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Avez-vous déjà envisagé de tout quitter pour vivre une nouvelle aventure à l’étranger ?
Dans cet épisode captivant de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, » nous rencontrons Étienne Morax, un photographe français qui a osé faire le grand saut en quittant sa vie bien établie en France pour s’installer à Londres, une ville qu’il connaissait à peine. Étienne partage son parcours audacieux, de ses débuts modestes dans une auberge de jeunesse à son immersion dans la culture locale en travaillant comme barman et laveur de vitres. Sa quête d’une nouvelle vie et son désir d’apprendre l’anglais l’ont conduit à découvrir une passion inattendue : la photographie.
Étienne Morax, originaire d’Angers, a initialement suivi une formation en génie mécanique avant de tout abandonner pour Londres. Sa transition vers la photographie n’était pas planifiée, mais est née d’une passion découverte au fil de ses expériences. Aujourd’hui, il est à la tête de Morax Photography, un projet qui lui permet de vivre de son art et de s’épanouir professionnellement. Sa présence en ligne est marquée par plusieurs comptes Instagram où il partage ses travaux variés, allant des portraits en studio aux événements en extérieur.
Cet épisode explore les défis et les opportunités rencontrés par Étienne lors de son installation à Londres, ainsi que son évolution professionnelle vers la photographie. Il évoque également l’impact du Brexit et de la pandémie sur sa carrière et sur la communauté française à Londres. Étienne partage son amour pour la ville, sa diversité culturelle et son dynamisme, tout en discutant de ses projets futurs, tant dans la photographie que dans d’autres domaines artistiques. C’est un témoignage inspirant pour ceux qui envisagent de suivre leurs passions et de s’ouvrir à de nouvelles expériences à l’étranger.
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Chapitrage de l’épisode :
Vous écoutez la radio des Français dans le Monde.
le podcast. Et nous allons faire le portrait d’un français à Londres en partenariat avec Frogs in London. On va retrouver Etienne Morax, Morax Photography. On va parler de sa passion, qui est aussi son travail aujourd’hui. Bonjour Etienne.
Bonjour Gauthier. Si tu es d’accord, on retourne à Angers pour débuter cette interview. T’es natif de là-bas, près de Nantes. Tu travailles en BTS, génie mécanique. Mais il y a huit ans, t’as une envie de vivre autre chose et tu pars pour Londres tout seul.
C’est ça, j’ai vraiment quitté tout ce que j’avais construit en France pour démarrer une nouvelle aventure. Et pourquoi Londres ? En vrai, je connaissais pas trop. Je cherchais une ville dynamique anglophone et c’était peut-être ce qu’il y avait de plus près, simplement. Là-bas, tu vas commencer avec auberge de jeunesse, à la dure quoi.
Ouais, j’arrive, zéro plan, juste pris une auberge pour 2-3 nuits. Mais c’est vrai que 9 par chambre, c’est comme une expérience. On va pas se mentir, tu dors pas très très très bien. Ça crée des liens. Ouais, c’était une aventure aussi, je pense.
C’est une aventure humaine que je voulais faire. Je voulais partir tout seul quelque part et puis voilà, faire l’aventure à fond. Du coup, tu vas te faire quelques petits boulots assez rigolos, barman. L’occasion de découvrir les bières anglaises. Ah ouais, mais ils en ont beaucoup trop.
En plus, j’ai atterri dans un Weatherspoon, ils avaient à peu près, je ne mens pas, il y a moins de plus de 20 bières en tape, tu vois, en pression. T’avais la moitié que c’était des bières tièdes, sans bulles, là où tu dois pomper, et l’autre partie qui était en mode lager, les bières avec des bulles. Du coup, il fallait pas mal de noms à prendre, mais bonne expérience. Les Anglais sont quand même assez sympas, assez polis au quotidien, donc être en contact avec eux, c’était… C’était assez cool.
On n’a pas dit que tu ne maîtrisais pas complètement la langue anglaise quand. Tu es parti d’Irlande. C’était une catastrophe. C’était une de mes raisons pourquoi je suis parti. Je n’arrivais vraiment pas à apprendre l’anglais sans être immergé.
Je me suis dit, la dernière chance, il faut que j’aille sur place. C’est ma dernière chance d’être bilingue. Tu as fait également window cleaner. Les Anglais ne lavent pas leurs vitres. Ils ne peuvent pas laver leurs vitres.
