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Comment surmonter les défis de l’expatriation ?
Avez-vous déjà envisagé de tout quitter pour vivre à l’étranger, mais avez été freiné par la peur de l’inconnu ou par les stéréotypes culturels ? Dans cet épisode de « 10 Minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous invite à explorer les hauts et les bas de l’expatriation à travers le parcours inspirant de Fabienne Chauvin. De la Tunisie au Qatar, en passant par Dubaï, Fabienne partage son expérience de vie riche en rebondissements, soulignant que l’expatriation est loin d’être un long fleuve tranquille.
Fabienne Chauvin est une figure dynamique de la communauté française à l’étranger, actuellement directrice de la rédaction Lepetitjournal.com au Qatar. Originaire d’Angers, elle a été propulsée dans le monde de l’expatriation dès l’adolescence lorsque sa famille s’est installée en Tunisie. Après un retour en France et une expérience marquante à Euro Disney, elle a suivi son mari à Dubaï à une époque où la ville était encore peu développée. Aujourd’hui, elle est une voix influente pour les expatriés français, notamment en tant que représentante de l’Association « Français du Monde ADFE » au Qatar.
Dans cet épisode, Fabienne partage ses réflexions sur les défis de l’expatriation, les stéréotypes culturels et les obstacles auxquels font face les femmes expatriées. Elle évoque son parcours personnel, de ses réticences initiales face à la Tunisie à son amour pour Dubaï, jusqu’à son installation au Qatar. Fabienne met en lumière l’importance de l’ouverture d’esprit et de la résilience, et comment ces qualités l’ont aidée à surmonter des périodes difficiles, y compris un divorce traumatisant. Son récit est un témoignage puissant de la capacité à rebondir, illustrant que même lorsque l’on touche le fond, il est possible de remonter et de créer une vie en accord avec ses valeurs.
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Chapitrage de l’épisode :
Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Soyez les bienvenus dans 10 Minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 Minutes avec Fabienne Chauvin, direction le Qatar. 10 Minutes, le podcast des Français dans le Monde. Et vous allez voir que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, que l’expatriation, c’est pas toujours le pied et les rebondissements dans la vie, il peut y en avoir.
Et souvent, ça finit bien. Bonjour, Fabienne. Bonjour, Gauthier. Contente de faire ta connaissance.
Le hasard des choses est plutôt bien fait. Deux partenaires de la radio des français dans le monde m’ont dit, fais une interview de Fabienne. Résultat, dans le cadre du partenariat avec Français du Monde ADFE et dans le cadre du partenariat avec Le Petit Journal, puisque tu diriges la section Qatar pour Le Petit Journal, on se retrouve et on échange aujourd’hui. Oui, tout à fait, pour les Français du Monde et pour le Petit Journal où je suis vraiment très fière de représenter l’un et l’autre. Eh bien, on va en parler dans un instant, mais retour à Angers.
Tu es du Maine-et-Loire, pas très loin de Nantes. Tu fais tes études. Tout se passe bien. Tout à fait. À 17 ans, tes parents t’annoncent qu’avec le boulot de papa, vous allez aller vous installer en Tunisie.
Tu n’as pas été très contente. Ça ne s’est pas passé parfaitement. Non, pas du tout. Vu mon milieu social, la petite blonde, je ne vais pas dans un pays arabe où je ne sais pas comment ça se passe, où il y a des harems. Non, je ne vais pas là-bas.
Je ne veux pas être kidnappée, je ne veux pas être mangée toute crue. Donc non, pas du tout contente de partir. J’aurais préféré aller aux États-Unis à l’époque. On va dire que tu avais dans ta tête tout un imaginaire qui s’avère ne pas être le bon, mais des idées préconçues et ça te plaît pas. Totalement, par le milieu social, par l’environnement, par l’école.
On est formaté, je pense, dans certains milieux en France, à penser que les pays arabes ne sont quand même pas vraiment sécures. Surtout à l’époque, on parle quand même d’il y a 20 ans, donc c’était encore pire que maintenant. Retour en France. Retour en France. Et là, tu te dis, il y a quand même un truc qui ne va pas.
