Dans cet épisode captivant, nous plongeons dans les défis et les joies de l’expatriation avec une question essentielle : comment s’adapter à une nouvelle culture tout en restant fidèle à ses racines ? Pour beaucoup, s’installer dans un nouveau pays signifie naviguer entre des langues et des valeurs culturelles différentes. Notre invité partage son expérience personnelle et professionnelle, révélant comment il a su surmonter ces obstacles tout en gardant un lien fort avec ses origines.
Alexandre Henaut , notre invité du jour sur La radio des Français dans le monde, est un avocat originaire du Pas-de-Calais, en France. Après avoir exercé à Paris, il a décidé de s’installer à Montréal, où il vit désormais de manière permanente. Spécialisé en droit de l’immigration, Alexandre aide les Français désireux de s’installer au Canada. Son parcours est marqué par une curiosité insatiable et une capacité d’adaptation qui l’ont conduit à travailler dans divers systèmes juridiques à travers le monde, notamment en Espagne et en Argentine.
Au cours de cet épisode, Alexandre nous éclaire sur les subtilités de l’immigration au Canada, en mettant l’accent sur la nécessité de comprendre et de respecter les différences culturelles. Il explique comment il agit en tant que « traducteur culturel » pour ses clients, les aidant à naviguer dans les complexités administratives tout en leur offrant une perspective sur la manière de s’intégrer dans la société québécoise. En outre, Alexandre aborde la dynamique entre le Canada et la France, soulignant l’attrait du Canada pour les talents français et les échanges culturels constants entre les deux pays.
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Chapitrage de l’épisode :
On peut dire ce qu’on veut quand on a un compatriote, quelqu’un qui est né dans sa région. On est toujours content quand même de faire connaissance. Bonjour Alexandre. Salut Gauthier. Je devrais même dire bonjour maître puisque tu es avocat.
Oui et moi je peux te dire salut Biloute parce que tu es tout comme moi. Absolument, un partout, la balle au centre. Alexandre, content de faire ta connaissance. Je salue Cécile qui nous a mis en relation et qui nous permet d’échanger. Aujourd’hui, tu es installé à Montréal.
Je pense que tu vis une vie agréable là-bas. Il n’est pas complètement prévu que tu reviennes en France. Non, à priori, non, l’installation est définitive. Je suis Canadien, donc ça n’empêche pas de quitter le Canada. Mais ça va, on y est bien, on s’habitue.
On va résoudre tout de suite le problème de l’accent. Lorsque tu es arrivé à Montréal, ça t’a fait un choc culturel. Il y a eu une phase d’adaptation un peu compliquée sur ces deux langues qui sont les mêmes et qui, pourtant, parfois ne se comprennent pas. Oui, ben tu sais, regarde, quand je parlais cauchot déjà en France, tout le monde ne me comprenait pas forcément. Donc t’imagines, quand je suis arrivé là-bas avec mon accent que j’avais parisianisé, que j’avais rendu un peu plus audible.
Oui, en fait, faut pas penser que le Canada et le Québec, c’est un petit bout de France. C’est des Nord-Américains qui comprennent, qui parlent le français. Tu verras, là, dans l’actualité, il y a beaucoup de débats en ce moment. le président d’Air Canada qui n’est pas capable de faire un discours en français, par exemple, à Montréal. Donc, non, c’est important de parler français, mais on ne parle pas toujours la même langue et on n’a pas toujours les mêmes valeurs culturelles.
Donc, il y a des efforts à faire, mais on peut se comprendre quand même. C’est ça le gros avantage. Puis, tu peux vivre en français. Ça, c’est simple. Tu es natif du Pas-de-Calais, tu es né près d’Arras, les études ont été faites à Lille, tu as été avocat sur Paris, et puis il y a une dizaine d’années l’occasion de vivre des voyages dans le monde.
Voyager quand on est avocat, c’est remettre un peu en question son savoir parce que partout le droit est différent. Est-ce que c’est intéressant de voyager quand on fait ce genre de travail ? Ouais, c’est comme pour tout le monde, si tu veux. Je pense que c’est une source de curiosité. Et c’est aussi d’humilité, de remise en question.
Bien sûr, le droit n’est pas le même. Bon, t’as quand même du droit napoléonien, administratif, civil, qui peut se comprendre dans beaucoup de pays, en Afrique, en Asie, le droit allemand, au Japon. Il y a des façons quand même en droit à comparer, ce que j’ai fait, qui peut se faire comprendre. Après, t’as des schémas, des systèmes juridiques différents. T’as de la common law, t’as de la loi anglaise.
Non, mais c’est bien, tu te remets en cause. Alors, c’est sûr que d’aller plaider quand t’arrives à Montréal et d’aller plaider aux petites créances ou à la régie du logement, si tu l’as jamais fait, avec des interrogatoires, des contre-interrogatoires comme dans les séries américaines. Ouais, t’es un peu surpris, mais tout s’apprend. Puis après, c’est à toi de ne pas être le moins pire ou le pire des avocats. Mais bon, il faut rester humble, mais c’est sympa.
