigrants à venir s’installer, qu’ils soient particuliers ou entreprises.
SDECB pour la Société de Développement Économique de Colombie-Britannique. C’est un organisme non lucratif qui a vraiment cet objectif de développement économique francophone au travers de l’employabilité, au travers de l’entreprenariat. C’est plutôt aider les entrepreneurs qui veulent soit créer une entreprise tout simplement ici de zéro, importer une entreprise qu’ils ont créée peut-être ailleurs ici, C’est accompagné des immigrants francophones, des PVTistes ou autres, qui veulent s’installer ou qui veulent en tout cas trouver du travail et s’insérer sur le marché du travail. Donc on fait de l’accompagnement à ce niveau-là, notamment également dans le développement communautaire francophone. Donc c’est ça.
Vincent, j’ai un peu l’impression que la Bretagne, elle est loin pour toi et qu’elle restera loin. J’ai l’impression que tu t’y sens bien dans ce job, avec cette francophonie, avec ce beau pays. Je sais pas, j’ai l’impression que tu as trouvé ta place. C’est très agréable, sincèrement. La qualité de vie, le mode de vie, la culture et tout ça.
Franchement, personnellement, j’aime beaucoup. Il y a toujours des choses qui manquent. cas où, à l’époque. Évidemment, tout breton a son drapeau dans sa chambre. Toujours, toujours.
Mais c’est ça, comme toujours, il y a des avantages et des inconvénients. Si on parle de Vancouver, on sait que c’est une ville qui reste très chère en coût de vie. C’est une réalité. Mais derrière, oui, je m’y plais. Il y a des opportunités.
Je trouve que le marché du travail, enfin pas tant le marché du travail, mais le travail en lui-même. La relation travail. C’est ça, la relation au travail est tellement différente et peut être source de plus de challenges, d’opportunités. On peut évoluer beaucoup plus facilement, aussi bien verticalement, via des promotions, qu’horizontalement, pour élargir tout simplement le poste pour lequel on a pu être embauché.
plus de projets sur lesquels travailler. On fonctionne beaucoup par projet ici. Il y a cette façon de travailler que personnellement, j’aime beaucoup avoir. Je suis encore récent au Canada, mais oui, j’ai peut-être volonté à y rester un peu plus longtemps. Et ma dernière question, c’est un jeune pays qui attire beaucoup d’immigrants, comme toi, par exemple.
Tu quittes l’Orient pour vivre aujourd’hui à Vancouver. On me dit que de temps en temps, il y a un peu de racisme des Canadiens sur toute cette nouvelle population qui arrive, qui font monter les prix, qui font que le logement, ça devient difficile, etc. Tu le ressens au quotidien ou peut-être pas spécialement toi dans le domaine dans lequel tu bosses ? Dire qu’il y a du racisme de manière générale, oui, j’ai envie de dire. Malheureusement, ça existe partout.
À le ressentir, non. Est-ce qu’on voit de temps en temps des discours de citoyens, de gens un peu lambda, dire oui, c’est à cause des immigrants qu’on a des problèmes de logement, que les prix augmentent, etc. ? Ça existe, bien entendu. Mais on sait notamment qu’autant, on ne peut jamais mettre la faute sur l’immigrant.
Ce n’est pas la faute de l’immigrant, c’est sa décision ou pas. Certains, ce n’était pas un choix de venir. Mais c’est les politiques d’immigration qui ont fait qu’elles ont été tellement mise en avant et les chiffres d’immigration étaient tellement énormes aussi ces dernières années, qu’il y a eu un goulot d’étranglement à un moment sur quelque chose. Quelque chose qui a été, entre autres, le logement. Mais à y vivre, le racisme, non.
Je trouve que globalement, les Canadiens sont quand même accueillants, tolérants. C’est sûr qu’il y a toujours des marges de manœuvre, etc. Mais globalement, je trouve que ça reste très correct pour un pays où, justement, il y a eu telle immigration. Merci beaucoup Vincent pour ce petit voyage au Canada et plus spécifiquement dans cette très belle ville de Vancouver. Au plaisir de te retrouver sur cette antenne.
Merci beaucoup.
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