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Qu’est-ce qui pousse une personne à devenir une véritable citoyenne du monde, à embrasser différentes cultures et à s’installer aux quatre coins du globe ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », nous rencontrons Leïla Bello, une expatriée qui a vécu sur plusieurs continents et qui partage avec nous son parcours fascinant. À travers son expérience, nous explorons les motivations et les défis de ceux qui choisissent de vivre loin de leur pays d’origine.
Née en Sicile, elle a des racines françaises, éthiopiennes et italiennes, et a passé une partie de sa vie aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est. Actuellement vice-présidente de la section Hanoi de l’association Français du Monde ADFE, elle incarne parfaitement le mélange culturel et l’ouverture d’esprit qui caractérisent les citoyens du monde. Son parcours professionnel est tout aussi varié, allant du journalisme à la presse magazine et à la télévision, avant de se tourner vers des engagements associatifs.
Dans cet épisode, Leïla nous parle de son installation au Vietnam, un pays qui, au départ, ne l’avait pas séduite. Elle décrit les défis de l’adaptation culturelle et les difficultés rencontrées, notamment pendant la période du Covid-19. Leïla évoque également son engagement auprès de la communauté française expatriée, soulignant l’importance de créer des liens et de s’entraider loin de chez soi. Son récit est un témoignage inspirant de résilience et d’ouverture, offrant un aperçu précieux de la vie d’une expatriée dans un monde globalisé.
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Chapitrage de l’épisode :
10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
Nous allons faire la connaissance d’une véritable citoyenne du monde. Elle pourrait vivre une semaine dans un pays et échanger systématiquement, je suis sûr qu’elle le ferait. Voici Leïla Bello qui est à Hanoi au Vietnam avec 6 heures de décalage horaire. C’est le début d’après-midi pour moi au moment où j’enregistre ce podcast et c’est déjà la nuit pour Leïla. Leïla, bonjour !
Bonjour Gauthier. Je suis content de faire ta connaissance dans le cadre de Français du Monde ADFE. D’ailleurs, tu es vice-présidente de la section Hanoï, puisque dans le sud, il y a Ho Chi Minh. Dans le nord, il y a une autre section Français du Monde. C’est un grand pays, le Vietnam, et il y a deux sections.
On va faire un peu connaissance de ton parcours. Et d’ailleurs, rien qu’à la question de où es-tu originaire, on a déjà plusieurs pays qui sortent à ta réponse. France, Éthiopie via ta maman. Italie via ton papa. Et en plus, on va remarquer que tu as un petit accent anglais parce que tu es une anglophone de nature.
Ça fait déjà un mélange. Tu penses que ça joue dans l’envie de connaître et de visiter le monde ? Oui, entièrement. Ça donne aussi une ouverture et puis ça donne une curiosité aux gens de se dire mais d’où est-ce que je viens aussi ? Est-ce que tu as la réponse aujourd’hui ou d’où viens-tu ?
Alors c’est la question que j’aime le moins parce que je me dis ouf, je me dis vous avez deux minutes. Après j’ai du temps pour détailler parce que si je dis française, il y a un mélange métissa sur le visage. Si je dis italienne, il y a un accent anglais. Si je dis éthiopienne, je suis quand même un peu plus claire. Donc oui, je dis citoyenne du monde ou internationale.
On va dire citoyenne du monde. Tu nais en Sicile. Ensuite, tu veux faire des études de journalisme. Tu te dis que ça serait sympa. Direction Lille.
C’est très différent. Il y a un peu moins de soleil, mais tu as beaucoup aimé les Lillois et leur chaleur humaine. Tu fais un stage à la Voix du Nord et là, la passion du journalisme retombe un peu. C’est finalement pas aussi… T’es pas aussi libre que tu ne voulais.
Oui, alors je me suis dit c’est une passion que j’ai. Du coup, je ne voulais pas en faire un métier, mais garder cette passion et travailler dans d’autres choses, dans d’autres domaines dans lesquels je peux être encore mieux. Résultat, après Lille, tu retournes sur la côte d’Azur, des études, du travail. Et puis, comme tu aimes ce côté je découvre le monde, tu voulais absolument tester les USA. Tu vas partir en Caroline du Sud, puis en Californie pendant un an et trois mois.
On peut pas dire que les USA, ça t’a complètement plu. Non, pas trop. Il y a beaucoup de choses à apprendre de leur méthode de travailler, dans leurs plusieurs notions de vie et de joie ou de voir le monde. Mais par contre, en termes de qualité de vie, en fait, c’est que travailler, que bosser. Il faut aussi un petit peu en profiter de la vie.
