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Avez-vous déjà réfléchi à la manière dont la grossesse et l’accouchement peuvent varier d’un pays à l’autre? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys s’entretient avec Marion Daron, une sage-femme expatriée, pour explorer le concept de « Naissances nomades ». Ensemble, ils discutent des défis et des joies de vivre une grossesse à l’étranger, ainsi que des différences culturelles et médicales qui peuvent influencer cette expérience unique.
Marion Daron, notre invitée, est une sage-femme passionnée par son métier et par l’accompagnement des femmes pendant la grossesse et l’accouchement. Originaire de Tarbes, elle a étudié à Bordeaux avant de travailler en région parisienne et à Londres. Elle a ensuite vécu aux Philippines et au Congo, où elle a acquis une riche expérience internationale. Mère de cinq enfants, elle a également cofondé « Naissances Nomades« , un programme d’accompagnement en ligne pour les femmes francophones expatriées.
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Chapitrage de l’épisode
Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Écoutez des parcours inspirants et des paroles d’experts sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Marion Daron. On va parler de naissance nomade. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
francaisdanslemonde.fr. On va parler de cette très incroyable période de la vie. Ça dure à peu près neuf mois. C’est la grossesse jusqu’à l’accouchement. Ça peut être très naturel ou parfois très médicalisé, avec des qualités d’accompagnement très différents à travers le monde.
C’est une spécialiste qui va en parler avec nous. Marion, spécialiste à deux niveaux, d’abord sur un point de vue professionnel, mais aussi personnel, avec cinq enfants. Bonjour, Marion. Bonjour, Gauthier. Comment on peut avoir envie de faire cinq enfants ?
Tout le monde m’a posé la question, mais quand on aime ça, tu vois, on y va. Alors on va parler de ton travail de sage-femme. Tu es basé à Congo, au Brazzaville, pointe noire, plutôt un endroit merveilleux, joli comme tout, un beau coin de l’Afrique. Ah oui, c’est magnifique, j’aime beaucoup cette ville de Pointe-Noire, de bord de mer. Alors avant, on retourne dans le sud-ouest.
Tu es originaire du Tarn, tu fais des études à Bordeaux, études donc de sage-femme. Tu m’as expliqué d’ailleurs, parce que je me questionnais, je me posais la question, pourquoi sage-femme ? Tu expliquais la définition de ce terme. Oui, moi je suis originaire de Tarb, je corrige. Oh pardon !
Et sage-femme, moi j’ai toujours été passionnée par le moment de la naissance. C’est quelque chose qui m’a fascinée depuis le lycée. Et sage-femme, c’est un beau terme parce que la sage-femme, elle permet à la femme de devenir sage elle-même. D’accord. En accédant à cette sagesse de l’accouchement et de la maternité.
Alors, tu vas bosser un peu en région parisienne et ensuite, tu as envie de perfectionner ton anglais parce que tu sais que l’international sera sans doute sur ta route. Du coup, tu t’installes à Londres et tu y vis pendant 18 mois. Tu bosses à l’hôpital. Là, l’obstétrique anglaise, tu m’as dit, c’était très différent de ce que tu avais appris à l’école française. Et oui, c’est génial parce qu’à Londres, c’est une femme et une sage-femme.
Donc, quand tu accompagnes une femme au travail, tu ne cours pas dans tous les sens, tu restes avec ta patiente et c’est très physio. Les Anglaises, elles veulent accoucher naturellement. Donc du coup, il y a beaucoup de moyens qui sont mis. Il y a des baignoires. On peut bouger pendant le travail.
C’est hyper intéressant. Une belle expérience. Et puis, tu rencontres ton futur mari, qui est français, mais qui a beaucoup vécu à l’international également, l’Afrique et la Chine. Vous allez décider tous les deux de partir aux Philippines. Une grande expérience.
Tu m’as dit c’est life changing. Il y a un avant, il y a un après. Une expérience pour aider les enfants des bidonvilles des Philippines. Ça change la vie. Oui, c’était extraordinaire.
On est partis deux ans avec la fondation ANAK, un pont pour les enfants, et on a été baignés dans cet environnement de famille hyper pauvre de Manille. Vraiment, j’ai rencontré beaucoup de jeunes mères qui vivent dans des conditions extrêmes et qui élèvent leurs enfants dans des bidonvilles sur la décharge publique, et qui sont des femmes et qui se battent jour après jour pour faire grandir leurs enfants. Et donc nous, dans la fondation, on avait des écoles maternelles dans les bidonvillées. Donc moi, je visitais les enfants et je faisais le lien avec les centres de santé locaux. Donc c’était bouleversant et très, très fort.
