.
Avez-vous déjà ressenti le poids de l’éloignement en vivant à l’étranger ?
Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous invite à explorer cette question en compagnie d’Isabelle Radder, une psychologue française vivant aux Pays-Bas. Isabelle, qui a grandi dans une famille habituée aux voyages, partage son expérience personnelle et professionnelle en tant qu’expatriée. Elle nous raconte son parcours, depuis ses études en psychologie à Paris, ses premières expériences professionnelles dans le milieu psychiatrique et social, jusqu’à sa vie actuelle à La Haye. Isabelle évoque également son séjour marquant au Pérou avec l’association Les Enfants du Rio, une expérience qui a enrichi sa compréhension des cultures et des langues.
Isabelle Radder est une psychologue française qui a choisi de s’établir aux Pays-Bas après avoir rencontré son mari néerlandais. Depuis son arrivée, elle a su s’adapter à son nouvel environnement, apprenant progressivement le néerlandais malgré la complexité de la langue. Professionnellement, Isabelle a commencé par travailler en institution, où elle a apprécié le travail pluridisciplinaire, avant de s’orienter vers une pratique libérale. Elle est reconnue pour sa spécialisation dans la notion d’attachement, un domaine qu’elle considère essentiel pour le bien-être émotionnel.
L’épisode se concentre sur la notion d’attachement et son impact sur les expatriés. Isabelle explique comment l’éloignement géographique peut réactiver des difficultés émotionnelles liées à l’attachement, parfois enfouies depuis l’enfance. Elle souligne l’importance de maintenir des liens affectifs solides, même à distance, et comment l’expatriation peut exacerber des tensions préexistantes. À travers son travail, Isabelle aide les expatriés, adultes et enfants, à naviguer ces défis émotionnels pour mieux s’adapter à leur nouvelle vie à l’étranger. Si vous ressentez un écho dans ce que partage Isabelle, elle propose des consultations pour explorer ces problématiques plus en profondeur.
.
.
Chapitrage de l’épisode :
0:00:01 – Introduction et Accueil d’Isabelle Rader
0:00:21 – Présentation d’Isabelle et son Parcours
0:01:70 – Expérience au Pérou
0:02:144 – Travail en Institution
0:03:181 – Apprentissage du Néerlandais
0:04:268 – Vie à La Haye et Environnement Familial
0:06:362 – Activités en Famille et Sportives
0:08:483 – Travail avec le Réseau Expat Pro
0:09:556 – Notion d’Attachement en Expatriation
0:11:687 – Impact de l’Eloignement sur l’Attachement
0:13:836 – Conclusion et Prochains Sujets
.
Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gauthier Seyss et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Isabelle Rader, psychologue aux Pays-Bas.
Et pour une fois, on va aller à la haie. C’est pas Rotterdam, c’est pas Amsterdam. On retrouve Isabelle, que nous avions déjà eu l’occasion d’interviewer dans le cadre du dossier spécial sur les ados et l’expatriation. Aujourd’hui, Isabelle va nous présenter son parcours et son travail. Bonjour et bienvenue, Isabelle.
Bonjour Gauthier, merci de m’accueillir. Content donc de te retrouver. T’es dans une famille où pas mal de monde a voyagé, a découvert le monde. C’était un peu dans l’univers dans lequel tu as grandi. Oui, j’ai eu l’occasion dans ma famille que des gens, mon entourage a voyagé, soit sur le plan professionnel, mais aussi personnel.
J’ai eu l’occasion de voyager après mes études plusieurs mois. Au Pérou, une petite escapade en solo ? Voilà, je suis partie dans le cadre d’une association. C’était l’association Les Enfants du Rio et je suis partie quatre mois là-bas.
très intéressante et très riche. Nous on se voit, on fait cette interview en visio, je vois un sourire naître quand tu évoques cette période. Oui c’était vraiment une expérience en plus, c’était juste après les études, un long parcours et du coup me retrouver comme ça dans un pays complètement différent, une culture différente, des gens différents, une langue différente parce que l’espagnol voilà je connaissais de l’école, mais pas de façon fluide. Et voilà, c’était vraiment une super expérience. Alors, tu as bien fait d’apprendre l’espagnol puisque tu es à l’AE où on parle évidemment le néerlandais.
On va en toucher un mot. Tu es originaire de Paris. Tu as fait tes études de psychologie. Ça dure cinq années avec deux spécialisations. La notion d’attachement et le sujet des neurosciences.
Assez vite, tu te mets à travailler en institution dans le milieu psychiatrique et social. Tu as aimé ces expériences, car tu m’as dit qu’elles étaient riches et formateurs. Oui, c’était très intéressant de travailler dans des institutions et de pouvoir travailler avec différentes professions. Souvent dans les institutions, on travaille avec des médecins, des infirmières, des profs. Le travail pluridisciplinaire, je trouve que c’est très riche.
Ça permet d’avoir un regard croisé.
avec des approches différentes et donc un regard différent sur l’impatient et au niveau de la prise en charge, je trouve que c’est très important. Ensuite, tu vas te mettre à travailler en libéral et puis tu vas rencontrer ton mari, qui est donc néerlandais. Vous allez échanger au début en anglais parce que tu ne connais pas encore le néerlandais. D’ailleurs, c’est une langue, tu m’as dit, qui n’est pas facile à apprendre. Il y a une logique qui est différente de la nôtre.
