Véronica De La Fuente : L’art de s’adapter

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Vous êtes-vous déjà demandé comment l’interculturalité peut transformer une vie professionnelle et personnelle ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous invite à découvrir le parcours fascinant de Véronica De La Fuente, une experte en interculturalité qui partage avec nous son expérience et ses réflexions sur le sujet.

Véronica De La Fuente est originaire de Santiago du Chili et a initialement poursuivi une carrière dans le domaine de la finance. Après une année sabbatique en Europe, elle décide de s’y installer, influencée par son amour pour la culture européenne et par sa rencontre avec son mari en Suisse. Aujourd’hui, Véronica vit à Genève et se consacre au coaching interculturel, une passion qu’elle nourrit depuis plus de 20 ans.

Dans cet épisode, Véronica nous explique comment son parcours l’a menée à travailler avec des expatriés, les aidant à s’adapter à de nouvelles cultures. Elle décrit la différence entre la formation interculturelle et le coaching, soulignant l’importance de l’accompagnement personnalisé pour une adaptation réussie. Véronica partage également des anecdotes sur les défis interculturels, comme les différences de ponctualité entre les Brésiliens et les Suisses, et comment ces expériences enrichissent notre compréhension des relations humaines à travers le monde.

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https://www.linkedin.com/in/veronicadelafuentecoach/

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Podcast n°2265 (Septembre 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage de l’épisode :

00:00:01-Introduction et présentation
00:00:28-Rencontre avec Véronica De La Fuente
00:01:00-La passion pour l’interculturel
00:01:20-Parcours professionnel au Chili
00:01:82-Découverte de l’Europe
00:04:00-Rencontre avec son mari en Suisse
00:05:32-Déménagement et adaptation au Brésil
00:07:05-L’importance du coaching interculturel
00:09:47-Différences culturelles : Français vs Brésiliens
00:10:12-Difficultés pour les Allemands au Brésil
00:13:00-Anecdote sur la ponctualité en entreprise
00:14:54-Travail actuel et projets futurs
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Transcription de l’épisode :

Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale, écoutez des parcours inspirants et des paroles d’experts sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gautier Seyss et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Véronica De La Fuente, parlons interculturel. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. francaisdanslemonde.fr.
Et nous allons avoir une interview avec ce petit accent d’Amérique latine, charmant comme tout, Véronica qui pourtant vit aujourd’hui à Genève. Elle va nous raconter son parcours. Bonjour Véronica. Bonjour Thierry. Très content de faire ta connaissance.
Tu es venue me parler sur LinkedIn parce que je parlais d’interculturel sur un podcast que nous avions réalisé. Et toi, l’interculturel, c’est ta passion. C’est ma passion. Effectivement, je suis passionnée de ce métier depuis longtemps déjà, 20 ans que je travaille dans le domaine. Et comme tu dis, c’est vraiment un passion.
Très bien, alors on va parler de ta passion et de ton travail puisque les deux fusionnent. Mais avant, on revient au Chili. Tu es originaire de Santiago du Chili. C’est là-bas que tu vas naître et faire tes études d’économie. Tu travailles alors dans le monde de la finance pendant 15 années et puis tu te prends une année sabbatique.
Tu avais envie de voir l’Europe ? En fait, quand j’ai fait la fin de mes études, j’ai pris mon sac à dos et je suis venue en Europe avec mon sac à dos pour connaître un peu ce monde fascinant qui était l’Europe et qui était loin de chez moi. Après mon année sabbatique, après mes années de travail dans les banques, je l’ai pris justement pour approfondir cette vision européenne de connaître avec plus de maturité ce parcours que j’avais fait plus jeune, et ça m’intéresse vraiment commencer à comprendre plus la culture européenne. D’accord, et pour connaître, il faut venir. Exactement.
Petite question, quand on est à San Diego du Chili, qu’on voit l’Europe, elle est loin, qu’est-ce qu’on a comme image ? On a Paris, on a l’histoire, on a la gastronomie, qu’est-ce qu’on a comme image avant d’y arriver ? Oui, voilà, il y a une image très idéalisée de l’Europe, même si on apprend beaucoup à l’école de ce qui se passe en Europe, l’histoire européenne. On a les villes magnifiques comme Paris, comme tu dis, Londres, les grandes villes, et cette idée d’une culture plus évoluée, des gens avec beaucoup plus d’avance que ceux qui vivent dans l’Amérique latine. C’est fascinant, c’est la gastronomie, c’est la culture en général, mais c’est la façon de vivre aussi, c’est la façon de faire les choses qu’on compare toujours l’Europe avec l’Amérique latine et on voit les différences.
À l’époque, j’ai jugé, waouh, c’est bien d’être en Europe, c’est beaucoup mieux de vivre dans un pays européen qu’en Amérique latine. Avec le temps, j’ai arrivé à à ne pas comparer ou à ne pas mettre de bien ou de mauvais. et faire une évaluation des choses. Ce que tu veux dire c’est que t’avais une image et puis quand t’es venue ça a un petit peu changé quoi le rapport ? Non, c’est pas changé l’image que j’avais, j’ai ajouté de nouvelles informations, j’ai ajouté de nouveaux vécus, de nouvelles découvertes.
Par contre, ça a changé la vision que j’avais de mon pays, de l’Amérique latine. Pas tellement l’Europe, mais plutôt l’Amérique latine, qui était au final pas si mal que ça. Exactement. Alors, il va y avoir l’amour. Je pense qu’avec plus de 2200 podcasts, l’amour, c’est quand même souvent la vraie raison qui fait qu’on peut changer de continent.
Tu rencontres ton mari en Suisse romande et tu viens t’y installer. C’était il y a 25 ans. Du coup, tu apprends le français. J’ai appris le français, et je l’ai appris tard, en fait, à 30 ans, alors l’accent c’est toujours fort. Et oui, j’ai appris le français, une langue que ça m’intéressait beaucoup.
Quand j’étais à l’école, on avait des petits cours de français, mais très minimaux.
Et voilà, j’ai appris le français. Par immersion. Par immersion. Et par amour. Et te voilà à Genève.
Alors toi qui es dans la finance, c’est le rêve, c’est pas mal. C’est le rêve de n’importe qui venir travailler dans la finance. Sauf que quand j’étais prête pour aller chercher du travail à Genève, mon mari a reçu l’offre d’aller comme expatriée au Brésil. Alors ça, c’est le comble. C’est-à-dire que tu fais tout ce voyage, tu t’installes, immersion, j’apprends le français et au moment où tu peux travailler, hop, c’est reparti.
Direction donc en 2000, ton mari et toi, au Brésil pour cette ouverture. Tu vas y rester 11 ans et c’est là-bas que tu vas découvrir le coaching interculturel. Tu vas notamment former les expats qui arrivent au Brésil. C’est une grande période pour le Brésil où il y a beaucoup d’Européens, notamment, qui viennent s’installer. Travailler avec les équipes multiculturelles, tu trouves ça passionnant.
Et alors tu m’as dit quelque chose de très intéressant. Tu m’as dit, former à l’interculturel, en gros, ça répond à la question quoi ? Mais on en sort avec pas toujours beaucoup de changements, alors que le coaching, c’est plutôt comment ? Et là, c’est beaucoup plus efficace. Donc tu as préféré le coaching à la formation ?
En fait, oui et non. Je pense que j’ai intégré le coaching à la formation. Les deux choses ensemble, c’est une combination gagnante. Parce que des fois, on doit savoir qu’est-ce qu’on doit faire pour s’adapter dans une culture différente. Il y a une connaissance à apprendre.
Bien sûr que les expériences aussi donnent une connaissance indirecte, pas théorique, mais à l’évécu.
Par contre, le coaching aide la personne à évoluer dans ses connaissances. On fait comme on peut appliquer ce qu’elle doit faire. Elle sait qu’à la fin d’une formation, la personne sait ce qu’elle doit faire, mais parfois, elle ne sait pas comment. Comment le faire. Alors, par exemple, si on parle des aspects de communication, parfois, on sait que Au Brésil, la communication est pas mal indirecte, la façon de dire les choses, de communiquer.
Alors, comment je peux lire ces entrelignes ? C’est ça. Comment on apprend ça et comment je pratique ce livre entre lignes ? C’est ça que le coaching, C’est une méthodologie plus pertinente ou complémentaire à la formation pour pouvoir évoluer de la manière d’agir dans différents contextes. Un Allemand de Hambourg qui arrive à Rio de Janeiro ou un Français de Toulouse qui arrive à Rio de Janeiro, qu’est-ce qu’il ne va pas comprendre par exemple ?
