Depuis Buenos Aires, Graziella Bar présente Babelpsi.com

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Dans ce nouvel épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys s’entretient avec le docteur Graziella Bar, une figure éminente de la psychanalyse en Argentine. Ensemble, ils explorent les défis émotionnels et psychologiques auxquels sont confrontés ceux qui vivent une expatriation. En se basant sur ses expériences personnelles et professionnelles, Graziella partage des réflexions poignantes sur l’importance de la préparation interculturelle et de l’acceptation des différences culturelles.

Graziella Bar, née à Buenos Aires d’une mère française, a toujours été partagée entre deux cultures. Elle a étudié au collège français en Argentine avant de poursuivre des études de médecine avec une spécialisation en psychanalyse. En 1990, elle fonde le Centre Babel, un lieu dédié à l’accompagnement des expatriés face au choc interculturel. Elle est également à l’origine de « Babel Psi », une communauté internationale qui propose des groupes de parole pour faciliter l’intégration culturelle.

L’épisode aborde en profondeur les aspects souvent négligés de l’expatriation, notamment les impacts psychologiques et émotionnels. Graziella explique que bien que les aspects pratiques de la mobilité internationale soient généralement bien préparés, les dimensions affectives restent souvent ignorées. Elle souligne l’importance de comprendre et de respecter les codes culturels pour éviter des situations difficiles. Les discussions portent également sur les taux élevés de divorce parmi les expatriés et l’importance d’une préparation psychologique adéquate. Enfin, Graziella invite les auditeurs à rejoindre la communauté Babel pour partager et échanger sur ces thématiques essentielles.

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https://www.babelpsi.com/fr/

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Podcast n°2297 (Octobre 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage de l’épisode :

0:00:01-Introduction du podcast et présentation de l’invité
0:00:24-La ville de Buenos Aires et ses particularités culturelles
0:01:00-Double culture : entre la France et l’Argentine
0:01:30-Ressenti de l’expatriation : le manque et les défis
0:02:00-Création du Centre Babel : soutien aux expatriés
0:03:00-Importance des aspects psychologiques de l’expatriation
0:04:00-Les chocs culturels et l’adaptation
0:04:45-Difficultés spécifiques aux couples expatriés
0:06:00-L’acceptation des différences culturelles
0:07:00-Groupes de parole Babel Psy : soutien et non-jugement
0:10:00-Psychanalyse multifamiliale et son application
0:11:30-Conclusion et invitation à rejoindre Babel Psi
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Transcription de l’épisode :

Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Gradiela Baar, direction Buenos Aires. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
Saviez-vous que Buenos Aires, la capitale de l’Argentine, était la ville de la psychanalyse ? On va en parler avec mon invité qui est docteur. Alors bonjour docteur. Bonjour Gauthier, enchanté. Gauthier Labarre, tu es, au moment où on se parle en Argentine, mais la France est dans ton cœur.
Ta maman est française. Tu es né à Buenos Aires, mais tu as souvent eu l’occasion de venir en France. Tu maîtrises un français absolument impeccable. C’est quoi avoir un cœur et deux patries ? C’est facile ?
Ben, c’est pas toujours facile parce que quand je suis en Argentine, la France me manque et quand je suis en France, l’Argentine me manque. Et quand je suis ici en Argentine, j’ai tous les jours besoin d’entendre soit une chanson en français ou une radio. Vraiment, la France me manque beaucoup. Et quand je suis en France, c’est l’Argentine qui me manque. Alors tu fais tes études en Argentine, le collège français.
Ta maman tenait à ce que tu puisses apprendre le français, puis études de médecine, spécialité psychanalyse. Et puis assez vite, tu vas te pencher sur la création du Centre Babel. Nous sommes en 1990. L’idée, c’est de pouvoir, dans ce centre, accueillir tous ceux qui vivent le choc de l’expatriation, le choc interculturel, de les réunir et de pouvoir en parler, c’est un sujet qui te tient beaucoup à cœur.
C’est un sujet qui me tient beaucoup à cœur parce que moi-même je l’ai vécu pendant ma vie, disons, et dès que je suis devenue psychanalyste, j’ai voulu me pencher sur comprendre tous ces effets parce que En général, quand on prépare une expatriation ou une migration, on tient compte de tous les côtés pratiques et même les entreprises qui envoient des expatriés dans différentes parties du monde les aident souvent sur tous les côtés pratiques. à quelle école on va envoyer les enfants, où est-ce qu’on va habiter, dans quel appartement, comment on va faire le déménagement, toute une série de choses. Mais les aspects émotionnels, psychologiques et affectifs, je ne sais pas pourquoi, Ils sont. Laissés de côté, toujours. Il y a eu des enquêtes, on a le baromètre expat de communication qui montre que le sujet de l’interculturel n’est quasiment jamais préparé en amont.
C’est quand même incroyable parce qu’on va vivre avec des gens qui ne vivent pas comme nous, le minimum c’est quand même de se renseigner un peu avant parce que sinon on peut se prendre une claque en fait. Mais ça prend des niveaux vraiment surprenants et incroyables parce que déjà, sans parler du côté psychologique, rien que le fait d’apprendre à connaître la culture où on sera avant, parce que les codes culturels sont tellement importants et tellement des fois peu explicite, non ? Et la façon de gérer le temps, de gérer les rendez-vous, il y a plein de codes culturels, chacun de nous on est pénétré et notre personnalité est formée par notre culture. Alors quand tu vas dans une autre culture, si tu n’es pas préparé, tu traverses des situations difficiles tous les jours si tu veux, non ? Et du côté psychologique, émotionnellement, c’est une expérience.
Par exemple, les couples, on dit en général qu’il y a 50% de divorce dans les couples qui se marient. En expatriation, il y a 70% de divorce.
Et les entreprises le savent, elles connaissent. Alors pourquoi est-ce qu’il n’y a pas une préparation psychologique des couples pour les aider à faire cette expérience ? Le chiffre parle par lui-même, clairement. Oui, oui. Alors on ne se prépare pas bien.
Et est-ce que le français qui se déplace dans le monde n’est pas un peu trop grande gueule ? Et est-ce qu’il ne ferait pas mieux d’observer un peu avant de parler ? Oui, il n’y a pas que les Français. Je dis ça parce que je connais plus les Français, mais c’est possible que d’autres peuples aient le même travers. C’est vrai qu’on a vite tendance à penser que notre façon de fonctionner, c’est la meilleure.
Absolument, et c’est justement ce qu’il faudrait pouvoir éviter de faire, c’est-à-dire comprendre qu’on est différent et que chacun a sa culture. et non pas être là à se dire ah mais nous on est mieux, ou le contraire aussi, eux ils sont mieux parce que des fois on idéalise son pays, mais des fois on idéalise le pays où on va. Alors que c’est très difficile mais c’est très important de comprendre que chacun est qui il est, chaque pays est ce qu’il est, et essayer d’éviter cette situation d’irrégularité, non ? Bon, moi je suis mieux ou eux sont mieux, enfin, non ? C’est bien, on en se lie parce que je trouve que c’est très important.
C’est une richesse, la découverte de l’autre est une richesse, mais parfois c’est peut-être aussi difficile d’accepter l’autre et d’accepter qu’il ne fonctionne pas comme nous.
Et ça c’est très difficile non seulement dans une situation d’expatriation, rien que dans les couples que nous formons, l’altérité, prouver le fait que l’autre n’est pas comme nous, ou avec nos enfants, accepter et comprendre que chacun est comme il est, c’est toujours très difficile. Je trouve même qu’aujourd’hui, entre les générations, ça devient compliqué. Les plus vieux disent c’était mieux avant. Est-ce que quand on est jeune, c’est pas un peu saoulant d’entendre ça continuellement ? Bien sûr.
