Cécile Moroni : Les bébés dorment dehors en Norvège !

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Avez-vous déjà entendu parler de la tradition norvégienne de faire dormir les bébés dehors, même en plein hiver ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys s’entretient avec Cécile Moroni, une humoriste française vivant en Norvège, pour discuter de cette pratique étonnante et d’autres différences culturelles entre la France et la Scandinavie. Préparez-vous à être surpris par les anecdotes et les insights fascinants sur la vie quotidienne et l’éducation en Norvège.

Cécile Moroni est une humoriste française qui a remporté le Trophée des Français de l’étranger en 2024 dans la catégorie culture et art de vivre. Elle se produit principalement à Oslo en norvégien, mais aussi en anglais et en français. Récemment, elle a écrit un livre intitulé « Where Babies Sleep Outside », qui explore les particularités de la culture scandinave à travers le prisme de l’éducation des enfants. Son expérience en tant que mère de trois enfants en Norvège lui a permis de découvrir des aspects insoupçonnés de la société norvégienne.

Dans cet épisode, Cécile nous parle de son livre et de la pratique scandinave de laisser les bébés dormir dehors pour leurs siestes. Elle explique les raisons derrière cette tradition, notamment les bénéfices perçus de l’air frais pour le sommeil des enfants. L’épisode aborde également d’autres aspects de l’éducation scandinave, comme l’accent mis sur l’autonomie des enfants et l’égalité homme-femme. Cécile partage ses réflexions sur les différences culturelles et comment elles influencent la vie quotidienne, tout en apportant une touche d’humour à ses observations.

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// Lien de la maison d’édition pour acheter le livre //

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Podcast n°2287 (Septembre 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage de l’épisode :

0:00:01 – Introduction du podcast
0:00:26 – Discussion sur la voiture en Norvège
0:00:36 – Gagnante du Trophée des Français de l’Étranger
0:01:61 – Écriture d’un livre par Cécile Moroni
0:01:77 – Tradition norvégienne des bébés dormant à l’extérieur
0:02:141 – Expérience personnelle de Cécile avec cette tradition
0:03:190 – Utilisation du babyphone pour la surveillance des bébés
0:05:321 – Différences culturelles entre la Norvège et la France
0:06:367 – Éducation scandinave et autonomie des enfants
0:07:447 – Hiérarchie familiale en Norvège
0:10:626 – Chocs culturels en Norvège
0:10:658 – Égalité homme-femme en Norvège et congé paternité

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Transcription de l’épisode :

Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale, écouter des parcours inspirants et des paroles d’experts sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gautier Seyss et j’ai le plaisir de passer 10 minutes dans la voiture de Cécile Moroni. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. francaisdanslemonde.fr.
La dernière fois on était sur une jolie terrasse parisienne, cette fois-ci tu es dans ta voiture en Norvège, la prochaine fois ce sera sans doute dans une grotte.
Ça devient de plus en plus rude. Ça devient de plus en plus rude. Non, mais ça va, la voiture est garée. Oui, voilà, on va rassurer les auditeurs. Tu étais au micro de la radio des Français dans le Monde dans le cadre de notre partenariat avec le Petit Journal puisque tu as gagné en 2024 le Trophée des Français de l’étranger, culture et art de vivre pour ton spectacle puisque tu es humoriste française en Norvège.
Exactement, mon métier d’habitude c’est l’humour. Je fais de la scène en norvégien à Oslo, puis un peu en anglais et en français aussi. Et là, cette année, j’ai écrit un bouquin. Voilà. Alors justement, si les auditeurs veulent en savoir plus sur ton parcours, je les inviterai à découvrir l’autre podcast.
Le lien est dans celui-ci. Mais on va s’intéresser à ce livre qui s’appelle Where Babies Sleep Outside, parce qu’il y a une tradition qui est très norvégienne, qu’on ne va sans doute pas comprendre et que les parents en France, là, vont dire mais qu’est-ce que c’est que ce truc de fou ? Les bébés, on les fait dormir dehors. Exactement, on fait dormir les bébés dehors, je crois que ça vaut pour la Scandinavie en général, la Norvège, la Suède, le Danemark, et je pense que c’est aussi le cas d’ailleurs à l’extérieur de la Scandinavie, comme en Finlande ou en Estonie, mais dans les pays du Nord. On fait dormir les bébés dehors, alors on les impacte bien, attention, mais on laisse le bébé bien impacté dans son lando, et on laisse le lando à l’extérieur du café quand on va dans le café.
Et parce qu’on pense que les enfants, quand ils respirent de l’air frais, ils dorment mieux, ils dorment plus longtemps, ils se reposent mieux. Mais du coup, c’est surprenant parce que les premières fois où on voit des gens d’essayer leur bébé à l’extérieur des cafés pour aller se mettre au chaud eux-mêmes, on se dit mais qu’est-ce que je suis en train de regarder ? C’est étonnant. Ça fait parent indigne pour un Français. Bah oui, en plus, il y a le côté météo déjà qui est surprenant.
Moi, qui m’a vraiment surprise parce qu’il y a des fois où il fait vraiment froid, il fait largement dessous de zéro. Et puis, il y a aussi le côté risque de… Est-ce que quelqu’un va me piquer le bébé ? Et d’ailleurs c’est marrant parce que mon mari il est norvégien et il a toujours dit non mais c’est normal qu’on fait comme ça ici et une fois j’avais dit moi j’ai un peu peur qu’on nous pique notre petit bébé et il m’avait dit il a été tellement relou le bébé aujourd’hui qu’il a voulu le voler franchement. Mais honnêtement effectivement ça en dit long sur le niveau de confiance général de ce genre de sociétés du nord.
Mais c’est quand on va chez des amis qu’on laisse le bébé dehors ou même à la maison, la nuit, il dort parfois dehors ? Je pose une question peut-être surréaliste. Non, elle n’est pas du tout bête cette question. Elle est drôle d’ailleurs parce que c’est vrai que j’oublie de le dire. On laisse ses enfants faire la sieste dehors.
D’accord. On ne laisse pas des enfants passer la nuit dehors. D’accord. Et du coup, ce serait marrant. Parfois, je me dis que ça m’arrangerait de mettre tous mes enfants dehors et de regarder Netflix en paix.
Mais ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. C’est pour la sieste et c’est pour les petits ou les enfants petits ou les bébés. Il y a quand même le babyphone relié à son téléphone pour prévenir, pour voir le bébé. Oui, tout à fait. Tu as le babyphone et du coup, tu as le côté surveillance, même s’il n’est pas…
Les gens sont relaxes parce qu’en même temps le risque est faible. Vraiment, les enfants sont super bien impactés. Ils ont des sous-vêtements en laine, un gros manteau, ils ont une espèce de duvet en plume. Il fait tellement parfois moche en Norvège l’hiver que moi plusieurs fois je me suis dit j’aimerais bien être le bébé à la place du bébé. Ça a l’air quand même vraiment super sympa cette installation.
Et tu n’as jamais essayé de dormir dehors en pleine nuit pour voir si ça découle ? J’ai fait beaucoup de choses pour m’intégrer mais je n’ai pas essayé de dormir dehors dans un landau avec une petite tétine. Je suppose, Cécile, que ton livre n’est pas basé que sur cette anecdote. Je suppose que tu en profites au passage pour regarder toutes les différences culturelles. Et tu dis, d’ailleurs, les auditeurs de la radio des Français dans le monde, qui sont aux quatre coins de la planète, sont peut-être plus ouverts et prêts à découvrir ce genre de différences, puisqu’ils sont tous baignés dans l’interculturalité.
