Sophie Briante Guillemont : Sénatrice au service des Français de l’étranger

Quel rôle joue réellement la représentation politique des Français vivant à l’étranger ?

Dans cet épisode de 10 Minutes, le podcast des Français dans le monde, Gauthier Seys reçoit Sophie Briante-Guillemont, sénatrice des Français établis hors de France, pour un échange enrichissant sur son parcours unique et son engagement au sein de l’Alliance solidaire des Français de l’étranger (ASFE). Sophie, avec sa double nationalité franco-argentine, partage son expérience en tant que binationale et les défis spécifiques auxquels font face les Français vivant à l’étranger.

Au fil de la conversation, elle aborde des questions cruciales telles que l’accès aux droits des expatriés et leur intégration dans le tissu diplomatique français. Les Français de l’étranger, souvent perçus à travers des clichés réducteurs, méritent une attention particulière et une compréhension approfondie de leur diversité. Sophie met en lumière l’importance de moderniser les outils de communication de l’ASFE pour renforcer les liens entre les expatriés et leur pays d’origine.

Ce podcast est une véritable plongée dans les réalités de la mobilité internationale, offrant un éclairage sur les efforts déployés pour améliorer la vie des Français vivant hors de France. Sophie souligne également les initiatives mises en place pour défendre les intérêts des expatriés, leur permettant ainsi de surmonter les obstacles administratifs et de s’épanouir dans leur pays d’accueil.

https://alliancesolidaire.org/

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Podcast n°2584 (octobre 2025)

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Chapitrage du podcast :
0:00:01 – Introduction 0:00:28 – Accueil de l’invitée Sophie-Briante Guillemont
0:00:52 – Les origines familiales et culturelles
0:01:74 – Expériences marquantes en France
0:02:150 – Retour aux racines en Argentine
0:03:204 – Complexité des identités binationaux
0:04:289 – Présentation de l’ASFE
0:06:371 – Les défis pour représenter les Français de l’étranger
0:09:560 – Missions de l’ASFE
0:10:641 – Modernisation de l’ASFE
0:11:690 – Importance de valoriser les Français de l’étranger
0:13:786 – Conclusion et prochaines vacances

Transcription IA du podcast :