Il y a un challenge pour toi de pouvoir réussir cette expatriation. Et tu vas y retourner en changeant ton mindset, en t’ouvrant les chakras, en changeant d’esprit, en changeant d’état d’esprit, ou ouverture d’esprit, on va dire. Et tu reviens, tu te fais plus facilement des amis avec des jeunes Tunisiens. Tu t’immerges un peu plus. Et là, ça se passe super bien.
Super bien, super bien. Ils me font découvrir un pays qui est magnifique. J’étais à Skanes, pour ceux qui connaissent, c’est entre Monastir et Sousse. Et surtout, je m’aperçois que des gens extrêmement pauvres m’invitent chez eux, partagent le seul bout de pain qu’ils ont, me font un couscous. On est dix dans la maison, mais ce n’est pas grave.
C’est un univers totalement différent et inconnu pour moi. et vraiment, sans parler de religion peut-être, mais en tout cas, ils ne m’ont jamais parlé de religion, mais ça m’a interpellée sur tout, culturellement, religieusement, donc oui, ça a été la vie avant, la vie après, c’est totalement ça. En 92, retour en France, tu vas participer à l’aventure de l’ouverture de Euro Disney, le travail à l’américaine, travailler avec des collègues qui viennent du monde entier. Ça, c’est assez stimulant. T’es plutôt baigné dans la communication à ce moment-là.
Et là, tu vas rencontrer ton futur ex-mari. Alors je vais préciser que ce monsieur est riche. C’est important pour la suite de l’histoire. Vous aurez deux enfants et vous avez envie de revivre l’international. Résultat, vous allez découvrir Dubaï, qui est à l’époque un pays inconnu.
Il y a à peine 2000 Français là-bas. Ce n’est pas du tout le Dubaï d’aujourd’hui. Pas du tout, du tout. Alors, mon mari est d’origine étrangère, il n’était pas français. Et donc, du coup, pour lui, ça coulait de source.
Du coup, il était arabe, on va dire les choses comme elles sont, au grand dam de ma famille. Et moi, je ne me voyais pas me marier avec quelqu’un d’une autre origine. La Tunisie m’avait vraiment marquée. Et il n’était pas tunisien, entre parenthèses. Mais en tout cas, on va à Dubaï.
Et Dubaï, c’est vraiment, il n’y avait rien, rien, rien du tout à l’époque. et il n’y avait pas de Bourgelles Arabes, il n’y avait pas de Jumeirah, il n’y avait rien, il n’y avait absolument rien. Et la communauté française était exclusivement composée d’expats qui arrivaient de chez Total ou autre, et pratiquement personne, en tout cas de conjoint suivant de femmes françaises ne parlait anglais. On parle d’une époque où Internet venait tout juste de voir le jour. Donc c’était vraiment un pays inconnu et un pays magnifique, magnifique.
Et là, tout se passe bien jusqu’au moment où on arrive au divorce. Et là, c’est la catastrophe. Période traumatisante. Le divorce, ça va être long à être reconnu. Tu perds tes droits.
Tu rentres en France avec les deux garçons. Tu n’as pas d’allocation familiale. C’est la descente aux enfers. Tu vas même jusqu’à devoir aller manger au Resto du Coeur. En pensant rentrer dans mon pays, parce qu’il faut savoir que, et ça c’est un de mes dossiers maintenant en tant que présidente représentante des Français à l’étranger, mon dossier femme est vraiment ancré en moi parce que jusqu’à maintenant il y a encore cette problématique de la femme expat qui suit son mari et qui se retrouve suite à un vauvage, suite à un divorce surtout, sans rien, sans absolument aucun droit, sans famille autour, c’est extrêmement difficile pour une femme.
Et du coup, je me suis dit, je retourne chez moi en France, retrouver, voilà, je vais avoir mes droits, on va m’aider, je vais pouvoir souffler. Et grosse erreur parce qu’en fait, comme j’étais partie plus de deux ans hors France, j’avais une carence de droit et avec deux bébés à charge, je n’avais pas le droit à la sécu, pas le droit à faire une demande bien sûr de logements sociaux, pas le droit à rien, absolument à rien. et mes enfants étaient pris dans une école publique, pourtant c’est pas Paris, c’est à Angers, et mes enfants étaient vraiment maltraités, parce que les robes de chez l’Arabie Saoudite, de chez les Arabes, on a été traité, mais moi j’étais vraiment sans jouer la victime, comme de la merde, et sans revenu, sans rien, et bien qu’est-ce que vous faites ? Vous passez d’un statut chauffeur, avec chauffeur, etc, à demander, et heureusement, qui a ces associations là, parce que vous allez au resto du cœur demander de la nourriture pour nourrir vos enfants. On en est rendu là.
