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Avez-vous déjà envisagé de tout quitter pour vivre à l’étranger, mais vous vous êtes demandé comment cela pourrait réellement se passer ?
Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous invite à découvrir l’histoire inspirante de Mélanie Stevenson, alias The Frenglish Girl. À travers une discussion captivante, Mélanie partage son parcours d’expatriée en Angleterre, ses défis, ses réussites et ses réflexions sur la vie loin de son pays d’origine.
Mélanie Stevenson est une influenceuse française vivant à Bristol, en Angleterre, où elle a bâti une communauté de 15 000 abonnés sur Instagram. Originaire de Lorraine, elle a toujours été fascinée par la langue anglaise, ce qui l’a poussée à poursuivre des études en commerce international et à vivre des expériences à l’étranger, notamment aux États-Unis. Après avoir travaillé dans le marketing et le e-commerce, Mélanie a perdu son emploi et a décidé de se lancer dans la création de contenu pour aborder les défis et les joies de l’expatriation, en particulier pour les séjours de longue durée.
Cet épisode se concentre sur le parcours de Mélanie et les raisons qui l’ont poussée à créer The Frenglish Girl, un espace en ligne dédié à l’expérience des expatriés français. Elle aborde des sujets tels que le bilinguisme, les différences culturelles entre la France et l’Angleterre, et les défis liés à l’éloignement familial. Mélanie parle également de la nécessité de maintenir des liens culturels avec la France tout en s’intégrant dans la société anglaise. Grâce à son compte Instagram et à sa newsletter, elle partage des astuces, des retours d’expérience et des réflexions personnelles, offrant ainsi un précieux soutien à ceux qui vivent une expérience similaire.
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Chapitrage de l’épisode :
Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Mélanie Stephenson. On part en Angleterre retrouver The Frenglish Girl. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
Avec une belle grande communauté, deux français sans doute qui la suivent de loin. On retrouve Mélanie, elle est à Bristol et elle va nous raconter son histoire, son parcours. Bienvenue sur l’antenne de la radio des Français dans le Monde. Bonjour Gauthier ! Habituée à parler aux gens, tu as une belle grande communauté de 15 000 followers, donc t’exprimer, tout ça, ça devrait être facile pour toi.
Ouais, on pourrait croire quand on fait des vidéos sur Instagram qu’on est à l’aise avec ça, mais non, non, c’est quand même intimidant, même encore, même encore aujourd’hui. Mais je suis quelqu’un qui aime bien sortir de sa zone de confort, donc j’essaie de ne pas laisser ça m’arrêter. Eh bien écoute, on va revenir sur ton parcours qui commence dans un petit village près de Nancy. Tu vas faire toutes tes études, du primaire jusqu’à prépa en Lorraine. Et là, tu te dis qu’il y a un truc qui te passionne malgré tout.
Au-dessus de tout, c’est l’anglais. Mais tu sais pas pourquoi. Depuis que j’ai commencé les cours d’anglais en sixième, ça a toujours été ma matière préférée, je ne me l’explique pas trop. Je trouve ça juste fascinant que des gens utilisent des mots différents pour s’exprimer et de se dire, tiens, ça c’est la traduction de tel mot et j’avais juste envie de connaître la traduction de tous les mots et puis j’ai fait ça au fur et à mesure jusqu’à vouloir pousser l’exercice de devenir bilingue plus loin en allant vivre à l’étranger. En effet, dans une école de commerce, tu vas étudier à la moitié de ton temps en anglais et faire un semestre aux USA, à Bristol aussi.
Bristol te court après toi, quand il y a une ville qui s’appelle Bristol. Est-ce qu’il y a d’autres endroits dans le monde qui s’appellent Bristol ? Il va falloir y vivre aussi. Je ne sais pas. C’est une grosse coïncidence que je sois allée étudier à Bristol, aux Etats-Unis.
Et maintenant, je me retrouve à Bristol, en Angleterre. Grosse coïncidence. Souvenir de cette vie aux USA pendant quelques mois.