Donc trop de travail, pas la réussite que tu voulais. Tu reviens en France à nouveau sur la Côte d’Azur. Puis 2003, départ à Dubaï et à Abu Dhabi, tu fais le Moyen-Orient. Là, tu fais un métier passionnant dans la presse magazine et la télévision. Tu grandis de statues, un nouveau poste, beaucoup de boulot.
Tu as adoré cette période ? Oui, absolument. À un très jeune âge, en fait, donc au Moyen-Orient, après en Asie Sud-Est, c’était extraordinaire. C’était une superbe expérience, mais Très, très, très prenant aussi en termes de temps, d’énergie. Donc, ça n’a pas arrêté, mais c’était une des meilleures leçons de vie dans ma vie.
Après, tu te dis que tu irais bien un peu en Amérique latine. Tu te voyais bien danser la salsa sur la plage, mais le groupe dans lequel tu travailles ne veut pas envoyer de femmes en Amérique latine trop difficile. Et donc, ce sera l’Asie. Oui, tout à fait. Moi qui me voyais en Amérique latine, du coup je finis en Asie sud-est.
C’était un continent que je ne voulais pas y aller, mais finalement que j’ai pris goût à grandir et à aimer pendant un an et demi, presque deux. Malaisie, Thaïlande, Singapour, beaucoup de responsabilités. Et ensuite, ce qui arrive quand on travaille de trop, un burn-out. Tu reviens en France, tu crées ta petite famille, tu rencontres ton mari qui est professeur. Il y a un enfant qui va naître sur la Côte d’Azur, un autre un peu plus tard au Vietnam.
Mais alors que vous êtes tous les deux là dans le sud de la France, vous avez encore envie d’international. Vous allez choisir l’Egypte, mais pas Tatra, le printemps arabe. Et oui, tout à fait. Parfois dans la vie, ce n’est pas toujours comme on le pense. Du coup, j’avais quitté mon emploi et puis on était prêts sur le départ.
Mais à deux semaines avant notre départ, quand on a commencé sur la place Thaïlande, on s’est dit que ce n’était pas une bonne idée d’aller en famille dans un pays en guerre, en fait. Clairement, on est d’accord, on est tous d’accord. Ce n’était pas le meilleur moment. Résultat, vous allez atterrir il y a dix ans au Vietnam. Et parle-moi un peu de tes premières semaines au Vietnam.
J’ai l’impression qu’il n’y avait pas de coup de cœur. Alors j’avoue que non, pas du tout. C’était même très compliqué. Avec le bruit au début, on n’explique pas à quel point, en fait, c’était très bruyant. Ça n’arrêtait pas, en fait.
Les gens se réveillaient très tard et dormaient très… Ils se réveillaient très tôt, pardon, et se couchaient très tard, mais on avait cette notion de bruit constamment. Il parlait pas anglais, c’était difficile de trouver des choses dont on avait besoin. Du coup, il y avait un grand trafic pour amener des choses soit de la France ou des pays voisins. Donc je me disais, mais qu’est-ce qu’on fait là ?
Alors tu m’as dit un truc très intéressant. Tu es loin de tes proches. Résultat, quand on vit une expatriation, tu m’as dit, je me suis créé une famille. Oui, forcément, parce qu’on n’a pas nos amis, nos familles qui sont les plus proches et ceux qu’on aime le plus. Ils sont loin, donc on peut les avoir par téléphone.
Et puis aujourd’hui, heureusement, il y a toutes les méthodes qu’on peut, en visio, etc., pour s’appeler sans arrêt. Par contre, s’il y en a un problème, les personnes qu’on appelle, la famille ne sera… En plus, le Vietnam est quand même un peu loin par rapport à la France. Du coup, on se crée notre propre famille, c’est-à-dire à travers des amis, des connaissances, des collègues, qui deviennent nos amis proches et la famille, si jamais on a un souci vers qui se tourner. Mais visiblement, tu es toujours au Vietnam au bout de dix ans, donc c’est que tu t’es habitué.
Oui, j’ai eu la chance énorme d’avoir une personne qui m’a vraiment donné la main. Je ne peux jamais l’oublier. Puis grâce à elle, et puis un petit peu avec le temps, on a appris. Et puis au fur et à mesure, on se fait des amis, on s’investit dans des associations, on sort de chez soi, on va vers l’autre, on apprend la langue. Du coup, c’est beaucoup plus facile à s’intégrer, à aimer et à s’épanouir aussi.
Raconte-moi l’histoire de cette copine, femme battue, qui, avec un enfant, est dans une situation très difficile. Tu veux l’aider et tu te rends compte qu’il n’y a pas de structure. En France, il y a plein d’associations pour tendre la main. Là-bas, Français expatriés au Vietnam, la personne était seule et tu voulais l’aider et t’es passée par Français du monde. Oui, tout à fait.