L’ingénierie anglaise est assez incroyable, ils font des fenêtres guillotines qui font que quand ta fenêtre est levée, tu n’as pas accès de l’autre côté parce que tu as l’autre partie de la fenêtre qui le cache. C’est impossible, à moins d’avoir des échelles de 5 mètres ou vraiment d’avoir un kercher très puissant, c’est impossible de laver ses fenêtres soi-même. Et tout doucement on va glisser vers un autre métier, la photographie, premier appareil photo et puis de bons retours sur ton travail. Résultat, ça va être une passion mais aussi ton job. C’est ça, c’est vraiment, j’ai découvert un métier passion.
Comme la musique me drivait, j’ai découvert quelque chose où je pouvais en tirer profit et en vivre. Et non, c’est une révolution, le contact avec les gens que tu peux avoir par rapport à mon ancien travail, la valorisation même de mon travail, le retour que j’ai des gens. Et puis, je ne peux y passer. Vraiment, je ne me verrais même pas m’arrêter tout de suite. On est en zoom pour faire cette interview.
Je vois des guitares derrière toi. Tu viens de me parler de musique. Londres est quand même le berceau de la culture pop. Tu n’as pas été tenté de glisser vers la musique plutôt que la photographie ? La musique, je le garde toujours sur le côté.
C’est un projet. Mais quand j’étais en France, j’ai joué dans des groupes. J’ai rencontré vraiment des virtuoses de la musique.
en fait ça avait l’air d’être très très précaire de vivre de la musique ou alors fallait faire des concessions et animer des crèches ou faire des choses que t’as pas forcément envie pour de payer ton loyer et je n’avais pas envie de faire ce genre de sacrifice. Et du coup, à Londres, je ne me suis pas dit que c’était une option, mais je l’ai quand même sur le côté. Je fais toujours pas mal de musique. J’ai des projets pour le futur, mais c’est vrai que c’est un beau berceau. J’étais à Liverpool il y a deux semaines et c’est vrai que c’est vraiment la ville du rock.
Il y a des salles de concert partout et on sent que c’est des amoureux aussi de la guitare, peut-être plus qu’en France. Morax Photography, aujourd’hui, c’est un magnifique compte sur Instagram que je vous mets en lien dans la story de cette émission. Là, il y a quand même une pâte étienne qui est visible. Tu as l’air de bien t’éclater dans ce métier passion. Ouais, c’est incroyable de découvrir, parce que ça fait peut-être 3-4 ans que j’ai découvert la photo, j’en faisais pas spécialement sur le côté avant, et une fois que j’ai intégré, j’ai vraiment découvert comment ça fonctionnait, enfin une énergie folle qui m’arrivait, et du coup là je peux plus m’en passer, c’est comme une drogue un peu.
J’en ai besoin pour être épanoui. Et c’est sur Londres le terrain de jeu pour trouver les décors pour tes photos, ou tu bouges un peu ? Pour être honnête, je suis pas mal à Londres, je suis beaucoup de studios, je suis en colocation avec deux amis, on a une maison en plein sordide, c’est le quartier Est artistique, et c’est hyper bien situé pour faire venir n’importe qui, n’importe quel modèle, ou travailler avec des maquilleuses, des stylistes et tout ça. Et puis Londres, mine de rien, il y a quand même beaucoup beaucoup de lieux qui sont très photogéniques. Donc pour le moment, je me concentre ici parce que tout mon matériel est là et j’aime bien bosser avec des lumières artificielles, beaucoup d’équipements, ce qui fait que pour voyager, c’est un peu technique.
On ne va pas se cacher que les deux dernières années ont été compliquées pour Londres et les Français de Londres entre le Brexit et la pandémie. Ton activité d’ailleurs a souffert pendant cette période-là. En fait, c’était un mal pour un bien. En fait, avant le Covid, j’étais plus en mode survivaliste, c’est-à-dire que je venais de me lancer, j’avais pas forcément un gros réseau, donc je prenais tous les contrats qui venaient sans vraiment choisir. Et maintenant, du coup, j’ai eu du temps pendant le lockdown et qui m’a permis de bosser exactement ce que j’aimais et je suis ressorti beaucoup plus fort qu’auparavant.
