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Comment réagiriez-vous si vous étiez confronté à une situation de violence, que ce soit dans la rue ou chez vous ?
C’est une question que beaucoup d’entre nous espèrent ne jamais avoir à se poser, mais qui est malheureusement une réalité pour un nombre croissant de personnes à travers le monde. Enregistré à Paris dans le studio de La radio des Français dans le monde installé aux 13émes Trophées des Français de l’étranger organisés par Lepetitjournal.com, ce podcast explore ce sujet crucial en compagnie de Priscillia Routier-Trillard, lauréate des Trophées des Français de l’étranger, qui partage son expérience et son engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux hommes.
Priscillia Routier-Trillard est une figure emblématique de l’entraide internationale. Originaire de la région parisienne, elle vit actuellement à Abu Dhabi où elle continue de développer son initiative, The Sorority, une communauté d’entraide qui rassemble plus de 270 000 personnes à travers le monde. Son travail a été reconnu lors des Trophées des Français de l’étranger, et dans cet épisode, elle nous parle de son parcours, de ses projets, et de la manière dont elle utilise son expérience personnelle pour aider ceux qui se retrouvent isolés et en danger.
L’épisode se concentre sur l’initiative de Priscilla, The Sorority, qui offre un soutien aux personnes victimes de violences ou de harcèlement, que ce soit à domicile, dans la rue, ou même en ligne. Avec un réseau mondial et une application qui permet d’envoyer des alertes en temps réel, The Sorority assure que personne ne soit jamais seul face à ces situations. Priscilla explique comment leur modèle d’entraide, qui inclut des partenariats avec des associations et des institutions gouvernementales, permet de répondre rapidement et efficacement aux appels à l’aide. En partageant des statistiques choquantes et des témoignages poignants, cet épisode met en lumière l’importance d’unir nos forces pour créer un monde plus sûr pour tous.
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Chapitrage de l’épisode :
La radio des français dans le monde présente les trophées des français de l’étranger le petit journal.com.
Sur la radio des Français dans le Monde, je suis très heureux d’accueillir Priscilla Routier-Triard parce que c’est un sujet important qu’on a déjà abordé sur notre antenne et qui a été mis en lumière aujourd’hui dans les Trophées des Français de l’étranger. Bonjour et bienvenue Priscilla. Merci beaucoup. Alors tu me disais que tu enchaînais les interviews. Le 8 mars.
La journée de la femme, il y a les trophées aujourd’hui. On est sur un sujet important, les violences faites aux femmes et aux hommes. Exactement. On a 5% des familles qu’on aide, c’est des hommes, c’est important de le répéter. Et donc on va parler de ce travail, le cheminement qui t’a amené à faire ça et tes projets en cours.
Un petit mot d’abord, on revient dans ta région natale, tu es de la région parisienne. Aujourd’hui, te voilà dans la capitale pour recevoir ce trophée. Ça te fait quoi quand t’arrives à Paris, que tu sors de l’aéroport ? Est-ce que tu sens l’odeur ? Tu veux vraiment que je te raconte ?
Depuis Abu Dhabi ? Un choc ? T’es content d’être en expatriation parfois ? Ah ouais, donc t’es pas très heureuse de retrouver le petit pain au chocolat. D’être avec vous et de profiter de tout ce qu’on fait, oui absolument.
Mais Paris non ? Mais Paris non, ça me manque pas. Pour moi c’est très clair et c’est très franc. Et pourtant il fait beau là. Ouais alors il fait beau, on a une belle petite journée puis il y a un petit savoir-vivre quand même que t’es pas spécialement contente de…
Il y a des choses qui changent quand même, quand tu vois la différence entre notamment la qualité de service qu’il peut y avoir dans des endroits du monde et ici, tu sens qu’il y a des choses qui glissent. Et tu as fait plusieurs années à l’étranger, est-ce que tu vois la France changer ? Oui ! Je me doutais que tu t’éposais la question en me disant « je pense que j’aurai un oui » et tu me décris un petit peu les changements ? Notamment d’un point de vue sécurité.
