Claudia Claudel parle des ados qui ont des troubles d’apprentissage

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Comment l’expatriation affecte-t-elle les adolescents et leurs apprentissages ?
Dans le cadre du dossier spécial « Les Ados & l’Expatriation » proposé par
Francaisdanslemonde.fr avec le soutien des experts d’Expat Pro et le parrainage d’Expat Student, le Spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada, nous explorons une question cruciale : comment l’expatriation influence-t-elle les adolescents, notamment ceux ayant des difficultés d’apprentissage ? Les changements culturels, linguistiques et éducatifs peuvent-ils agir comme des catalyseurs pour ces jeunes, réveillant des troubles jusque-là dormants ? Claudia Claudel, experte en accompagnement des familles expatriées, partage ses observations sur ces défis uniques et propose des solutions pour aider les adolescents à s’adapter à leur nouvel environnement.

Claudia Claudel est une figure reconnue dans le domaine de l’expatriation, ayant fondé « Sparks and Minds » pour soutenir les familles expatriées à travers le monde. Avec une expérience riche dans différents systèmes éducatifs, elle aide les parents à naviguer les complexités de l’adaptation à un nouveau cadre scolaire et culturel. Claudia met en lumière l’importance de comprendre et de soutenir les adolescents, particulièrement ceux qui font face à des troubles d’apprentissage, dans leur parcours d’expatriation.

L’épisode se concentre sur les défis que rencontrent les adolescents expatriés, notamment ceux ayant des troubles d’apprentissage. Claudia explique comment ces jeunes peuvent percevoir les changements comme une source de stress supplémentaire, exacerbant leurs difficultés. Elle propose des outils d’évaluation, comme le bilan Gibson, pour mieux comprendre les besoins des adolescents et souligne l’importance d’une collaboration étroite entre parents, écoles et professionnels. Ce soutien collectif peut transformer l’expérience d’expatriation en une opportunité de croissance personnelle et académique pour les adolescents.

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https://www.sparksandmindsco.com/

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Podcast n°2404 (janvier 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

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Chapitrage de l’épisode :

00:00:02 – Introduction et Présentation
00:00:17 – Entretien avec Claudia Claudel
00:01:15 – Le défi de l’expatriation pour les familles
00:02:30 – Impact des changements culturels sur les adolescents
00:03:20 – Troubles d’apprentissage et expatriation
00:04:46 – Difficultés de reconnaissance des troubles
00:06:01 – Refus des aménagements par les adolescents
00:07:45 – Importance d’un partenariat avec les parents et les écoles
00:08:20 – Evaluation par le bilan Gibson
00:09:15 – Exigences et bénéfices de l’accompagnement intensif
00:11:45 – Apprendre à apprendre
00:12:30 – Conclusion optimiste de Claudia Claudel
00:13:21 – Remerciements et clôture
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Transcription de l’épisode :

