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Dans cet épisode captivant de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous invite à explorer les défis et les opportunités de la mobilité internationale à travers le parcours fascinant d’Anna Casal : une rencontre réalisée dans le cadre du partenariat avec Mazette, le réseau business, entrepreneuriat, carrière et expatriation en Espagne. En partant d’une question stimulante, il nous pousse à réfléchir : comment une vie passée entre différentes cultures et pays peut-elle enrichir notre vision du monde et influencer notre carrière professionnelle ? Anna, qui a grandi à Andorre avant de s’installer à Paris, Barcelone, New York et maintenant Madrid, partage ses expériences uniques et les leçons apprises au cours de ses nombreux déménagements.
Anna Casal est une journaliste économique et entrepreneure qui a su se réinventer à chaque étape de sa vie. Née à Nîmes, elle a grandi à Andorre, un pays méconnu niché entre la France et l’Espagne. Avec une carrière débutée à Paris, elle a couvert la crise des subprimes en Espagne avant de s’installer à New York, où elle a fondé sa propre entreprise de communication. Aujourd’hui, elle vit à Madrid et continue d’explorer le monde des startups et des fonds d’investissement. Anna est également auteure de plusieurs ouvrages et est active dans la communauté francophone en Espagne, notamment à travers son implication dans Mazette, une organisation qui soutient les entrepreneurs français.
Dans cet épisode, Anna nous parle de l’impact de ses expériences internationales sur sa vie personnelle et professionnelle. Elle évoque les différences culturelles entre la France, l’Espagne et les États-Unis, et comment ces environnements ont façonné sa perception de l’entrepreneuriat et de l’innovation. Elle discute également du rôle des Français expatriés dans le rayonnement de la culture française à l’étranger et de l’importance de réseaux comme Mazette pour soutenir les entrepreneurs. Enfin, Anna partage sa vision optimiste du dynamisme entrepreneurial en Espagne et l’attrait de ce pays pour les Français, tout en soulignant l’importance de l’ouverture culturelle et de la résilience dans un monde en constante évolution.
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Chapitrage de l’épisode :
Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Anna Cazal, direction Madrid. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
C’est la première fois que j’interview quelqu’un qui a un passeport andorran. Ben oui, il faut de tout dans la vie andorre, qui n’est pas rattaché à l’Espagne, contrairement à ce que je croyais. Mais Anna va nous en dire plus. Bonjour et bienvenue. Bonjour Gautier, merci de m’accueillir aujourd’hui pour ce podcast.
Enchantée. Podcast, c’est un univers que tu connais. Tu animes même des podcasts, tu m’as dit. Oui, j’ai démarré cette semaine. Ce n’est pas évident.
Ça va bien se passer, ne t’inquiète pas. On va revenir sur un parcours très international. Tu as beaucoup bougé depuis que tu es né à Nîmes avec une famille originaire de Montpellier et donc tu grandis à Andorre. Alors un mot sur Andorre, fais-moi une petite fiche descriptive. Alors, Andorre, c’est un tout petit pays que personne ne connaît ou très rarement.
On est situé dans les Pyrénées, entre la France et l’Espagne. C’est un pays qui fait à peu près 468 km², beaucoup plus grand que Monaco. Donc, je crois que ça fait 10 fois la taille de Monaco, non, même 100 fois la taille de Monaco, pour vous donner une idée. Nous, les petits pays aussi, on a notre petite hiérarchie. L’histoire de l’Andorre, c’est une histoire qui remonte au temps de Charlemagne.
Il y a une sorte de convention qui a été signée ensuite entre l’évêque catholique espagnol qui régnait à côté et le comte de Foix, pour se séparer ce territoire qui est devenu complètement neutre. Et au fil des années, ce territoire qui était voué à l’agriculture, qui, oui, principalement à l’agriculture, qui était très pauvre. Dans les années 70, ça a complètement décollé économiquement. On a pu le considérer longtemps comme un paradis fiscal, mais il ne l’est plus. Et je profite de l’antenne pour le dire.
