Philippe Goeury : L’expert qui apaise vos voyages en avion

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Avez-vous déjà ressenti une peur irrationnelle à l’idée de monter dans un avion, malgré le fait que l’on vous assure que c’est le moyen de transport le plus sûr ? µ

Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des français dans le monde » réalisé en partenariat avec le site des experts de l’expatriation « Expat Pro », Gauthier Seys explore ce sujet en profondeur avec son invité Philippe Goeury. Ensemble, ils discutent des raisons pour lesquelles tant de personnes éprouvent de l’anxiété à l’idée de voler et ce qui peut être fait pour surmonter cette peur.

Philippe Goeury est un psychologue spécialisé dans le traitement de la peur de l’avion. Originaire de Corse et ancien steward chez Air France, il a passé trois décennies à voyager aux quatre coins du monde. Sa double expertise en psychologie et en aviation lui permet de comprendre les nuances de cette phobie particulière. Philippe a également travaillé comme expert en accidents sur le facteur humain, apportant son soutien lors de crises, comme dans le tristement célèbre vol Rio-Paris. Aujourd’hui, il continue de partager ses connaissances et d’aider ceux qui sont paralysés par l’idée de voler.

Dans cet épisode, Philippe partage ses méthodes pour aider les personnes à surmonter leur peur de l’avion. Il explique que la première étape consiste souvent à permettre aux gens d’exprimer leurs appréhensions sans jugement. Philippe utilise des explications techniques pour dissiper les mythes et rassurer ses clients, tout en abordant les aspects psychologiques plus profonds de leur peur. Il raconte des histoires inspirantes de personnes qui ont transformé leur vie en surmontant leur phobie, soulignant l’importance du lâcher-prise et de la confiance. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus ou qui cherchent de l’aide, Philippe est disponible via la plateforme Expat Pro.

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https://www.expat-pro.com/blog/84/peur-de-l-avion-problematique-enjeux-et-solutions-du-general-au-cas-particulier-de-l-expatriation

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Podcast n°2477 (avril 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

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0:00:01-Bienvenue et introduction
0:00:36-Présentation de Philippe Goeury
0:01:02-Parcours professionnel de Philippe
0:02:54-La vie de steward et découverte des pays
0:03:53-Expert en accidents et rôle en cellule de crise
0:04:31-Évolution du rôle des pilotes et importance du travail d’équipe
0:05:30-L’humain dans l’aviation et son futur
0:06:39-La peur irrationnelle de l’avion
0:08:30-Absence de contrôle et perception des turbulences
0:10:39-Accompagner les personnes effrayées par l’avion
0:12:42-Résultats et témoignages des patients
0:13:49-Aucun ressentiment à demander de l’aide
0:14:31-Conclusion et remerciements
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Transcription IA de l’épisode :

Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale, et je rajoute même, et qui vont prendre l’avion. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Philippe Guerry, direction la Corse. 10 minutes, le podcast des français dans le monde. francaisdanslemonde.fr On considère qu’aujourd’hui, à peu près entre 20 et 30% des personnes qui montent dans un avion ont plus ou moins peur. Un petit pourcentage ne monte même pas tellement cette peur les bloque.
On va parler de ce sujet avec un spécialiste et on va bien comprendre pourquoi Philippe est spécialiste. Bienvenue sur notre antenne, Philippe. Merci, bonjour. Et puis, on salue les équipes de Expat Pro qui nous mettent en relation. Tu es un nouvel expert qui rejoint cette plateforme pour les Français de l’étranger.
Il faut dire que ton métier de psychologue, avec cette spécialisation au traitement de la peur en avion, est toute dédiée à tous ceux qui passent leur temps à faire des vols à travers le monde. Il me semble, oui, tout à fait. Alors, tu es originaire de Corse. Au moment même où on se parle, tu dois avoir un magnifique décor sous tes yeux. Alors j’ai un magnifique décor sous mes yeux, mais exceptionnellement aujourd’hui, il fait peut-être un peu moins beau ici qu’ailleurs.
Il fait peut-être plus beau à Lille, de l’autre côté de la France où je suis basé avec mon studio. Il paraît. Tu as fait des études de psychologie, puis pendant 30 ans tu es naviguant chez Air France. Alors là, tu n’es pas un expat parce que tu rentres à la maison, mais tu dors aux quatre coins du monde quand même. Tu as à peu près vécu dans tous les pays ?
Oui, tous les pays, sauf les seuls qui n’étaient pas desservis par Air France, c’est-à-dire, je crois que ça doit concerner à peu près l’Australie et la Nouvelle-Zélande, sinon tous les autres pays du monde entier. J’ai eu la chance de m’y arrêter plus ou moins longtemps et d’y prendre beaucoup de plaisir. Alors une des questions qu’on peut se poser quand on est Stewart, on a le temps de découvrir un peu les villes quand on est en transit ou vraiment on a le temps que de dormir ? Alors à l’époque où j’ai exercé ce métier, puisque j’ai quelques heures de vol maintenant, effectivement c’était la belle époque où on pouvait profiter d’un jour ou deux, voire quatre ou cinq, c’était lié à la fréquence des vols, c’était lié à la distance du vol aussi, il y avait tout un tas de combinaisons qui permettaient quand même d’en profiter ou au moins d’avoir des petits flashs comme ça et c’était toujours très agréable. Et malgré tout, Philippe, la Corse est toujours restée numéro 1 dans le classement.
C’est toujours là que tu as toujours voulu vivre ? Je dirais oui, parce que c’est effectivement l’île de beauté. Mais j’ai un gros faible pour l’Inde et le Japon. D’accord. En tout cas, un jour, avec ton diplôme de psychologie, on vient te chercher pour travailler sur ce fameux stress en avion.
Et donc tu vas cumuler quasiment deux jobs en un. Tout à fait, oui. Et tu as été également expert en accidents sur le facteur humain. Par exemple, dans le vol Rio-Paris, malheureusement tristement célèbre, tu es intervenu. C’était quoi ton rôle ?
Alors là, pour le Rio-Paris, particulièrement, j’étais intégré à la cellule de crise pour m’occuper des proches, des victimes. et la partie expertise accidents c’était plutôt sur des incidents ou des accidents mineurs propres à Air France dans ce qui est courant et qu’on appelle l’analyse des vols pour voir ce qui a bien ou moins bien marché et moi ma partie c’était de m’intéresser à la dimension humaine, psychologique que ce soit au niveau du cockpit ou même du fonctionnement en cabine. D’ailleurs, dans l’histoire de l’aviation civile, il y a eu une grosse évolution sur le rôle de l’homme et notamment des pilotes. On donnait au tout début un blanc-seing au commandant de bord. Les choses ont un peu évolué avec le temps.
Elles ont complètement évolué, effectivement, parce que les pilotes eux-mêmes se sont rendus compte qu’ils ne pouvaient pas avoir des yeux dans le dos, qu’ils ne pouvaient pas avoir des oreilles partout dans tout l’avion. et un certain nombre de situations ont dû être gérées depuis la cabine et on a énormément travaillé sur le fonctionnement en équipage, la notion de leadership, la notion de délégation aussi pour qu’effectivement le système soit renforcé et se renforce toujours davantage. C’est la spécialité de l’aéronautique dont le monde médical s’inspire un peu d’ailleurs en insistant beaucoup sur la dimension humaine. de ce qui contribue à renforcer la sécurité. L’idée étant qu’il y ait toujours une double validation, il ne doit pas y avoir un seul et unique maître à bord qui décide tout pour tout le monde, parce qu’il peut faire des erreurs.
Alors il y a un seul maître à bord sur le plan juridique, sur le plan hiérarchique, mais effectivement sa décision, ce n’est pas lui tout seul qui. Va.
