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Comment l’Union européenne facilite-t-elle la mobilité professionnelle à travers ses frontières ?
David Perrin Pillot est l’officier national de liaison pour la France auprès de l’Autorité Européenne du Travail (AET), basée à Bratislava, en Slovaquie. Avec une expérience significative dans la coordination entre les États membres, David joue un rôle crucial dans l’harmonisation des pratiques de travail à travers l’Europe. Il est également impliqué dans la mise en œuvre de la coopération et de la médiation entre les différents pays, assurant ainsi une meilleure compréhension et une application uniforme des règles du travail.
L’épisode se concentre sur les missions principales de l’AET, qui incluent la fourniture d’informations aux citoyens et aux entreprises, la facilitation de la coopération entre les États membres, et la médiation pour résoudre les conflits liés au travail. Un exemple concret de cette coopération est l’initiative des « gilets oranges », qui illustre comment l’AET coordonne des contrôles transnationaux pour protéger les droits des travailleurs, en particulier dans des secteurs très mobiles comme le transport routier. L’épisode conclut sur une note optimiste quant à l’avenir de l’AET, avec des perspectives de renforcement de ses missions pour une intégration européenne encore plus harmonieuse.
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Chapitrage de l’épisode :
0:00:01 – Introduction et présentation d’EURES
0:00:25 – Accueil de l’invité, David Perrin-Pilot
0:00:42 – Missions principales de l’Autorité Européenne du Travail (AET)
0:01:20 – Coopération et médiation entre États membres
0:02:20 – Représentation de la France au sein de l’AET
0:03:01 – Travailler avec différentes cultures et langues
0:05:09 – Exemple concret: Les gilets oranges et la sécurité sociale
0:07:02 – Impact des actions de l’AET
0:07:26 – Futur de l’AET et renforcement des missions
0:08:32 – Conclusion et importance de la coopération européenne
0:08:53 – Clôture et remerciements
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La radio des Français dans le Monde présente EURES, la porte vers l’emploi en Europe. Podcast réalisé avec France Travail. L’Union européenne s’est organisée pour qu’on puisse travailler partout. Ça s’appelle EURES, ça fait de ses 30 ans et on en parle sur la radio des Français dans le Monde avec mon invité aujourd’hui, David Perrin-Pilot. On parle de l’AET, en anglais ELA, une création fin 2019.
Bonjour David. Bonjour Gauthier. Merci d’être avec nous. Tu es officier national de liaison en France pour l’AET, l’Autorité Européenne du Travail. On peut peut-être, pour nos auditeurs, expliquer ce qu’est cette autorité qui est née récemment.
L’Autorité Européenne du Travail est située en Slovaquie, à Bratislava. Petite particularité, je suis bien officier national de liaison pour la France et détaché auprès de l’Autorité Européenne en Slovaquie. L’Autorité européenne du travail a quelques missions. Les trois principales missions sont des informations aux citoyens et aux entreprises s’agissant du marché de l’emploi, du marché du travail, en matière d’apprentissage, de mobilité, de recrutement, de formation aussi dans l’Union européenne. Une deuxième mission qui est la coopération.
Cette coopération va se situer entre les États membres et plus particulièrement les autorités nationales de ces États membres qui vont couvrir le périmètre d’action de l’autorité européenne du travail. Et enfin, on a tout un service, tout un aspect de médiation qui permet de faciliter la recherche de solutions à des soucis que rencontreraient notamment les citoyens européens dans leur vie professionnelle de tous les jours. Évidemment, il faut harmoniser avec tous ces pays. Ce qui fait qu’aujourd’hui, tu as 27 homologues. L’idée, c’est justement de faire le lien entre les autorités nationales et cette AET.
27 homologues, 26 plus 1. Tout à fait, c’est la grande nouveauté de 2025. Nous avons été rejoints par un collègue norvégien qui représente donc l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège, donc les trois pays de l’espace économique européen, ce qui nous permet d’étendre un peu plus le champ géographique et l’autorité européenne du travail. Alors David, est-ce que tu pourrais m’expliquer comment la France est représentée au sein de ELA ? Déjà, c’est moi qui représente la France, concrètement et pratiquement.
Sinon, nous avons un conseil d’administration au sein de l’AET, un conseil d’administration, ou Management Board, auquel participe un représentant, on va dire, du ministère du Travail, chargé du Travail français, et donc qui va décider aussi des actions qui vont être menées au niveau de l’autorité européenne. Mais opérationnellement parlant, c’est moi qui vais représenter la France et qui vais discuter avec mes collègues des autres États membres. En matière de coopération, c’est tout simplement essayer de mettre en œuvre certaines actions d’inspection, par exemple, ou des actions de visite d’études entre États membres. Le tout, c’est de faciliter les échanges entre États membres, entre autorités nationales. Comment on travaille justement avec ces autres pays ?
Chacun a sa culture, chacun a sa méthode, chacun a sa langue. Est-ce que tu pourrais nous donner un exemple justement de ce travail ? Alors déjà, je ne parle pas du tout toutes les langues de l’Union Européenne. Donc quotidiennement, on parle en anglais bien sûr entre nous. Parfois en français quand même.