En même temps, je vis dans un endroit qui est hyper sécurisé. Je travaille sur la sécurité partout dans le monde et je vois que définitivement, on n’a plus que jamais notre rôle à jouer. Et c’est des choses juste dingues qui se passent ici alors que ça devrait être hyper simple. On ne devrait pas être à ce niveau-là. Tu vis à Abu Dhabi aujourd’hui.
Absolument. Il y a du travail sur un sujet qui te tient à coeur. Est-ce que tu peux expliquer aux auditeurs le cheminement qui t’a amené à développer aujourd’hui The Sorority et Save You ? Bien sûr. Alors The Sorority, c’est une communauté d’entraide qui regroupe à ce jour plus de 270.000 personnes, donc comme on disait, essentiellement des femmes, des personnes issues des minorités, mais aussi des hommes qui sont en train d’arriver, toutes entièrement cloisonnées pour s’assurer qu’il n’y ait pas de conjoints violents, ex-conjoints violents ou harceleurs.
Et concrètement, pour toute situation d’isolement, de violence ou de harcèlement, on s’entraide, on est partout dans le monde, tout est entièrement gratuit, on est traduit en 16 langues. Ici par exemple, on est suivi dans la rue, s’il se passe quelque chose dans les transports en commun, à l’école puisqu’on est ouvert à partir de 12 ans en respectant la loi sur la majorité numérique. Donc cyberharcèlement, harcèlement, violence intrafamiliale, attouchement, toutes ces petites dettes, on peut le faire du coup à partir de 12 ans. Ça peut être au bureau, ça peut être en soirée, en festival ou chez soi, dans les cas de violence. violences conjugales, intrafamiliales.
Et en déplacement, que ce soit à titre personnel ou professionnel, à tout moment, on a cette assurance de ne jamais être seul. Donc, vous trouverez la carte, elle est remplie. Dans les grandes villes, mais aussi et surtout dans les zones rurales où les violences sont souvent encore plus compliquées. Et concrètement, si on est en situation d’insécurité, qu’on se sent seul, qu’on a une angoisse qui monte ou même un doute, sans forcément qu’il y ait tout de suite l’attaque ou il se passe quoi que ce soit, On appuie deux secondes sur le bouton d’alerte, ça calcule en temps réel notre position GPS, la position des 50 premières personnes autour de nous, qui tout de suite peuvent prendre contact, nous appeler, nous rejoindre, faire semblant de nous connaître, contacter pour nous les autorités, parce qu’on est conventionné avec le ministère de l’Intérieur, je pense qu’on en reparlera, et vendredi le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et l’égalité femmes-hommes. On est conventionné également avec des collectivités, avec les plus grands réseaux d’aides associatifs, France Victime, FNCDFF, et du coup on unit nos forces pour jamais être seul et en moyenne en une minute il y a 10 à 15 prises de contact.
Incroyable. Et pour y arriver ? Les chiffres sont… On a envie de tomber de sa chaise, je suis pas assis, mais si je l’étais, toi-même ça te surprend de voir un tel engouement, c’est pas plutôt une bonne nouvelle, c’est qu’il y a de la sécurité, et de voir autant. De signalements, On en a 700 en moyenne par mois.
70 à 80% c’est dans la rue, dans les transports et le soir. 10% ça va être violences conjugales, intrafamiliales. Et 10% qui prennent de plus en plus de place, ça va être des situations de post-trauma. Donc des personnes qui ont vécu des situations de violences et elles ont les souvenirs qui remontent parce qu’il fait sombre, parce qu’elles entendent un bruit. Il y a quelque chose qui réenclenche le trauma qu’elles ont pu vivre.
et de plus en plus aussi pensées suicidaires, idées noires. En fait, on va soutenir les personnes, elles nous disent que je ne suis pas forcément quelqu’un en face de moi qui fait subir des violences, mais par contre, j’ai peur de moi-même. Elles lancent l’alerte et tout de suite elles sont en lien, elles vont prendre un café, elles vont s’épauler, elles vont se rediriger vers des assauts partenaires et à jamais être seules. Alors, ce sujet est déjà important pour les Français qui vivent en France, mais on est quand même à chaque fois un peu plus entouré avec sa famille, ses amis. Quand on vit en expatriation, on est loin de tout ça.