C’est vraiment ce qui a planté la graine de vouloir repartir à l’étranger. J’ai eu la chance de partir dans ce semestre d’études avec des frais moindres parce qu’on a la chance en France d’avoir des partenariats avec des universités américaines, ce qui permet d’aller étudier là-bas sans avoir les frais que les étudiants américains peuvent avoir. Donc, c’était vraiment le rêve éveillé d’être sur un campus vraiment à l’américaine, avec des grands bâtiments, des grandes herbes, des grandes herbes vertes, comme dans les séries. Est-ce que tu as été pom-pom girl ? Non, j’aurais bien aimé.
En plus, c’était un peu l’époque d’après High School Musical, donc j’aurais adoré. Mais non, je n’ai pas fait. Je pense que je n’avais pas les compétences de toute façon. Alors, on a failli se retrouver avec toi au Canada. T’étais sur le point de partir.
Récession, tout ça s’annule. Tu te retrouves un peu coincé à Nancy. Tu te dis, il faut que je trouve une solution. Tu repères une offre à Londres. Tu vas faire un CDD pendant un an dans une boîte qui s’appelle Merci Maman.
Ce sont des bijoux. Et tout a changé pour cette petite société familiale lorsque Kate a porté les bijoux. Oui, donc j’étais la première employée de cette société de bijoux, c’est des bijoux personnalisés à la main. Donc ça s’appelle Merci Maman parce que c’est une boîte qui a été fondée en Angleterre mais par deux français, un couple de français et donc ils cherchaient à recruter leur premier employé et donc c’était moi. Et la société a grandi, a fait son petit bout de chemin et a explosé au moment où Kate Middleton, qu’on appelle ici la duchesse de Cambridge, a été vue portant un de nos bijoux.
En plus, dans la rue, vraiment pas une occasion, mais vraiment dans la vie de tous les jours. Et là, une fois que ça s’est su que ça venait de chez nous, les commandes du monde entier ont afflué. Merci maman et merci Kate du coup. Merci Kate. Ensuite, tu vas faire quelques boulots dans le marketing et le e-commerce jusqu’à être licencié il y a quelques mois.
Alors un petit mot, justement, on parlait hors antenne de la différence entre les Français et les Anglais. Souvent, les Français ont du mal à se rendre compte qu’on est dans une société qui est quand même plutôt avantageuse. Il y a tout un dispositif de chômage en France. Rappelons comment ça fonctionne lorsqu’on est licencié en Angleterre. Il peut y avoir des indemnités chômage mais il faut déjà travailler dans sa société depuis deux ans.
Moi je travaille pour une start-up à Bristol depuis un an et demi et des brouettes donc j’y avais pas le droit.
Donc, c’est vrai qu’on se retrouve du jour au lendemain au chômage économique, puisque moi, la société pour laquelle je travaillais a fermé ses portes parce qu’il nous fallait lever des fonds qu’on n’a pas réussi à acquérir en période de récession. Et donc, on se retrouve du jour au lendemain sans indemnité, sans revenu. Et du coup, il faut, comme on dit, se sortir les doigts pour passer à la suite. Ce qui est, je pense, parfois bien. Ça pousse à être plus proactif.
Et c’est vrai qu’il n’y a pas de filet de sécurité et qu’en France, on a quand même cette énorme chance d’avoir le chômage. À ce moment-là, tu vis à Bristol depuis cinq ans. Bristol est à deux heures en voiture de Londres. Tu as un mari qui est anglais, qui ne parle pas français et un petit bébé qui a maintenant cinq ans. Ce n’est plus un bébé maintenant.
Juste un mot d’ailleurs, justement, sur le maintien du français à la maison. Lorsque le papa est anglais, comment on fait pour que l’enfant soit quand même baigné dans cette culture ? C’était source d’anxiété quand j’étais enceinte de me demander si j’allais réussir à transmettre ma culture française parce que c’est quelque chose qui me tient énormément à cœur. Il était hors de question qu’elle n’apprenne pas au moins le français. Je n’ai pas trouvé trop de ressources à l’époque donc c’est vrai que j’ai un peu fait ça à ma sauce.
