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Avez-vous déjà ressenti une peur irrationnelle en avion? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le monde », nous explorons une situation extrême où une passagère, prise de panique, a dû être scotchée à son siège après avoir tenté d’ouvrir une sortie en plein vol. L’incident a suscité une réaction rapide et drastique de la part de l’équipage, soulevant des questions sur la gestion de la peur en avion.
Pour apporter un éclairage professionnel sur cette situation, Gauthier Seys accueille Emmanuelle Niollet Metcalfe, une psychologue et psychothérapeute spécialisée dans les questions d’expatriation et de gestion de l’anxiété. Emmanuelle, qui est déjà intervenue sur cette antenne, nous aide à comprendre les mécanismes de la peur et de l’anxiété qui peuvent se déclencher en avion, et comment ils diffèrent d’une phobie.
L’épisode se concentre sur l’analyse des réactions de panique en avion, les mécanismes de survie du cerveau, et les différentes techniques pour gérer cette anxiété. Emmanuelle explique comment des méthodes telles que les thérapies cognitivo-comportementales, la respiration, et même l’hypnose peuvent aider les personnes souffrant de peur de l’avion. Elle propose également des solutions pratiques et des ressources en ligne pour les auditeurs qui cherchent à surmonter cette angoisse.
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Chapitrage de l’épisode
00:00:00 – Introduction et incident en vol 00:00:25 – Intervention du personnel à bord
00:00:47 – Introduction d’Emmanuelle, psychologue
00:01:06 – Explication de la crise d’anxiété
00:02:24 – Mécanismes de survie et réaction de peur
00:03:21 – Réaction adéquate mais extrême du personnel
00:04:25 – Gestion de la peur dans un avion
00:04:58 – Conseils pour vaincre la phobie de l’avion
00:06:24 – Techniques de respiration et préparation
00:08:44 – Thérapies et techniques pour traiter les phobies
00:10:05 – Conclusion et remerciement à Emmanuelle
00:11:00 – Clôture du podcast
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Une passagère d’un vol en provenance de Dallas a été scotchée sur son siège, mais au sens premier du terme. Le personnel a dû l’attacher parce qu’une heure après le décollage, elle s’est mise à crier « Je dois descendre de cet avion ». Puis elle s’est dirigée vers l’une des sorties, elle voulait ouvrir la porte. Évidemment, ça s’est mal passé. Une hôtesse de l’air a été mordue.
Ils ont fini par l’attacher à son siège avec du gros scotch en attendant que l’avion puisse se poser. Je suis parti de cette information pour aller à la rencontre d’Emmanuel. Emmanuelle qu’on a déjà eu sur cette antenne, psychologue, psychothérapeute, bonjour Emmanuelle. Bonjour Gauthier, bonjour aux auditeurs, aux voyageurs. Merci d’être avec nous, spécialiste des sujets de l’expatriation.
Je voulais tendre le micro vers toi parce que je pense que la peur de l’avion, il n’y a pas que cette dame qui l’a. Et je voulais un peu qu’on décrypte ce qui s’est passé. Moi, quand je t’expliquais cette histoire, tu m’as dit c’est pas forcément une phobie. Là, elle a une crise d’anxiété. Dans le mot phobie, on met un peu tout et n’importe quoi aujourd’hui.
On peut dire que cette dame avait très peur et que tout le monde a eu peur et n’a pas su réagir de manière à la rassurer. Elle a été perçue comme un danger. La peur a fait trace de poudre dans l’avion. Cette dame, à un moment donné, a dû percevoir un indice qui lui indiquait qu’il y avait un danger. peut-être que c’était en lien avec quelque chose qu’elle avait déjà vécu, peut-être que c’était quelque chose qui l’a surprise à un moment donné, peut-être qu’elle était dans un état d’inquiétude, d’anxiété déjà avant de monter dans l’avion.
Ce que j’entends c’est que cette dame elle est montée dans l’avion, elle était dans l’avion et à un moment donné elle a eu ce sursaut. pourrait, dans notre jargon, parler d’attaque de panique. On ne sait pas ce qui a déclenché cette dame, mais son cerveau a eu une réaction en lien avec un mécanisme de survie. Tu m’expliquais que le cerveau, en fait, quand il se sent gravement en danger, il déclenche un processus soit de combat, soit de fuite, soit de sidération. On subit une de ces trois positions.