C’est encore plus difficile de subir des violences quand on est au bout du monde. Alors, tu mets le doigt sur un point qui est hyper important. Déjà, notre force, c’est une communauté d’entraide qui, sur le papier, ne se connaît pas. Donc, du coup, dans les situations de violences conjugales intra-familiales, déjà, il faut savoir de façon générale, 80% du temps, on connaît la personne qui nous fait subir les violences. Déjà.
Dans les situations de violences conjugales, il y a deux schémas. Ça va être soit les proches vont nous dire où t’avais prévenu. Merci. Merci. Donc step back et merci bien.
Deuxième cas, ce n’est pas possible. Cette personne est tellement sympa. T’es pas quelqu’un de simple non plus. Heureusement que t’es tombé sur cette personne. Est-ce que tu penses aux enfants ?
Est-ce que tu penses aux finances ? Donc nous, notre force c’est qu’il y a vraiment Ce soutien et cette mise en lien sans aucun impact sur le schéma amical, familial ou quoi que ce soit, où les personnes tout de suite se croient, vont s’entraider et vont plus rapidement sortir la personne de la situation d’isolement, libérer la parole et l’aider à faire le premier dépôt de plainte, se faire aider. On a finalisé une étude d’impact qui montre que sur le moyen et long terme, on a de plus en plus de personnes, donc on bosse les post-traumas de façon significative, on a de plus en plus de personnes qui osent de nouveau reprendre les transports en commun. sortir tard le soir, reprendre leur activité sportive, refaire du footing. Donc c’est très très concret au final, et c’est vraiment cette entraide et cette union, sans forcément se connaître, qui fait qu’on arrive à être aussi efficace.
Et à l’étranger, comme tu disais, il y a l’isolement qui est juste dingue, parce qu’il y a une dépendance administrative, financière, tout le monde se connaît, en qui je vais avoir confiance. Financièrement, je vais payer qu’à l’avocat, ça coûte super cher. Ou encore plus à l’étranger, qui maîtrise le droit là-bas et le droit français. Si on a des enfants, ça prend. Une dimension très compliquée.
Si on quitte le territoire, ça abandonne. Si on les prend, c’est kidnapping. Donc, c’est des proportions qui sont dingues. Nous, sur les 450 familles aidées, il y en a, ça fait plus de 20 ans qu’elles sont dans ces situations. Et par exemple, il y a des spécificités, Japon et Allemagne, ils partiront jamais tant que les enfants ne sont pas majeurs.
Donc, tu as beaucoup de cas particuliers où nous, ce qu’on fait, c’est sur la partie Save You, on utilise ce sort outil pour trouver les associations autour et la communauté qui est autour pour soutenir les personnes. Et ce qu’on va faire, c’est qu’on va mettre en lien directement avec… Enfin, on va refaire toute cette chaîne d’action avec une première écoute active d’écoutantes. On a une vingtaine d’écoutantes qui sont formées psychologues, psychiatres, assistantes sociales, qui ont une première expérience d’expatriation. Ça, c’est hyper important aussi.
On ne va pas donner les mêmes conseils qu’on a vécu qu’en France et qu’on a vécu au moins un an au Maroc ou n’importe où. On ne va pas dire de faire un dépôt de plainte tout de suite. Ça peut très mal se passer pour la personne et ça peut se retourner contre elle et être dramatique pour son dossier. Donc on a une vingtaine d’écoutantes qui font une première écoute active et les personnes après on va les rediriger selon ce qu’elles souhaitent vers une asso locale, vers un soutien psy, vers un soutien d’avocats et conseils juridiques, vers une asso locale ou parfois sur un rapatriement d’urgence qu’on fait avec le ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Et bien justement, parlons-en de l’État.
Priscilla, c’est une initiative privée. Est-ce logique que ce soit une initiative privée ? Est-ce que ce n’est pas à l’État ? Ce sont bien des questions. Merci.