Et donc, d’ailleurs, maintenant, c’est quelque chose sur lequel j’ai écrit en long, en large et en travers parce que je veux partager le fait que c’est possible. Moi, ma fille a 5 ans et parle parfaitement anglais et français. Et effectivement, quand mon mari ne parle pas français à la maison, je parle français avec elle que quand on est toutes les deux. Donc, ça veut dire que quand mon mari rentre dans une pièce, on switch en anglais parce que je ne veux pas que mon mari se sente mis à l’écart dans sa propre maison. Ben normal.
Et comme souvent, comme pour la radio des français dans le monde que j’ai créé parce que ça n’existait pas, tu as du coup lancé un compte Instagram, notamment pour parler de ces sujets, du bilinguisme et tous les sujets autour de la vie d’une Française en Angleterre. Et le compte s’appelle The Frenglish Girl. 15 000 followers, dis donc, c’est vachement beaucoup. Oui, ça m’a énormément surpris. En fait, j’ai commencé ce compte Instagram quand j’ai perdu mon travail au début de l’été dernier.
Je postulais bien sûr, j’envoyais des CV, je regardais les annonces, mais j’avais bien conscience qu’il fallait que je m’occupe aussi à faire d’autres choses dans la journée au risque de devenir un peu folle parce que voilà, postuler toute la journée, c’est quand même drainant psychologiquement. Et je cherchais depuis un moment quelqu’un qui parlerait de l’expatriation, mais notamment de l’expatriation de longue durée, parce qu’on parle beaucoup de l’expatriation de 1, 2, 3 ans. Mais quand on est là depuis 15 ans, on est presque plus immigrés, mais je pense qu’on est beaucoup encore à s’estimer expats, parce qu’on est vraiment encore très français et on sait que ça ne changera pas. Il y a des sujets qui changent parce qu’on n’a pas forcément l’option de rentrer en France, parce que son conjoint ne parle pas français, parce que ses parents vieillissent. Il y a plein de choses qui sont très différentes dans l’expatriation de longue date et sur lesquelles il n’y a pas forcément énormément de ressources.
Ou alors parce qu’il y a aussi des sujets tabous dont on n’ose pas trop parler et on n’a pas trop envie de s’épancher, surtout en ligne. Donc je me suis dit pourquoi pas m’essayer à ça. Et donc, j’ai fait quelques vidéos au début de l’été que j’ai postées pendant qu’en fait, j’ai repris un nouveau travail en freelance. Donc, je n’ai pas trop eu le temps de m’occuper de ce compte Instagram, mais j’ai posté ce que j’avais fait pendant mon temps libre. Et puis, en fait, au bout de l’été, au bout de quelques semaines, j’avais 10 000 abonnés sur cette chaîne à ma grande surprise.
Et je me suis dit, il y a quelque chose à creuser, c’est que je ne suis pas la seule à vouloir parler de ces sujets-là. Alors visiblement, ça continue à prendre de l’ampleur. On le disait, 15 000 followers. Une newsletter qui est envoyée tous les samedis. Il y a un site web également.
Tu partages des astuces, des retours d’expérience. Tous ces sujets, du coup, qu’on connaît bien sur la radio des Français dans le monde. Et c’est marrant que tu parles des sujets un peu dans l’ombre, les sujets un peu tabous. C’est vrai que dès qu’on est sur des sujets moins faciles, on a moins de ressources et moins facile d’être éclairé. Donc, tu tiens à aller notamment dans ces zones là.
Oui, ce n’est pas toujours facile pour moi d’ailleurs de me dire, me dévoiler. Alors après, je dévoile ce que j’ai envie de dévoiler parce que j’estime aussi que ça va aider d’autres. Donc, c’est un intérêt de le faire. Je pense que c’est pour ça que ça peut manquer de ressources. C’est vrai et c’est souvent ces articles où je sens que je me dévoile et que je parle de sujets un peu, on peut avoir une certaine forme de culpabilité ou de honte.
