RFI et « Vivre Ailleurs » : L’expérience de Corinne Mandjou

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Avez-vous déjà pensé à ce que cela ferait d’être interviewé après avoir passé des années à interviewer d’autres personnes ? C’est exactement ce qui arrive à notre invitée du jour, Corinne Mandjou, journaliste chevronnée de RFI, qui se retrouve de l’autre côté du micro. Gauthier Seys, l’hôte de ce podcast, engage une conversation captivante avec Corinne, explorant ses expériences et ses sentiments à propos de cette inversion de rôles.

Corinne Mandjou est une voix bien connue des auditeurs de RFI grâce à son émission « Vivre Ailleurs ». Originaire du Cameroun, elle a poursuivi ses études à Lyon et à Paris avant de se lancer dans le journalisme, une carrière qui lui permet de combiner sa passion pour l’histoire avec l’actualité immédiate. Depuis 1988, Corinne a travaillé dans divers formats radiophoniques et a interviewé des milliers de personnes à travers le monde, bâtissant ainsi un carnet d’adresses impressionnant.

Dans cet épisode, Corinne partage son parcours professionnel et son évolution au sein de RFI, ainsi que les défis et les joies de son métier. Elle explique comment elle a su s’adapter aux changements structurels de la radio et pourquoi elle a choisi de renommer son émission « Vivre Ailleurs » pour mieux refléter la diversité des expériences des expatriés. Corinne nous offre également un aperçu de la richesse des histoires qu’elle a recueillies, soulignant l’importance de mettre en lumière les contributions des Français de l’étranger et leur attachement à leur pays d’origine.

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Ecoutez Corinne Mandjou & sa chronique « Vivre Ailleurs » parler de La radio des Français dans le monde sur RFi :
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/vivre-ailleurs/20240608-fran%C3%A7ais-dans-le-monde-la-1%C3%A8re-plateforme-multim%C3%A9dia-d-aide-%C3%A0-la-mobilit%C3%A9-internationale

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Podcast n°2168 (Juin 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia d’aide à la mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage du podcast :
00:00:02 – Introduction avec Corinne Mandjou 00:00:34 – Présentation de l’invité
00:01:00 – Découverte du parcours de Corinne
00:01:46 – Début surprise à la radio
00:02:46 – L’arrivée chez RFI
00:03:35 – Évolution et transformation de RFI
00:04:46 – « Vivre ailleurs » : un nouveau format pour une nouvelle ère
00:05:35 – Diversité des interviews et découverte de pays inconnus
00:07:47 – Gestion des interviews à distance
00:08:49 – La richesse et la diversité des Français de l’étranger
00:09:59 – Un amour intact pour la France desde l’étranger
00:11:00 – Conclusion et réflexion sur l’expérience

Transcription du podcast :