Donc on est une association de loi 1901 reconnue d’intérêt général. On a fait un modèle hybride, là on va aller chercher de plus en plus de grands groupes. Donc je passe le message si vous souhaitez vous engager à nos côtés et de façon simple sensibiliser vos salariés, assurer leur sécurité. communiquer ensemble, nous atteindre plus de 2 millions de personnes et devenir lieu sûr à nos côtés. Donc des grands acteurs, par exemple du tourisme, des chaînes de restauration, des boutiques de luxe sont en train de nous rejoindre pour être présents sur la carte, ce qui permet de faire de la publicité à très très fort impact social.
Au-delà de faire ce qu’elles font, les personnes savent qu’elles sont à nos côtés. Et du coup on unit nos forces, alors pour te répondre non ce n’est pas logique et au moment où je te parle, on a encore zéro euro de financement public, il y a uniquement la région Île-de-France, la région de cœur qui… On a vu comment on t’en a parlé tout à l’heure. On les aime, on les aime, vous m’écoutez, on vous aime. Non c’est parce qu’elle a un gros coup de cœur pour Abu Dhabi, c’est ça.
Oui non mais c’est pour ça, c’est le temps qui va pas et le mood général, mais les personnes à la région sont incroyables et je pense qu’elles nous entendront. Et du coup, à Parel, pour l’instant, on n’a aucun soutien public sur ce qu’on fait. Donc pour te répondre, non, c’est pas du tout normal. Et ce qu’on est en train de faire, logiquement, je l’espère, fera évoluer tout ça. Et comme je disais, vendredi, on signe une convention avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et le ministère Égalité Femmes Hommes pour au moins reconnaître les actions qu’on fait sur le terrain.
Parce que jusqu’à présent, on était un peu avec notre petite bâton pèlerin et faire ce qu’on faisait en mode, si ça se passe mal, c’est pour toi. Présidia, quand tu rentres le soir, tu dors bien ? J’ai deux petits garçons de 6 ans et 8 ans, donc j’ai pas trop le choix de prendre soin de moi. J’ai fait deux burn-out pour en arriver là et avoir… Et voilà.
D’ailleurs au moment où je vous parle, j’ai quasiment plus de voix, donc j’espère que vous m’entendrez quand même. Ouais, je dors parce que j’ai appris à prendre soin de moi et j’ai appris à couper parce que le décalage est tellement dingue entre les messages que je reçois au quotidien et ce qu’on fait au quotidien et la réalité de la vie, il faut tenir. Et puis on sait qu’on atteint des milliers de personnes et qu’on fait quelque chose de bien. C’est ça, il y a quand même un travail qui est au final, quand tu réfléchis… Il est dingue et puis le nombre de merci qu’on a par jour et de témoignages et de mise en sécurité où les personnes nous expliquent comment la communauté les a aidées, de quelle situation elles ont pu se sortir, etc.
C’est concrètement ce qui nous fait vivre et ce qui nous fait tenir. Alors je vais rajouter 100.000 merci aux auditeurs. Chaque jour, on a 100.000 auditeurs à travers le monde. Rejoignez-nous ! Ils te disent merci, donc ça fait 100.000 et plus le mien, 100.000 un merci.
Et bravo parce que ce prix, c’est pour toi. Je suppose que d’être mise en lumière aujourd’hui en gagnant ce prix coup de cœur. Ça te fait quand même plaisir de montrer ? Ça fait du bien. Ça fait du bien, je ne m’étonnais pas du tout et c’est vrai que c’est tout simple mais c’est un vrai message qui est passé et c’est aussi se rendre compte qu’on n’est pas seul.
Nous on le répète à des milliers de personnes au quotidien, vous n’êtes pas seul, on est à vos côtés, etc. Mais quand on voit que les personnes qui sont à nos niveaux, qui sont dans les institutions, qui sont des partenaires à nos côtés, nous rappellent qu’on ne l’est pas et qu’il y a cette reconnaissance même symbolique, ça fait du bien et ça aide à tenir. Donc merci aux équipes du Petit Journal, à toi, à toutes les personnes et au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Et j’ajoute à ce merci un bravo. Belle journée à Paris.
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