Il y a beaucoup plus de commentaires parce qu’on se rend compte qu’on n’est pas seul. Je sais qu’un des articles qui est très populaire, c’est ce que j’appelle dans mes termes le dilemme des vacances en France, où justement quand on expate, on se sent obligé de toujours rentrer en France par rapport à sa famille. à ses amis, mais en fait, c’est épuisant. On ne profite pas de sa famille nucléaire, donc de son mari, de ses enfants de la même façon. Et c’est très difficile d’avoir cette conversation avec sa famille, de dire, moi, je l’ai fait avec ma femme en disant une fois par an, je veux partir ailleurs, que avec mon mari, que avec ma fille.
C’est rien contre vous, mais on a besoin de repos. On a besoin de temps, de qualité. que entre nous et en fait il y a énormément de gens qui m’ont rapporté la même chose et qui m’ont dit un des mots qui revient beaucoup de mes lectrices c’est dans les articles on trouve du réconfort et c’est vraiment là ce qui me fait le plus de bien parce qu’en fait c’est aussi pour ça que je l’ai commencé c’est que quand j’ai déménagé à Bristol, après dix ans à Londres, je me suis rendu compte que j’avais complètement sous-estimé ce que le fait d’être entouré d’une grosse communauté française dans la capitale m’apportait en termes de santé mentale. En fait j’avais complètement pris pour acquis et puis je me suis retrouvée à Bristol sans connaître personne, ni français ni anglais. Alors en plus juste avant la pandémie donc ça n’a pas aidé à rencontrer du monde et je me suis rendu compte en fait qu’en étant isolée, même si j’avais un nouveau-né dont je m’occupais, et mon mari qui était bien sûr à mes côtés.
On a quand même besoin de se nourrir d’autres gens, de leurs expériences, de leurs anecdotes. Et ça m’a vraiment fait prendre conscience de ce que cette communauté des Français au Royaume-Uni et à l’étranger m’a apporté.
rendre ça en me disant il faut un endroit en ligne où on puisse parler de ces choses où des fois on se parle juste entre entre expats le soir avec une bière au pub mais il y a des gens qui n’ont pas accès à ça parce qu’ils sont dans des coins plus isolés de l’Angleterre et il faut qu’il y ait un endroit pour parler de ça parce que c’est un pilier de la santé mentale selon moi. Alors tu parlais de te nourrir de toutes ces informations, mais il faut aussi se nourrir tout court, arriver à gagner sa vie avec un média que tu crées comme ça en quelques mois. C’est facile ou pas ? Je connais la réponse. Il faut que j’imagine.
Non, ce n’est pas facile du tout. C’est un gros, gros pari que je prends cette année. On a clairement dû revoir nos dépenses, les rationaliser avec mon mari. Je me donne un an pour voir ce que j’arrive à faire de l’écriture. Et si j’arrive à en vivre, j’arrive déjà à en faire, ce n’est pas un salaire du tout, mais à gagner un peu d’argent en faisant notamment des partenariats sur Instagram.
Donc pour l’instant, c’est vraiment ça qui me permet d’arrondir les fins de mois. Mais voilà, je travaille à essayer d’en faire peut-être un projet de plus longue durée. C’est ce que j’espère en tout cas. En tout cas, Mélanie, content d’avoir pu éclairer ton compte Instagram, ta newsletter. Abonnez-vous.
Tout ça est très bien fait. C’est très propre. C’est des vrais sujets. Il y a de la pertinence. Je ne suis pas surpris que ça fonctionne bien.
Et très heureux d’avoir dû parler de toi aujourd’hui sur la radio. Merci, Gauthier. Et puis, bon courage pour la suite. C’est quoi les grands projets ? Des petites choses à annoncer ?
C’est vraiment de continuer. Je crois vraiment que pour que quelque chose marche, il faut vraiment le faire dans la continuité. Donc c’est vraiment ça mon but, c’est de réussir à écrire chaque semaine sur des thèmes différents, rentrer dans des sujets plus profonds et puis me faire connaître d’un maximum de personnes pour pouvoir en faire bénéficier le plus de Français au Royaume-Uni et à l’étranger. Donc merci à toi de diffuser le message et de faire connaître The Frenglish Girl. Eh bien, merci beaucoup en tout cas pour cette jolie présentation.
Au plaisir de te retrouver du coup. Merci. Au revoir, Gauthier. Vous écoutez la voix des expats.
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