Exactement et alors c’est hyper bien que tu le dises parce que je trouve que quand on devient parent et qu’on est déjà français à l’étranger ou en tout cas qu’on a changé de pays, on découvre une couche de la société qu’on ne connaissait pas forcément d’avant et je trouve que c’est un peu, ça a été pour moi une sorte de deuxième étape d’intégration parce qu’on rencontre le système de santé, le système scolaire, les logiques d’éducation très différemment que ce qu’on fait si on n’est pas parent. Et pour moi, je suis devenue maman en Norvège, mes trois enfants sont nés à Oslo, et ça a été une nouvelle rencontre avec un pays que je connaissais déjà depuis dix ans. Et je me suis sentie plus proche des Norvégiens sur certains trucs, et il y a des principes fondamentaux que je ne connaissais pas du tout, alors que ça faisait quand même longtemps que j’étais là. Et je me suis dit, ah, mais ça explique comment les gens se comportent en entreprise, comment les gens se comportent en amitié aussi, de voir ce qu’on explique aux enfants comme principe de base sur comment nouer des liens d’amitié ou comment se comporter en groupe. Alors si on prend l’amitié, on dit par exemple quand on arrive chez les américains, ils sont tous très gentils, ils crient, ils hurlent, ils te prennent dans les bras tellement ils sont contents de te voir, mais c’est pas des vrais, vrais amis.
Il y a d’autres pays dans le monde où c’est très, très difficile de se rapprocher des autres. Ils sont très froids et très distants au début. D’autres mettent vraiment de la distance physique, mais… En fait, tout le monde vit avec ses différences. L’idée du livre, c’est de dire qu’on est tous comme on est et qu’on a tous quelque chose de bien à prendre de l’autre.
Oui, alors tout à fait. Moi, j’aime beaucoup ce genre de point de vue parce que je pense que c’est le message le plus important à faire passer. Après, mon livre, il est quand même plus centré sur, OK, quels sont les secrets et les grands principes de l’éducation des enfants à la Scandinave ? Qu’est-ce qui est intéressant d’adopter éventuellement en dehors de la Scandinavie et qu’est-ce qu’on pourrait apprendre d’eux ? Et pourquoi aussi il y a des choses qui peuvent être amusantes avec des yeux de Français sur certains morceaux de la culture ?
Par exemple, en Norvège, on laisse beaucoup les enfants jouer dehors et on en laisse beaucoup de liberté. Là où un parent d’un autre pays dirait, non mais ne monte pas à l’arbre, tu peux te faire mal. Un parent norvégien va se dire, laisse-le, vous laisse-la monter dans l’arbre et on verra bien si elle se casse la gueule, et bien elle aura appris quelque chose. Ça, c’est des principes que je trouve intéressants de dire, ok, qu’est-ce qu’il y a derrière en fait ? Bah si, c’est parce qu’en Norvège, on laisse les enfants gagner en autonomie très vite parce que c’est un principe un peu fondamental de la société.
Donc c’est quand même plus centré sur ce que font les Norvégiens et pourquoi ils le font, mais avec des anecdotes un peu amusantes qui justement concluent sur le, ouais, on a tous nos trucs bizarres et c’est bien comme ça aussi, quoi. La France a voté il y a quelques années seulement une loi qui interdit de baffer son enfant. Donc il y a des parents qui baffent, il faut le savoir. Et c’est sans doute encore plus courant qu’on ne l’imagine. Qu’est-ce que c’est le rapport à l’autorité, par exemple, dans les pays scandinaves ?
Mais ça, c’est une question fondamentale, justement, dans les différences. Clairement, la façon dont la hiérarchie familiale est destinée en Norvège, elle est beaucoup plus plate, cette hiérarchie familiale. C’est-à-dire que les enfants et les parents n’ont pas cette espèce de rôle de policiers et d’enfants affliqués, mais plus presque des coéquipiers d’une équipe avec peu d’hiérarchie. C’est-à-dire que ce qui peut paraître étrange, du coup, c’est que la façon dont on s’adresse aux enfants peut paraître presque permissive, mais en tout cas est très soft. personne ne crie sur son enfant dans la rue en Norvège.
Ça n’existe pas. Je n’ai jamais vu ça. Ou alors c’était des Français. Mais vraiment, c’est extrêmement soft comme approche à la discipline. Et à l’inverse, du coup, les enfants, on leur dit dès le plus jeune âge, vous avez des droits, vous avez le droit d’être vu, entendu, respecté, etc.
Et du coup, ça fait que le dialogue entre les générations est beaucoup plus fluide. Je trouve que c’est avec moi que j’ai grandi. En tout cas, dans ma génération, les parents, on ne partageait pas beaucoup de choses avec eux. Pas de la même façon qu’en Norvège, en tout cas. On parle de l’éducation positive en ce moment.
C’est un sujet dont on a souvent parlé. Que le français a tendance à peut-être interpréter parfois à sa façon en laissant absolument tout faire à l’enfant. C’est quoi l’éducation modèle en Norvège ? Oui, ça aussi c’est une très bonne question, parce que mes amis me disent parfois, c’est bienveillant et positif. Oui, jusqu’au point quand même où l’adulte reste un peu le gardien responsable.
