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Comment se réinventer à l’étranger ?
Avez-vous déjà envisagé de tout quitter pour vivre une aventure à l’étranger ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », réalisé en partenariat avec la FIAFE et Racines Sud, Gauthier Seys nous invite à explorer les défis et les joies de la vie d’expatrié avec Delphine Palissot. Ensemble, ils plongent dans les nuances de l’expatriation, un voyage qui implique non seulement un changement de décor, mais aussi une redéfinition personnelle et professionnelle. Ce podcast est une invitation à réfléchir sur la manière dont nous pouvons nous réinventer à travers l’expérience de la mobilité internationale.
Delphine Palissot n’est pas une expatriée ordinaire. Originaire de Franche-Comté, elle a parcouru le monde, de Boston au Qatar, en passant par le Yémen, avant de poser ses valises à Bruxelles. Avec une carrière marquée par des séjours dans des pays aux cultures variées, Delphine a su tirer parti de chaque expérience pour enrichir sa vie personnelle et professionnelle. Elle est devenue une figure clé dans l’accueil des Français en Belgique, présidant une association dynamique qui propose une multitude d’activités pour ses adhérents. Sa passion pour l’Occitanie et son engagement associatif font d’elle une ambassadrice de choix pour les valeurs de partage et de convivialité. Fin 2024, elle est lauréate du prix de l’expatriation Racines Sud !
Cet épisode met en lumière le parcours de Delphine, qui incarne la résilience et l’adaptabilité nécessaires pour réussir à l’étranger. À travers ses récits, elle partage les défis de la vie d’expatrié, notamment la nécessité de se réinventer professionnellement et personnellement. Delphine évoque sa vision du « conjoint essentiel », une terminologie valorisante pour ceux qui soutiennent leur famille à l’étranger tout en développant de nouvelles compétences dans des contextes variés. L’épisode souligne également l’importance des réseaux associatifs comme la FIAFE, qui offrent un soutien précieux et des opportunités de connexion pour les expatriés. En fin de compte, l’expatriation est présentée non pas comme un obstacle, mais comme une opportunité d’enrichissement personnel et professionnel.
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Chapitrage de l’épisode :
Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Delphine Palisso, la lauréate du prix de l’expatriation Racine Sud. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Le réseau des Occitans dans le monde me permet de voyager.
Aujourd’hui, on va atterrir à Bruxelles et on va d’ailleurs faire d’une pierre deux coups, puisque la dernière fois que dans le cadre du partenariat avec la FIAF, je suis allé à Bruxelles, c’était pour interviewer Madame la Présidente, qui depuis a changé. Et j’ai aussi la Présidente de Accueil des Français. Bonjour, bienvenue Delphine. Bonjour Gauthier. Donc Racine Sud et La Fiave et pas mal de déplacements dans le monde et conjoint expat aussi.
Tu es plein de choses à la fois. Tu peux rentrer dans plein de catégories. Exactement, j’ai pris le soleil de l’Occitanie avec moi à Bruxelles et c’est très utile. Eh bien, écoute, je ne suis pas très loin. Moi, je suis à Lille et je vois le soleil que tu as remonté de l’Occitanie.
Merci beaucoup. Si tu pouvais d’ailleurs le remonter un peu plus souvent, je ne serais pas content. On va essayer de faire une recharge bientôt, c’est promis. Alors, on va revenir sur ton parcours. Tu es originaire de Franche-Comté, dans une famille qui n’a pas l’habitude de voyager beaucoup.
Non, effectivement, ce n’était pas forcément le principe, mais on était attaché, en fait, à la bonne chair et aux belles rencontres. Donc ça, ça m’a servi par la suite. Mais le voyage, non. Donc je me suis dit que moi, je voyagerais. Alors résultat, après tes études à Strasbourg et Paris, tu vas te retrouver aux USA.
Tu es près de Boston, dans le Massachusetts. Un bon souvenir d’arriver aux USA, solo, pour une grande aventure. Alors ça, c’est vraiment le point déclencheur et j’invite tout le monde à découvrir ce réseau. C’est les bourses Fulbright qui ont été mises en place après la seconde guerre mondiale et qui permettent effectivement à des étudiants de voyager dans le monde entier, dans les meilleures universités, trouver des programmes qui nous correspondent. Moi, j’ai eu la chance d’arriver dans un liberal art college qui m’a permis de découvrir une nouvelle pédagogie et j’ai pu enseigner, prendre des cours, découvrir la culture.
Ça a été une année absolument formidable et une année vraiment charnière pour la suite de ma vie. Et tu regardes aujourd’hui les USA évoluer, avec quel regard ? No comment ! Retour à Paris et ensuite avec ton conjoint de l’époque, tu te retrouves au Qatar. Autre décor ?