La Radio des Français dans le Monde présente le dossier spécial Les ados et l’expatriation parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.
Les ados, les petits filous qui sont en expatriation et qui peuvent parfois lancer des messages. Il faut le savoir, les écouter. On va en parler avec Claudia Claudel. Nous sommes au Maroc pour réaliser cette interview. Bonjour, bienvenue, Claudia.
Bonjour Gauthier, ravi de te retrouver. On a fait en effet ton portrait dans un podcast en partenariat avec Expat Pro. Tu fais partie de ce réseau d’experts puisque tu accompagnes des familles expats aux quatre coins du monde. Tout à fait, c’était aussi une des raisons de créer Sparks and Minds, c’est que selon certaines destinations, les familles se sentent très isolées parce qu’elles n’ont pas de ressources. Elles se retrouvent avec un enfant qui est diagnostiqué, mais soit il y a un problème de langue pour avoir accès à certains services, soit elles sont perdues, elles ne comprennent pas le jargon.
où elles n’ont pas des experts ou des spécialistes à proximité, c’est-à-dire qu’il faut conduire deux heures pour aller voir un psychologue ou il faut conduire deux heures pour aller chez un psychomotricien. C’est très compliqué. Donc, c’était aussi une des raisons, c’est pouvoir avoir une possibilité de communiquer avec moi qui connais notamment tous les autres systèmes qui sont non francophones, où c’est aussi quelquefois une navigation un peu semi d’iceberg autour. C’est un exercice d’adaptation. Quand tu rentres dans un autre système que le système français, ça fait beaucoup de changements.
Voilà. Surtout quand le parent est issu d’un système français et qu’il doit naviguer un système anglais ou un système IB ou un système américain, il y a des fois, il faut décoder. Donc, ça fait beaucoup de paramètres à contrôler et à gérer, en plus de tous les autres, de la vie professionnelle du parent et autres. Donc, ça fait beaucoup. Donc, ça permet aussi une plateforme pour pouvoir échanger et expliquer ces différents systèmes.
Et j’ai eu de la chance de pouvoir travailler dans ces trois systèmes différents. Tu les connais. Alors on va faire ce focus pour les ados qui sont au collège, notamment pour ceux qui vivent leur première expatriation et ceux qui vivent un grand changement culturel, système éducatif, changement de langue, etc. Tu me dis que ces grands changements chez les enfants qui ont des difficultés d’apprentissage, ça peut un peu chahuter, ça peut réveiller même peut-être ces troubles ? Oui, exactement.
Ça peut être une forme de catalysateur. Ça fait exploser des choses qui étaient dormantes. C’est un peu comme un volcan, c’est-à-dire que le volcan était dormant. Et là, ça leur demande un effort d’adaptation en plus de tous les efforts qu’ils devaient déjà faire pour arriver à être fonctionnels. Et ça fait beaucoup.
Et là, c’est de trop pour eux. Mais à l’inverse, ça peut aussi quelquefois croire que c’est une difficulté d’adaptation, une difficulté culturelle, une difficulté à cause de la langue, alors qu’en fait, c’est un trouble de l’apprentissage. Donc, on va différer le moment où il y aura une prise en charge de l’adolescent en disant, ben oui, mais c’est normal. Il était triste de quitter ses copains, donc il y a ça qui est un fait. Mais en plus de tout ça, il y avait un trouble d’apprentissage qui n’a pas été détecté avant.
et qui s’exprime de manière plus forte. Et d’ailleurs, parfois, ça peut même presque être un outil de l’ado pour résister face à ce changement de vie qu’on va lui imposer. Parce que l’ado n’a pas beaucoup de choix dans l’expatriation. Quand papa et maman partent, on part avec eux. Et puis voilà, ça peut être une espèce de solution pour montrer qu’ils refusent cette nouvelle vie.
Quand même pas la majorité des cas, mais c’est arrivé, j’ai pu observer ça, où il y a vraiment un refus dans l’espoir, donc une forme de sabotage pour pouvoir revenir en France. Alors toi tu dis, les ados ne sont pas paresseux quand on les voit et qu’ils n’ont pas envie de travailler. Notamment, tu as identifié cette période où on doit travailler après les cours, quand on est à la maison. Ça peut être le moment où on peut identifier justement que l’ado peut avoir un trouble parce que la tension monte, on commence à s’engueuler, etc. L’enfant n’est pas forcément paresseux.