On dit aux parents en Norvège, vous êtes responsable de la qualité de la relation que vous avez avec votre enfant. Vous êtes l’adulte, c’est vous qui avez la maturité émotionnelle et intellectuelle pour mettre un peu les bornes d’une relation qui est quand même cadrée, donc pas permissive, mais qui reste quand même vraiment soft sur le style de communication. En Norvège, par exemple, on va voir un enfant péter une pile pour faire un caprice, et les parents restent extrêmement calmes, mais fermes, mais calmes sur le non. En fait, c’est non, et voilà, je t’explique pourquoi. Mais il n’y aura pas de cris.
Mais en revanche, ils ne vont pas céder non plus. Beaucoup de débats sur l’éducation, l’éducation nationale, sur les méthodes utilisées aujourd’hui. Est-ce que tu as vu des différences, toi, avec les enfants, dans l’école scandinave ? Mes enfants sont petits. Pour l’instant, ils vont à ce qui s’appelle le jardin d’enfance qui correspond aux années de la maternelle en France.
Et puis ma grande là, elle a commencé à l’école. Donc je n’ai pas encore énormément de benchmark là-dessus. Ce que je remarque, c’est qu’il y a un énorme soin qui est apporté à la qualité de vivre ensemble en Norvège. Je pense que c’est dû au fait qu’il s’agit de… de petits pays, de petites sociétés.
En Norvège, par exemple, il y a 5 millions de personnes. On est amené à garder de ces relations tout au long de la vie, et donc il faut les soigner. Et même si on est différent et que les enfants ne fonctionnent pas fondamentalement très bien ensemble, on fait tout pour qu’ils gardent un ancrage dans le voisinage, dans leur groupe d’amis d’enfance, de meilleure qualité possible tout au long de la vie. En France, j’ai l’impression qu’à la maternelle, on apprend plus déjà des quelques acquis qu’on pourrait qualifier d’académiques, c’est-à-dire les livres, les lettres, les chiffres. En Norvège, j’ai l’impression que l’accent est vraiment mis sur les capacités presque sociales d’un enfant à fonctionner en groupe.
Et si on quitte les enfants et qu’on va dans le monde des grands, est-ce qu’il y a des moments où tu as été choqué des différences culturelles ? Oui, oui. Alors ça, c’est un chapitre à part entière. Déjà, par exemple, quand on est latin, comme on l’est en France et qu’on arrive en Norvège où on déjeune à 11h et on dîne à 16h et on mange des trucs qu’on n’a jamais vus avant. Rien que ça, la nourriture, c’est un des cultures-chocs les plus grands, je dirais.
En Norvège, dès qu’on arrive chez les gens, dès qu’on arrive quelque part, en général, il faut enlever ses chaussures. On enlève ses chaussures. Donc tu te retrouves en chaussettes partout, tu te trouves à visiter un appart où tu vas t’être acheté en chaussettes avec un trou dans ta chaussette. Ça au début j’étais là mais est-ce qu’on peut arrêter d’enlever les chaussures tout le temps ? Je comprends quand il y a de la neige mais sinon c’est…
Du coup mon mari quand on va à Paris, il est norvégien, il enlève ses chaussures et mes potes me disent mais pourquoi il enlève ses chaussures ? Donc c’est marrant, quoi. Ça, c’est des petites anecdotes un peu rigolotes de différences culturelles. Ce que j’adore, moi, c’est le côté égalité homme-femme, ici. Enfin, clairement, ils ont une longueur d’avance là-dessus, sur le côté égalité.
D’ailleurs, j’en parle dans mon livre, parce que ça commence par le congé paternité, qui est complètement normalisé en Norvège, et qui fait que Marie a pris une part assez prenante dans l’éducation des enfants, que peut-être un Français en France n’aurait pas prise. Alors le livre, le lien pour pouvoir l’acheter dans la collection Le Monde D’Eau est disponible sur Amazon également. Donc je mets le lien si les gens sont intéressés. Il est en anglais pour le moment. Tu penses peut-être le traduire quand on aura un petit peu de temps.
Exactement, exactement. J’espère que les anecdotes vous feront rire parce que souvent je me moque de moi-même quand même et de tous les trucs que j’ai mal compris ou que j’ai mal interprété. Voilà. Et avec trois enfants, il y a de la matière. Bien sûr, si on est à Oslo, on peut aussi te voir sur scène.
Tu as un spectacle qui s’appelle Bonjour la Norvège. Je te laisse le dire en norvégien.
Bon, je serais presque pu essayer. Ça va, toujours ce plaisir de faire rire les gens tout en travaillant sur toutes ces différences que l’on a en nous. Exactement. Et c’est toujours sans fin parce que je pense que c’est un peu universel le fait de parfois être un peu lost in translation. Donc autant apprendre les choses avec l’humour.
Elle s’appelle Cécile Moroni. Si vous voulez son livre, et bien cliquez sur le lien. Merci d’être venue sur l’antenne de la radio des Français dans le Monde. À prochaine fois, donc, dans une grotte.
Merci Gauthier, à bientôt.
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