On est d’accord qu’on a incapacité à. Imaginer ce que tu as pu vivre. Oui, c’est vrai que c’est complètement dingue et on y pense régulièrement et ça fait vraiment partie de notre vie et on est hyper attaché à cette fondation et aux enfants qu’on a vus grandir. Et puis vous allez vivre une sacrée expérience au sein du couple avec le premier enfant qui va naître là-bas. Quatre autres vont suivre, je l’ai dit, qui sont nés un peu en France, un peu en Afrique.
Deux sont nés à la maison. T’as tenu à vivre cette expérience ? Oui, j’avais eu la chance de faire un stage pendant mes études de sage-femme avec une sage-femme qui pratiquait l’accompagnement global et l’accouchement accompagné à domicile. Et ça m’avait vraiment bouleversée aussi de voir ses naissances magnifiques. Et donc, j’ai voulu vivre ça moi aussi en France et puis au Congo également.
Vous allez en faire d’autres ? Ça, je ne sais pas. J’ai tenté le scoop sur la radio des français dans le monde mais bon. Tu vas ensuite rentrer en France, master dans la santé publique internationale et le stage tu vas le réaliser au Congo, ça tombe bien, ton mari a un poste là-bas et vous allez vous y installer, ça dure depuis dix ans donc on peut considérer que ça se passe bien. Ah oui, c’est vrai qu’on s’attache beaucoup au Congo, aux Congolais et à cette vie très chouette de petite ville congolaise, qui est une grosse ville, mais on a la chance de tout avoir à proximité.
Avec des enfants petits, c’est vraiment une chance de pouvoir vivre là-bas. Depuis deux ans, tu as monté avec Marie, que l’on salue au passage, un système d’accompagnement en ligne pour les femmes francophones qui sont en expatriation. Ça s’appelle Naissance Nomade. Quelle a été la petite flamme qui a poussé et qui t’a donné envie de t’occuper de ce public bien particulier ? En fait, c’est pas simple d’être enceinte à l’étranger et de préparer son accouchement à l’étranger, en particulier quand on va accoucher dans un autre pays que son pays de résidence, et que ça suscite pas mal de stress et de vécu pas toujours facile.
Et donc on se dit en fait, C’est dommage parfois de ne pas le vivre pleinement et de vivre ce stress et cette solitude. Et on a voulu mettre notre expérience de sage-femme, mon expérience de sage-femme et notre expérience de mère au service d’autres femmes. Tu m’as dit qu’en France, le niveau de qualité était très haut, le système est très rodé, tout est gratuit. Ce n’est pas le cas dans les différents pays du monde. Oui, c’est ça.
En France, on a vraiment de la chance. On ne s’en rend peut-être pas compte, mais quand on vit ailleurs, on réalise à quel point les professionnels de santé sont bien formés. Globalement, ils sont à l’écoute. Et ce n’est pas toujours le cas ailleurs, malheureusement. Il faut être assez autonome sur son suivi de grossesse, notamment.
J’entends beaucoup de femmes qui me disent, en fait, je ne sais pas trop ce que je dois faire, à quel moment, quand. Est-ce que les examens qu’on me propose sont adaptés ou pas ? Est-ce que je dois les faire ou pas ? les échos, à quel moment ? Il y a vachement de questions et pas mal de stress parce que forcément, ça touche à la vie d’un petit être.
Et puis, dans un contexte où on sait qu’aujourd’hui, il y a plus d’infertilité, ça suscite plus de questions et on a besoin d’être accompagné pour ces sujets-là. D’ailleurs, au passage, je salue Marie qui nous a mis en relation, qui traite le sujet de l’infertilité. Je suppose que ça arrive à ce que vous travaillez toutes les deux. Exactement. Il y a beaucoup de similitudes entre nos projets parce qu’on a fait le constat de la difficulté d’être bien accompagnée et bien écoutée aussi.
