Emmanuelle Niollet : Étudier en France, le défi des enfants expats

Comment gérer le départ de votre enfant pour étudier dans son pays d’origine ?

Avez-vous déjà réfléchi à l’impact émotionnel et organisationnel qu’implique le départ de votre enfant pour étudier dans un pays qu’il connaît peu, mais qui est pourtant son pays d’origine ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des français dans le monde » réalisé en partenariat avec les experts d’Expat Pro, Gauthier Seys explore cette question cruciale avec Emmanuelle Niollet, psychologue, pour aider les familles expatriées à mieux comprendre et préparer cette transition majeure dans la vie de leurs enfants.

Emmanuelle Niollet, notre invitée du jour, est une psychologue expérimentée qui s’intéresse particulièrement aux dynamiques familiales dans le contexte de l’expatriation. Son expertise est précieuse pour les familles expatriées qui doivent faire face aux défis uniques que pose le retour de leurs enfants dans leur pays d’origine pour poursuivre leurs études.

L’épisode aborde les défis émotionnels et logistiques auxquels les jeunes expatriés sont confrontés lorsqu’ils quittent le cocon familial pour étudier en France. Emmanuelle explique comment ce processus de « démantèlement » familial peut être une source de stress pour tous les membres de la famille, en raison des changements de rôles et des nouvelles responsabilités. Elle souligne également l’importance de préparer ces jeunes à affronter un choc culturel dans leur propre pays, où ils devront naviguer entre différentes identités culturelles. Enfin, Emmanuelle partage des conseils pratiques pour gérer cette transition, notamment en anticipant les aspects administratifs et en soutenant les jeunes dans leur quête d’une nouvelle autonomie.

Lire son article :
https://www.expatsparents.fr/blog/250/quand-les-enfants-expatries-partent-pour-etudier

Chapitrage de l’épisode :
0:00:01-Bienvenue et introduction
0:00:33-Présentation d’Emmanuelle Niollet
0:00:49-L’importance de la famille en expatriation
0:01:45-Le démantèlement de la famille nucléaire
0:03:20-Choc culturel en étudiant en France
0:04:49-Identité des enfants de troisième culture
0:07:45-L’épuisement émotionnel et intégration
0:10:00-Conduites à risque et crise d’adolescence
0:12:00-Organisation et logistique en France
0:12:55-Technique du radeau pour le départ
0:12:45-Se préparer émotionnellement au départ
0:13:30-Clôture et remerciements

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Podcast n°2555 (juillet 2025)

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Transcription IA du podcast :

Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Emmanuel Niolet, psychologue. 10 minutes, 10 minutes, le podcast des français dans le monde. En partenariat avec Expat Pro, j’ai le plaisir de retrouver Emmanuel. On ne s’est pas parlé depuis quelques mois.
Emmanuel est psychologue et on va parler d’un sujet important. Vous êtes en expatriation et l’un de vos enfants va vivre la grande aventure de venir étudier en France, leur pays qu’ils ne connaissent peut-être pas toujours très bien. Bonjour Emmanuel. Bonjour Coty. Content de te retrouver.
Alors c’est vrai que le sujet est important. Tu as écrit un article que l’on peut retrouver sur Expat Pro ou encore dans les pages du Petit Journal, parce que cette famille expat est souvent une famille soudée. Quand on vit quelque part dans le monde, ce noyau est un noyau important. Effectivement, la famille en expatriation est resserrée autour de la famille nucléaire, parce qu’on est exposé à de nombreux changements, à des règles différentes, des codes différents. Et le fait d’être isolé amène la famille à être très proche, comme sur un radeau pour naviguer sur les eaux de cette expérience de voyage.
Et donc chacun reste bien proche des codes et des règles qui sont spécifiques au monde de l’expatriation. Alors voilà, maintenant le jeune garçon ou la jeune fille approche des 16, 17, 18 ans, ils vont partir étudier. Alors on va imaginer le cas de venir étudier en France. Tu me disais pour cette famille, c’est le début du démantèlement. Effectivement, la première personne qui va quitter le cercle familial va débuter un mouvement de réorganisation de ce système, et chacun va se trouver modifié dans ses rôles, dans ses liens, et la personne qui part va être la première pour débuter ce qu’on appelle finalement, à la fin de cette évolution de la famille, au nid vide.
Et donc, ça veut dire que, émotionnellement, ça vient toucher les parents, ça vient toucher la fratrie. Les plus jeunes ont toujours vécu avec l’aîné de la famille. Et puis, quand les suivants partent, eh bien, soit ils vont retrouver leur frère ou leur sœur en France, ou parfois aussi choisissent d’aller étudier dans d’autres pays. Donc ce dont on va parler aujourd’hui, c’est valable pour les gens qui quittent l’endroit de l’expatriation, où ils ont passé une année importante de leur développement, pour aller dans un pays qui est celui de potentiellement la culture d’origine d’un ou deux parents, qu’ils ont fréquenté pendant l’été ou à des moments en famille, donc finalement quelque part un peu en touriste, et les parents projettent pour leurs enfants des études et le choix d’un métier qui est en lien avec la France qu’ils ont laissée. Et si l’on l’essaie depuis longtemps, potentiellement, il peut y avoir des mises à jour qui sont nécessaires compte tenu de l’évolution rapide des métiers.
Alors c’est vrai qu’on peut partir étudier à Montréal, quelque part dans le monde, mais la particularité, c’est de venir étudier en France parce que, en vrai, quand on se retrouve dans sa nouvelle classe avec ses nouveaux camarades, de loin, on est un Français comme les autres, mais de près, on peut ne pas comprendre des expressions, avoir des problèmes avec les codes vestimentaires. Bref, il y a un choc culturel dans son propre pays. Absolument. Alors, son propre pays, je ne sais pas si on peut dire ça pour ces jeunes. En fait, ces jeunes, on parle des enfants de troisième culture, donc ces enfants de troisième culture, ils ont intégré des morceaux de leur identité selon les pays où ils ont pu être amenés à voyager.
Donc, ils vont avoir une partie d’identité française, on parle du pays du passeport. Et puis, il y a tous les endroits où ils ont vécu, où les gens qu’ils ont fréquentés, qui ont apporté une certaine variété, qui font d’eux des êtres hybrides. Ils vont arriver en France, potentiellement comme un étudiant lambda et ils vont être à la quête de choses qui ressemblent. Et puis, ils vont se heurter à des choses qui sont différentes. Et ça, ils sont amenés à le gérer seuls.
dans une étape où ils sont dans leur propre choix, ce qui n’était pas le cas avant, où ils suivaient les choix d’emploi de leurs parents ou de mutations. Et là, ils ont une situation où ils doivent faire des choix sans connaître les codes et ils peuvent effectivement être déroutés à ce moment de leur construction identitaire en pleine ébullition. D’autant plus qu’on dit des jeunes expatriés que leur crise d’adolescence est retardée par rapport aux jeunes qui évoluent dans le même endroit. Quand c’est le moment de faire des coups, de tester les parents ou de tester les lois, les règles, il n’est pas judicieux de le faire quand on est en expatriation parce qu’il vaut mieux se tenir en place pour ne pas s’exposer à des règles, des lois, des conflits. qu’on ne pourrait pas contenir, donc ils vont se retrouver seuls, loin, avec finalement des gens qui sont étrangers et de qui ils se sentent étrangers.
Mais il suffit que tu me dises ça pour que je me mette à la place de ce jeune et de me dire, oh là là, je dois vivre une période extrêmement déroutante. Le noyau familial, on s’en est éloigné. Ces habitudes aussi, les codes, on ne les a pas forcément. Les gens autour de soi n’ont pas le même mindset. Ça peut être violent.
Alors, c’est à l’image de ce qu’ils ont déjà vécu auparavant. C’est-à-dire qu’ils ont déjà vécu cette expérience de s’adapter dans un pays de culture différente. Sauf que là, c’est censé être la leur. C’est ça qui est un peu particulier. C’est une temporalité qui est finalement intense et courte.
