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Comment maintenir une langue maternelle dans un environnement étranger ?
Avez-vous déjà réfléchi à l’importance de transmettre votre langue maternelle à vos enfants, surtout lorsque vous vivez dans un pays où cette langue n’est pas majoritaire ? Dans cet épisode du podcast « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », réalisé en partenariat avec Parapluie FLAM UK, Gauthier Seys explore cette question avec Thomas Desodt, un Français vivant à Londres. Thomas partage son expérience personnelle et les défis qu’il a rencontrés pour maintenir le français comme langue de communication à la maison, tout en vivant dans un environnement anglophone.
Thomas Desodt est un ingénieur informatique originaire des Hauts-de-France, bien qu’il ait passé une grande partie de sa vie à l’étranger. Après des études à Compiègne et des expériences universitaires en Angleterre, il s’est installé à Londres avec sa femme, d’origine indienne, et leurs deux enfants. Passionné par la transmission de la langue française, Thomas est devenu président de la petite école d’Ealing, une institution dédiée à l’enseignement du français aux enfants de familles francophones vivant au Royaume-Uni.
Dans cet épisode, Thomas raconte comment il a navigué entre les langues et cultures pour élever ses enfants dans un environnement bilingue. Il aborde également le rôle crucial de la petite école d’Ealing, fondée en 1986, qui fait partie du réseau FLAM (Français Langue Maternelle). Cette école, bien qu’elle ne soit ni petite ni une école au sens traditionnel, est un pilier pour la communauté francophone locale. Elle offre un soutien éducatif aux enfants et a récemment été reconnue pour ses efforts en faveur des enfants ayant des besoins éducatifs spéciaux. Thomas met en lumière l’importance de la coopération entre les écoles FLAM au Royaume-Uni, facilitée par le Parapluie Flamme, pour partager ressources et méthodes éducatives.
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Chapitrage de l’épisode :
Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gautier Seyss et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Thomas Dezotte. Et ouais, on le dit à la flamande. Direction le Royaume-Uni.
10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Français dans le Monde. Les Hauts-de-France Power, bien qu’il n’y ait pas vécu très longtemps, il a gardé la flamme du Nord-Pas-de-Calais dans le cœur. Bonjour, bienvenue Thomas. Et bien bonjour Gauthier, bonjour à tous les auditeurs, merci de m’accueillir.
J’ai cru que tu allais franciser ton nom de Zod ou je ne sais pas quoi, mais tu le dis à la flamande. Oui, j’assume complètement. On va parler de la petite école d’Ealing. C’est un quartier à l’ouest de Londres. qui est devenue d’ailleurs une école avec beaucoup d’enfants.
On va en parler dans le cadre de notre partenariat avec Parapluie Flamme UK. On va parler de l’enseignement du français aux enfants quand on vit dans un pays où la langue n’est pas le français. En l’occurrence, tu vas nous expliquer que toi-même dans ton parcours avec vos enfants, vous avez eu le besoin de maintenir le français. Mais juste avant, si tu veux bien, on revient à Bayeul. C’est là que tout va commencer.
Tu vas naître là-bas, mais tu ne vas pas y vivre longtemps. Ton papa est coopérant et vous allez aller vivre une année au Cameroun. T’es tout petit, t’as pas de souvenirs. Non, juste des photos qui nous font tous rire. Est-ce que tu es retournant en pèlerinage au Cameroun ?
Non mais j’aimerais beaucoup, c’est un projet peut-être que je vais lancer, j’en parlerai avec mes parents, j’aimerais beaucoup. Au retour, installation dans la banlieue sud de Paris, tu fais tes études, école d’ingénieur informatique, là tu vas le faire à Compiègne et puis tu vas vivre quelques expériences universitaires en Angleterre. Et c’est un double coup de cœur, si je peux me permettre, en même temps pour ce pays anglo-saxon et aussi pour une jeune femme qui devient ta femme officielle, qui est anglaise d’origine indienne. Comment s’est passée cette rencontre ? Je fais mon petit curieux.