Tu n’es pas d’accord avec ce concept ? Alors sur l’enfant paresseux, oui. Ça, je ne suis pas du tout d’accord. J’ai très rarement vu des enfants paresseux. On se trouve avec des enfants qui sont dans l’évitement de quelque chose qui est difficile, compliqué, complexe pour eux.
Après la perte de l’adolescence, il y a beaucoup de choses qui se passent et il y a beaucoup de choses au niveau de leur transformation physique, hormonale. Donc, il y a aussi une forme de fatigue. Donc, il n’y a pas toujours de la paresse, mais une fatigue physique qui est réelle. Maintenant, à tout mettre en perspective, il y a aussi des aspects générationnels de cette génération Z, comme on l’appelle, où il y a d’autres paramètres qui rentrent en jeu. C’est une génération qui a besoin de gratification beaucoup plus immédiate pour faire quelque chose.
C’est une génération qui a une fonction exécutive qui est plus faible que les générations d’avant. C’est une génération qui a une attention moindre aussi. Il faut arriver à naviguer ces différents concepts avec subtilité. Parce qu’il y a une part générationnelle qui est là, avec aussi cette génération qui a d’autres choses très très en plus à mettre à son actif. Ce n’est pas que des là, je vais citer quelques-uns, mais il y a aussi des choses plus.
Cette période est difficile et plus difficile à naviguer. Il faut être subtil dans la manière dont on l’analyse. En plus, l’adolescent a une envie d’appartenance très forte. Par exemple, si je prends des adolescents qui ont un diagnostic établi, qui ont des aménagements, par exemple, au niveau scolaire. Souvent, les adolescents vont refuser les aménagements.
parce qu’ils ne veulent pas être différent des autres. Donc non, ils ne veulent pas mettre leurs casques anti-bruits pour ne pas être déconcentrés. Non, ils ne veulent pas faire leurs tests ou leurs examens dans une autre salle parce qu’ils veulent être comme les autres. Donc, ils vont être, ils vont rejeter un peu tout ça. Et pour ceux qui ont été diagnostiqués depuis quelques années, ces adolescents, Ils sont en rébellion parce qu’ils se disent pourquoi est-ce que moi je travaille plus dur que les autres ?
Pourquoi les autres ça leur prend 20 minutes pour faire ça et moi ça me prend une heure dix parce que j’ai de la dyslexie et du TDAH. Donc il y a une forme d’injustice qui vivent quelquefois très très mal. Et est-ce que parfois, ce n’est pas non plus les parents qui, découvrant qu’il y a un trouble, sont les premiers un peu sous le choc, on va dire. Et toi, tu n’as pas un travail déjà à faire, ne serait-ce qu’avec les parents pour dire bon, voilà, il y a un souci, mais on va s’en occuper, les déculpabiliser un peu, peut-être ? Complètement, il y a un grand travail d’éducation à faire et de décodage et de décryptage auprès du parent et en valorisant le fait qu’il en ait conscience.
Mais il y a un processus de digestion, je dirais même quelquefois que dans certains cas, une forme de processus de deuil parce que dans l’esprit du parent, il y avait un enfant Parfait. Un enfant idéal. Et un trouble de l’apprentissage, en fait, ça craque. Cette idée de perfection, et pour certains parents, c’est quelque chose d’extrêmement difficile à accepter. Donc, il faut vraiment travailler avec le parent, il faut travailler en partenariat.
Il faut travailler en partenariat avec l’école. Il n’y a pas que le parent et l’ado, il y a aussi le système éducatif, intégrer les enseignants dans ce travail d’accompagnement. Voilà, et à nouveau, il y a des enseignants et des écoles qui sont formidables, vraiment, qui font un vrai partenariat. Il n’y a pas de hiérarchie dans les rapports. Ce n’est pas moi, je suis l’école et le parent est…
Non, c’est-à-dire qu’on est tous partenaires. On contribue à hauteur de ses responsabilités, de ce qui se passe pour cet enfant-là. Et quand tout le monde rame dans la même direction, il y a des progrès vraiment spectaculaires. Alors en l’occurrence, les auditeurs qui nous écoutent, qui ont leur ado qui résiste un peu, qui fatigue un peu, qui grogne un peu, ça peut commencer par le bilan Gibson que tu proposes notamment, qui est une espèce d’outil d’évaluation ? Voilà, c’est une évaluation qui est faite très rapidement, 140 minutes, ça peut être fait en ligne, mais qui est un très très bon indicateur de la facilité à laquelle l’apprentissage se fait.