Autre décor et le Qatar d’il y a 20 ans est tout à fait différent de celui qu’on a aujourd’hui en tête. C’était le début de beaucoup de choses donc ça a été passionnant de voir comment ce pays se construisait à partir de rien et de références qui étaient tout à fait nouvelles pour eux. Donc là aussi c’était une réflexion sur l’implantation de différentes structures notamment les structures américaines et françaises universitaires et ça a été vraiment passionnant mais ça a été un passage finalement assez court avant de rentrer à Paris à nouveau. Retour à Paris, puis tu vas vivre une aventure au Yémen. Tu m’as dit que c’est un choc culturel énorme, mais qui t’a fait du bien.
Ça a été un choc magnifique parce que c’est un pays qui a gardé une authenticité vraiment rare. On vit parfois dans certaines régions comme au Moyen-Âge, littéralement. L’accès à l’eau est une chose qui est encore très, très compliquée. Le rôle des femmes et le statut des femmes est forcément quelque chose qui m’a bouleversée. Le rapport à la vie et à la mort est très différent de celui que je connaissais en tant qu’occidentale très protégée.
Et ça m’a permis de découvrir une culture vraiment phénoménale. Et moi, la littéraire que je suis, j’avais une membrane qui vibrait encore plus fort puisque Rimbaud était passé pas très loin. D’ailleurs, le fils, le premier fils qui va arriver, va s’appeler Arthur, en souvenir de cette période du Yémen. Exactement, c’était un hommage, un petit cadeau du Yémen. Alors ça, c’est mal terminé.
Il y a eu la guerre civile, le rapatriement des Français, un retour en France, nouvelle vie, nouveau mari, tu m’as dit. Changement de décor. Je te cite. Et là, tu vas bouger à Villefranche-du-Rouergue. Nous voilà en Aveyron.
Et alors étrangement, alors que tu es originaire de Franche-Comté, tu vas plutôt mettre tes racines en Aveyron, c’est là que tu vas devenir Occitane même. Vraiment gros coup de cœur pour tout. Oui, pour les gens, pour le climat, les paysages, la richesse culturelle, les rencontres, etc. Mais ça a été en fait finalement une sorte d’expatriation, toute proportion gardée, parce qu’en fait quand vous arrivez dans une région que vous ne connaissez pas, il faut se reconstruire un réseau, apprendre à trouver les bonnes adresses, etc. C’est ce qu’on fait finalement en expatriation.
Et ça, ça a été formidable aussi pour mes enfants qui étaient plus jeunes à l’époque. Le petit avait deux ans et demi. Lui avait pris l’accent tout de suite à la crèche et a adoré vivre là-bas. Dans la nature, c’était un bonheur et il ne s’imaginait pas effectivement vivre ailleurs et revenir dans la grisaille parisienne. Donc on a fait le choix effectivement avec mon compagnon de choisir à 40 ans que nos racines seraient là, dont on héritait ni l’un ni l’autre, même si Simon a des accointances au Verniette et à Véronèse par ses grands-parents.
Mais ça a été vraiment un choix de nous quatre par rapport aux associations, aux projets qui étaient menés sur place et qu’on a adoré pouvoir faire en famille et qu’on continue. Alors monsieur est militaire, du coup vous allez devoir bouger et quitter l’Aveyron et vous allez atterrir à Bruxelles il y a trois ans. Là tu décides de faire une petite pause dans la partie professionnelle, tu t’occupes des enfants, tu t’occupes des travaux de la maison et puis tu vas t’investir dans l’accueil des français. Alors c’est vrai que le nom dans le réseau FIAF est un peu différent des autres noms, c’est historique je crois. Oui, tout à fait.
En fait, nous sommes le plus ancien accueil au monde qui va fêter ses 70 ans en 2027. On compte parmi les trois premiers accueils avec le plus grand nombre d’adhérents. On a environ 450-500 adhérents plus les familles, donc c’est un grand groupe. où en fait on peut faire vraiment beaucoup de choses, nous avons notre propre maison ce qui est une originalité du système par rapport aux autres accueils du monde et en fait on propose 50 activités, on a 80 bénévoles, c’est vraiment des choses très dynamiques et c’est pour moi aussi un moyen de pouvoir faire le lien entre toutes mes personnalités et y compris la Véronèse, vous avez bien compris que la Véron je le glisse partout. D’ailleurs, vous avez organisé un petit voyage en France et c’était où ?
Bim ! A Véron ! Voilà, exactement. On organise des choses. On a un repas à Véronais qui arrive au mois de février pour nos adhérents.
Les gens se réjouissent. On a fait connaître les spécialités grâce à Robin Boissonnade qui s’est installé en même temps que moi. On s’est connus au moment de notre arrivée au marché de Noël et je peux vous assurer que maintenant que les gens y ont goûté, ils vont le retrouver sur les marchés bruxellois des différents quartiers. Fais-moi rêver, c’est quoi la spécialité culinaire de l’Aveyron ? Ah ben la Ligo, c’est là où tout le monde nous attend et là on va avoir un petit pavé de veau du Cégala, ça va être génial.
Eh ben faut pas me parler de ça maintenant, j’ai encore très faim. Mais tu peux venir, tu as le bienvenu si tu veux. Ah ben du coup je suis pas très loin donc je peux venir en effet. Retour sur l’association, t’es devenue présidente en juin dernier. Oui, tout à fait, au mois de juin dernier, après la suite de Marion que tu avais rencontrée.