Et si ce podcast était le début de votre nouvelle vie ? Bienvenue sur Français dans le Monde, le média de la mobilité internationale. Je suis Gauthier Seys, et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Sophie-Briante Guillemont. Elle est sénatrice des Français établis hors de France. 10 minutes.
Madame la sénatrice, bonjour et bienvenue sur l’antenne de la radio des français dans le monde. Bonjour Gauthier, merci beaucoup de m’accueillir. Alors, j’ai demandé l’autorisation. On va se tutoyer dans ces dix minutes d’interview qui vont permettre de revenir sur ton parcours, sur le travail de la SFE et des nouveautés de la SFE aussi, qui vient de s’offrir un nouveau look pour cette nouvelle saison. Sophie, on commence par le début.
Ça commence en Argentine. Ta maman est française, ton père est argentin. Ça va être un fil directeur dans ta vie, cette binationalité ? Oui, absolument. Effectivement, tu l’as dit, je suis née en Argentine, donc directement binationale et effectivement française de l’étranger depuis toujours.
Et aujourd’hui, c’est l’actrice des Français de l’étranger. Alors, ce n’était pas forcément le plan au début, mais c’est sûr que c’est fondamental dans la façon dont je me suis construite. Tu vas faire des études de sciences pour venir en France, d’ailleurs, pour étudier. Une année passée au Brésil, est-ce que tu te souviens de ta première fois en France ou en tout cas de choses qui t’ont marqué lorsque tu es venu en France ? Alors, ça dépend de l’âge.
Comme beaucoup de binationaux ou de Français qui ont grandi à l’étranger, moi, je venais en France pour les vacances, pour Noël, pour passer Noël avec les grands-parents. Je ne sais pas, ça dépend de l’âge. Moi, je me souviens que la première chose qui m’avait marquée en France, c’était la neige. Parce qu’en Argentine, je n’avais jamais vu de neige à Buenos Aires. Donc pour moi, la France, c’était l’hiver, en fait.
Mais voilà, ça dépend de quel âge de la vie on part. On parle souvent de la gastronomie quand on pose les pieds en France. Ah oui, bien sûr, bien sûr. Ça, c’est la façon dont on se réunit tous à l’étranger. Où est-ce qu’on va acheter son pain au chocolat, sa baguette de pain ?
Et ça, c’est extrêmement… C’est ce qui nous réunit quand on vit à l’étranger de manière générale, que ce soit hier ou demain. Alors aujourd’hui, tu es établi en France. C’est dans l’autre sens que je vais poser la question. Quand tu retournes en Argentine, qu’est-ce que tu retrouves avec plaisir en premier lieu ?
La nourriture aussi. Oui, parce que la viande argentine, le vin argentin. Non, c’est vrai que je viens de deux cultures qui sont très tournées vers la nourriture. Et est-ce que, justement, ces deux pays se comprennent bien ? Parce qu’à part dans ton cas où forcément tu as une maîtrise totale de l’argentiné et de la France, est-ce qu’au final, on connaît bien l’histoire de l’Argentine, par exemple ?
Je ne suis pas sûr. Je pense que non. Il y a une asymétrie d’informations comme souvent dans les pays, dans les relations Nord-Sud, c’est-à-dire que, à mon avis, les Argentins connaissent bien mieux l’histoire française que les Français l’histoire argentine, voire pas du tout. Moi, je me souviens qu’à un moment donné, on est allé à l’école en France quelques années avec ma petite sœur et dans la cour de récré, on lui disait retourne en Algérie pour parler de l’Argentine. C’est sûr qu’il y a un décalage d’informations important.
Justement, quand on est binational, c’est quoi son pays ? Du coup, c’est difficile de répondre à cette question ? C’est très difficile de répondre à cette question. Ça dépend de chacun. Ça dépend d’où est-ce qu’on a grandi, d’où on a fait son adolescence, à mon avis, d’où est-ce qu’on a fait ses études supérieures.
Je pense que c’est une interrogation qu’on a tout au long de sa vie, qui change avec les années, qui change aussi au moment où on a des enfants, où on se repose la question pour ses propres enfants. Et à mon avis, c’est une question fondamentale des Français de l’étranger de manière générale, en tout cas de la nouvelle génération ou de ceux qui sont en train d’avoir des enfants à l’étranger ou qui sont eux-mêmes nés à l’étranger, c’est cette relation avec la France, surtout si on n’y vit pas et qu’on aime la France de loin. et surtout si on n’a pas de projet de s’installer en France en fait. On est beaucoup à faire des allers-retours au cours de notre vie et avoir encore une fois une relation qui évolue par rapport à la France, mais aujourd’hui il y a plein de Français de l’étranger qui en réalité n’ont jamais vécu en France et pour beaucoup n’ont même pas vocation ou n’ont pas de projet de s’y installer demain. Donc c’est toute la question extrêmement politique dans le bon sens de termes de quelle relation on a avec la France.
Alors justement, on va parler politique. Mais avant ça, un mot sur ton travail. Tu es juriste. Après Sciences Po, tu deviens spécialisé en contentieux électoral. Et puis, il va y avoir l’aventure, l’ASFE.
