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Pauline Harymbat raconte sa difficile installation à Londres

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Vous envisagez de vous installer à Londres malgré le Brexit ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys s’entretient avec Pauline Harymbat pour explorer les défis et les réalités de la vie à Londres post-Brexit. Que faut-il savoir avant de franchir le pas vers cette métropole cosmopolite ?

Pauline Harymbat, originaire de Normandie, a un parcours académique et professionnel impressionnant. Elle a étudié à Caen et à Sciences Po Rennes, avec une spécialisation en études franco-allemandes, et a vécu deux ans en Allemagne. Après une expérience enrichissante au Conseil de l’Europe, elle a décidé de s’installer à Londres, où elle a dû naviguer à travers les complexités administratives imposées par le Brexit.

L’épisode se concentre sur les défis que rencontrent les Français qui souhaitent s’installer à Londres après le Brexit. Pauline partage ses expériences personnelles, notamment les démarches administratives pour obtenir un visa, les coûts associés, et le sentiment de ne pas être bien accueilli par les autorités britanniques. Elle souligne également le paradoxe d’une ville cosmopolite qui devient de plus en plus restrictive pour les nouveaux arrivants européens. Pauline offre des conseils pratiques pour ceux qui envisagent cette transition, insistant sur l’importance de bien se renseigner et de se préparer à l’avance.

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http://www.linkedin.com/in/pauline-harymbat/

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Podcast n°2264 (Juillet 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage de l’épisode

00:00:00 – Introduction et Présentation de l’invitée
00:00:29 – Impact du Brexit sur les Français à Londres
00:01:46 – Complexité des démarches administratives
00:02:40 – Procédure et coût des visas pour vivre à Londres
00:03:19 – Expérience personelle et début de carrière de Pauline en Allemagne
00:04:29 – Transition vers une carrière à Londres
00:05:35 – Procédures de parrainage pour un visa
00:06:36 – Difficultés rencontrées aux douanes
00:07:06 – Changement de stratégie de visa et coûts associés
00:08:31 – Paradoxe d’une ville cosmopolite avec des règles restrictives
00:09:55 – Recommandations pour les nouveaux arrivants à Londres
00:10:40 – Difficultés et solutions pour trouver un logement
00:11:50 – Conseils et bilans finaux de Pauline