Mais il va la construire avec effectivement le collationnement d’informations qui viendront aussi bien du pilote du copilote que des personnels de cabine, chef de cabine ou hôtesse ou steward. C’est pour ça que quand on est dans l’avion et qu’on voit le chef de cabine vérifier une porte, quelqu’un vient faire vérifier sa propre vérification. Oui, tout à fait. Comme en pédagogie, la sécurité aérienne repose pour que ça fonctionne et ça fonctionne sur la redondance, la répétition. Et aujourd’hui, on a fait beaucoup d’évolutions en informatique.
On sait qu’un avion peut décoller et atterrir sans homme. Est-ce que tu crois que l’homme va rester dans l’avion dans le futur ? Alors, dans quel futur ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, pour les 10-15 ans à venir, quand je vois un petit peu le niveau de recrutement des pilotes, c’est qu’on a encore décidé que c’était une variable d’ajustement très forte pour renforcer la sécurité qu’il y ait de l’humain dans un avion.
D’ailleurs, j’ai lu une enquête que si un avion décollait, atterrissait tout seul, moins de gens montraient à bord. Ils auraient encore moins confiance pour ceux qui ont peur. Ça fait partie. Ça rassure un peu quand même. Alors, ça rassure de savoir qu’il y a-t-il un pilote dans l’avion, effectivement.
Mais pour enchaîner sur ce sujet de la peur de l’avion, effectivement, une des grandes peurs qui se nourrit de ça, c’est l’impression de manquer de contrôle sur la situation. Est-ce que le pilote est compétent ? Est-ce qu’il n’a pas bu avant ? Est-ce qu’il est fatigué ? Voilà, tout un tas de questionnements qui vont se poser.
Donc, effectivement, si les avions étaient pilotés sans pilote, là je pense qu’effectivement la prévention est encore plus grande. Alors Philippe justement on va s’intéresser à cette peur qui est chez un certain nombre de personnes complètement non maîtrisable. On n’a même pas la possibilité de monter dans l’avion. Certains refusent d’y monter parce qu’ils ont trop peur alors qu’on leur dit continuellement cette fameuse phrase mais t’inquiète pas c’est le moyen de transport le plus prudent. Ça c’est énervant comme phrase.
Oui, c’est très énervant parce que les personnes le savent, parce que les personnes qui ont peur de l’avion, si je m’en réfère à mon échantillon de 7 ou 8 000 personnes dont je me suis occupé, qui sont souvent d’un niveau d’éducation, de diplôme, comprennent ça parfaitement, savent parfaitement qu’effectivement c’est le moyen de transport le plus sûr du monde mais il y a eu cette dimension qui est de l’ordre de l’irrationnel qui fait que ça ne suffit pas pour rassurer puisqu’on peut rétorquer à cette phrase qu’il y a quand même des accidents et c’est vrai et puis il y a beaucoup de personnes aussi qui ont une autre peur que celle-là, uniquement centrée sur l’accident, ça peut être la peur de soi-même, quelle réaction je vais pouvoir avoir. Et puis encore une fois, cette impression d’absence de maîtrise de la situation, un besoin de comprendre ou de contrôler qui est beaucoup trop développé et qu’on n’arrive pas à satisfaire, qui va alimenter ces appréhensions. Mais clairement, quand je suis à côté d’un conducteur dans une voiture, je n’ai pas le contrôle non plus. Et pourtant, on n’a pas ce fantasme, parce qu’à chaque fois qu’on monte dans une voiture, c’est dangereux. Alors, peut-être que toi tu ne l’as pas, mais un certain nombre de personnes ont aussi cette appréhension-là en voiture du fait de ne pas conduire, s’assurent que le pilote de la voiture ne va pas trop vite, freine au bon moment, met son clignotant, etc.
Ça renvoie à cette dimension très prononcée de l’absence de contrôle, du besoin de contrôler qui est excessif. Et puis, là où je te rejoins, c’est vrai que la voiture un avantage pour nous c’est qu’elle roule sur terre premièrement donc cette dimension physiologique de la peur de l’avion est importante à prendre en compte parce qu’on est soumis à des sollicitations sensorielles qu’on ne peut pas comprendre physiologiquement donc il y a forcément un décalage entre ce qui se passe et ce que l’on ressent on a l’impression de tomber quand il y a des turbulences alors que l’avion se cogne, on a l’impression d’être arraché du sol au décollage alors que c’est de vitesse de TGV, on a l’impression de beaucoup de choses en avion qui sont des impressions trompeuses, essentiellement parce que physiologiquement il y a une dimension qui n’est plus la nôtre. Rouler ou avancer à 10 000 km heure, on ne sait pas faire physiologiquement. Être à cette altitude-là, c’est pareil, ce n’est pas dans nos gènes, ce n’est pas dans nos tripes. Et donc l’avantage de la voiture, entre guillemets, c’est qu’on est sur Terre, on est dans des vitesses qui sont relatives et pour lesquelles, physiologiquement, on a été, au fil du temps de l’évolution de l’espèce humaine, on a réussi à se caler sur elle.