Des expériences en Espagne, en Argentine et donc depuis de nombreuses années maintenant installé à Montréal et spécialisé dans l’immigration, notamment pour aider les Français qui veulent venir travailler ou vivre simplement au Canada. Oui, et là, bon, avocat d’immigration, oui, pour faire les démarches, pour évoquer la stratégie d’immigration, les meilleures façons de venir en fonction du projet de chacun. Mais aussi, j’ai un de mes potes, un de mes chums, comme on dit ici, à l’Université Laval, à Québec, qui dit aussi souvent, on est traducteur culturel, parce que c’est, on fait un peu cette transition entre les personnes qui veulent venir ici, qui ont des idées, et puis le verbaliser, le transformer, comprendre ce qu’ils disent pour leur dire, mais attends, ici, il faudra le présenter de cette manière là. Il y en a beaucoup qui le font, mais moi, dans mes rendez-vous, souvent, c’est ça, en disant, je sais d’où tu viens, je sais ce que tu es en train de me dire, mais ici, ça ne marchera pas tout à fait comme ça et il faudra que tu penses à le présenter ou à l’envisager d’une manière un peu différente. Est-ce que le Canada prend des talents à la France ?
Il en prend. Il en prend ou il en cherche ? Je crois que très récemment, tu es un homme de médias, tu es en France, tu le sauras mieux que moi, mais il y a eu un, ce n’est pas de la concurrence, je ne prends pas pour toi, mais un article ou un reportage, je crois que c’est LCI ou TF1, la semaine dernière. en disant que les employeurs québécois et canadiens allaient chercher beaucoup de Français pour des questions de francophonie, de démarches administratives, parfois un petit peu plus simples que d’autres pays francophones. Mais oui, ils en cherchent.
Maintenant, en faire trop venir, il ne faut pas que le Canada devienne une petite France, mais je crois qu’on est encore loin, puis le pays est grand, on peut encore recevoir du monde. Aujourd’hui, installée là-bas, la vie est agréable. Est-ce qu’on regarde la France toujours du coin de l’œil ? Est-ce qu’on surveille les informations ? Est-ce qu’on écoute un peu de musique française, des artistes, des choses qui sortent ici ?
Est-ce qu’on surveille toujours un petit peu cette vieille France ? Oui, ben t’en as beaucoup, t’as pas mal d’interactions, t’es le premier à être sur les réseaux, puis en ligne, c’est quand même facile, je pense que les auditeurs aussi permettent de garder le lien avec la France grâce à toi. Maintenant, ici, oui, regarde, ma fille est une fan finie d’Angèle, bon, c’est pas la France, c’est la Belgique quand même. Mais non, après, oui, Oustromaë, bon, tu comprends, les ch’tis, on va vite dans Belgique, on va faire nos courses là-bas. Mais non, là, dans l’idée, oui, il y a toujours ça.
Non, il y a des liens, on ne peut pas mettre ça en cause. Il y a encore des séries ici qui sont créées, qui sont après envoyées en France. C’est une plus large audience ou auditeur en tant que tel, le marché est beaucoup plus important. Donc pour des Canadiens ou des Québécois qui veulent aller un peu à l’extérieur, c’est un marché assez naturel et puis les échanges sont toujours agréables. Et toi au niveau personnel, la France elle est dans ton quotidien encore ou tu t’en es un peu détaché ?
Ça, c’est une très bonne question. J’écouterais toutes tes interviews là-dessus si tu la poses de manière récurrente, cette question-là, ou des vieilles interviews, mais je dirais que mon épouse, elle, elle est encore pas mal liée, elle regarde ça, ça me permet aussi d’avoir des attaches. Moi, un peu moins, puis ma vie est ici, puis c’est de faire venir des gens, donc il faut quand même que je sache qui est le nouveau ministre de la Santé en France pour ne pas être une nouille. et répondre à côté de la plaque, naturellement. Mais est-ce que je regarde les infos ?
Est-ce que je suis très lié à la France ? Non. Est-ce que je peux, en revanche, permettre aux Français qui voudraient venir ici de leur dire, attends, il faut regarder ça, ici, ça fonctionne différemment. Donc oui, tu l’as compris, un petit peu détaché, mais il y a des personnes comme toi qui permettent de garder le lien, heureusement. En tout cas, tu es tombé en amour du Canada.
Je ne sais pas si c’est comme ça qu’on dit. Pas Pierre, exactement. Alexandre, en tout cas, je pense que tu as trouvé un coin du monde qui te plaît, visiblement au point de vouloir t’y installer définitivement. On se retrouvera sur l’antenne pour parler boulot. On va parler migration.
Mais merci d’avoir répondu à mes questions pour cette chronique. Salut à toi Gauthier.
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