Gaelle Bourgeault sur la culture Française : Attention à l’iceberg caché !

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Comment l’expatriation influence-t-elle l’identité des adolescents ?
Dans le cadre du dossier spécial « Les Ados & l’Expatriation » proposé par
Francaisdanslemonde.fr avec le soutien des experts d’Expat Pro et le parrainage d’Expat Student, le Spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada, nous abordons une question cruciale : comment l’expatriation affecte-t-elle l’identité des adolescents ? Ce dossier spécial explore les multiples facettes de la vie à l’international pour les jeunes âgés de 10 à 18 ans. Quels sont les défis et les opportunités auxquels ces jeunes font face lorsqu’ils grandissent loin de leur pays d’origine ?

Notre invitée du jour est Gaelle Bourgeault, fondatrice de « C’est quoi la France ? », un concept né de son expérience personnelle d’expatriation à Taïwan. Maman de deux enfants, Gaëlle a été confrontée à un choc culturel lorsque son fils aîné a déclaré que « la France n’est pas mon pays ». Cette prise de conscience l’a poussée à explorer les enjeux identitaires auxquels sont confrontés les enfants expatriés. Gaëlle, qui intervient régulièrement sur notre antenne, partage ses réflexions et conseils pour aider les familles à naviguer dans ce monde complexe.

Les défis culturels et identitaires : Au cours de l’épisode, nous explorons les différentes typologies d’adolescents expatriés et les défis culturels qu’ils rencontrent. Gaëlle utilise l’analogie de l’iceberg pour décrire la culture, où la partie visible représente les aspects explicites comme les traditions et coutumes, tandis que la partie immergée reflète les croyances et valeurs implicites. Elle souligne l’importance pour les parents de reconnaître ces décalages culturels et d’aider leurs enfants à maintenir un lien avec la culture française, même à distance. En partageant des conseils pratiques, Gaëlle encourage les familles à multiplier les interactions culturelles et à utiliser des ressources comme les podcasts de Français Langue Étrangère pour faciliter la réintégration culturelle des adolescents.

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Podcast n°2406 (janvier 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

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Transcription de l’épisode :