Retranscription de l’épisode

Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gauthier Seyss et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Pauline Harimba. On va parler de Londres et de s’installer à Londres. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Parce que oui, on en a parlé, on a su que ça allait arriver.
Maintenant, on a les deux pieds dedans. Je parle du Brexit, une décision pour les Anglais de quitter l’Union européenne, avec quelques conséquences, notamment pour les Français qui veulent aujourd’hui s’y établir. Pour en parler, mon invité, c’est Pauline. Bonjour. Bonjour.
Contente de faire ta connaissance, tu es venue vers la radio des français dans le monde en disant ce que je vis, ça peut servir aux autres. Concrètement, pour résumer en un mot, t’es pas très, très, très contente de la situation aujourd’hui. Oui, effectivement, parce que j’ai dû subir un petit peu toutes ces démarches administratives pour avoir un visa. J’ai tout appris sur le tas, entre guillemets, parce que je n’avais pas vraiment de personnes à qui parler. On trouve très, très peu d’informations sur Internet et donc on découvre un peu tout ce qui se passe sur le moment.
Et c’est vrai que c’est très prenant et c’était quelque chose de difficile à vivre, notamment pour les démarches de visa, mais aussi le déménagement, la recherche de travail, etc. Et donc, c’est vrai qu’on ne se sent pas très bien accueilli en Angleterre. alors que la ville en elle-même, la ville de Londres, est très cosmopolite et accueillante. C’est pour ça que cette situation est très paradoxale. Alors c’est vrai que tu es venue vers la radio pour parler de ton cas, pour justement alimenter en contenu lorsque les gens ont des recherches, puisque en gros, ce qu’on peut dire, c’est qu’une fois qu’il y a eu la décision du Brexit, le vote, il y a eu toute une longue phase de mise en place et que maintenant on y est.
En gros, on peut zoomer sur deux sujets. Sur un point de vue administratif, clairement, c’est compliqué. Les règles ont évolué. Et puis même l’anglais de Londres, quelque part, a un petit peu changé son mindset par rapport aux européens. Oui, exactement.
Pour répondre à la question des visas, déjà, il fallait passer un test d’anglais au consulat, donc il faut déjà avoir un certain niveau d’anglais pour venir. Et ensuite, si on veut payer son visa seul et se rattacher à quelqu’un, c’était le cas avec mon conjoint, il faut payer très, très cher. Et il faut payer aussi pour être en contact avec le home office pour qu’on puisse répondre à nos questions. Donc tout ça, c’est un coût. Et ensuite, si on veut rejoindre quelqu’un, il faut prouver qu’on est ensemble, donc on a été obligés de se paxer un petit peu en urgence.
Donc ça, c’était très épaunant. Et ensuite, concernant la deuxième question, oui, on ressent qu’il y a un petit peu un rejet des Européens. Encore une fois, pas dans la vie sociale de tous les jours, pas dans la rue, mais dans tout ce qui est démarche administrative, on comprend qu’on n’est pas les bienvenus et que ce sont les Anglais d’abord. C’est priorité aux anglais. Alors on va revenir sur ton parcours pour bien comprendre.
Toi tu es originaire de Normandie, tu fais tes études à Caen puis Sciences pour Rennes. Et d’ailleurs tu vas te passionner pas mal pour l’Allemagne. Tu vas y vivre pendant deux ans. Tout le cursus est franco-allemand. Tu avais une appétence particulière pour l’Allemagne ?
Oui, parce que j’ai fait une classe bilingue et ensuite une classe à bi-bac à Caen, donc j’ai passé mon bac en allemand. Et ensuite, j’ai tout fait dans le cursus franco-allemand. Pourquoi ? Au départ, par chance, je dirais. Et ensuite, parce que j’ai eu l’occasion de faire le programme Brigitte Sauzet, donc c’est un programme de trois mois qui permet de faire des échanges.
Et donc, j’ai alimenté ma passion pour l’allemand et le franco-allemand. Voilà et maintenant c’est pour l’Angleterre. T’as bien fait de te passionner pour l’Allemagne en t’installant à Londres, clairement. T’as quand même eu l’occasion de faire un stage au Conseil de l’Europe, c’est un bon souvenir ? Oui, c’est un très bon souvenir parce que c’est la première fois que je pouvais travailler dans une équipe très internationale.
J’étais la seule française de mon groupe. Et c’était d’ailleurs la première fois que je travaillais 100% en anglais. Et c’est à ce moment-là que je me suis dit, il faut que je vive une autre expérience à l’international et que je me détache un petit peu de l’Allemagne pour parfaire toutes mes connaissances et juste pour améliorer ma langue. la langue anglaise. Et j’avais déjà pensé à ce moment-là un petit peu à m’établir peut-être un jour en Angleterre.
Mon projet commençait un peu à s’améliorer. Alors tu travailles au sein d’un cabinet de conseil à Paris et puis ton copain, lui, a une proposition pour s’établir à Londres. Il est muté là-bas. Alors quand on est muté par une entreprise, c’est peut-être un peu plus facile ? La démarche a été prise en charge par l’entreprise de ton copain ?
Alors lui, il a changé de travail, mais tout a été pris en charge par l’entreprise parce qu’en fait, le cabinet ne trouvait pas de travailleurs britanniques qui pouvaient travailler sur ce projet-là en particulier. Donc, il recherchait une compétence particulière et dans ce cas-là, l’entreprise a le droit d’embaucher un étranger. Et effectivement, l’entreprise a tout pris en charge, le visa, le sponsor, etc. C’était un peu plus simple. C’était un peu plus facile.
Alors pour toi, en effet, c’est plus compliqué. Juillet 2023, tu vas là-bas et puis tu pars à la fameuse recherche de ce sponsor. On peut raconter aux auditeurs à quoi sert le sponsor dans le cadre d’un visa. Oui, alors le sponsor, c’est le fait de trouver une entreprise qui accepte de nous parrainer pour qu’on puisse venir travailler en Angleterre. Donc le principe, c’est que l’entreprise prend en charge et paie pour nous le visa.
Et nous, on a juste à payer le reste, c’est-à-dire le NHS, l’assurance santé. Mais voilà, le principe, c’est que le travailleur est couvert par son entreprise et qu’on n’a pas d’autres démarches administratives à faire. Pour toi, tu ne vas pas le trouver tout de suite, tu fais des allers-retours. D’ailleurs, tu te rends compte au cours des allers-retours que même la douane, ça s’est renforcé un petit peu. Plus souvent, on te pose des questions.