Voilà, on n’a plus accès à l’expression des émotions, on a très très peur, l’amygdale déclenche, c’est un détecteur de fumée, de danger, et donc on peut dire que cette dame, clairement, elle voulait fuir. Elle n’est pas partie se battre, elle est partie fuir, elle est partie sortir de l’avion. Donc ce sont des mécanismes qui, grâce à eux, nous pouvons survivre depuis des générations et des générations, et on ne choisit pas. Donc cette dame-là, elle ne pensait pas, elle n’était pas dans quelque chose de planifié. Elle n’avait accès ni à ses capacités d’analyse et de réflexion, ni à ses émotions.
Elle était dans une peur, panique. C’est un phénomène connu qui s’est déclenché en elle, en effet cette volonté de fuite. La réaction du personnel est un peu étonnante, le fait de l’attacher à son siège, mais est-ce que finalement ça n’a pas été la solution la plus radicale pour éviter que ça se propage ? Est-ce que les personnes qui étaient assis à côté, au final, ne peuvent pas eux-mêmes rentrer dans une crise d’anxiété en voyant la situation ? Les gens ont dû être briefés pour…
un petit peu s’assurer que le danger est jugulé. Peut-être qu’ils sont plus formés à gérer des terroristes qui viendraient essayer de détourner un avion et qu’ils ont une méthode pour prendre les personnes et les mettre de côté. Et du coup, à mon avis, c’est ce qui s’est passé. Les gens autour ont sûrement dû réagir à ce qui se passait, mais c’était rationnel puisque les gens qui étaient autour, ils ont réagi à un événement qui se passait ici et maintenant. Donc ces gens-là, on peut dire que c’est une réaction adaptée à la situation.
C’est une peur qui est utile, qui leur permet de dire qu’est-ce qui se passe que je suis, qu’est-ce que je fais, mon cœur s’emballe, je suis un petit peu mobilisé, je trouve moyen de me réassurer avec les événements qui se passent autour de moi, les indices qui me sont donnés, le personnel de borveille sur nous, je respire et je reprends le cours des choses et j’intègre ça comme une expérience. J’ai pu faire le circuit de traitement de l’information qui va s’intégrer en termes de connaissances et d’expériences. Par contre, quand on parle de phobie, c’est surdimensionné par rapport à la réalité. C’est quelque chose qui est irrationnel. On ne voit pas ce qui a pu déclencher.
Et les gens qui ont peur de l’avion, dont ils savent qu’ils ont peur de l’avion, ils vont pouvoir, par exemple, éviter de prendre l’avion. où ils vont pouvoir, ça va être tellement handicapant, qu’ils vont savoir qu’il faut le faire, mais ils vont se donner les moyens de le faire, peut-être en prenant des médicaments, en consommant de l’alcool, et en faisant des choses qui font passer l’inconfort du symptôme, sans pour autant comprendre comment peut-être il est possible de travailler sur ce qui se passe là pour eux, de prendre l’avion à froid. Emmanuel, tu conseilles à nos auditeurs qui ont ce stress intense au moment de devoir prendre l’avion, une fois qu’ils ont acheté leur billet, chaque jour qu’ils se rapprochent du fait de monter dans l’avion, c’est une angoisse supplémentaire ? Est-ce qu’il vaut mieux voir un psychologue ? Est-ce qu’il vaut mieux faire des exercices à sa maison ?