La Radio des Français dans le Monde présente le dossier spécial Les ados et l’expatriation parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.
Les ados et l’expatriation, le dossier spécial réalisé rien que pour vous sur la radio des français dans le monde. Et on va explorer toutes les facettes de cette vie à l’international. Lorsqu’on a 10, 18 ans, on a des experts du réseau Expat Pro pour en parler. C’est Gaëlle Bourgeau aujourd’hui qui est avec moi, la fondatrice de C’est quoi la France ? Depuis Paris.
Gaëlle répond à mes questions. Bonjour Gaëlle. Bonjour Mathieu. On a l’habitude de se retrouver sur l’antenne de la radio. Oui, ça fait plusieurs fois que je suis invitée.
Merci. Parce que tu es venue présenter C’est quoi la France ? C’est un concept qui est né dans ta tête alors que tu es en expatriation. Tu vis à Taïwan à ce moment-là. Tu as deux enfants qui avaient à l’époque 8 et 11 ans.
Et un jour, le plus vieux des deux discute avec son grand-père, parle de la géographie. Il dit enfin, moi, la France, c’est pas mon pays. Et ça t’a un petit peu choqué. Oui, plus que ça. J’avais plusieurs alertes et je m’étais dit, bon, c’est pas très grave.
L’expatriation, on l’a vu dans ton podcast, il y a plein, plein d’avantages. L’ouverture d’esprit, le multilinguisme, l’adaptabilité. Bon, OK. Et jusqu’à cette phrase fatidique. Eh oui, parce que quand il y a une colonne avec du plus, il y a toujours une colonne avec du moins.
Et là, une petite perte d’identité, petit déracinement un peu qu’il pouvait vivre ou en fait, il ne se rend pas vraiment compte parce qu’il grandit. Et puis, c’est l’univers qu’il a autour de lui qui est le sien aujourd’hui. C’est un déracinement. La France ne représentait plus son quotidien. C’est ça.
Voilà. Donc, basiquement, on les appelle les citoyens du monde. C’était devenu un citoyen du monde. La France n’est pas mon pays. Pour peu, le grand frère n’est pas rentré faire ses études en France.
Voilà, c’est une autre façon de voir le monde. Mais malgré tout, en tant que maman et papa français, on se souhaitait que nos enfants et un attachement à la France et une connaissance de la culture française. Pour toi, revenons à ce thème, c’est quoi un ado en expatriation ? Alors pour moi, il y a beaucoup de typologies d’adolescents en expatriation. On en parlait tout à l’heure.
Il y a les ados qui partent pour la première fois en expatriation. Ils ont grandi en France, connaissent les codes, les codes culturels. Sur notre problématique aujourd’hui, c’est les moins touchés. Par contre, on a trois autres typologies qui sont les enfants qui ont grandi toute leur vie en expatriation. Moi, j’en connais plein qui sont nés au Japon, qui sont allés ensuite en Indonésie, qui ont fait trois ans au Mexique et qui reviennent en Allemagne.
donc des vrais enfants de la troisième culture. Il y a aussi les adolescents qui sont en école locale, comparé aux enfants qui sont dans des écoles à veille feu. Donc quand tu es en école locale, tu n’es entouré qu’avec des locaux, là encore, tu perds un peu plus la confiance. Tu t’éloignes un peu, oui. Et puis, on a aussi les ados binationaux, les adolescents qui ont un des deux parents d’une autre nationalité.
Parfois, on a des parents qui peuvent être franco-français, mais un des parents a lui aussi été un enfant expatrié, donc il n’a pas grandi en France. Tout ça, ça complexifie un peu le terme. d’ado expatrié. La culture française, elle n’est pas uniquement transmise à l’école ou avec les parents. Tu te dis, OK, mais c’est quoi, du coup, la culture française ?
La culture française, moi, j’aime bien l’analogie de l’iceberg qui a été créée par l’anthropologue Edward Thiel. Tu vois l’iceberg, tu as la toute petite partie qui est au-dessus, qui représente 10% de l’iceberg, c’est la culture explicite, la culture externe. Donc c’est les traditions, les coutumes, ce qu’on va apprendre dans les livres, donc l’art, la musique, l’histoire, la géo, on l’apprend à l’école. Et ça, c’est une culture qui est explicitement apprise. Elle est consciente, tout le monde la partage et puis c’est facilement échangeable.
Tes parents vont te la prendre, tes profs vont te la prendre. OK. Mais par contre, dans l’iceberg, la plus grosse partie, elle est cachée. Elle est cachée. Et là, c’est ce qu’on appelle la culture externe.
C’est plus les croyances, les valeurs, les préjugés, les perceptions. Et ça, quand on ne vit pas dans le pays, c’est quand même un. Peu difficile de la ressentir. En fait, c’est tout ce qui est implicite. Les règles de politesse, par exemple.
Les règles de politesse changent dans tous les pays. Absolument. Chez nous, j’ai essayé de trouver des exemples parce qu’en fait, ce n’est pas si facile que ça de se rendre compte de la particularité de sa culture implicite. Tu te dis, tout le monde la partage, mais chercher des exemples, ce n’est pas si facile.
Les règles de politesse, en France, on dit bonjour, bonjour pour tout. Si tu veux t’adresser à quelqu’un, tu dois dire bonjour. Si tu veux demander quelque chose, tu dois dire bonjour. Tu dis bonjour tout le temps. Quand on se balade, on dit bonjour aux gens qu’on croise.
Dans des tas de pays, ce n’est pas le cas. Je sais qu’à Taïwan, tous les matins, on prenait l’ascenseur en descendant de l’appart et je disais bonjour aux gens qui rentraient. Et ils ne te répondaient pas ? Personne ne me répondait. Et moi, j’étais vexée, ce qui est complètement idiot.
Tu vois, consciemment, au bout d’un moment, je me dis bon, OK, on ne dit pas bonjour ici. Mais j’étais quand même vexée. Donc c’est pareil, quand des ados reviennent en France, s’ils ont des codes de politesse complètement différents, il y a un malaise, en fait, qui se crée. Les coutumes, si on cible les adolescents, quand ils fêtent leurs anniversaires, comment ça se passe un anniversaire en France ? Je pense qu’ils ont fêté leur anniversaire dans cinq pays.