La règle, c’est qu’il n’y a pas de règle. Aujourd’hui, tu t’y es fait à ce néerlandais ? Oui, alors je commence. Je commence un peu à parler mais c’est vrai que c’est une langue qui n’est vraiment pas facile. Elle est considérée comme une langue complexe à apprendre parce qu’il y a peu de règles.
Et donc, en effet, ce n’est pas une langue qui est facile à apprendre. Donc, il faut se lancer. Voilà, il faut se lancer exactement. Et en fait, une langue, il n’y a pas de secret, il faut la parler. Il y a plusieurs niveaux.
Il y a le niveau passif, c’est d’écouter. Il y a aussi le niveau actif de parler. Et en fait, ça suppose de parler, de s’exercer et de s’exercer. Bon, ça va, tu es immergée à la haie. Donc, on te parle essentiellement en néerlandais quand tu fais tes courses, etc.
Aujourd’hui, tu te débrouilles.
J’ai un niveau qui me permet de m’y débrouiller. Je ne consulte pas en néerlandais, mais je comprends. Alors tu es devenue expat, mais qui va à Molo va piano. T’étais à Paris, ensuite t’as fait une étape à Lille et te voilà donc à La Haye. Ce n’est pas le bout du monde non plus.
Facile de revenir en France. Tu restes sur la zone européenne. C’est comment la vie à La Haye par rapport à Amsterdam qu’on connaît plus facilement ? Les accords de La Haye sont l’occasion d’avoir découvert un petit peu le nom de cette ville, mais on ne la connaît pas bien. Tu peux me décrire un peu ton quotidien ?
Je travaille à La Haye, mais moi j’habite à Delft, qui se trouve juste à côté. En effet, c’est une région où il y a beaucoup de villes. On appelle ça la Randstadt, c’est-à-dire Amsterdam, Utrecht et Rotterdam. Ce qui fait qu’il y a beaucoup, beaucoup de villes dans cette région.
Je connais plus sur un plan familial et plus sur un plan professionnel. Je trouve que c’est des régions qui sont très agréables à vivre. Il y a beaucoup de… Moi, ce que j’aime bien, c’est qu’il y a pas mal de musées ou des activités à faire avec les enfants. Ce que j’aime bien, c’est cette place, justement, parfois, qui est faite à la famille, c’est-à-dire que même que ce soit dans un musée ou dans un restaurant, il y a toujours une place pour les enfants.
Donc ça facilite comme ça les activités en famille. Et le côté sportif aussi, il y a beaucoup de places pour faire du sport, il y a pas mal d’événements qui sont organisés, donc c’est plutôt agréable. Et puis c’est aussi l’autre pays du fromage et le pays de la fête. C’est aussi l’autre pays du fromage, en effet. Oui, il y a pas mal de…
Si vous n’avez pas le gouda, il. Ne faut pas venir en Hollande. Non, il est délicieux le gouda. Rien que de m’en parler, ça me donne une petite envie. Après, il y a le climat.
On me dit parfois qu’il y a peut-être une forte pluviométrie ou un ciel assez souvent gris, ce qui d’ailleurs est à l’inverse de ce qu’on vit actuellement au moment où je te parle, puisque tu es baignée dans une pièce pleine de soleil.
Ce que j’apprécie, c’est que dès qu’il y a un rayon de soleil, tout le monde est dehors.
Et ça, je dois avouer que ça donne une ambiance assez sympa, c’est-à-dire que voilà, en fait, comme on n’est pas forcément habitués au soleil 24 heures sur 24, comme dans le Sud, et bien en fait, du coup, dès qu’il y a un rayon de soleil, tout le monde sort. C’est plutôt sympa. Et quand il pleut, ils disent que c’est bien pour la nature, donc ils sont, ils restent positifs sur le temps. Ça rend des tulipes plus jolies, plus éclabou… je sais plus comment on dit…
plus jolies. Voilà, plus jolies. Et alors, par contre, c’est vrai que les néerlandais, en fait, je pense qu’il y a… Bon, je ne connais pas le pourcentage, mais tous les néerlandais viennent en France après pour se recharger en doses de soleil, parce que voilà, toute l’année, c’est bien. Ça manque un peu.
On revient dans ton cabinet, puisqu’on va parler un peu de ton travail dans le cadre du partenariat avec le réseau d’experts Expat Pro. On t’a découvert, en effet, à des patients dans le cabinet, mais tu travailles également en visio avec des expats, quelques enfants, des ados, des adultes et principalement sur ce sujet de l’attachement. Sachant qu’être expat, c’est se détacher. On est loin. On s’éloigne de nos familles.