Francaisdanslemonde.Fr, la première plateforme multimédia d’aide à la mobilité internationale. Bienvenue sur notre podcast, je suis Gauthier Seys et j’ai le plaisir de passer dix minutes avec Corinne Mandjou, c’est Vivre ailleurs sur RFI. Dix minutes, le podcast des Français dans le monde. francaisdanslemonde.fr Je viens demander à mon invitée qui a interviewé des dizaines de personnes si elle avait, elle, l’habitude d’être interviewée. Elle a levé les yeux au ciel en disant « Oh non, pas du tout, c’est même très rare ».
Eh bien aujourd’hui, c’est l’arroseur arrosé. Bonjour Corinne ! Bonjour Gauthier. Content de t’accueillir sur la radio des Français dans le monde. Une radio parle d’une autre radio, c’est pas commun, mais ça me fait plaisir de t’accueillir, d’autant que tu es la voix des Français de l’étranger avec ce rendez-vous vivre ailleurs que l’on entend chaque semaine sur RFI.
T’aimes bien d’abord répondre à des questions de journalistes, ça doit te faire bizarre. Ça me fait bizarre d’être de l’autre côté, effectivement, mais bon, c’est pas désagréable. Très bien, alors on va parler de ton parcours. Tu es originaire du Cameroun. Tu fais tes études un peu là-bas.
Ensuite, tu les fais à Lyon et à Paris pour faire journaliste. Mais toi, c’était plutôt l’histoire au début qui te passionnait. Tout à fait. J’étais passionnée d’histoire et j’aimais écouter les histoires. J’étais passionnée d’histoire, pourquoi ?
Parce que c’est la seule matière que je n’avais pas à réviser à la maison. Quand un chapitre me passionnait, j’écoutais le professeur et après, je n’avais plus de travail à faire à la maison. Mais je me suis retrouvée à faire du journalisme et je n’ai pas regretté parce que, comme on dit, le journalisme, c’est de l’histoire immédiate, n’est-ce pas ? Donc c’est un peu la continuité de l’histoire que je fais et refais aujourd’hui. Aujourd’hui, on a nous interviewé plus de 2100 personnes.
J’aime raconter dans notre communication qu’on raconte de belles histoires. En effet, on la fabrique l’histoire quasiment. Tout à fait. On fabrique parfois. Parfois, c’est pas historique parfois.
On l’explique assez souvent aussi. Alors tu bosses d’abord dans la presse écrite et puis un jour un confrère en été te demande de le remplacer en radio. La radio c’était pas un rêve de petite fille, c’était pas vraiment ce que tu voulais faire. Non, je n’y avais jamais pensé. Ce n’était pas un rêve.
Je ne m’imaginais pas faire de la radio, mais je n’excluais pas non plus. Je n’y avais jamais pensé, à vrai dire. Et là, quand ce collègue me demande de le remplacer, parce qu’il partait en vacances avec son épouse en août et qu’il n’y avait personne dans la rédaction pour le remplacer, Je lui ai dit oui, pourquoi pas ? Et puis j’y suis allée et je ne suis jamais repartie. Ça s’est plutôt bien passé Corinne, puisqu’on est en 1988 quand tu fais ce remplacement, on parle, on est en 2024 et t’es toujours sur la radio.
C’est que t’as plutôt du talent j’ai envie de dire. Du talent, ça m’a plu, c’est vrai. Alors tu travailles au sein de RFI, on va un peu présenter à nos auditeurs ce qu’est RFI. C’est d’abord le groupe Radio France, et aujourd’hui ça s’appelle France Média Monde. C’est Hervé Bourges qui a créé cette entité dans laquelle on retrouve RFI, la radio, France 24 qui est la même chose en version télé, et puis MCD qui est une radio française de langue.
Arabes, France Média Monde, alors toi t’as suivi tous ces changements, toutes ces pérégrinations, t’as dû déménager aussi, avoir des directeurs d’antenne qui ont changé, t’as vu tout le monde passer toi. Oui, mais avant, je reviens sur une précision. Ce n’est pas Hervé Bourges qui a créé France Média Monde. C’est Hervé Bourges qui a sorti la radio RFI du groupe Radio France pour en faire une entité autonome. Alors, France Média Monde, c’est depuis 2013.
Et France Média Monde, comme vous avez dit, ça regroupe France RFI, France 24 qui est une télévision, et MCD qui est une radio française émettant en langue arabe. Voilà, donc j’ai vu passer beaucoup de directeurs, beaucoup de personnes, beaucoup de dirigeants, comme on dit. Mais avec une continuité, un point commun, c’est que tous aimaient cette radio et ça s’est toujours vu. Tu as animé plusieurs émissions, des émissions culturelles, parfois en quotidienne, parfois en hebdomadaire, parfois coprésentatrice, tu as fait un peu tous les formats de la grille. Mais depuis 2013, tu as repris un rendez-vous qui s’appelait avant Les Français de l’étranger, mais ce nom ne te plaisait pas tellement.
Tu trouvais qu’il était un peu restrictif. Oui, tout à fait. Je trouvais que Les Français de l’étranger, c’était réducteur de ce que je voulais, parce que déjà, on est à l’ère de la mondialisation. même si auparavant RFI s’adressait essentiellement aux français vivant à l’étranger, aujourd’hui RFI parlant au monde entier s’adresse à tous les étrangers, tous ceux qui vivent ailleurs que dans leur pays d’origine, parce que RFI est la seule radio française qui parle des autres régions du monde avec autant de régularité, Donc, un Suédois qui vit au Burkina Faso m’intéresse autant qu’un Français qui vit partout ailleurs dans le monde, et j’ai trouvé que le titre « Vivre ailleurs » convenait mieux. Il s’avère que ce rendez-vous est en partenariat avec lepetitjournal.com, avec qui on travaille aussi.
Tu as dû rencontrer des dizaines, des centaines de personnes, interviewer des grands, des petits, des gens qui étaient loin, des gens sans doute dans des pays que tu ne savais même pas que ça existait. Tout à fait. C’est vrai que j’ai interviewé pas mal de personnes en 12 ans. Beaucoup de personnes que j’ai vues et beaucoup, beaucoup d’autres, encore plus que je n’ai pas vues. Je travaille essentiellement par téléphone, je ne peux pas être aux quatre coins du monde en même temps.
