Viggo, l’étoile qui continue de briller avec Nathalie Grall, sa maman

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Lisez l’article concernant Nathalie Graal et son Trophée des Français du Moyen-Orient sur Lepetitjournal.com
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Comment transformer une tragédie personnelle en une mission de vie inspirante ?
C’est la question que pose cet épisode du podcast « 10 minutes », animé par Gauthier Seys, qui accueille Nathalie Grall, une expatriée française vivant à Dubaï. Nathalie partage son parcours émouvant et inspirant, illustrant comment elle a su transformer une épreuve personnelle dévastatrice en un engagement humanitaire fort. À travers son histoire, elle invite les auditeurs à réfléchir sur la résilience et la capacité de chacun à trouver un sens et un but même dans les moments les plus sombres de la vie.

Nathalie Grall, originaire de Normandie, a vécu une vie d’expatriée riche en expériences, de la Côte d’Ivoire à Dubaï, en passant par Paris et Dakar. Elle s’est distinguée par son engagement humanitaire, notamment à travers la création d’un atelier de poterie pour soutenir des enfants sourds et muets au Sénégal. Son parcours est marqué par une profonde connexion avec l’Afrique et un désir constant de donner du bonheur aux autres, inspiré par l’exemple de sa mère.

L’épisode se concentre principalement sur la tragédie personnelle de Nathalie : la perte de son fils Viggo, un jeune champion de golf, et comment elle a choisi de donner ses organes pour sauver d’autres vies. Cette décision, bien que difficile, a conduit Nathalie à devenir une ambassadrice passionnée pour le don d’organes aux Émirats arabes unis. Elle partage son expérience à travers des conférences et des ateliers, cherchant à améliorer le soutien aux familles de donneurs. Nathalie exprime son désir de créer une fondation en l’honneur de Vigo, illustrant comment elle a transformé sa douleur en une force motrice pour le changement et l’amour.

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Podcast n°2438 (mars 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

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Chapitrage de l’épisode :

00:00:02 – Introduction et accueil de Nathalie Grall
00:02:27 – Parcours professionnel en Normandie et en Côte d’Ivoire
00:03:00 – Connexion avec l’Afrique et vie en Côte d’Ivoire
00:04:28 – Retour difficile à Paris et départ pour Dakar
00:05:55 – Engagement humanitaire à Dakar
00:07:08 – Déménagement à Copenhague et installation à Dubaï
00:09:03 – Tragédie familiale: décès de son fils Vigo
00:10:38 – Transition vers le soutien aux familles de donneurs d’organes
00:12:22 – Engagement dans les conférences et ateliers sur le don d’organes
00:14:32 – Réflexions sur le deuil et la résilience
00:15:14 – Message final et remerciements
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Transcription de l’épisode :

Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gauthier Seyss et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Nathalie Graal. Mon invitée est une Lyonne. Bonjour Nathalie. Bonjour Gauthier.
Bienvenue sur l’antenne de la radio des français dans le monde. Je remercie les équipes, le petit journal.com qui nous ont mis en relation aujourd’hui. Il faut dire que tu as gagné il y a quelques mois le trophée humanitaire des français du Moyen-Orient et qu’on va discuter dans quelques instants d’une difficile, mais que tu as pu transformer en formidable aventure. Nathalie, déjà un petit mot. Tu écoutes les podcasts de la radio le matin en prenant ton thé, toi.
Oui, moi, j’adore. J’aime être dans mon jardin avec mon thé et puis avoir un petit peu cette petite partie des Français que je me sens un peu éloignée ici, même si ça fait 16 ans que je suis, je réside à Dubaï. Alors on va arriver à Dubaï. Revenons pour commencer en Normandie. Très vite, tu te mets à bosser à 16 ans.
T’es déjà dans les compagnies maritimes comme papa qui faisait le même métier. Et puis la vie va avancer. Une séparation compliquée va changer ton chemin de vie à 27 ans. Tu vas atterrir en Côte d’Ivoire où tu vas vivre pendant 4 ans. Tu arrives là-bas avec ta fille de 3 ans et tu m’as dit là, genre, je rentre dans un autre monde.
Et il y a une connexion avec l’Afrique tout de suite. Oui, une connexion parce que les gens, malgré tout, leur détresse ou qu’ils n’ont pas d’argent, sont toujours très très près, très bienveillants à parler. Moi, j’adore le contact des gens de la rue. Alors là, tu travailles, tu es responsable des opérations, pour le chargement des bateaux, une vie d’expat avec une grande solidarité des expats entre eux. C’est un moment de vie que tu as beaucoup aimé.
Oui, à l’époque, la Côte d’Ivoire, c’était grandiose. Et puis, une grande solidarité entre tous les expats. Il n’y avait pas d’insécurité à l’époque. Des petits restaurants partout. On rencontrait des gens de toute nationalité.
C’était fantastique. Moi, à cet âge-là, j’avais 27 ans. Je venais de ma Normandie, pas voyagé. Donc, c’était du bonheur. Alors évidemment, il y aura une crise économique qui va te pousser à rentrer à Paris.
Mais là, la pluie, le boulot, métro, dodo, c’est pas trop ton truc. Tu vas rencontrer ton futur mari qui est au Cameroun à ce moment-là et qui est danois. Et là, nouvelle vie en couple avec l’arrivée d’enfants. Oui, nous avons fait dix ans à Paris et Vigo, notre fils, est né à Paris. Après un an assez difficile de boulot dodo, nous partons pour une nouvelle aventure au Sénégal, à Dakar.
Alors là, quand on parle de Dakar, tu as les yeux qui s’écarquillent à nouveau. Tu adores cette période. D’ailleurs, tu vas te lancer un peu dans l’humanitaire à ce moment-là. Tu vas te rendre compte que toi, ton truc, c’est de donner du bonheur aux autres. C’est bien résumé ?
Oui, c’est tout à fait ça. Mais je pense aussi, j’ai grandi dans une famille qui était… Ma maman était comme ça. Donc donner aux autres, tu reçois tellement de bonheur, ça te donne une sensation de bien-être. J’ai voulu créer un atelier de poterie, peut-être que tu peux en parler plus.
T’as été sensible sur le fait que des enfants soient abandonnés par leur famille parce qu’ils étaient sourds et muets. T’as monté du coup un système d’atelier de poterie et avec l’argent que tu récupérais, ça revenait à ces enfants. Et résultat, t’as rendu beaucoup d’enfants beaucoup plus heureux. Oui, je pensais que je pense qu’on peut toujours trouver quelque chose à faire et je voulais faire quelque chose avec de la bienveillance et ces enfants sont émués avaient besoin d’aide et la personne qui s’en occupait n’avait pas les moyens la stratégie de le faire et j’ai dit Il a les moyens de le faire avec les mains, moi je vais faire l’autre moitié. Et avec la communauté de Dakar Women’s Group, j’ai monté un atelier de poterie et tout cet argent revenait à ces cette petite communauté d’enfants sourds et muets qui eux, ces enfants sourds et muets, n’ont pas de différence avec les autres enfants s’ils ne parlent pas.
Les enfants parlent avec les mains et c’est ça qui est beau à voir. C’est qu’il n’y a pas besoin d’avoir la langue pour parler. Et puis, tu es très fier puisque aujourd’hui, tu n’es plus à Dakar, mais cet atelier de poterie continue et il y a encore de l’argent qui arrive pour ces enfants. Ça, ça te rend très fier. Oui, ça me rend très fière que, avant de partir, je ne voulais pas les laisser.
J’ai commencé à contacter les écoles et continue à travailler dans les écoles. Et j’ai toujours aussi… Moi, je suis une amoureuse de l’Afrique, donc ça me fait très plaisir. Alors deuxième coup de froid, puisque après Dakar, vous allez vous installer à Copenhague, donc le pays originaire de Tont-Marie. Bon là-bas, le froid, ça n’a pas non plus trop de beauté, ça ne va pas durer énormément.