J’ai quelques collègues qui sont francophones. Tous sont francophiles, il n’y a pas de souci. Et comment on travaille avec des cultures différentes ? Déjà, il faut Il ne faut pas essayer d’imposer la sienne, je pense. Il faut arriver avec l’esprit ouvert, ne pas avoir de préjugés non plus.
C’est peut-être un peu difficile sur cet aspect-là. On a plutôt tendance parfois à voir différemment les autres Etats membres, mais c’est tout simplement parce qu’on ne connaît pas ces autres Etats membres. Et quotidiennement, on travaille ensemble assez régulièrement avec tous les Etats membres. Moi, il n’y a pas un état membre avec lequel je ne travaille pas, au moins pour échanger sur la façon de percevoir, par exemple, le contrôle de l’inspection du travail, ou alors, par exemple, ce qu’on entend par sécurité sociale ou prestations de sécurité sociale, ce qui est important aussi pour les personnes expatriées dans tel ou tel état membre. On a des organisations qui sont totalement différentes entre États membres.
C’est vrai qu’il est un peu parfois difficile de comprendre certaines façons d’aborder. Je parlais de la sécurité sociale. Justement, la sécurité sociale, la façon de voir cet aspect-là, ce champ-là, c’est parfois compliqué de comprendre. Il faut harmoniser des systèmes qui sont tous différents. Alors harmoniser ou au moins trouver un terrain d’entente qui permette que tout fonctionne en fait, tout simplement que tout se coordonne.
Tu me parlais en préparant cette interview des gilets oranges qu’on peut croiser sur le bord des routes ? Tout à fait, ça c’est un exemple bien précis de coopération entre états membres et puis d’action menée par l’autorité européenne du travail en relation avec d’autres autorités telles que Dans l’année, nous avons plusieurs semaines d’action. Ces semaines d’action, c’est tout simplement la mobilisation de différents corps de contrôle sur le territoire de l’Union Européenne, en vue d’aller sur soit des entreprises bien précises, parce qu’on sait qu’on rencontre un problème, soit sur un champ sectoriel dans lequel on a quelques difficultés, on s’aperçoit qu’il y a une présence assez forte de travailleurs mobiles et par définition, on va dire, le champ du transport routier, c’est véritablement un champ qui est traditionnellement très mobile, très européanisé, très international. Il peut vous arriver de voir des gilets oranges sur le bord des routes en France, voir ailleurs sur le territoire de l’Union Européenne, et ça peut constituer pas un contrôle traditionnel, mais un contrôle qui est mené sous l’égide de l’Autorité Européenne du Travail et de Red Bull. Ça c’est une action concrète que les citoyens peuvent voir tous les jours, et c’est véritablement une action qui est menée en faveur de la protection des droits des travailleurs, et aussi quelque part pour faciliter aussi la mobilité de ces travailleurs, puisque si vous êtes déçu dans un emploi, vous n’allez jamais penser à postuler sur le même emploi ailleurs dans l’Union européenne.
Je pense qu’on a du mal à imaginer les trafics de transports entre tous ces pays européens. Ça doit être assez gigantesque. C’est gigantesque. Quand on a une vision globale de ce que ça représente, alors je n’ai pas des chiffres là à vous donner précisément, mais quand on s’aperçoit de ce que ça représente en termes de contrôle, c’est assez impressionnant. Ce n’est pas qu’une question de contrôle aussi, il y a aussi des effets, on le voit aussi.
On a aussi des retours de la part des partenaires sociaux puisqu’on a beaucoup de contacts avec des partenaires sociaux et notamment dans le transport, ils sont très actifs. On comprend aussi que notre action a une action bénéfique justement. Ce n’est pas en vain pour les droits des travailleurs. Et ma dernière question David, on va se tourner vers le futur. Quelles sont les évolutions à venir ?
Alors les évolutions à venir, je pense que c’est déjà un renforcement des missions de l’autorité européenne du travail, montrer qu’elle a gagné ses galons, je pense. C’est assez important, son action n’est pas du tout remise en cause à l’heure actuelle. On le voit bien, on a beaucoup de retours positifs. On a intégré EURES, qui préexistait à l’AUT, qui fonctionne merveilleusement bien. Je pense que les podcasts qu’on a pu écouter auparavant nous l’ont démontré parfaitement.
L’avenir, c’est de renforcer cette information des salariés et des entreprises sur leurs droits, leurs obligations. de renforcer également la coopération pour montrer qu’on a déjà un marché du travail, un marché de l’emploi dans l’Union Européenne qui est pacifié. Et bien grâce à la Radio des Français dans le Monde, on découvre toute cette organisation, parfois un peu invisible, qui permet à chacun de pouvoir travailler et les uns avec les autres, ce qui est quand même une belle fierté dans cette construction européenne. Tout à fait, quand on voit qu’on arrive à travailler tous ensemble, et encore une fois avec mes collègues, c’est l’une des choses qui m’a surpris en arrivant, c’est véritablement la façon de travailler et surtout, on arrive tous avec notre bagage, mais surtout notre ouverture d’esprit, je pense. Et la bonne volonté.
Merci Cénoté, au plaisir de se retrouver David. Au plaisir Gauthier, merci. Pour en savoir plus sur EURES, la porte vers l’emploi en Europe, découvrez notre. Dossier spécial sur Français dans le Monde.fr.
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