Alors que l’attachement pour toi, selon toi et la discussion qu’on a eue, c’est comme de l’oxygène. Donc quand on manque d’oxygène, ce n’est pas très bon. Oui, en effet, en venant aux Pays-Bas, alors j’avais déjà, j’avais déjà, j’étais déjà spécialisée sur la notion de l’attachement. J’avais déjà travaillé, mais en venant au Pays-Bas, ça m’est paru vraiment évident que cette approche autour de l’attachement était très présente. En fait, comme tu disais, l’attachement, en effet, c’est un besoin vital, qui est vraiment essentiel pour pouvoir exister.
En fait, il faut être dans la relation à l’autre. Par exemple, si je prends le contexte de cette présentation, si l’unité n’est pas là, je ne pourrai pas faire ma présentation. La notion de l’attachement est vraiment très importante. Et pour l’expliquer un petit peu, je vais revenir un peu à la notion, à l’enfance. En fait, quand l’enfant se naît, son cerveau est immature et donc il va, il est dépendant de son parent et donc de façon naturelle, instinctive, quand il est dans une situation de détresse, il se pond vers son parent pour rechercher la proximité, pour rechercher l’attachement à cette notion d’oxygène.
Si je prends la situation d’un enfant, par exemple, qui joue, pour donner un exemple, un enfant qui joue et qui sursaute parce qu’il y a un grand bruit, il y a deux types d’attachements, pour résumer un tout petit peu. Il y a l’attachement qu’on dit sécure, c’est-à-dire que le parent perçoit la difficulté dans laquelle se trouve l’enfant et il va y répondre de façon rapide, efficace et prévisible. L’enfant sait que le parent sera toujours sur le même type de réponse et l’enfant va même pouvoir du coup développer une capacité à s’apaiser lui-même et il va pouvoir reprendre le jeu. Par contre, il y a un autre type d’attachement, c’est sûr, où le parent ne perçoit pas le besoin du détresse de l’enfant, soit parce que le parent minimise ou parce que le parent n’est pas disponible, par exemple dans son téléphone, et du coup il ne va pas répondre. à l’enfant et l’enfant, du coup, va devoir, comme l’attachement, c’est vraiment, comme on disait tout à l’heure, c’est une notion d’oxygène, il a besoin de cet attachement, il va développer d’autres stratégies, comme par exemple, crier plus fort ou par exemple, s’il doit attirer l’attention du parent en prenant soin de lui, il va prendre soin de lui, mais ça ne veut pas pour autant dire qu’il est apaisé et qu’il n’est pas en situation de stress.
Et du coup, cette notion d’attachement, en effet, comme tu le disais au départ, dans l’expatriation, en fait, avec l’éloignement, en effet, il n’y a plus cet attachement, et d’où on peut comprendre que, comme c’est un besoin, comme le besoin d’être dans la relation à l’autre, il est là, du coup, l’expatriation vient remettre réactiver des conflits ou des difficultés qui ce sont des expériences vécues dans l’enfance. L’éloignement dû à l’expatriation peut créer des problèmes, peut faire naître ou renaître des problèmes nouveaux dû à cet éloignement. Oui, en fait, comme la situation d’expatriation par l’éloignement va venir réactiver des difficultés. Et si un enfant et un adulte a eu des difficultés autour de l’attachement, qui gérait entre guillemets dans son pays d’accueil, où il y avait une certaine balance, le fait d’être expatrié, ça peut venir ça peut venir du coup raviver, réactualiser des conflits ou des conflits qui étaient mis de côté. Mais souvent, la notion d’expatriation vient intensifier justement des difficultés qui étaient présentes ou qui avaient été gérées et en fait, ça réactive.
Alors ceux qui par exemple décident de fuir quelque chose qui les a un peu traumatisés pour vivre une expérience d’expatriation, quelque part la fuite peut raviver et amplifier le problème ? En fait, ça va dépendre justement s’ils ont eu une difficulté, c’est comment a été vécue cette difficulté. Finalement, s’ils ont réussi à gérer cette difficulté, le fait d’être expatriés ne va pas forcément réactualiser. Par contre, si cette difficulté était un peu en arrière-plan et que finalement le vécu n’était pas À ce moment-là, l’Expat Pro s’est activée. Si ce que vient de dire Isabelle fait écho en vous, vous pouvez la contacter.
Le lien de son site web ou passé par la plateforme Expat Pro sont disponibles dans ce podcast. Vous pourrez la contacter pour une première séance. Je suppose que ça passe par une première séance où tu vas échanger en toute simplicité avec la personne. Oui, on se propose toujours d’abord un premier contact pour se présenter et pour permettre à la personne d’exposer les raisons pour lesquelles elle est motivée de consultation, ensuite de pouvoir proposer comment moi je travaille et d’échanger s’il y a un travail qui peut se faire ensemble. Et bien voilà, les liens sont donc disponibles.
Merci pour cette présentation, Isabelle. Au plaisir de te retrouver parce que ton expertise peut servir, on prépare un dossier sur les seniors et l’expatriation. Et un des sujets, c’est s’éloigner de ses aînés et avoir un peu le remord de ne pas pouvoir être là toujours aussi disponible. Alors pourquoi pas se retrouver à cette occasion ? T’auras fait toutes les tranches d’âge sur la radio.
Avec grand plaisir. A bientôt. Merci. Au revoir, Gauthier.
Vous écoutez la voix des expats.
.