C’est un excellent exemple. C’est pour ça que nous, nous insistons sur le respect. Mais le respect compris comme le respect du soi-même. chez chacun, c’est-à-dire ne pas prétendre que les autres soient comme nous. Et à tous les niveaux, qu’on soit en expatriation, qu’on soit à la maison avec nos enfants, nos petits-enfants, notre mari, notre femme, enfin qui que ce soit, apprendre à développer le respect de chacun et soi-même.
Graciela, en 2004, tu crées Babel Psy, le site internet. En 2009, une communauté internationale. Et aujourd’hui, tu proposes régulièrement de se retrouver en visio. Donc les auditeurs du monde entier peuvent venir lors de ces rencontres et voilà, avec ou sans symptômes. Tu m’avais dit, puisque quand on a préparé l’interview, je t’ai demandé s’il fallait avoir un symptôme.
pour venir dans ce groupe de parole et ben non, on peut juste avoir envie d’écouter, de participer à ces groupes de parole pour faciliter l’intégration, l’absorption du choc culturel. Ce sont des réunions en français, elles ont lieu depuis l’année 2012, tous les jeudis de 15h à 16h30 heure argentine. C’est un groupe de conversation, où justement il y a le respect, il y a le non-jugement, il y a une ambiance de bienveillance. Symptômes ou pas symptômes, ça n’a rien à voir. Ce sont des groupes de conversation pour mieux gérer la vie quotidienne.
Alors c’est pour mieux gérer les liens familiaux en interne, la vie quotidienne, le travail, tout ce qui se passe avec l’extérieur, mieux vivre l’international quoi. Mieux vivre l’international, mieux vivre la relation avec les autres, se sentir mieux, et c’est un cadre très libre parce qu’on n’a pas l’obligation d’y assister, on n’a pas l’obligation de parler si on ne veut pas parler, on a même le droit de ne pas mettre la caméra si on ne veut pas mettre la caméra, mais juste le fait d’entendre les autres, nous transmettre leurs expériences, ça fait vraiment beaucoup de bien. Vous vous appuyez sur une méthode innovante de psychanalyse multifamiliale, une méthode argentaine que l’on connaît peu en France. Mais tu me disais de toute façon, en préparant l’interview, la psychanalyse, grosso modo, on ne maîtrise pas bien encore en France.
On a un a priori en France qui n’est pas très sympa, il y a certains endroits où c’est presque un gros mot de parler de psychanalyse. Effectivement, et tu as très bien retenu ce que nous avons discuté avant, Moi je m’appuie sur une méthode qui s’appelle le psychanalyse multifamilial qui a été créée en Argentine en 1960 par le professeur García Barraco et que moi je suis en train de faire venir en France parce que ce sont des groupes de conversation et ils font un effet génial. Docteur, j’ai une petite question. Est-ce qu’il y a des gens qui sont vraiment capables d’accepter facilement l’autre et d’intégrer ces différences culturelles ? Est-ce qu’il y en a qui ne sont pas capables ?
Oui, parce que c’est très lié à la personnalité, bien sûr. Il y a des gens qui ont besoin de se renfermer sur eux-mêmes et qui restent dans des groupes très fermés. Et il y en a d’autres qui ont la possibilité de s’ouvrir et qui s’ouvrent aux nouvelles cultures. Et ça, ça se voit aussi dans les liens avec les plus proches. On le voit en petit à la maison et en grand quand on.
Ça fait pas des bons expats la catégorie numéro 2 ? Ça peut être d’excellents expats parce qu’il y a des personnes qui s’adaptent à n’importe quelle culture.
mais qui dans leur vie à eux, ou profondément, ne se sentent pas vraiment bien parce qu’ils sont très enfouis au fond d’eux-mêmes. Mais ils ont comme une sorte de carapace, si tu veux, qui a une excellente capacité d’adaptation. Alors pour l’entreprise, ce sera des excellents expats, C’est vrai. On va parler des heures si on continue, donc je vais devoir malheureusement pour cette étape-ci arrêter. Je voulais saluer quand même les équipes de Français du Monde ADFE, puisque tu es membre en Argentine de l’association, dont on est partenaire, donc je voulais les saluer.
Et j’ai eu l’occasion de venir plusieurs fois en Argentine échanger avec d’autres membres de l’association, donc je voulais leur dire bonjour. Et puis le lien, pour Babel Psy et pour pouvoir participer à ces réunions une fois par semaine et dans ce podcast. Est-ce que tu veux dire un dernier mot à la France qui t’écoute et aux Français qui t’écoutent dans le monde ? Oui, ce que je veux dire, c’est que d’un côté, il y a ces réunions de conversation, mais qu’il y a aussi la communauté Babel Psy de laquelle on peut devenir membre. Et c’est une communauté interdisciplinaire où on fait des réunions scientifiques d’échange.
sur l’interculturel, les migrations, les expatriations. Donc mon invitation envers les Français du monde c’est d’un côté pour ces réunions du jeudi et de l’autre côté pour s’intégrer dans la spécialité de chacun dans notre communauté. Notre site c’est babelpsy.com Il est écrit en trois langues, espagnol, anglais et français. Et si on veut m’écrire, il faut m’écrire à babelpsi, avec i latine, arrobaz gmail.com, à Graziella. Et moi, je vais répondre en chantier.
J’aimais le lien. Merci beaucoup pour cet échange. Au plaisir de te retrouver. Oui, merci beaucoup à toi. À très bientôt, j’espère.
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