C’est quoi le fait, avec l’interculturel, de se dire je n’arrive pas à me connecter avec la personne à qui je parle ? C’est quoi le problème ? Il y a différents types de problèmes. Alors, on va dire qu’un Allemand, c’est pas la même chose qu’un Français. C’est pour ça que j’ai pris un.
Allemand et un Français, tu vois. Voilà. Ça va être différent les difficultés, non, pas les difficultés, les challenges qu’ils vont avoir dans cette interaction interculturelle. Je pense que pour les Français, le Français, une fois qu’il comprend, il s’adapte pas mal à des situations.
Probablement dans le niveau du travail, les Français vont avoir plus de difficultés à cette relation plus personnelle que les Brésiliens. Il y a un mélange entre la vie privée et la vie du travail. Au Brésil, elle est très étroite, en fait. On passe d’un côté à l’autre facilement. Les Français arrivent un peu plus réservés en relation à ce que se fait la vie privée, la vie du travail.
Après, il y a différents types de situations. Par exemple, qu’est-ce que c’est un bon leader ? Au Brésil, des fois, ça ne correspond pas. Qu’est-ce que c’est un bon leader ou manager en France ? Les styles de communication aussi des fois sont très différents, ils créent un gap dans la relation.
Je dirais qu’on crée la confiance aussi. Les Français sont beaucoup plus attachés au niveau du travail, à la tâche, à l’objectif. On crée la confiance dans une personne qui et nous montre qu’il fait bien son boulot, qu’il respecte les délais. Par contre, le Brésilien, il est plus attaché à la relation. Alors la tâche, l’objectif, c’est d’attirer la relation.
Alors c’est important. Et là, on voit les gaps, en fait, entre les différences culturelles. Et Véronica, je parlais d’un Allemand parce que finalement, on est voisins. Il n’y a que quelques kilomètres qui nous séparent. Et pour autant, lui a encore un autre mode de fonctionnement lorsqu’il se pointe à Rio.
Absolument, absolument. Pour les Allemands, je pense que c’est beaucoup plus difficile. Parce que le cadre, par exemple, de Brésil, c’est complètement différent. En fait, si on met une espèce de règle, l’allemand est dans son pôle et les brésiliens sont dans les autres. Il y a l’aspect, par exemple, l’aspect règle, l’aspect process, l’aspect planification, les allemands font bien l’habitude.
C’est un point fort de la culture allémanique. Au Brésil, La règle, c’est qu’il n’y a pas de règle. D’accord. La règle, c’est qu’il n’y a pas de règle. Donc évidemment, l’Allemand qui arrive avec son organisation très cartésienne, alors il devient fou.
Et ça, on sait que des fois, les gens se perdent. Et justement, l’idée avec le coaching, c’est qu’ils apprennent comment s’adapter, comment fonctionner, plutôt que juste de le savoir. Exactement, et l’idée c’est plutôt de les accompagner dans ce processus d’adaptation et d’interaction entre la relation interculturelle. Mais il y a une chose, Gutierre, que les gens pensent, qu’en fait quand on va, on part à quelque part, on doit s’adapter. Et l’adaptation, pas nécessairement, c’est toujours un objectif en soi.
Il y a des choses qu’on peut adapter parce que c’est facile, on trouve que ça ne touche pas à notre identité si on adapte certains comportements, met une certaine valeur, c’est pas quelque chose qui nous change de façon identitaire. Mais il y a des autres choses qui sont super ancrées, sont connectées à un système de valeurs, Ils sont partis de nous d’une façon très profonde. Alors, il y a des choses qu’on ne va pas adapter. D’accord. Alors, je te raconte une petite anecdote avec mon mari suisse.
Pour les Suisses, la ponctualité, ce n’est pas une règle de bonne éducation. C’est parti d’un valeur fondamental parce qu’il est parti d’un système, d’un système des choses. Alors, mon mari suisse, au début, il était effrayé par la manque de responsabilité des Brésiliens qui arrivaient cinq minutes en retard à une réunion. Ou qui arrivaient demi-heure en retard à une réunion. Alors, il a commencé à fermer la porte d’entrée.
En fait, la réunion commençait à 9h et il fermait la porte d’entrée. Voilà. Comme à l’école, il disait, mais Patrick, tu ne peux pas faire ça. Et voilà, il fermait la porte. Et après, à la troisième fois, les gens savaient qu’il devait arriver à l’heure.
Et lui, il arrivait. C’est vrai qu’il ne pouvait pas changer la culture. S’il allait dans un client, probablement, il devrait attendre une demi-heure, une heure. Mais il pouvait changer la culture de l’entreprise. Et en fait, il a créé un système avec la puntualité, les deadlines et un système que, à la fin, les Brésiliens appréciaient beaucoup parce qu’ils se trouvaient que les choses commençaient à l’heure, finissaient à l’heure.
Ils avaient plus de temps pour sortir, ils sortaient plus tôt du boulot parce qu’ils arrivaient à… Ça a pris pas mal de temps. Ça a pris du temps, mais ça a avancé. Mais ça a fonctionné. C’est prendre le meilleur dans les différentes cultures.
C’est un sujet passionnant. Véronica, tu es rentrée il y a 11 ans en France. Non, un peu plus. Tu es rentrée 11 ans plus tard, donc en 2011, en Suisse. Et là, maintenant, tu travailles notamment avec nos amis de Expat Communication, où tu formes les futurs coachs interculturels.
Tu travailles dans la transition de carrière, dans l’inclusion. Et tu es aussi au sein de IMC Coaching, une association dont on reparlera sur cette antenne qui rassemble des coachs sur le sujet de l’interculturel. Le problème de ce sujet, c’est qu’on pourra en parler des heures. Si on veut te contacter, si on veut échanger avec toi, ton lien LinkedIn est présent dans ce podcast. Aujourd’hui, tu es à Genève.
Ça pourrait changer. T’es presque prête. Tes bagages pourraient vite être faits. Je suis toujours prête. Aujourd’hui, mes enfants sont grands, ils commencent leur vie professionnelle, alors je suis avec la valise prête pour aller à n’importe quel endroit du monde, à faire une nouvelle expérience d’espatiation ou de voyage, simplement d’aller dans notre culture et s’intégrer.
Je pense que c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Merci beaucoup pour cette découverte de ton parcours. Au plaisir de te retrouver sur la radio des Français dans le Monde. Merci Gautier pour cette invitation. Je suis ravie d’être avec toi aujourd’hui et avec les gens qui nous écoutent.
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