Alors en effet, c’est une période très difficile au point que tu te dis je veux repartir à Dubaï et c’est ce que tu vas faire avec 500 euros en poche et arrivé là-bas, tout va repartir. Tu vas trouver un boulot de documentaliste à l’école française, puis tu vas diriger des petites écoles de maternelle. Là, ça y est, c’était la fin de la descente aux enfers. Alors oui, ça a été le début, alors attention pour peut-être que ceux qui nous écoutent me disent voilà cool, moi je vais repartir aussi, enfin je vais partir avec 500 euros en poche, c’était à l’époque, donc faire attention aussi, maintenant c’est beaucoup plus difficile, mais il y a encore ici des Français qui tentent, À un moment donné, je pense qu’il faut choisir ce qu’on veut, il faut être en accord avec ses valeurs. Et moi, je ne me voyais pas élever mes enfants, de continuer à élever mes enfants dans un pays qui ne reconnaissait pas mes droits, où j’étais au resto du cœur, où l’avenir était très fermé pour moi, malgré mon master de com.
On ne m’offrait pas de boulot parce que je n’avais pas forcément d’expérience en France. J’ai été condamnée pour moi, peut-être c’est une fausse idée, mes femmes de ménage, mes enfants dans une HLM, mes enfants dans l’école horrible de quartier. Du coup, je me suis dit que je repars. Et à Dubaï, j’ai ressaisi le tribunal, qui m’ont accordé mes droits, donc ils m’ont accordé une pension alimentaire, qui ont forcé mon mari à me verser une pension alimentaire, contrairement à la France. Mon divorce a été prononcé, et puis j’ai trouvé du travail, j’ai commencé à travailler, à travailler dur par attention, parce que ce n’était pas évident non plus, mais voilà, je donnais des cours particuliers en plus de mon travail.
Mes enfants étaient pris en charge par l’école, Donc ça a été le début et puis après, petit à petit, on a remonté jusqu’à tant que mes enfants. Les enfants vont grandir. Vous allez rentrer pour qu’ils fassent leurs études en France. Mais toi, tu as quand même cette petite envie d’international. En 2017, une amie est au Qatar.
Elle te dit, viens voir. Toi, tu pars là-bas pour huit jours de vacances et tu n’es jamais rentré. Mais en fait, je suis rentrée, oui, j’avais ma maman aussi qui était malade. Je suis rentrée, je me suis dit, bon, le temps que, voilà, peut-être pas forcément repartir, pas forcément international ou pas forcément, mais en tout cas, rester en France, non, parce que moi, j’avais évolué, ouverture d’esprit, etc. Ça ne correspondait plus.
Donc, je me suis dit, ce n’est pas grave, c’est un temps donné. et je me suis dit bon je vais faire le Portugal où il y a des offres, etc. Et puis une amie insiste pour le Qatar et je dis non non c’est bon, les pays arabes, tout ça, Moyen-Orient, j’avais envie de tourner la page par rapport à mon histoire avec mon ex-mari, etc. Donc non, je voulais voir autre chose, peut-être que c’est pas ça qui me convient. Et effectivement, finalement, je cédais, je suis venue la voir pour huit jours et je ne suis jamais repartie.
Au moment où on se parle, tu te promènes dans la rue du Qatar, en plein Qatar. Il fait un gros 20 degrés. Magnifique. Si vous pouvez voir, c’est magnifique. Et puis voilà, en face de moi, il y a des Philippines, il y a des Qataris, il y a des Français, il y a vraiment toutes les nationalités.
Tout le monde vit ensemble en se respectant. Enfin, c’est juste sécurité, voilà, c’est 100%. C’est l’une des villes les plus sûres au monde. Et ça, c’est un luxe. Pour moi, c’est un luxe.