Parce que, comme tout un chacun, quand c’est difficile, on n’a pas envie de le faire. Quelqu’un qui commence la course à pied, qui a un peu de surpoids pour qui c’est compliqué, il va se dire, il y a peut-être un peu moins de motivation que quelqu’un qui a une capacité physique déjà innée à le faire. En fait, l’apprentissage c’est pareil. Il y a un côté injuste, mais on est tous avec soit des capacités qui sont dans l’ordre de la facilité, c’est-à-dire c’est inné, c’est créé, ou alors il y a un déficit. Et là, ça demande extrêmement de travail et on va essayer, bon an, mal an, de compenser comme on peut quand on a la chance d’avoir d’autres compétences qui sont élevées, qui sont très fonctionnelles pour pouvoir contrebalancer ce déficit.
Donc, il y a des fois, ça fonctionne. mais ça a un coût. Alors en l’occurrence, ça a un coût temps, un coût financier parce que c’est une grosse cadence. Tu accompagnes avec beaucoup d’heures, c’est-à-dire que pour que ça fonctionne, c’est un peu l’explication que tu me donnais quand on monte dans une voiture et qu’on roule, on freine tout seul, on accélère tout seul, on change les vitesses tout seul. Là, il y a un plus gros travail parce que les choses se perdent un peu.
Donc, il faut répéter, répéter, répéter. Donc, c’est un accompagnement avec beaucoup d’heures de travail. Tu parlais de 14 semaines d’accompagnement. C’est ça. Donc 14 semaines quand on compte pas les vacances, si on les fait d’un trait, donc c’est une heure par jour pendant cinq jours dans la semaine.
Donc c’est un investissement, comme j’ai dit, en temps, c’est un investissement en énergie. Ça a un coût évidemment, mais quand on voit les résultats après, sur le plan académique, donc après souvent les parents maintenant me renvoient, par exemple, des map tests pour ceux qui sont dans les systèmes américains et qui savent à quoi ça correspond, ou des cas de fort. Il y a clairement Tu vois l’évolution, ouais. Ah ouais, mais spectaculaire, spectaculaire. Et ça peut dénouer beaucoup de choses pour l’ado, pour les parents qui vivent cette première expatriation, ça peut vraiment débloquer les choses, en fait.
Oui, et à nouveau, c’est cette marche intermédiaire entre l’école et après un psychologue scolaire pour avoir un diagnostic. Moi, je ne fais pas de diagnostic, d’accord, mais Ça permet cette sensibilisation à comment est-ce qu’on apprend parce que finalement, même à l’école, on n’apprend pas à apprendre. On estime que c’est inné, que c’est naturel, alors qu’en fait, il faudrait apprendre à apprendre et apprendre comment est-ce qu’on apprend, quelles sont les compétences qu’on utilise. Je veux dire, c’est comme Beethoven, apprendre à lire, c’est comme si on avait dit à Beethoven, voilà, tu écoutes de la musique et puis après, hop, tu fais de la musique. À un moment donné, il y a un apprentissage qui doit se faire.
Pour la lecture, c’est pareil. On ne peut pas mettre en phase d’un livre et dire, voilà, tu regardes ton livre et puis tu auras appris à lire. Non. Et il y a un mécanisme pour apprendre à apprendre. Eh bien, si vous voulez avoir un petit coup de main ou un petit conseil de Claudia Clodel, le lien de son podcast, le lien de son site est présent dans ce podcast.
Juste pour terminer, on aime bien sur la radio des Français dans le monde avoir un côté optimiste avec l’expérience que tu as, le recul que tu as, l’accompagnement des ados que tu as, les accompagner, les aider. Tu vois clairement la différence. Oui, et en fait, souvent c’est rien d’en parler, j’ai la chaîne de Paul, c’est à un moment donné quand il vous regarde et que dans ce regard, il y a j’y suis arrivé. Et ça, je dis ça, ça n’a pas de prix. C’est vraiment un moment magique.
Quand, par exemple, dans ce programme, quand il y a des exercices qu’ils pensaient impossibles pour eux et qu’en le construisant étape par étape et en le répétant et qu’ils y arrivent et qu’il y a ce regard de « I got it », ça, je veux dire, c’est juste un prix. C’est juste un prix, oui. Merci beaucoup, Claudia, pour cet éclairage, pour notre dossier. Merci infiniment, Gauthier, de m’avoir donné la parole aujourd’hui. Merci.
Les ados et l’expatriation en partenariat avec. Les experts du réseau Expat Pro. Dossier parrainé par Expat Student, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada. Expatstudent.Fr.
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