Plus souvent, on te demande des documents. Pas forcément quand tu prends le train, mais surtout pour le ferry ou le bus, par exemple. Oui. Effectivement, on me demandait souvent ce que j’allais faire en Angleterre, combien de temps je restais, si j’allais voir une personne en particulier. Et on se sent un peu mal quand on reçoit ce genre de questions parce que c’était presque systématique.
Et même parfois, on nous demandait des preuves et donc il fallait montrer un bien retour. Et en ce sens, c’est vrai qu’on ne se sent pas très bien accueilli. On se sent même de trop. Et c’est vrai que ce n’était pas très agréable à vivre et ça a créé une angoisse de plus, je dirais. Depuis décembre, tu as décidé de changer ton fusil d’épaule, de partir sur le partenaire Visa.
Donc c’est l’idée de rejoindre ton partenaire sur place. Mais attention, ça doit se faire hors Angleterre parce que si tu te fais choper alors que tu es sur le territoire, tu es expulsé à vie. Oui, c’est ce qui était écrit dans les documents. C’était très menaçant. Oui, je suis rentrée définitivement en France.
J’ai fait toutes les démarches depuis la France et ensuite, il fallait que j’attende une réponse. du home office pour revenir en Angleterre et c’était d’ailleurs très frustrant parce qu’à ce moment là j’étais coincée chez moi alors que des amis de la famille venaient me rendre visite à Londres mais moi j’avais l’interdiction de venir même en tant que touriste parce que je me suis posé la question mais c’était clairement il fallait pas trop risquer ça. Et là la petite découverte c’est qu’il faut sortir son carnet de chèques parce que tu dois dépenser, ça t’a coûté à peu près 3000 euros ? Oui, exactement, plus quelques frais pour payer une traductrice à Sermontey, qui a dû traduire notre PAX. Parce que tu te PAX pour prouver que c’est ton partenaire, mais lorsque le document est en français, tu ne peux pas le donner aux autorités anglaises.
Bonne petite surprise de traduction du coup. Concrètement, ce qu’on te fait passer comme message, c’est les Britanniques d’abord. Oui, exactement. Et moi, je pensais qu’une fois qu’on aurait le visa, ce serait un peu plus simple. Mais même en ayant un visa, on nous fait bien comprendre que ce sont les Britanniques d’abord.
Alors, pas tout le monde encore. Je ne veux pas faire de généralité, mais je l’entends. J’ai reçu des mails où c’est écrit clairement. Et parfois, les entreprises sont désolées aussi. On me l’a fait comprendre, mais voilà.
Mais c’est vrai qu’on le ressent. Et encore une fois, on le ressent dans le monde du travail. Administrativement parlant, on le ressent aussi, mais pas dans la ville en elle-même, puisqu’il n’y a que des étrangers. C’est ça, c’est que le paradoxe, c’est que c’est une ville extrêmement cosmopolite. que toutes les nationalités font partie de cette capitale anglaise.
Donc c’est un peu le paradoxe d’une ville clairement ouverte sur le monde qui, aujourd’hui, a un peu changé les règles spécifiquement envers les membres de l’Union Européenne, finalement. Oui, exactement. Et je fais beaucoup de danse à Londres, par exemple, et je ne suis qu’avec des Italiens, des Espagnols, des Portugais, etc. Ils sont tous arrivés avant le Brexit, donc ils ne se sont pas vraiment rendus compte de ce qui se passait. C’est ça, je pense que le grand enseignement, et c’est pour ça aussi que je tenais à faire ce podcast avec toi, c’est que tous ceux qui ont vécu l’avant Brexit et jusqu’à il y a quelques mois finalement, ils sont établis, ils ont les documents qui sont en règle, tout va bien et ça n’a pas changé grand chose.
C’est pour les nouveaux qui veulent s’établir aujourd’hui qu’on sent que ça pique un peu. Oui, exactement. Et je pense qu’en tant qu’Européen, c’est déjà plus simple, entre guillemets, je pèse mes mots, que pour les personnes hors UE. Parce que finalement, j’ai attendu que trois semaines avant d’avoir mon visa. Je sais que pour d’autres personnes, c’est peut-être encore plus compliqué.
Et puis un dernier mot concernant le logement. C’est une grande capitale, un peu partout. Le logement, ça s’est tendu, le sujet est devenu un petit peu plus compliqué. Vous avez finalement trouvé aujourd’hui, vous arrivez à vivre en couple à Londres ? Oui, on a réussi à trouver un logement.
C’était très compliqué, surtout à cause de moi au départ, parce qu’à ce moment-là, quand on recherchait, je n’avais pas de visa. Et pour louer un logement, il faut avoir un visa, donc on a tout mis sur le nom de mon copain au départ. Mais le propriétaire a bien compris la situation et je pense qu’on a eu quand même de la chance. On paie assez cher, mais on est quand même dans le centre de Londres, donc c’est très agréable. Et finalement, je préfère cette ville-là à celle de Paris, concernant tout ce qui est logement, etc., puisque la qualité de vie est quand même là.
Bon, on rappelle évidemment que c’est ton témoignage, c’est un point de vue, c’est peut-être pas une généralité qu’on doit en tirer, mais le petit warning qui s’allume, c’est que quand même, les démarches sont plus compliquées, plus coûteux et qu’il faut s’armer un peu de patience et respecter les nouvelles règles en vigueur finalement. Oui, et un petit conseil pour un dernier mot peut-être, c’est bien se renseigner avant de partir parce que je pense que j’ai été un petit peu naïve aussi, que tout à prendre sur l’état, ce n’est pas forcément très agréable et qu’il faut vraiment s’entourer et se renseigner avant. Quitte à prendre un conseil pour trouver le bon visa et au coût le plus maîtrisé, parce que c’est tout simple, l’histoire du PAC c’est de devoir faire traduire ce document, c’est une surprise désagréable, une facture qui tombe pas prévue. Exactement, il faut juste trouver les bons groupes. Groupe Facebook, c’est bien, mais il faut chercher ailleurs aussi, pour ne pas avoir de mauvaise surprise.
Et bien Pauline, j’espère maintenant que tout est rentré dans l’ordre et que tu vas profiter le plus possible de cet él-amour franco-anglaise qui existe depuis toujours. C’est historique. Merci. A très vite, au plaisir. Merci.
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