Un super pays où la nature est très préservée. On peut skier, c’est hyper agréable. Je le conseille à tout le monde. Donc j’y ai passé 17 ans. Et c’est là que les clopes et l’alcool ne sont pas chers.
Alors ça, c’est le point de vue des Français qui viennent et qui s’arrêtent souvent à la frontière au supermarché. Non, mais il y a des endroits magnifiques à visiter. Je le conseille vraiment à tout le monde. C’est la nature dans ce qu’elle est le plus sauvage et le plus naturel. C’est vraiment très, très préservé.
C’est magnifique en été comme en hiver. Alors, tu quittes cet univers de nature sauvage pour t’installer à 17 ans à Paris pour faire tes études. Très différent. Un petit passage pour un stage en Suisse. Et puis, il y a un mariage avec ton mari qui a, comme toi, envie d’international.
Première opportunité de vous installer à Barcelone. En 2008, vous y êtes et tu seras journaliste économique. Ça tombe bien. L’économie est le grand sujet du moment. C’est la crise des subprimes.
Absolument. Le dernier article que j’ai écrit avant de partir de Paris, c’était un grand article sur la faillite de Lehman Brothers. Donc, j’ai suivi et puis j’ai déménagé en Espagne pour suivre mon mari. J’ai été correspondante de plusieurs endroits économiques là-bas pour suivre l’économie de la péninsule ibérique. Donc, c’était vraiment Un passage qui m’a beaucoup marquée, un pays qui était couché de plein fouet par cette crise immobilière, qui arrêtait toutes les constructions.
Une ville comme Barcelone était comme figée dans le temps, avec des immeubles à moitié construits pendant des années qui restaient comme ça à l’abandon. Une population qu’on voyait de plus en plus au chômage, concrètement dans la rue. Mais une ambiance en fait, un aspect positif. Ce qui m’a le plus marquée, c’est vraiment le côté positif de l’Espagne. Le fait que les gens gardaient espoir, ne se plaignaient pas.
Et puis finalement, tout est reparti au fil du temps. Et je suis revenue à Paris en 2011, après cette expérience-là qui était fort formatrice. Tu me disais en préparant cette interview, c’était drôle de voir deux pays, la France et l’Espagne, qui étaient tous les deux un peu dans une crise financière. Mais l’Espagne voyait le bon côté des choses, pendant que nous, on voyait tout en noir. Oui, j’étais marquée de prendre l’avion parfois, rentrer à Paris et croiser des amis, des gens qui se plaignaient de la situation économique, qui étaient très inquiets finalement, assez pessimistes.
et revenir en Espagne, avoir cet espoir finalement dans la tête de chacun et l’envie de partager avec les siens chevillés au corps. Finalement, les Espagnols, ils ont cette capacité, cette résilience et cette capacité à être ensemble, à vivre ensemble. Toutes les générations sont mélangées et tout le monde a quand même espoir en l’avenir. Deux approches différentes. Deux pays frontaliers qui ont cependant des différences culturelles assez fortes.
Retour à Paris en 2011, ton mari devient diplomate. Ça veut dire que tu vas pouvoir refaire tes valises peu de temps plus tard. Tu vas décoller pour New York, vous allez y vivre trois ans. Et là-bas, tu te retrouves conjoint accompagnateur. Il faut laisser ton métier, il faut te réinventer.
Et c’est là que tu crées ta première société. Tu montes une boîte de com à New York. Absolument. Entre temps, à mon retour à Paris, j’avais arrêté d’être journaliste déjà et j’avais commencé à travailler dans le domaine de la communication qui me passionnait. Je me rendais compte à quel point finalement notre connaissant des choses, passer toujours par ce filtre de la communication en tant que lecteur, spectateur, auditeur, c’était assez intéressant.
Donc voilà, je déménage à New York sans savoir trop ce que je vais faire, si je vais pouvoir avoir un permis de travail. Finalement, je l’obtiens et je monte ma boîte de communication. On continue à travailler pour des fonds d’investissement, notamment des fonds français qui ont ouvert leur filiale à New York à cette époque-là. 2011, c’est le moment où il y a énormément de start-upers français aussi qui ont des boîtes qui ont grossi, qui peuvent se permettre d’aller ouvrir une filiale à New York. Donc il y a un écosystème fabuleux qui est fédéré par des associations.