Et j’ai l’impression que le Brexit aussi, Ça a un effet positif plus ou moins sur les Français qui se sont implantés ici parce qu’on devient un petit peu rares et j’ai l’impression qu’il y a des jobs qui peuvent être comme Nanny, Barman, même des jobs qui demandent de parler français où les salaires sont revalorisés parce qu’ils ne trouvent plus de personnel, que ça soit dans les restaurants ou même en global. J’ai l’impression que les salaires autour de moi augmentent. Aujourd’hui, la vie à Londres se passe comment ? Le Covid est un peu parti. Je pense que c’est comme chez nous en France.
On retrouve un Londres dynamique, vivant et pétillant comme ça l’était avant.
J’ai l’impression que l’Ontario ne s’est jamais vraiment éteint, en final, parce qu’on n’a pas eu de restrictions, comme vous avez vu en France. On n’a jamais eu de couvre-feu. Quand on devait rester à la maison, c’était plus ou moins respecté. Il n’y avait pas d’amende. Et puis là, ça fait déjà pas mal de mois qu’on peut sortir en bar, boîte, sans passe sanitaire, sans rien du tout.
Donc c’est vrai qu’on a l’impression que c’est terminé depuis un petit moment. Mais oui, j’ai l’impression qu’il y a quand même un peu moins de monde qu’il y a 3-4 ans. Il y a des gens qui ont pris l’habitude de rester chez eux, ou qui se sont installés ou qui sont partis de Londres. Et il y a une dynamique un peu plus faible, j’ai l’impression. Ça te ferait plaisir qu’un groupe de Londres t’appelle pour que tu fasses la photo de leur pochette ?
En vrai, combiner toutes mes passions, c’est dans mes projets aussi que j’aimerais faire quelque chose là-dedans. Quel est ton rapport à la France aujourd’hui ? Tu gardes un contact avec ton pays d’origine, de l’info, de la musique, je suppose les amis et la famille ? Oui, à mes familles, je garde toujours contact, assez peu, mais quand même régulièrement. Je suis pas mal les enfants en France, je regarde le zapping qui est passé sur France 2.
Du coup, c’est intéressant parce que je côtoie beaucoup de Français à Londres. Tu connais la Frog in London, c’est une application pour français à Londres qui est très populaire et on est très nombreux ici. Je fais du théâtre en français, j’ai beaucoup d’amis, mes colocataires sont français aussi. Donc au final, on parle souvent des actus en France aussi. Etienne, j’ai l’impression que cette ville, c’est ta ville aujourd’hui.
J’aime beaucoup l’ouverture d’esprit qu’on y trouve et le mix de populations aussi. Il y a des gens qui viennent de partout dans le monde. Mettons, tu as un conflit en Ukraine, c’est facile. J’ai des contacts russes, ukrainiens qui peuvent te donner leur retour, ce que je n’avais pas forcément avant. Et puis, j’ai l’impression que tous les gens que je côtoie ici ont une histoire, ont fait des choses de leur vie et ne sont pas juste suivis un schéma.
Je fais mes études, j’achète une maison, je fais des gosses et puis un pavillon au banlieue. Et je trouve ça assez intéressant et moi, ça me stimule pour le moment. Je ne sais pas si tout au bout d’un moment, ça va me fatiguer, mais en ce moment, c’est ce que j’ai besoin. Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour ton activité photographie? Il y a des étapes importantes qui arrivent dans les prochains temps.
Là, je vais refaire un peu mon image. J’ai des projets de création de boîtes aussi. Du succès, on va dire. C’est tout ce que je te souhaite. Allez faire un tour sur Morax Photography.
Très jolie photo. Il y a plusieurs comptes Instagram. Un petit mot sur le fait qu’il y en ait plusieurs ? J’ai voulu faire différentes identités parce que j’ai un compte, c’est que du studio avec des mannequins. Et du coup, c’est de la photo qui est très, très, très édité, très travaillée.
Et j’ai un compte où c’est plus extérieur, qui peut être plus événements ou photos de gens qui sont un peu lambda, j’allais dire, mais des gens que je mets en valeur, mais qui ne sont pas des professionnels. Et après, j’ai un compte pour la nourriture et j’ai un compte aussi boudoir que je n’ai pas dû partager, donc j’ai lancé Il y a quelques mois. On pense clairement qu’Etienne a plein de vocations artistiques à explorer et on n’a pas fini d’en voir. Merci. À bientôt.