Voilà, on avait invité Marion et puis juste dans la foulée, tu as pris la présidence. Il faut dire qu’il y a un grand nombre de Français sur la zone belge et principalement sur Bruxelles, inscrits 120 000 sur le registre, mais 300 000 probables en tout cas. Il y a une vraie culture, du coup, des Français qui se réunissent, qui font la fête. Le 14 juillet, on se lève à la Marseillaise. J’étais présent une année.
J’ai vu ça. On est tout à côté, mais on est quand même un petit peu loin de sa France natale, donc on aime se retrouver. Oui tout à fait et puis en fait aussi les gens quand ils ont beaucoup voyagé en fait se rendre compte que la Belgique ça peut paraître simple parce qu’on a la même langue a priori dans une partie du pays en tous les cas mais en fait pour s’implanter pour créer un business ou pour trouver un boulot ou en fait au niveau de l’école des enfants c’est tout à fait différent. Donc ça aussi c’est des choses avec l’accueil qu’on met en place parce qu’on imagine que ça va tout à fait être simple mais tout peut être un peu différent et parfois un peu compliqué. Et en fait on est parfois aussi content de pouvoir se retrouver entre français, de découvrir aussi nos régions.
Et c’est là aussi où l’implantation régionale est là où notre cœur et nos racines sont restées. à tout son sens. Au-delà d’être français, on est Aveyronais, Bretons, Gascons, Alsaciens, enfin voilà, il y a un ancrage très fort de nos racines et souvent, ce qui nous réunit bien sûr, vous l’aurez compris, c’est la gastronomie. C’est la bouffe, ben voilà. Et toutes les interviews que je fais avec des Français qui se sont installés en expatriation dans des pays limitrophes, me disent tous la même chose, que ce soit la Suisse, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne ou la Belgique, et bien on est quand même différents, il y a juste une frontière qui nous sépare, mais des habitudes, des coutumes, des traditions.
Un petit mot sur le prix que tu as raflé, le prix de l’expatriation racine sud, tu as gagné dans la catégorie rebond, et là tu m’as dit un mot rigolo, puisque nous on a fait un dossier à pas longtemps sur la place du conjoint qu’on appelle accompagnateur, d’autres disent, j’aime pas beaucoup, Conjoint suiveur, toi tu as utilisé le conjoint essentiel. Être conjoint, laisser son boulot, léger sa région, devoir t’occuper des enfants, rentrer dans la vie associative. Il faut savoir se réinventer quand on est conjoint expat. Oui, je pense qu’en fait, les conjoints comme ça essentiels, c’est une de mes amies de la FIAF qui avait trouvé cette remarque en Réunion. J’avais trouvé que c’était génial et je la garderai.
En fait, on va mener des vies qu’on n’avait jamais imaginées. On va devoir se les inventer et après ensuite les inventer dans nos CV où parfois les recruteurs pensent qu’on a des trous dans la raquette. C’est faux parce qu’en fait, si on est capable de mener ces vies-là, je peux vous assurer qu’on est capable de mener toutes les missions. On est waterproof, comme j’aime le dire. On est capable de s’adapter à n’importe quelle situation.
et je pense qu’on est vraiment, au contraire, des forces de proposition dans une entreprise, dans une administration, dans une association, parce qu’on a justement mené des missions tout à fait diverses et variées, qu’on a réussi aussi à fédérer une équipe, à aller voir des entreprises, à des marchés, à aller voir des des responsables, etc. Et puis, en fait, côtoyer monsieur l’ambassadeur, des dignitaires, etc. Et ça, c’est extrêmement formateur. Et puis, notre réseau FIA fait tellement génial et fort qu’on a vraiment un moyen de pouvoir développer de belles choses dans nos vies, quelles qu’elles soient. Et finalement, la vie associative a vraiment des ressources qu’il ne faut vraiment pas négliger.
C’est bien de le rappeler, ce n’est pas un trou dans le CV, c’est au contraire beaucoup d’apprentissage, beaucoup de nouveaux terrains de jeu et il faut le valoriser, même si est-ce que le recruteur comprend lui s’il n’a pas vécu… C’est ça, effectivement, s’il a connu l’expatriation, il comprend, c’est un peu plus difficile autrement, mais aujourd’hui une femme d’expat, c’est une femme qui me ressemble, c’est-à-dire qu’elle a une quarantaine d’années, souvent un bac plus 5, des enfants, plusieurs pays à son actif et différents métiers et ça c’est une vraie force. Eh bien Delphine, félicitations pour ce prix de l’expatriation, félicitations pour ta présidence au sein de l’accueil belge du réseau FIAF et puis prépare la Ligo, je me mets en route, je suis là dans une heure. Merci Emmanuel Daras pour Racine Sud parce que c’est vraiment une super association qui permet effectivement de soutenir énormément énormément de projets et c’est un bonheur à chaque fois de rencontrer tous ces gens. On l’embrasse dans ce podcast, à bientôt salut !
Vous écoutez la voix des expats.