Vous allez décider, il y a 16 ans, d’aller vivre à Dubaï. Alors Dubaï d’il y a 16 ans, ce n’est pas le Dubaï d’aujourd’hui. Non, le Dubaï de 16 ans, c’était pas autant de circulation, pas autant d’expatriés, pas autant de population. C’était aussi une communauté assez bienveillante avec les rencontres avec les enfants, plein d’activités pour les enfants. Ça continue, mais la population a doublé depuis, donc c’est différent.
Alors, il y a trois ans, votre fils Vigo, qui a à ce moment-là 17 ans, très sportif, très impliqué dans une adolescence foisonnante. Tout se passe bien pour lui, il fait beaucoup de golf et ça se passe super bien. Il réussit plein de tournois. Et puis, un jour après le golf, il a son doigt qui n’est plus sensible, puis sa main. Et vous allez vivre en quelques heures une abominable chute dans l’abîme de la vie, avec au bout du chemin le décès de Vigo.
Oui, tout à fait. Vigo était champion de golf des émirats. Je tiens à le souligner parce qu’il n’est pas que champion dans sa vie. Champion des émirats pour le golf et champion puisqu’il a sauvé cinq vies. Notre tragédie, notre vie a changé en une minute.
Vigo était sportif en bonne santé. Il est allé aux urgences pour une main engourdie, on lui fait une prise de sang, il ressort et trois heures après il s’écroule, il était dans le coma, il était en mort cérébrale. Tu m’as dit, c’est pour ça que j’ai commencé cette interview en disant que je recevais une lionne. Lorsque tu vois que ton fils s’écroule au sol, tu as un cri de lionne. Exactement, j’ai su au moment où il est tombé que c’était fini.
Je ne pourrais pas l’expliquer, je ne pourrais pas refaire ce cri de Lyon, mais c’est un cri en tant que maman. Je ne sais pas, mais j’ai su que c’était fini. D’ailleurs, je ne suis pas mon fils en ambulance parce que je sais que c’était fini. Je laisse mon mari partir à l’hôpital et il m’appelle et il me dit c’est grave, il faut que tu viennes. Alors, en l’occurrence, cette mort cérébrale, eh bien, c’est l’occasion de donner ses organes, justement, parce que le corps fonctionne, lui, très, très bien.
Et là, tu vas décider d’accepter, mais sans aucun support moral, sans information. Tu trouves une maman dépourvue. Là, ça ne s’est pas bien passé. On n’a pas fait les choses correctement par rapport à ce don d’organes d’Avigo. Il faut savoir que les dons d’organes à l’époque, c’était il y a sept ans dans les Émirats, donc ils sont vraiment comparés à la France vraiment au début.
Donc les gens n’étaient pas formés pour l’empathie, la compassion, alors que justement quand il y a une mort cérébrale, à ce moment-là, on a besoin vraiment de soutien pendant et après. Et ça, ça m’a beaucoup manqué. Après, je n’en voulais pas aux gens, ils n’ont pas été formés, mais à ce moment-là, c’est crucial, il y a besoin d’un soutien. C’est un moment traumatique, une tragédie, et c’est là qu’on a besoin d’un regard, une main sur l’épaule, et on n’a rien eu. Et résultat Nathalie, tu as pris cette position d’être une véritable ambassadrice des dons d’organes et du soutien aux familles de donneurs sur les émirats arabes.
Tu as enchaîné dans les années qui ont suivi avec des conférences, des dizaines de conférences. Il y a des films qui ont été faits. L’idée, c’est que vraiment, ton expérience, ça a dû servir pour que les familles qui vivent ça puissent être mieux accompagnées. Oui parce qu’il faut savoir qu’on ne peut pas s’imaginer tant que ça n’arrive pas en pleine face. Donc quand ça s’est passé, je me suis dit je ne veux aucune maman et ce que j’ai vécu et je voudrais faire un changement.
Je voudrais faire que le système soit mieux. Et donc en parlant avec le chairman des organes dans les Émirats, j’ai dit si vous voulez des organes, vous ne pouvez pas agir comme ça, il faut donner du soutien. Et alors on est parti dans un process où j’ai participé au workshop d’empathie, de compassion, comment parler aux familles. J’étais l’exemple bien sûr. qui était l’exemple réel pour savoir ce que j’ai ressenti et ce qu’il faudrait faire.
Donc me voilà partie dans les Émirats, dans tous les hôpitaux, j’ai fait 60 conférences internationales à Dubaï et mon message est très clair, c’est de ne pas parler de religion, c’est parler d’amour et d’humanité. C’est un message qui touche énormément tous les gens, que ce soit les hommes ou les femmes. Et on m’a amenée dans tous les ministères. Je me dis, mais Vigo, où tu m’as amenée ? Parce que ministère de l’armée, ministère de la défense, ministère de l’éducation, j’ai fait tous les ministères.
Je me laisse porter et tout le monde me demande comment je fais. Je me dis que je suis portée. Vigo me guide. C’est ma nouvelle mission de vie. Je pense arriver à faire un changement.