Les premières apparitions du train étaient que le train allait trop vite. l’entrée du train en gare dans la gare de La Ciotat, le premier film des Frères Lumière, a généré des peurs à ce moment-là. Et l’avion chamboule tout puisqu’il arrive très vite, à tous les sens du terme, et c’est un environnement qui n’est pas fait pour nous. On dit aussi, et c’est ce que me rapportent les personnes qui ont peur de l’avion, ce n’est pas naturel de voler. Ce à quoi je réponds, Evidemment que ce n’est pas naturel de voler pour nous, mais c’est l’avion qui s’en occupe.
Et là on voit bien que ce qu’on va pouvoir travailler c’est la capacité à faire confiance, à déléguer, à lâcher prise aussi bien sur le plan psychique que sur le plan corporel justement pour atténuer ces fameuses sensations dont je parlais tout à l’heure. Alors on le disait aujourd’hui, tu ne voles plus, mais tu as gardé par passion cette relation de ton travail de psychologue avec des personnes qui sont complètement traumatisées par l’idée de prendre l’avion. Concrètement, les personnes qui viennent vers toi aujourd’hui, en plus, là, on a des auditeurs aux quatre coins de la planète, donc ça doit faire écho chez un certain nombre d’entre eux. Quelle est la première méthode que tu utilises pour les rassurer ? Alors la première méthode, ça paraît assez fatalement évident pour moi, c’est déjà de les écouter, parce qu’on ne leur permet pas toujours d’exprimer cette appréhension qu’on peut trouver souvent honteuse, ridicule, puisque l’avion est un tel signe de progrès, de fiabilité, etc.
que la première chose qui rassure les gens dont je m’occupe, c’est qu’elles peuvent en parler simplement, qu’elles peuvent être en toute sécurité pour énoncer quelque chose qui pourrait ressembler à de la monstruosité tellement ça paraît énorme comme peur. Elles ont le droit d’avoir peur donc leur permettre de l’exprimer c’est déjà rassurant premièrement. Deuxièmement savoir de quoi elles ont peur parce que là effectivement du fait de ma double casquette entre guillemets il y a des réponses techniques assez simples qu’il est facile d’apporter et qui rassurent. Par exemple, de savoir que les fameux trous d’air n’existent pas, que l’air est un fluide, que l’avion est tout le temps sûr et dans quelque chose qui le porte, même si ce n’est pas visible, peut rassurer.
De la même sorte que la peur des souris, la peur de l’avion mérite aussi qu’on s’intéresse à la personne elle-même dans sa dimension purement psychologique. Et qu’est-ce que ça donne comme résultat ? Est-ce que des gens reviennent vers toi en disant tu as changé ma vie Philippe ? Ça peut paraître prétentieux, mais ça, je l’ai entendu des centaines et des centaines de fois. Et j’ai su et je sais encore qu’à chaque fois, c’était vrai.
Tellement l’avion, quand on ne le prend pas ou qu’on le prend dans des souffrances atroces, est un empêchement, un empêchement de liberté, un empêchement de vie, un empêchement d’évolution professionnelle. Ça peut concerner évidemment les expatriés. Ah oui, j’ai en mémoire l’histoire de Vincent qui avait du mal déjà à sortir de chez lui donc imaginer prendre l’avion c’était quelque chose d’inaccessible pour lui et qui m’envoie un selfie avec la statue de la liberté dans l’arrière-plan de son décor. Lui, dans le cadre tout à fait à gauche, sa femme à droite et brandissant une petite pancarte avec marqué Merci dessus. Sympa.
Il faut dire que lui fait partie des 7000 personnes que tu as accompagnées. Donc on peut dire que tu es un peu rodé sur le sujet. Je suis assez rodé, je suis toujours à l’écoute évidemment des appréhensions parce qu’elles peuvent rentrer dans des grandes catégories, mais chaque histoire est personnelle et chaque personne mérite une approche qui lui est propre. C’est ça, et pour n’importe quelle raison que cette phobie existe, on peut te contacter. Il n’y a jamais de honte à avoir à contacter un spécialiste.
Il n’y a aucune honte à avoir. Encore une fois, c’est la première étape, non pas d’une guérison puisque ce n’est pas une maladie, mais d’améliorer un état qui fait que je pense aussi à une personne dont je me suis occupé, qui était restée plus de 45 ans sans prendre l’avion, donc une personne assez âgée, dont le mari avait des origines grecques et dont le rêve était d’aller habiter en Grèce, dans une petite île, et qui, jusqu’au moment où je me suis occupé d’elle, Prenez la voiture et parcourez des kilomètres et des kilomètres en évitant les tunnels ou les ponts. selon ses appréhensions du moment, et qui maintenant va sur son petit île en Grèce sans aucune difficulté avec l’avion, ayant pu construire une maison là-bas. Et bien bravo ! Le lien pour contacter Philippe Guerrier est disponible dans ce podcast, et vous retrouvez également Philippe sur la plateforme Expat Pro.
Un grand merci, tu as bien de la chance de profiter de ce joli décor sur la jolie île de Corse. Au plaisir de te retrouver sur cette antenne. Avec grand plaisir, merci ! Vous écoutez la voix des expats.
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