Vous pouvez écouter le podcast de Marie qui s’appelle Ensemble, une structure qu’elle a montée, très passionnante. Revenons sur naissance nomade. L’approche que vous avez retenue est plutôt une approche couple plutôt que juste la femme enceinte. Exactement. On pense vraiment que c’est hyper important de vivre les choses à deux.
et que le conjoint soit bien conscient de ce qui se passe et de ce qui se joue, de ce qui se vit pour la femme qui porte l’enfant, et que le projet d’accouchement et de postpartum soit bien pensé à deux. Et le conjoint, il a vraiment son rôle à jouer. C’est génial de pouvoir faire ça à deux. Est-ce que si dans la tête, la femme va bien, le conjoint va bien et qu’on parle facilement de tous les sujets, est-ce que c’est plus facile une grossesse que si on l’appréhende avec du stress, avec de l’angoisse, avec une approche un peu « je suis malade ». Oui, c’est clair que le fait de pouvoir aborder les sujets, comprendre ce qui se passe dans son corps, comprendre pourquoi j’ai telle émotion ou tels symptômes, vraiment, ça aide à dédramatiser, à se sentir que ça va, que c’est normal.
Ou au contraire, s’il y a une pathologie, à pouvoir l’identifier en disant, ok, ça c’est pas normal et là je peux consulter. Voilà, juste ne pas être seule avec ses questions et se sentir accompagnée. C’est vrai, ses envies de goût, ses parfums qui gaquent. Tout ça, c’est le métabolisme qui est chamboulé. On arrive à bien comprendre ce qui se passe aujourd’hui.
Oui, c’est ça, c’est hormonal. Il y a vraiment des choses qui changent. Il y a vraiment un grand changement dans le corps, comme tu dis, métabolique. Et donc, ça explique pas mal de choses. Et le fait d’être enceinte avec la famille, les amis qui sont loin, qui sont restés en France, qu’on vit ça parfois de façon un peu solitaire, c’est à éviter ?
Il faut essayer de s’entourer, justement ? Oui, c’est ça, c’est une des composantes, c’est qu’on peut être seul, surtout si on arrive dans son pays d’expat, on n’a pas encore ce réseau-là, ou si on est en poste, on n’a pas forcément le réseau des femmes, des jeunes mamans avec des bébés, etc. Et oui, c’est bien de recréer un cocon, de recréer une communauté de futurs parents avec qui on peut échanger, se sentir connecté, en fait. Alors toi Marion et Marie, vous avez proposé un parcours vidéo accompagné de séances en visio, en groupe ou en solo, ça dépend un peu des envies des personnes qui font partie de ce projet Naissance Nomade, un accompagnement régulier. C’est important parce que de la grossesse à l’accouchement jusqu’au postpartum, qui peut être aussi une période un peu sensible.
Et oui, le postpartum, c’est clair qu’on n’y pense pas forcément et on ne le sait pas tant qu’on ne l’a pas vécu. Evidemment, on ne sait pas, sauf si on a eu des proches, des soeurs ou des amis qui nous l’ont raconté. Mais oui, c’est une période de tempête émotionnelle qui peut bien se passer ou qui peut aussi être un peu plus difficile. Et ce qui est clair, c’est qu’il ne faut pas être seul. En tout cas, on a besoin d’être aider, déjà concrètement, matériellement, de pouvoir s’appuyer sur d’autres et de pouvoir poser ses questions sur l’allaitement, sur…
plein de choses sur des douleurs ou des ressentis, des émotions négatives, de pouvoir le verbaliser et voilà. Avec 3 millions d’auditeurs à travers le monde, on peut imaginer qu’un certain nombre de nos auditrices sont peut-être dans cette situation. Tu conseilles de commencer l’aventure Naissance Nomade de la quelle façon ? Moi je conseille, pour l’instant on a ce parcours sur la naissance, de comment préparer son accouchement, et en fait vraiment comprendre la physiologie de la naissance, pouvoir se sentir familière en fait de ce qui se passe. Et donc l’idée c’est de pouvoir commencer au deuxième trimestre ce parcours pour préparer son accouchement.
Et donc vous pouvez commencer comme ça, et puis par la suite nous on va développer nos parcours sur la grossesse et le postpartum. Mais il y a un bon moyen, c’est de préparer son accousement. Très bien. En tout cas, si t’entendre aujourd’hui, ça a inspiré nos auditrices ou auditeurs, parce qu’il y a des papas qui peuvent décider de prendre aussi le taureau par les cornes. Ils peuvent te contacter.
Le lien est dans ce podcast. Merci, Marion. Tu fais quand même un des plus beaux métiers du monde. On est d’accord ? Merci.
Je ne vais pas dire le contraire. J’adore mon métier. Je te souhaite encore le meilleur. Au plaisir de te retrouver. Merci beaucoup, Gauthier.
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