C’est des petites choses, en fait. Malheureusement, si ça ne nous arrive pas, on ne le sait pas. La preuve, moi j’étais là, j’étais dans plein d’associations, qualitatives, événementielles, networking, alors que c’est arrivé, cette situation où la personne avait besoin d’aide. En France, il y avait plusieurs associations, d’organismes, de numéros de téléphone, des financements, des maisons de foyer, tout. Par contre, en tant que français à l’étranger, ça c’est il y a exactement trois ans et demi, quatre ans, il n’y avait pas beaucoup d’aide.
Du coup, c’est pour ça que je vois une évolution et puis je suis un peu de près aussi avec les conseils. de l’étranger, que dans toute leur… dans chacun et chacune, en fait, ils ont cette question sur les femmes, la situation, etc. C’est pas que les autres questions ne sont pas importantes, mais c’était à cause ou grâce à cela que je me suis retrouvée à Français du Monde. Et donc, du coup, tu as aidé cette personne, tu t’es retrouvée dans l’association.
Et à mon avis, quand t’arrives quelque part, tu as tellement de dynamisme que tu t’es retrouvée vice-présidente assez rapidement. Oui, tout à fait. Après, on s’est fédéré des personnes avec qui travailler. Le Français du monde à Ho Chi Minh, ils étaient très actifs. Ils faisaient plusieurs événements.
Et puis juste après, il y a eu le Covid. Du coup, ça faisait aussi une deuxième famille pour pouvoir faire des projets, faire des choses aussi dans le Nord. Ça a été difficile la période Covid en Asie. Ah oui, c’était très très dur et puis en fait au point où je pense que c’est difficile pour les gens en France ou à l’étranger de se rendre compte à quel point c’était difficile la vie ici parce qu’on a commencé, on a été touché en premier, du coup depuis janvier 2020 on était déjà en confinement alors que le monde entier c’était plus tard. Et puis après, on était un petit peu en décalage, et puis comme ils voulaient vraiment être sûrs et qu’ils n’avaient pas des moyens pour, si jamais il y avait une France, personne.
Du coup, ils avaient fermé les frontières, on ne pouvait pas partir. ce qui est rajouté un peu à la difficulté de la chose aussi, je pense. Leïla, France, Éthiopie, Italie, ensuite l’île, la Côte d’Azur, la Caroline du Sud, la Californie, Dubaï, Abu Dhabi, Malaisie, Thaïlande, Singapour. Je ne vais jamais m’en sortir. Et Vietnam ?
Et là, tu ne bouges plus depuis dix ans. Qu’est-ce qui se passe ? Ah bah c’est assez… Bonne question. Bon, il y a eu le Covid, donc 3 ans.
en voyage, etc. Mais je pense aussi que quand on est jeune, on se cherche, on essaie de voir, on essaie de découvrir. Et puis, je pense que quand on est plus âgé, on a envie de se poser, de connaître mieux la vie, la culture, la langue, le pays, que quand j’étais beaucoup plus jeune, j’avais hâte du prochain projet, le prochain challenge. Alors que maintenant, on n’est plus posé. Et puis, il y a les enfants, il y a l’école, il y a les activités, tout ça fait qu’on peut…
Tu vois ton avenir où ? Ah bah non, retourner en France, forcément, bien sûr. Mais je suis… On est très fiers de la richesse que les enfants auront de leur expérience au Vietnam, parce qu’au Vietnam, les Vietnamiens rencontrent aussi d’autres enfants d’autres horizons et tout. Donc c’est toujours bien pour les enfants, cette ouverture vers l’autre.
Et puis ma dernière question, est-ce que la France te manque un peu ? Est-ce que sa gastronomie peut te manquer de temps en temps ? Absolument, absolument. Alors donc il y a la gastronomie, donc sans faire de concurrence, mais italienne, et puis les pâtisseries françaises et le chocolat. Ça me manque un beaucoup.
Du coup, oui, bien sûr, bien sûr. Madame la vice-présidente, section Hanoi, Français du Monde ADFE, merci d’avoir répondu à nos questions. Tu as un grand sourire. Les gens ne te voient pas parce que c’est de la radio, mais moi, je te vois. T’étais un peu stressée de faire cette petite interview ?
Oui, tout à fait. Et merci pour ta gentillesse, Cotier. En tout cas, c’était très agréable. Merci beaucoup. Au plaisir de te retrouver.
Et si tu as d’autres sujets à partager avec nos auditeurs, ce sera avec plaisir. Merci. Merci.
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