Ça devait être différent dans cinq pays. C’est à chaque fois différent. Les traditions ne sont pas les mêmes, les coutumes ne sont pas les mêmes. Ouais. Tu vois, en France, on doit apporter un gâteau en classe.
Maintenant, on doit faire attention de pas mettre de noisettes et de boire du laitier. Aux États-Unis, je pense que tu apportes des muffins touffés. Il n’y a aucun Français qui arrive. À l’école avec des muffins quand on est en France. Oui, et même, je sais qu’on parle des ados.
Moi, mon deuxième est revenu en seconde en France. Il a dû aussi apprendre les codes de la classe. Tu restes assis, tu vois, comparé à dans d’autres pays où c’est beaucoup plus beaucoup plus libre, où il y a une hiérarchie entre le professeur et l’élève. Tu dois l’appeler par son prénom. Voilà tous ces codes.
Et c’est comme on peut le savoir Gaëlle, parce que du coup, on n’est pas avec. Les parents n’ont pas le bagage non plus, puisqu’ils viennent d’arriver dans le pays. Comment on va savoir comment se comporter avec ses camarades ? Comment réagir face à un anniversaire, par exemple ? Les conseils, c’est évidemment des conseils un peu bateau.
J’espère que tout part… En fait, le premier conseil que je donne, ça va être que les parents soient conscients de ce décalage culturel. On ne vit pas tous pareil, partout dans le monde, c’est comme ça. Voilà. Mais tu sais, moi, je travaille depuis cinq ans dans la culture française et je transmets cette culture française aux enseignants et aux enfants.
J’ai beaucoup de parents français qui m’ont dit, mon enfant est scolarisé à l’AEFE, on est français. nous n’avons pas de problème à transmettre la culture française. C’est réglé. Alors moi, je dis voilà le premier conseil, c’est se rendre compte que si vous avez un problème à transmettre cette culture française implicite, parce que vous n’avez l’enfant n’a pas baigné dans cette culture, n’a pas grandi dans cette culture, donc il ne l’a pas absorbé. Donc, pour y remédier, tant faire se peut parce que ça va être compliqué.
C’est inscrit à des ados souvent qui sont en école locale, dans des cours de français du samedi matin, comme le réseau Flamme. pour être avec d’autres Français et avec des professeurs de français qui vont travailler à la culte française. Je pense que tous les parents le font, c’est de multiplier les interactions avec les enfants français en France. Donc, on envoie nos enfants l’été chez papy et mamie, chez les cousins, voilà, des petites piqûres de rappel. C’est toujours des moments où les enfants se disent Ah ouais, quand même, j’ai raté des trucs.
C’est peut-être le moment où ils se rendent compte, justement, du décalage qu’il peut y avoir entre leur vie en expatriation et leur ancienne vie française. C’est ça, parce que les cousins, ils vont employer des mots qu’on ne connaît pas. Banguay, Guaise, c’est Gucci. Ouais, bon, OK. Moi, mon grand avait dit, il était avec sa cousine et il me dit, elle parle quand même très, très bien français.
Oui mon chéri, allez ! Et tout ça c’est quand même relativement difficile, c’est quasiment du ressenti ? D’autant plus à l’adolescence que le ressenti est très important et qu’on veut ressembler à ses pairs, on veut faire partie d’un groupe. Ça peut créer un peu une paire d’identité, un peu qui suis-je ? Tu as reçu Cécile Gilbert, la spécialiste des enfants de la troisième culture.
Elle a bien abordé le sujet. Ces enfants, le cul entre deux chaises et qui perdent leur identité. Et le retour en France est difficile. La première chose, c’est déjà que les parents en prennent conscience quasiment. Et voire on discute avec l’ado parce qu’on vit tous différemment.
Et il faut peut-être être un peu observateur au début. Oui, après, les enfants réagissent de façon différente. Cécile parle de caméléon, de marginal et de fantôme. soit de se recroqueviller, de ne pas faire partie du groupe parce que c’est trop dangereux. Le marginal, c’est moi je suis différent, et puis basta, je vais le rester.
Et puis il y a le caméléon qui, lui, effectivement, il va s’adapter, il va regarder, il va peut-être un peu galérer au début, On sait que nos ados s’adaptent vite. Mais voilà, il faut le savoir, il ne faut pas être surpris et se prendre la claque. Parce qu’avec C’est quoi la France, j’ai rencontré beaucoup de d’adultes qui ont été enfants expatriés et qui se sont pris une claque en revenant pour leurs études en France parce qu’ils étaient français. Donc, on ne les a pas prévenus, alors qu’ils m’ont tous dit mais quelle claque. Moi, je suis arrivée dans un pays que je ne connaissais pas.
Je connaissais le pays, la France de l’été, du barbecue piscine, mais je ne connaissais pas la France de tous les jours. Donc, le principal message Gaël, c’est au moins en être conscient. Oui, tout à fait. En être conscient. Ce n’est pas un chambre table.
Non, c’est ça. Mais puis après, c’est peut-être l’occasion d’ouvrir des discussions, d’échanger avec nos parents, de lire des livres pour parler de tout ce qu’on ne voit pas toujours et qui est forcément plus difficile à absorber au début. Oui, il y a un conseil ou quelque chose qu’on ne fait pas parce que ce n’est pas évident, c’est d’aller sur les podcasts et les sites Internet de FLE, Français Langues Étrangères, En fait, sur ces sites qui enseignent le français et la culture française aux étrangers, on aborde beaucoup cette culture implicite parce que c’est celle à laquelle on est confronté assez rapidement quand on arrive dans le pays. Donc, même si c’est fait pour les étrangers, c’est très utile pour nos ados qui rentrent en France. Encore un sage conseil distillé dans le cadre de ce dossier des ados en expatriation.
Gaëlle, merci beaucoup. Je te souhaite le meilleur pour le développement de C’est quoi la France ? Et puis on se retrouve sur cette antenne avec plaisir prochainement. Merci Gautier, à bientôt. les ados et l’expatriation en partenariat avec les experts du réseau Expat Pro.
Dossier parrainé par Expat Student, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada. expatstudent.fr.
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