Ce n’est pas le sac Louis Vuitton. Le luxe, c’est de pouvoir pratiquer ma religion si j’ai envie de la faire, de me mettre en niqab, de me mettre en minijube. C’est ça, le luxe. C’est le respect de chacun et la sécurité de, voilà, vous n’avez pas peur qu’il vous arrive quelque chose. C’est juste ça le luxe, c’est pas les dollars qui tombent ou le sac Louis Vuitton.
Fabienne, tu es devenue la directrice de la Chambre francophone du Qatar et c’est à ce titre que tu vas échanger avec l’Association Française du Monde ADFE qui veut ouvrir une antenne là-bas. C’est comme ça que tu rentres en relation avec eux et puis c’est des valeurs qui te correspondent. Bien sûr, bien sûr. J’ai rencontré le président, on a échangé ensemble et puis je leur ai dit voilà moi je peux ouvrir une antenne au Qatar et j’avais besoin aussi parce que toute seule on ne fait pas tout non plus malgré que j’avais une équipe mais j’avais besoin d’officialiser les choses et d’avoir un poids un peu plus lourd derrière moi qui me suivent donc à Paris ils ont été génials. Ils sont toujours génials d’ailleurs parce que Malgré, parce qu’on n’est pas forcément bien vu, quand on ouvre quelque chose à l’étranger, il y a des mastodontes qui sont là depuis 20 ans, qui ne sont pas forcément open à vous accueillir ou à vous laisser faire.
Et Paris est toujours là. Enfin voilà, Français du monde, vraiment chapeau parce que déjà, leur façon de faire, et puis quand je les appelle, il y a toujours quelqu’un. J’appelle au Vietnam, j’appelle à Paris, il y aura toujours quelqu’un pour me dire quelle est la problématique, comment on fait. Là on vient de recevoir le sénateur Yann Chantrel qui est une personnalité magnifique, qui est allé justement à la rencontre des Français et des francophones ici au Qatar. Et vraiment c’est une ouverture d’esprit, on prend les gens dans leur globalité et non pas forcément par leur société.
Donc ça c’est important, c’est des valeurs importantes. Et Fabienne pour terminer, depuis quelques mois tu as pris la direction de la rédaction Le Petit Journal Qatar. Tout à fait. Dans lequel on peut trouver des articles, des contenus pour tous les francophones qui vivent sur place. Je pense, par exemple, l’article le plus lu en ce moment, c’est « Travailler au Qatar, le guide complet ».
Donc là, c’est une nouvelle mission pour toi pour alimenter le petit journal au quotidien. Avec grand plaisir et l’équipe du Petit Journal est aussi vraiment exceptionnelle à l’écoute et c’est vraiment un journal d’information pour tous les francophones qui sont dans le monde parce qu’ils ont des sections partout et notamment au Qatar. Fabienne, pour terminer, pour conclure, avec l’expérience que tu as eue et qu’on a racontée sur l’antenne de la radio des français dans le monde, tu es la preuve vivante qu’on peut toucher le fond, mais qu’il y a toujours de l’espoir à garder en soi et que tout peut s’améliorer, tout peut s’arranger. Alors je dirais même plus loin parce que moi je suis une femme et en tant que femme on a souvent des peurs ou des craintes et moi je dis non il faut y aller quoi. Tant qu’on n’est pas mort, enfin moi c’est ma devise, tant qu’on n’est pas mort on peut faire des tas de choses et vaut mieux avoir des échecs où on apprend des choses que des regrets parce que des regrets malheureusement à la fin de vie on ne peut rien y faire, c’est des regrets et on vit avec ça après.
Donc foncez. il faut que ça soit sécurisé bien sûr, ça s’apprend, ça se prépare, mais honnêtement, homme ou femme, peu importe, on n’a qu’une vie, il faut vraiment la vivre en conformité avec ses propres valeurs, avec sa façon de vivre, pas de s’occuper des voisins, des gens, je ne sais pas, les peurs, on les fait nous-mêmes, donc foncez. Eh bien voilà un beau podcast inspirant. Merci beaucoup Fabienne, je te laisse finir ta promenade. A bientôt.
Merci, à bientôt et un grand merci à toi.
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