Je pense notamment à French Founders qui a fait un super boulot sur place. Et voilà, il y a une certaine élimination entre les Français. Je montre ma boîte de com, ça marche très bien. Moi, ce que j’adore aussi quand je suis à l’étranger, c’est vivre avec le pays et ce moment politique exceptionnel. J’ai vécu l’élection de Trump à New York, dans un endroit très démocrate, et j’ai vécu l’effondrement moral de cette ville, le choc de la soirée, et puis après Trump qui accède au pouvoir.
Voilà, et tout ce que ça implique de discours complètement dystopiques, qui aujourd’hui nous semblent tout à fait normaux, mais qui à l’époque étaient vraiment intéressants d’un point de vue de communication après l’ère Obama. Et quand tu le vois à nouveau, après tout ce qui s’est passé au Capitol, etc. Après tous ces procès, le voir revenir et être en compétition sur la ligne finish pour retourner faire un second mandat, rien ne t’étonne ? Non, je ne suis pas étonnée. La société américaine, elle est comme ça, elle est étonnante.
Finalement, elle est aussi régie beaucoup par l’argent. Malheureusement, c’est une société qui vit en silo avec des populations qui sont très unies en communauté, mais qui vivent aussi les unes à côté des autres. Donc, c’est un système aussi qui est régi par l’argent et quand on a de l’argent pour faire une campagne, en général, Voilà, on a pas mal de chances. Alors je ne sais pas s’il va. Gagner, j’ai des doutes pour cette fois-ci quand même.
On verra ça, ça va aller vite maintenant. Petite chose par rapport aux chefs d’entreprises français qui développent leur business partout dans le monde. Tu l’as connu à New York, tu le connais aujourd’hui à Madrid, là où t’es installée. Est-ce que cette diaspora française qui crée des emplois, qui fait quand même briller notre culture, est-ce que tu trouves que la France leur rend suffisamment hommage Ou est-ce qu’on les traite plus comme exilés fiscaux qu’autre chose ? Tu me poses la question du point de vue des gens qui habitent sur place, c’est ça ?
Depuis que tu as parlé des Espagnols et des Américains, comment sont vus les Français ? Ou même du point de vue des Français qui souvent critiquent un peu ces Français qui sont partis alors qu’ils réussissent et qui font briller la France au-delà de nos frontières finalement. Moi, j’ai trouvé que les Français qui étaient entrepreneurs et qui entreprenaient à l’étranger font rayonner la France, clairement, parce qu’ils ont des formations qui sont de très haut niveau. Je pense notamment aux ingénieurs français, par exemple dans l’intelligence artificielle, ce sont des gens qui sont extrêmement respectés, les mathématiciens aussi. Donc quand même, la France, elle a des ambassadeurs extraordinaires parmi ces entrepreneurs qui sont reconnus à l’étranger.
Et je pense qu’ils sont un peu le porte-étendard de la France. Ils n’ont pas honte de la représenter. Ils s’en vendent souvent. Souvent, ils acceptent d’avoir un accent français persistant après des années à l’étranger. Ils n’en ont pas honte.
On a quand même un savoir-faire extraordinaire en France. Moi, j’ai peu de critiques à adresser aux Français qui sont qui font cette expérience-là de l’étranger. Et moi, pour les interviewer souvent, c’est quand même incroyable, ces belles idées, ces belles valeurs qui sont exportées. Et moi, personnellement, je trouve que les Français de France ne sont pas assez honorés par leur travail. C’est vrai.
C’est vrai que c’est une question qu’on peut se poser absolument. Alors, tu t’installes à Madrid, en effet, puisque l’aventure de la diplomatie va vous emmener de ci, de là. Et tu continues avec ta boîte de com et tu travailles au sein de Maya & Mercure pour les fonds d’investissement et les startups. T’es aussi conférencière, t’es aussi auteur. Dis donc, tu es multicasquette, podcasteuse, maintenant on peut le dire.