Heureusement qu’on a la technique qui nous permet d’être partout à la fois tout en restant au bord de la Seine à Paris. Donc c’est vrai, j’ai interviewé beaucoup de personnes dans des pays que parfois je n’imaginais pas. C’est quand même assez pratique d’avoir son ordinateur avec Google ouvert pour taper le nom parfois d’un pays, de savoir où c’est, parce que ça m’arrive aussi. Il y a des fois, on est quand même un peu perdu. On n’a pas la science infuse.
Tout à fait. Et puis, il faut dire que les Français se déplacent pas mal dans le monde. Il y a des étrangers un peu partout. Le monde est devenu un petit village et on est parfois très surpris de voir des gens vivre dans des zones comme ce Togolais que j’ai interviewé au Groenland, qui vit encore. Et on se demande, mais qu’est-ce qu’il vient faire là?
Je te pose une question qu’on me pose tout le temps, tu trouves où tes invités ? Mes invités, je les trouve où ? Alors comme tout journaliste, j’ai fait mes recherches déjà, et ça fait 12 ans que je présente la chronique Vivre Ailleurs, j’ai fini par avoir un carnet d’adresses qui s’est étouffé, et puis on a des confrères et des consoeurs à la rédaction qui interviewent des gens partout en fonction de leurs émissions, la structure de l’émission qui permet d’avoir des invités partout dans le monde. Et au début, c’est comme ça que je me ravitaillais. Mais maintenant, je crois que j’ai réussi à avoir ce qu’il faut.
T’as un carnet d’adresse épais comme ça. J’ai un carnet d’adresse qui va bien. Les journalistes partent en vacances en juillet et août. Toi, pas question, puisque c’est le moment où la plupart des Français de l’étranger reviennent voir la famille. Donc en été, tu bosses.
Tout à fait, parce que comme je l’ai dit précédemment, je travaille essentiellement par téléphone, ce qui est normal, je ne peux pas être partout toutes les semaines. Et les Français qui sont à l’étranger, ceux qui reviennent en vacances, ils reviennent en août généralement. Alors, si je veux avoir quelques-uns en live, il vaut mieux être à Paris en août. Donc, je prends mes rendez-vous en août avec certains, ceux qui viennent à Paris. Et il y en a qui viennent aussi pendant l’année, qui me téléphonent.
Oui, je serai de passage à Paris à telle ou telle période. et on cale un rendez-vous et c’est comme ça que je travaille beaucoup en août, c’est vrai. Quand on interview des Français de l’étranger, on est toujours très surpris de la richesse, de la variété, des talents. Tu as ce même sentiment que j’ai moi avec ces interviews ? Tout à fait.
J’ai l’impression que c’est une communauté qui est mal connue en France. Heureusement qu’il y a le petit journal qui les met en valeur, qui les met à l’honneur avec ces trophées. Sinon, les Français font des choses extraordinaires à l’étranger. Parfois, on est très surpris. On se dit mais comment fait-il que ce ne soit pas assez connu en France ?
Parce que ça, on n’a pas idée comme ça de ce que nos compatriotes font à l’étranger. Il y a beaucoup qui ont gardé l’idée des expatriés qui sont au soleil, qui sont tout le temps à la plage et qui font rien, qui profitent du soleil. Pas du tout. Partout dans le monde, les Français, ils innovent, ils créent et vraiment, ils méritent d’être connus. Et c’est vraiment l’occasion pour moi de dire que je trouve que les Trophées des Français de l’étranger sont une excellente initiative parce que ça a permis, en 12 ans déjà aujourd’hui, d’en connaître beaucoup.
On est toujours très surpris, en effet, et surpris d’entendre les Français de l’étranger parler de la France, qui parle de ce beau pays où on y mange bien, où il y a la liberté d’expression. Tu ressens aussi, quand tu les interviews, cette vibration spéciale envers la France ? Tout à fait. Et c’est vrai que tous trouvent qu’on mange bien en France. C’est l’art de vivre à la française, c’est vrai.
Mais les plats français, je n’ai pas vu un seul Français qui ne m’a pas dit ce qui me manque le plus de la France, c’est la nourriture. Et c’est vrai que quand ils vivent à l’étranger, il y a certains qui me l’ont dit, de vivre à l’étranger permet de mieux apprécier le pays qu’ils ont laissé derrière. Donc il faut quand même qu’on se rende compte qu’on vit dans un pays formidable et les Français de l’étranger sont là pour nous le rappeler. Merci beaucoup Corinne pour cet échange. Voilà, te voilà interviewée aujourd’hui.
Ça fait du bien de changer un peu de sens de l’interview. Il y a des fois tu as rencontré des galères, par exemple plus de voix ou des galères techniques, tu as connu tout ça. Plus de voix avec la chronique comme ce n’est pas en direct, non. Contrairement à toi, Gauthier, ma chronique est enregistrée. C’est très rare.
D’ailleurs, je crois qu’en 12 ans, j’ai dû faire trois directs et c’était vraiment parce que j’étais obligée de changer de sujet à la dernière minute. Sinon, je l’enregistre tranquillement. C’est plus confortable, pas comme certaines émissions que j’ai présentées avant, qui étaient en direct. Mais là, c’est assez confortable. C’est pas en direct.
Et à force d’interviewer des gens qui vivent ailleurs, toi, t’as pas envie de vivre ailleurs ? Je vis un peu ailleurs. Chaque fois que j’interview quelqu’un, je vis un peu ailleurs. Je crois que ça doit être pareil pour toi. Pour me déplacer, j’ai l’impression de vivre ailleurs.
C’est ça. On a une empreinte carbone toute petite parce qu’on ne prend pas beaucoup l’avion, mais on voyage continuellement. Corinne Manjou, vivre ailleurs sur RFI chaque week-end. Merci d’avoir répondu à ces questions. A bientôt.
Merci Gauthier, à très bientôt.
Francais dans le monde.

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