Pour nos auditeurs, rappelons ce qu’est l’Alliance solidaire des Français et l’étranger, parce que c’est un parti… Enfin, c’est pas vraiment un parti C. C’est un regroupement politique un peu particulier, atypique. Alors en fait, on est constitué en partie en France. En fait c’est quoi juridiquement un parti ?
C’est une association loi 1901 qui est un agrément de la commission des comptes de campagne. Donc nous on est constitué en partie, ça nous permet d’avoir accès à la liste électorale consulaire, c’est-à-dire que s’il y a des gens qui nous écoutent, qui reçoivent des mails de nous de temps en temps, c’est parce que justement on est constitué en partie, on a accès à ce fichier et ça nous permet surtout et aussi de présenter des candidats aux élections, que ce soit les élections consulaires, les élections sénatoriales, enfin les élections françaises auxquelles l’ASFE voudrait se présenter. Maintenant la particularité c’est que nous on travaille sur les Français de l’étranger, toute sensibilité politique confondue, c’est-à-dire que surtout sans sensibilité politique, on a beaucoup d’adhérents qui ne veulent rien savoir de la politique française, qui sont d’ailleurs très éloignés de tout ça. Mais nous, ce qu’on fait, c’est surtout, c’est vrai, on fonctionne plus de manière associative, dans le sens où on fait beaucoup d’accès aux droits, on répond énormément aux sollicitations des Français sur un plan pratico-pratique, les questions administratives qu’ils peuvent avoir. On utilise nos mandats de sénateurs, parce qu’aujourd’hui, on est trois sénateurs des Français de l’étranger, donc moi, Evelyne Renaud-Garabédian, qui est la présidente de l’ASFE, et Jean-Luc Ruel.
On a des tendances politiques différentes, on n’est pas dans les mêmes groupes politiques au Sénat, donc c’est vrai que parfois, un peu difficile à comprendre, mais on travaille vraiment de manière transpartisane et on se met d’accord entre nous sur des thématiques relatives aux Français de l’étranger et chacun, de là où on est, on essaye de faire avancer les droits des Français de l’étranger. Et alors, les droits des Français d’étranger, il y a du travail parce que déjà, on n’en parle pas beaucoup de ces quasi 3 millions de Français qui vivent hors du territoire. J’ai eu la présidente de l’AFE qui me disait au sein même des deux assemblées, il faut parfois convaincre les députés, les sénateurs de ces fameuses images d’épinal, du Français qui part s’étalbier à l’étranger pour fuir l’impôt, etc. Il y a encore du travail pour les intégrer. En fait, il y a énormément de travail et on a tous du travail à faire à notre niveau.
C’est-à-dire que moi, en tant que sénatrice, par exemple, j’ai intégré un groupe au Sénat qui s’appelle le RDSE, le Rassemblement démocratique et social européen, qui est lui-même un groupe un peu transpartisan. C’est la première fois qu’il y a un sénateur des Français de l’étranger. Donc, jusqu’à ce que j’arrive dans le groupe et que j’expose les problématiques propres aux Français de l’étranger, Pour eux, c’est vrai que l’image du français de l’étranger, c’était un peu ce que tu viens de dire, c’est-à-dire, ça peut être l’exilé fiscal ou ça peut être des gens qui sont partis, on ne sait pas très bien pourquoi. Il y a toute la question de, est-ce qu’en défendant les français de l’étranger, on est en train de défendre la fuite des cerveaux ? Enfin, il y a vraiment énormément de travail à faire pour expliquer ce qu’est un français de l’étranger aujourd’hui, que ce n’est pas simplement des gens qui sont partis, même s’il y a évidemment beaucoup de gens qui partent pour des raisons professionnelles, amoureuses, pour tout un tas de raisons, plus tous ceux qui sont nés à l’étranger, plus les nouvelles générations.
Donc la complexité des Français de l’étranger, elle n’est vraiment pas saisie aujourd’hui. Et donc nous, en tant que parlementaires, on a un travail à faire. Mais aussi, en fait, les Français de l’étranger, quand ils reviennent en France ou quand ils viennent en France, expliquer à sa famille, à ses anciens collègues, à ses voisins, la réalité de ce que c’est, c’est important parce que c’est vrai que ça reste très très mal connu. Alors c’est pas très connu et il y a en tout cas des choses à faire pour eux, pour leur quotidien, même si démocratiquement déjà beaucoup d’entre eux peuvent voter à partir du moment qu’ils sont inscrits. On rappelle que c’est important de le faire au registre.
Quelles sont les autres missions de la SFE ? Alors, comme je te disais, nous on fait beaucoup d’accès aux droits, donc il y a à la fois le fait qu’on utilise nos mandats de sénateurs pour poser tout un tas de questions au gouvernement et de faire avancer les dossiers comme on peut sur des sujets très pratiques, donc ça va du permis de conduire à comment est traitée la question homme-femme dans le réseau de la UEFE, des questions qui sont plus au centre du débat français de l’étranger aujourd’hui sur l’avenir de la Caisse des Français de l’étranger, sur le réseau de lycées français de manière générale. Mais ça peut être toute thématique qui, de près ou de loin, ait un lien avec les Français de l’étranger. Ça peut être essayer d’aborder la question de, par exemple, beaucoup de Français de l’étranger qui doivent revenir en France à un moment donné parce que leurs parents vieillissent, sont malades, et c’est toute la question du lien aussi avec cette génération-là. Donc en fait, c’est un sujet qui embarque énormément de choses.