Tu as écrit Le Grand Plongeon, notamment sur ces entrepreneurs dont on parlait, ces entrepreneurs français. Et puis récemment Savoir rebondir après 45 ans. Tout ça fait que tu as rejoint Mazette, on est partenaire, avec le travail que Circé a fait pour animer la communauté francophone. Tu es dans le board de Mazette. C’est important ces Français en Espagne aujourd’hui.
J’ai l’impression que c’est vraiment l’eldorado l’Espagne en ce moment. Alors, c’est un villier extraordinaire. C’est vrai qu’il y a énormément de Français talentueux qui sont arrivés en Espagne dernièrement, notamment à Madrid. La raison d’être de Mazette, elle est évidente à mon sens. Tous ces gens-là qui ont des âges différents, qui viennent de zones différentes en France, ils ne sont pas tous parisiens, ont besoin de se retrouver, ont besoin de conseils, de sentir un soutien, un accompagnement.
Mazette le fait très, très bien. Franchement, Sirté, ça vient d’elle. Elle a un talent vraiment extraordinaire pour faire se rencontrer des gens. C’est naturel. Elle arrive toujours à connecter les bonnes personnes et surtout, elle arrive à accompagner ces entrepreneurs ou ces professionnels qui veulent se développer en Espagne à travers plein plein d’événements qu’elle organise et des conférences qui ont des thèmes très intéressants.
Dernièrement, notamment, elle avait organisé, je me souviens, un atelier autour de la culture d’entreprise espagnole Je trouve ça extrêmement intéressant de parler de comment se comportent les gens dans un pays. C’est imprégné de culture, imprégné de savoir-être très local. Et savoir ça, je pense que c’est hyper pertinent avant de se lancer dans la recherche d’emploi ou monter sa boîte ici. Et voilà, Mazette, c’est ça. C’est plein de petites confettis comme ça, de savoir, de savoir-faire qui sont proposés aux membres, je trouve que c’est très intéressant.
Et en plus, les membres sont hyper sympas, il faut le dire. Comment on explique un tel dynamisme des Français en Espagne ? Je pense que les pays s’y prêtent. C’est un pays qui est quand même très ouvert. Les villes comme Barcelone, Madrid, c’est des villes que je connais, sont très internationales.
Elles ont l’habitude aussi de la différence. C’est aussi un pays où les gens sont très créatifs. On n’a pas peur de sortir du cadre, comme ça peut être le cas en France. Parfois, on a peur de l’échec. Là, en Espagne, je trouve que Les gens savent mieux communiquer leurs passions et ils sont beaucoup plus créatifs dans leur approche.
Ils pensent moins peut-être à l’aspect financier qu’à l’aspect création au départ d’une entreprise et je trouve que ça imprègne aussi les entrepreneurs français ici. Plus le temps qui est pas mal, plus les tapas qui sont bons. Donc il y a beaucoup d’avantages. Ah non, mais c’est idéal. Évidemment, si on parle de la vie ici, c’est sûr que l’Espagne, c’est le pays où on peut faire du sport, prendre soin de soi, où on mange bien.
Pas que des tapas, les fruits, les légumes sont bons ici.
On a franchement un art de vivre qui est vraiment très agréable, très méditerranéen. C’est extraordinaire. Je comprends que les gens viennent ici. Et si Monsieur dit, maintenant on part à Singapour, on y va ? Avec plaisir, avec plaisir.
L’aventure. J’adore, j’adore la rencontre avec les cultures étrangères. Je trouve que c’est très formateur et je suis maman, j’ai trois enfants et je vois mes enfants, ça a eu un effet d’ouverture, ça a élargi leurs horizons. Ces différents déménagements, je pense que ça leur a fait beaucoup de bien aussi. Ça développe la tolérance.
C’est à chaque fois une expérience assez extraordinaire. Une expat convaincue, Anna Cazal au micro de la radio des Français dans le Monde. Merci pour ce témoignage. Je te souhaite une bien belle journée. Au plaisir de te retrouver.
On pourra peut-être travailler ensemble sur comment se développer à l’international. Ça doit être ton rayon. Merci à toi. Merci beaucoup. À bientôt.
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