En mode pure geek, on s’est rencontrés, on a vraiment établi des contacts quand je lui ai donné des cours d’informatique. Ah bah tiens, bravo. Deux enfants vont arriver, ils ont aujourd’hui 19 et 16 ans. Mais lorsqu’ils étaient petits, tu tenais à parler à la maison uniquement en français. Et tu m’as dit que ce n’était pas facile.
Oui, c’est difficile. Je pense que là, ça parlera à tous les parents francophones qui ont aussi des enfants multilingues à la maison. Le choix que j’ai dû faire tout petit, c’est entre 2 et 4 ans, quand il commence à parler et à s’exprimer dans un milieu complètement anglophone, c’était tout en anglais. Et donc j’étais devant le choix difficile de me dire qu’est-ce que je fais ? Est-ce que je peux parler avec mon enfant, mais c’est en anglais ?
Ou est-ce que je continue et je persiste avec le français, mais je ne suis pas encore capable d’avoir la même discussion, la même qualité de dialogue avec eux ? Mais j’ai quand même persisté, j’ai gardé le français, ce qui fait que mes enfants sont toujours du bilingue. J’en suis très content. Pour moi, en tout cas pour nous, c’était vraiment le bon choix. Et la maman répondait en anglais ?
La maman, j’ai de la chance, parle bien français aussi, tout à fait par hasard. Évidemment, lorsqu’ils ont commencé à grandir, à 4-5 ans par exemple, tu as eu envie de trouver une solution pour que le maintien du français, et notamment l’écriture, tu puisses avoir un coup de main. Tu vas découvrir la petite école d’Ealing, tu vas y rentrer à ce moment-là. C’est l’environnement Flamme. On va rappeler à nos auditeurs ce qu’est le concept du Flamme.
Le Flamme, c’est français langue maternelle. qui a d’ailleurs depuis l’année dernière été reconnue officiellement comme appellation par le gouvernement français. Et donc c’est tout ce qui compte, c’est tout ce qui inclut l’aide et le support aux familles qui veulent enseigner le français à leurs enfants dans une famille où un des deux parents au moins est francophone mais qui habite dans un milieu à l’étranger qui lui n’est pas francophone. Alors cette petite école qui est ni une école ni petite, si je peux me permettre. Elle est fondée.
Exactement, très bien dit. A été fondée en 1986. C’est une association. C’est la première du Royaume-Uni. Aujourd’hui, c’est également la plus grosse du pays, avec 350 enfants.
Il y a une école, une école privée, qui vous accueille tous les samedis matins de 9h30 à 12h30. Il y a 25 classes. Forcément, ça fait du monde. Et des enfants de 3 à 18 ans. Et tu en es le président depuis trois ans.
Donc tu es passé de parent d’élève à monsieur le président. Ah voilà, c’est ça, je suis tombé dans le milieu, je suis tombé dans le bain. C’est vraiment une ambiance spéciale, c’est vraiment une communauté que j’ai vraiment appréciée, vraiment bien aimée. On dépose les enfants. Au début, on rentre à la maison.
Petit à petit, on se retrouve à dire, si je veux rester, je vais voir ce qui se passe dans l’école. Est-ce que je peux ? Tout le monde dit, bien sûr, reste. Il y a du café, il y a un petit croissant, si tu veux. Et puis, petit à petit, je me suis trouvé à m’impliquer avec la bibliothèque.
Petit à petit, j’ai un peu pris le contrôle de la bibliothèque, l’informatiser, la moderniser. Et puis, petit à petit, j’ai pris le contrôle. J’ai commencé à aider le côté informatique de l’école, rentrer dans le comité. Et maintenant, je me trouve le président. Et est-ce que les croissants sont bons ?