Ça a été une révolution. Dans Dubai, si vous parlez de Vigo, ça fait tilt dans tous les hôpitaux. Tu racontais justement ce rendez-vous avec le ministère des armées, où tous ces hommes sont en tenue, et toi, petit bout de femme, tu passes ton message. Moi j’ai peur de rien. J’ai peur de rien et je voulais surtout transformer cette tragédie en beauté.
Je veux transformer quelque chose Cette tragédie, ça nous a transformés. Perdre un enfant, on est dans un cyclone. Il faut savoir s’éloigner de ce cyclone et avoir un chemin de résilience. Autrement, on ne peut pas imaginer la souffrance qu’on a jusqu’à la fin de notre vie. Mais ça n’empêche pas qu’on peut vivre et qu’on peut faire quelque chose.
Ce que je ressens, c’est que ma thérapie, c’est d’aider les autres, m’aide énormément. Et parler de Vigo, de l’histoire de Vigo, mais partout. Comme je l’ai dit, je vais aller en Saoudi au mois d’avril pendant trois jours où ils veulent que je parle de l’histoire de Vigo. Donc, ça touche beaucoup. Il y a beaucoup d’articles, beaucoup de radios.
Et puis quand vous voyez ces femmes ou ces hommes qui viennent vous voir et qui vous disent en arabe merci pour ce que vous faites je pense que c’est quand même ça a touché quand même même les religieux sont venus me voir. Donc je ressens beaucoup d’amour en fait. Et tu sais aujourd’hui que le cœur de Vigo bat dans le corps d’une jeune femme. De 27 ans qui est en Saoudie. On met en place aussi des lettres de merci parce que ces familles de donneurs, il faut les remercier quand même.
On met en place maintenant des lettres pour dire merci. Je suis en train de travailler avec les hôpitaux pour faire une peinture d’arbres de vie en reconnaissance de tous ces donneurs. Il y a beaucoup de choses à faire. J’aimerais beaucoup faire une fondation de Vigo. Mais bon, le gouvernement, pour l’instant, ils avancent.
Mais ça viendra ou ça viendra pas. Moi, je demande rien. Tout est fait avec mon cœur. Je ne suis pas payée et je donne et je reçois beaucoup aussi. Donc, je laisse faire les choses.
En tout cas, si les responsables aujourd’hui ont entendu, il y a une fondation Vigo à créer. Eh bien, si elle peut exister, je pense que ce sera vraiment une très bonne chose. Bravo pour ce parcours. La vie, c’est toujours difficile, on le sait. Ce que tu as vécu, c’est sans doute l’épreuve la plus difficile en tant que parent.
Et aujourd’hui, je sens que ce que tu fais, ça te fait rayonner de vie et ça fait rayonner de vie Vigo au passage. Oui, il continue de briller et puis il y a eu sur les golfes, il y a des trophées de Vigo qui sont partout dans les Émirats, dans tous les golfes des Émirats. Il y a un banc à son nom qui est Adjuméra Golf Estates. Mais je suis en paix et en mode résilience, c’est très important. Ça ne veut pas dire que je ne pense pas à Vigo.
Le deuil, ce n’est pas forcément arrêter d’être triste et ce n’est pas oublier, mais c’est l’acceptation de cette vie différente et de toutes les émotions qui sont là. Quand on intègre ce que j’appelle la cohabitation de la joie et du malheur, c’est un peu plus simple. Et au moment où les auditeurs qui sont aux quatre coins de la planète entendent cette interview, évidemment, le don d’organes, que ce soit aux Émirats arabes, en France ou partout ailleurs dans le monde, c’est un grand sujet important, c’est aussi un combat pour toi. C’est un combat parce qu’il y a des gens tous les jours qui meurent, qui sont en attente de greffe et qui n’en auront pas. Donc c’est une décision très difficile parce que la mort cérébrale c’est quand il n’y a plus d’activité du cerveau, donc ce n’est pas tout le monde qui est en mort cérébrale.
Et à ce moment-là, où on est dans un moment traumatique de notre vie, il faut savoir faire un choix qui reflète l’amour, la résilience et l’humanité. Et ça, ce n’est pas donné à tout le monde. Donc, c’est pour ça que le support, le soutien est très important pour les familles, parce que c’est eux qui vont aider à prendre la décision. Moi, je n’ai pas de regrets. Je n’ai pas de regrets.
Vigo continue à vivre. Alors, ce qui est beau, c’est quand même, c’est un Indien, un Emirati saoudien qui ont été sauvés. Peu importe la nationalité, peu importe la religion, c’est un acte d’amour et de bienveillance. Et je suis fière de Vigo qui reflète ça aujourd’hui. Nathalie, tu es mon interview 2438.
Sache que tu pourras écouter cette interview en buvant ton thé. Je ne sais pas si tu vas t’écouter toi-même, mais sache en tout cas que ça aura touché l’animateur qui aura été aux commandes de cette interview. Merci beaucoup pour ce témoignage. A bientôt. Merci beaucoup.
Merci beaucoup. Merci. Vous écoutez la voix des expats.
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