C’est une durée de temps, disons, de la rentrée jusqu’à les vacances de la Toussaint, peut-être Noël, où le cerveau va devoir re-questionner, remettre en question tout ce qui est viable, évaluer la sécurité, évaluer les codes, évaluer la langue, évaluer la culture dans laquelle ils évoluent, les sous-cultures des étudiants. Ils savent déjà le faire en fait. Ce qu’ils savent, c’est qu’on y arrive, on y survit. Par contre, effectivement, dans la période où ça se passe, ils peuvent se trouver épuisés, tristes, confus, mais c’est parce que notre cerveau est là pour tout réévaluer à nouveau. Tu me parlais de la crise d’adolescence tardive, je vais y revenir à l’instant.
Est-ce que ce n’est pas l’occasion de faire plein de conneries ? Ça y est, les parents sont loin, on est un peu solo, peut-être il y a de la famille qui peut héberger, mais est-ce que ce n’est pas le moment où justement cette crise peut un peu péter et qui peut engendrer chez l’ado l’occasion de faire des conneries ? Alors on peut, on peut tout à fait se dire que cette période-là, c’est le moment où on aura des conduites à risque. où le moment où on va se retrouver dans des situations auxquelles on n’était pas préparé, parce que c’est un style de vie aussi selon les endroits où on a été expatrié, où le quotidien est différent. Donc, soit intentionnellement, soit par le fait, on peut se retrouver dans des situations où on va au-delà des lois, on vient tester les lois, Ça peut être aussi des moments où on fait une crise qui est plus de l’ordre dépressif ou anxieux, mais le fait d’avoir accès à des substances, d’avoir accès à des soirées, d’avoir accès à une certaine liberté, certains vont l’utiliser pour aller au-delà des limites, au-delà du raisonnable.
Concernant tout ce qui est organisationnel, il faudra trouver un logement, on va découvrir une nouvelle fac, il y a tous les papiers administratifs. Tu parlais d’épuisement, c’est une bonne occasion pour en avoir plein la tête. Alors effectivement, la France est connue au-delà de ses frontières par tous les gens qui viennent s’y installer. pour les péripéties administratives. Par exemple, pour les questions administratives, il y a ce forum où on peut poser des questions, qui est animé par Catherine Martel sur Facebook notamment, ou le site Expat Parents, où est publié notamment mon article.
Et dans ces questionnements-là, il y a tout ce qui est Qu’est-ce qui se passe si mon enfant est mineur quand il vient en France et qu’il faut trouver un logement ? Qu’est-ce qui se passe pour ouvrir un compte en banque ? Qu’est-ce qui se passe pour être réaffilié à la caisse primaire d’assurance maladie ? Il y a des délais un petit peu de carence. Il y a des choses spécifiques pour les étudiants qui sont quand même un peu plus facilitées, mais toute cette jungle-là, elle peut prêter à confusion, elle peut mettre l’étudiant dans un certain épuisement parce que ça vient se rajouter à toute la question de comment je trouve un médecin.
Les facs, les écoles ont quand même des cellules d’accompagnement ou des aides psychologiques ou des parties administratives où ils peuvent être aidants. Parfois, ce n’est pas le cas, donc je pense qu’il faut s’armer de patience. Je pense que c’est un des ingrédients de patience, de sommeil, de routine, de construire petit à petit une toile de survie pour ensuite pouvoir être performant dans le cadre de ses études. Mais cette phase-là, elle est inévitable, elle est incontournable. Et puis pour terminer Emmanuel, parlons du départ.
Ça y est, on va y aller. On va aller s’installer tout seul dans son pays d’origine peut-être, mais qu’on connaît mal. On va laisser cette cellule qui était puissante derrière soi. Il ne faut pas louper son départ. Alors le départ, il s’anticipe dès lors que se profile le projet de partir.
Il faut en parler, il faut observer comment chacun réagit à ce changement dans la famille, comment les rôles vont être modifiés. Il y a une technique qui est la technique du radeau, le raft, qui a été élaboré par David Pollack et Ruth Van Recken dans leur livre des enfants de troisième culture. Ce radeau consiste à dire le R pour réconciliation, le A pour affirmation, le F pour farewells et le T pour think of destination. En gros, il faut bien prendre le temps de se projeter vers nos peurs, nos appréhensions, en parler ensemble en famille, aplanir les liens conflictuels qu’on peut avoir, dire aux gens combien ils comptent pour nous et clôturer ce chapitre de notre vie d’expatriation. parler des choses, accéder à la tristesse parce qu’on a tendance à dire mais tu t’inquiètes pas tout va bien se passer.
Oui mais ça n’empêche pas que c’est tout à fait normal d’être triste aussi à l’idée de quitter la famille, de quitter tout ce qu’on ne dit pas mais ce qu’on perçoit qui se détache au moment où on part et se donner des rendez-vous fixes Pour se dire, on se verra, un des parents peut peut-être envisager de venir faire un voyage pour accompagner l’étudiant, peut-être se donner rendez-vous à la Toussaint, peut-être se dire, on se retrouvera à Noël quelque part en famille. C’est-à-dire que le temps est long pour ceux qui partent, mais aussi pour ceux qui restent. C’est aussi un processus d’adieu à une autre vie qu’on a vécue ensemble avant. Alors, si vous êtes dans cette situation, n’hésitez pas à vous tourner vers Emmanuel Niollet. Le contact pour pouvoir échanger avec Emmanuel est disponible dans ce podcast, tout comme ton article.
Je mets le lien parce qu’il est passionnant. Le sujet est important et c’est une étape à réussir. Merci, Emmanuel. Merci Gautier. Vos podcasts sur la mobilité internationale sont sur fdlm.fr.
et sur YouTube en cherchant Français dans le Monde.
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