Alors maintenant, c’est les gâteaux faits maison par les parents. Alors je peux dire que oui, tu devrais venir. 24 professeurs en moyenne, évidemment, ça varie d’une année à l’autre. Ça fait du monde, ça fait quand même une sacrée logistique. Et le fait d’être un peu pionnier au Royaume-Uni.
Aujourd’hui, vous êtes rentré dans la fédération Parapluie Flamme. Ça donne des idées à tout le monde. Il y a une coopération entre toutes les écoles Flamme de la zone UK ? Alors c’est difficile, oui. Grâce au Parapluie Flamme, il y a vraiment une coopération.
Le Parapluie Flamme est vraiment essentiel pour ça. Donc je salue vraiment toute l’activité et le travail fait par tous les membres du Parapluie, qui est vraiment énorme. Et on sait que pour les écoles qui veulent se lancer, les écoles qui sont peut-être moins centrales, parce que Londres, il y a beaucoup d’écoles, mais il y a beaucoup d’écoles en dehors de Londres également, qui peuvent se sentir un peu loin. Donc tout ça, c’est vraiment, vraiment important. Donc grâce à ça, je pense qu’on peut mettre en commun le savoir, le vécu, partager des documents, des ressources.
C’est vraiment important. Alors Ealing est un quartier, alors on a la traduction qui n’est pas complètement efficiente, on va simplifier, mais est-ce qu’il y a particulièrement une communauté française dans cette zone de l’ouest de Londres ? Il y a des français partout à Londres. On est très nombreux, je ne sais pas combien exactement, mais très très nombreux. L’école Pour moi, en tout cas, l’école joue vraiment comme un point focal sur la communauté.
Donc moi, je n’étais pas du tout dans une communauté française avant d’arriver à l’école, mais je me suis fait de très, très bons amis là-bas et de très bonnes relations. Est-ce qu’il y a des changements depuis que le Brexit a été déployé ? Le Brexit et le Covid ont tous les deux eu des gros impacts sur l’école. Le Brexit rend très difficile le recrutement des professeurs. C’est principalement là où on a du mal et on sait qu’il y a beaucoup d’autres écoles flammes qui ont eu énormément de mal à cause de ça aussi.
Et comment vous arrivez à pallier à ce défaut de recrutement ? On a la chance, étant plus anciens, plus grands, je ne sais pas pourquoi, bonne ambiance. Les profs sont contents chez nous, donc déjà on a des profs qui restent, on en a qui sont là depuis très longtemps, on en a qui sont là depuis plus de 20 ans. Et puis grâce à la réputation, on a peut-être plus de personnes qui viennent nous voir spontanément pour aller chez nous. Je ne sais pas comment expliquer en fait.
L’essentiel c’est que ça tourne et que ça fonctionne plutôt bien. On l’a vu lors de l’événement Flamme qui a eu lieu à Paris, vous êtes aussi le grand gagnant du premier prix Flamme Monde grâce au développement d’un pôle pour accompagner les enfants aux besoins spécifiques. Là t’es assez fier de cette innovation, on peut en parler ? Absolument, alors je suis fier grâce à ma directrice Chantal qui a lancé le projet. C’était son idée à la base.
Un projet absolument, que personnellement je trouve exceptionnel. La base du projet, l’idée du projet, c’est d’apporter de l’aide dans les enfants à besoins spécifiques. Donc on a un besoin, ça s’appelle SEND, Special Educational Needs. Donc c’est tous les enfants qui vont avoir des problèmes peut-être d’autisme, d’attention, de déficit d’attention, de dyslexie, des problèmes comme ça, qui ont besoin de soutien dans l’école. et que c’est du soutien que les instituteurs peuvent avoir du mal à fournir parce qu’il faut bien qu’ils s’occupent de toute la classe.