Est-ce qu’il y a des choses à faire concrètes pour éviter ça ? Alors, il y a plusieurs choses à faire. Air France, par exemple, pour ne pas les nommer, et des compagnies aériennes connues, proposent des stages de lutte contre la peur de l’avion. Parce qu’ils ont envie que leurs passagers soient confortables pendant qu’ils prennent l’avion, et puis qu’ils prennent l’avion aussi. Donc il y a un moyen de…
Si on ne veut pas que ce soit connoté psy, on peut aller se former. Ce qui est important, c’est d’avoir des connaissances intellectuelles sur le fait que les trous d’air n’existent pas, que quand il y a des turbulences, il y a des facteurs techniques qui font que l’avion se rétablit très, très vite et que tout ce qui nous déclenche dans la peur, on a moyen d’avoir des éléments de compréhension technologiques qui vont nous rassurer. Donc une partie technologique peut nous rassurer. Si on est dans quelque chose de rationnel, ça peut nous apporter une réponse rationnelle. Ensuite, quand le cerveau a peur de quelque chose, il va nous envoyer tout ce qu’il faut pour se protéger.
s’enfuir ou se battre, donc on va avoir par exemple le rythme cardiaque qui va augmenter, notre respiration va s’accélérer, on va suer, on va avoir des tremblements, on va être irritable, on n’est pas bien, on n’est pas dans ce qui se passe là maintenant, on est parti en fait, on est déclenché. Donc ça, on peut le rétablir soi-même à l’aide de techniques de respiration. L’avantage des techniques de respiration, c’est qu’elles sont disponibles partout, en ligne, sur des applications. Vous pouvez télécharger des applications sur vos téléphones et vous entraîner avant. C’est-à-dire que ce sont des respirations régulières qui vont apaiser le cœur.
je vais vite arrêter, mettre un stop à cet emballement. Après je m’occuperai de savoir ce qui m’a emballé, mais si je m’entraîne à le faire avant, mon cerveau entend que c’est une technique, qu’elle me fait du bien et il aura spontanément tendance à aller prendre cette technique. Maintenant s’il y a des choses plus handicapantes, Une des choses importantes c’est d’identifier quelle est la raison, quelle est la cible à traiter. Ces traitements peuvent se faire pour la peur d’être enfermé ou la peur de perdre le contrôle ou la peur des transports. Les maladies du transport, les peurs du transport, elles sont apparues au moment où il y a eu un moyen de déplacer plus vite le corps humain la marche à pied.
C’est à ce moment là que ça a été remarqué. Donc il y a des techniques comme les TCC, c’est les thérapies cognitivo-comportementales qui observent notre comportement basé sur nos connaissances, nos éléments de connaissance. Il y a des techniques de tapping, où on tape sur les points traditionnellement connus. Ça s’appelle EFT ou TFT. Le nom est resté anglais, c’est Emotional Freedom Technique.
Mais ça, vous pouvez le trouver en ligne, en français, en anglais, dans plusieurs langues, des sources que peut-être on pourra mettre en ligne quelque part sur le site. Il y a aussi la technique de l’EMDR qui va pouvoir aussi traiter très bien les peurs, les phobies, les troubles anxieux. Il y a la technique de l’hypnose qui peut aussi se faire avec un professionnel sur une problématique donnée. On peut aussi apprendre à se former à l’auto-hypnose sur cette appréhension particulière du voyage. On peut aussi apprendre des techniques d’ancrage pour développer ses sens, pour ramener notre présence dans ici et maintenant.
Quand on décolle vers la sensation de danger, quand on est dans le monde du danger, l’idée c’est de nous ramener dans la vie. D’accord. En tout cas, c’est extrêmement clair et jamais cette chronique qui s’appelle l’expat de pratique n’aura été aussi pratique. Écoutez les conseils d’Emmanuel et en effet, on va mettre un certain nombre de liens dans ce podcast. On rappelle quand même que la compagnie aérienne a fait savoir que jusqu’à nouvel ordre, cette passagère ne pourrait plus voyager à bord de la compagnie American Airlines.
Tu m’étonnes. Emmanuel, merci beaucoup depuis Lyon d’avoir répondu à nos questions. Pas de problème pour prendre l’avion ? Toi, tout va bien ? Pas du tout, pas du tout.
J’en ai pris beaucoup les avions, maintenant c’est plutôt ancrage, c’est dentaire pour l’instant. Merci Covid. Merci Covid. Je te souhaite une belle journée, à bientôt sur notre antenne Emmanuelle. Merci Gauthier, merci à tous, au revoir.