et qui est inépuisable en fait. Moi, je suis secrétaire générale de l’ASFE depuis 2018. Des questions écrites, on en pose toutes les semaines depuis mon prédécesseur Jean-Pierre Vansart. On n’arrête pas, c’est-à-dire qu’on a toujours un nouveau sulet, il y en a un, et sur lequel il faut, d’une manière ou d’une autre, essayer de pousser pour obtenir une réponse, un accès au droit ou autre. Est-ce que tu as le sentiment quand même que la cause avance ?
Oui, je pense que la cause avance. Alors, ça va paraître peut-être très abscond pour les Français de l’étranger, mais là, le principal problème qu’on a, c’est qu’on n’a pas de ministre techniquement des Français de l’étranger. Donc nous, en tant que sénateur, c’est quand même notre principal interlocuteur pour pouvoir faire avancer les dossiers. Là, on ne sait pas si on va avoir un nouveau ministre ou si c’est celui qui est en place qui reste. mais dans tous les cas, c’est le cinquième interlocuteur en quelques mois.
Donc on a aussi un sujet sur comment faire en sorte de ne pas devoir tout recommencer à chaque fois. Et là-dessus, c’est important pour faire avancer les droits. Alors évidemment, heureusement, il y a l’administration des Français de l’étranger, ce qu’on appelle la DFAE, qui fait son travail. Mais pour pouvoir avancer plus, on a besoin de pouvoir continuer à avancer avec des interlocuteurs stables. Alors un mot quand même pour cette rentrée 2025-2026, puisque la SFE s’offre une nouvelle identité graphique.
C’est quoi ces volontés de rester dans le coup, de relancer des choses, de moderniser la newsletter ? Très pratique. Oui, alors nous on fait une newsletter toutes les semaines pour nos adhérents et pour les élus des Français de l’étranger, et on fait ensuite des envois à la liste électorale consulaire mondiale avec les articles qui nous semblent les plus pertinents et les plus pratiques. Oui, ça faisait un moment, ça faisait au moins 5 ou 6 ans qu’on n’avait pas refait de site internet, donc on a décidé de redonner une nouvelle image à l’ASFE, de simplifier le site internet, on a créé un chat d’intelligence artificielle qui est basée sur les 35 000 articles qu’on a sur notre site. Donc quand on pose des questions, le chat IAI répond sur la base de nos articles.
Donc c’est tout ça qu’on a voulu évidemment moderniser pour rester simplement à la page et utiliser les nouveaux outils aussi dont on peut bénéficier aujourd’hui pour en faire bénéficier les Français de l’étranger. Sophie Briand-Guimond, sénatrice des Français établis hors de France, était mon invitée aujourd’hui pour le podcast 2584. Tu rejoins la grande galerie des Français de l’étranger interviewés sur ce média. Média que tu as l’occasion d’écouter un peu de temps en temps. C’est important pour toi qu’il y ait des voix pour les expats ?
Déjà très honoré de faire partie de la longue galerie d’invités. Bravo pour toutes ces interviews parce que je sais que c’est énormément de travail et évidemment moi je vous écoute à chaque fois que je peux. Il y a suffisamment peu de médias consacrer aux Français de l’étranger pour, en plus, ne pas les écouter. Donc, non, bravo pour tout le travail qui est fait. C’est extrêmement important de valoriser le profil des Françaises et des Français de l’étranger, où qu’ils soient dans le monde, parce que ça nous permet aussi, nous, de montrer quelle est la richesse et la diversité de ces Français de l’étranger et de montrer qu’il faut absolument sortir du cliché dans lequel, je ne sais pas pourquoi, à un moment donné, on s’est tous…
On s’est enfoncés, mais c’est vraiment à tort. Et comment… non seulement valoriser les Français de l’étranger, mais faire en sorte qu’eux, d’une façon ou d’une autre, puissent être bien davantage intégrés dans le tissu diplomatique français à l’étranger. Et bien c’est exactement pour ça qu’on est là. Je vous invite d’ailleurs à suivre notre chaîne YouTube et si vous aimez, likez et abonnez-vous.
Voilà, je fais ma petite phrase d’influenceur entre deux. Mais c’est important pour que cette communauté grandisse. Sophie, merci beaucoup. Comment c’est alors les vacances maintenant ? C’est en Argentine du coup ?
C’est à Noël. Une fois par an en Argentine. Est-ce qu’on va faire un dossier spécial sur Noël dans le monde ? Est-ce qu’en Argentine, il y a une petite particularité qu’il faut connaître, une spécificité locale ? Il fait chaud, donc ça peut être Noël au bord de la piscine.
C’est vrai que c’est un peu particulier de fêter Noël sous 35 degrés. Je comprends pourquoi c’est là-bas Noël du coup. Madame la sénatrice, merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions. Au plaisir de se retrouver sur la radio des Français dans le monde. Merci à toi Gauthier.
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