Et donc, le projet de Chantal était de mettre en place une série de formations, de formations qualifiantes que des postulantes peuvent obtenir au sein de notre école, profiter de cette formation pour aider dans l’école, aider dans les classes, obtenir la formation qualifiante qui la permettra ensuite de travailler là-dessus plus tard si elles le suivent ailleurs de l’école et continuer ensuite à apporter leur soutien dedans. Et ça a été un très beau projet aussi humainement, on s’en est rendu compte. Parce que quand on a ouvert le projet dans l’école, on a fait un appel aux parents en demandant qui avait des enfants qui avaient des besoins spécifiques. Et on a eu, on va dire, cinq ou six réponses. Donc on a fait nos plans en fonction de ça.
Et on s’est rendu compte après qu’il y avait beaucoup d’autres enfants qui avaient également des besoins dont les parents n’avaient pas forcément osé au début se déclarer, peut-être par peur de comment ça serait perçu, je ne sais pas. et voyant à quel point l’école prenait ça au sérieux et les efforts qui ont été fournis se sont ensuite déclarés. Donc maintenant, on en a plus de 20, peut-être même plus de 25, je ne sais plus exactement combien. Donc la demande a vraiment explosé et on se rend compte que ce sont des enfants qui ont vraiment besoin. Donc on est vraiment absolument ravi de pouvoir apporter cette aide spécifique.
Et puis, grâce à l’ouverture de ces problèmes dans l’école, ça veut dire que les autres enfants de la classe qui n’ont pas ces problèmes, ils sont eux aussi plus à même de comprendre ce qui se passe, de pourquoi les enfants peuvent être un peu différents, d’accepter ce changement, ils en parlent chez eux. C’est vraiment positif à tout point de vue, un très beau projet. Donc encore, je salue Chantal qui a mené ce projet à bout et qui vraiment mérite d’être remerciée. Alors justement on le voit avec le succès en nombre d’élèves, le premier prix Flammemonde et ça va faire des petits. D’autres écoles sur la zone UK s’intéressent à votre travail, à votre méthode et pourquoi pas répliquer ça ailleurs ?
Exactement, si on peut faire ça. Et là encore une fois le Paraplifem est essentiel pour agir comme point central pour aider à ce que toutes les écoles communiquent, rassemblent les informations, qu’on puisse partager des méthodes, des techniques, y compris des réussites de projets comme ça, absolument. Alors M. le Président, je vais vous demander de saluer toute l’équipe qui encadre, qui enseigne et même tous les élèves. Et s’ils peuvent tous installer l’application Français dans le Monde, c’est tant mieux.
Comme ça, ils vont tous pouvoir écouter la radio des Français dans le Monde pendant la récré par exemple. Ils peuvent écouter. Exactement. Et puis un petit dernier mot concernant, coup de cœur pour l’Angleterre, coup de cœur pour une Anglaise. Est-ce que ça va rester sur le territoire anglais la suite de votre aventure ou est-ce que tu n’as pas envie de faire découvrir, pourquoi pas, les Hauts-de-France.
À la famille ? On y va souvent dans les Hauts-de-France. On y est tous les Noëls, on y est souvent. Je sais pas, on voyage. On n’a pas de plan à long terme.
Mais Londres est une ville très agréable à vivre. Donc pour l’instant, court terme, Londres, définitivement. Très bien. Pas de projet de bouger dans le futur. Pas pour l’instant, mais on sait jamais.
C’est peut-être les enfants qui vont bouger, parce que souvent, les enfants d’expat font des enfants expat. Ça peut arriver. Tout à fait. Exactement. Écoute, merci pour ce témoignage.
Et bien, si vous avez envie d’en savoir plus, notamment sur ce premier prix Flammemonde, n’hésitez pas à entrer en contact avec Thomas ou avec le parapluie Flamme UK. Merci d’avoir pris quelques minutes pour présenter sur la radio des Français dans le Monde la petite école d’Ealing. Merci beaucoup. Vous écoutez la voix des expats.
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