Ados Expats : Nancy Bonamy témoigne en tant que parent

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Comment les adolescents vivent-ils l’expatriation ?
Dans le cadre du dossier spécial « Les Ados & l’Expatriation » proposé par
Francaisdanslemonde.fr avec le soutien des experts d’Expat Pro et le parrainage d’Expat Student, le Spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada, Gauthier Seys, l’animateur, accueille Nancy Bonamy, une mère de deux adolescents expatriés, pour discuter des défis et des avantages que cette expérience unique peut offrir aux jeunes. L’expatriation est souvent perçue comme une aventure enrichissante, mais qu’en est-il vraiment pour les adolescents qui doivent naviguer entre cultures, systèmes éducatifs et amitiés changeantes ?

Nancy, notre invitée, est une coach humanitaire suisse francophone vivant au Cameroun. Elle est bien placée pour partager son expérience, ayant vécu dans plusieurs pays avec sa famille, dont les États-Unis, la Jordanie et maintenant l’Afrique. Ses fils, Thomas et Maxime, âgés de 15 et 17 ans, ont grandi en tant qu’expatriés et ont une perspective unique sur les défis de l’adolescence dans ce contexte. Nancy nous parle de son rôle de mère et des discussions qu’elle a avec ses enfants sur leurs expériences et leurs aspirations futures.

Dans cet épisode, Nancy partage les hauts et les bas de l’expatriation pour ses adolescents. Elle souligne les défis liés à l’indépendance, notamment au Cameroun, où les options de transport et de loisirs sont limitées. Cependant, elle évoque aussi les bénéfices, comme la résilience et l’ouverture culturelle que ses enfants ont développées. Alors que la famille se prépare à retourner en Suisse après 11 ans d’expatriation, Nancy réfléchit aux ajustements nécessaires pour ses enfants et à la manière dont ces expériences façonnent leur avenir.

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https://www.linkedin.com/in/nancybonamy/

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Podcast n°2409 (janvier 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

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Chapitrage de l’épisode :

00:00:02 – Introduction et Présentation de Nancy
00:00:33 – Nancy, Coach Humanitaire et Maman d’Ados
00:01:99 – Défis et Avantages de l’Expatriation pour les Ados
00:02:174 – Annonce d’un Nouvel Expatriation
00:03:193 – Retour en Suisse après 11 Ans d’Expatriation
00:04:259 – Les Défis de l’Adolescence en Afrique
00:05:320 – L’Indépendance des Ados en Expatriation
00:06:371 – Une Famille Plus Soudée grâce à l’Expatriation
00:07:452 – Discussions Interculturelles en Famille
00:08:486 – Influence des Cultures sur les Ados
00:09:581 – Projets d’Avenir et Études Supérieures
00:12:704 – Résilience Développée grâce à l’Expatriation
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Transcription de l’épisode :

La radio des français dans le monde. Présente le dossier spécial, les ados et l’expatriation parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada. Alors que les choses soient bien claires, la radio des francophones dans le monde, on n’a rien contre les Suisses, on n’a rien contre les Belges. Bienvenue sur la radio et bienvenue Nancy. Merci beaucoup, Gauthier.
Ravi d’être là. Nancy, bonne amie. Depuis Yaoundé au Cameroun, tu fais partie du réseau Expat Pro. Toi, tu es coach d’Humanitaire. On a déjà eu l’occasion de faire un podcast sur ton travail.
Comme je le disais en intro, tu es d’origine suisse francophone. Tu as aussi vécu en France. Ton mari est français et vous avez deux garçons. Thomas, 15 ans et Maxime, 17 ans. Et aujourd’hui, on va tuer utiliser pour témoigner en tant que maman d’ado parce que c’est important aussi.
On a écouté les ados, ils ont essayé de s’en exprimer. On a écouté pas mal d’experts. D’ailleurs, je pense que t’es assez fan des podcasts de la radio. Tu aimes le format de 10 minutes qui est pratique. Oui, exactement.
J’adore ce format parce qu’on va faire un petit truc, on peut le mettre à écouter ou en voiture ou autre. Donc oui, j’ai profité d’écouter déjà les intervenants, la plupart, pas tous, c’est pas celle du jour, mais les autres, j’ai profité de les écouter aussi. Parfait. Et puis avant de se retrouver aujourd’hui, t’as échangé un peu avec Thomas et Maxime. T’as pris des notes, j’ai vu.
Les avantages, les inconvénients. Être ado en expatriation, clairement, c’est pas toujours et chaque jour très facile. Effectivement, il y a beaucoup d’avantages et on peut en parler aussi. J’ai la chance que mes enfants en retirent beaucoup de positifs et le voient comme une expérience chouette. Mais c’est vrai que plus ils grandissent, moi ils avaient 3 et 5 ans quand ils sont partis comme expatriés, plus ils grandissent, plus ça se complexifie pour eux.
Et puis pour nous, en tant que parents, je trouve aussi, parce qu’il y a d’autres enjeux, que ce soit les enjeux scolaires, qui sont même si petits, on a l’impression que c’est ultra important. En fait, ça devient surtout ultra important quand on approche du bac et de la suite, et comment réintégrer après un système ailleurs. Et puis, ce que je te disais tout à l’heure, Orvin, je trouve que ce qui joue aussi beaucoup, en dehors du fait qu’ils sont ados et que les enjeux sont un peu différents, il y a aussi, tout dépend d’où ils sont en expatriation. Il me semble qu’il y a des expatriations qui sont plus faciles que d’autres, des pays plus faciles que d’autres pour les ados, comme il y a des pays plus faciles que d’autres quand on a des enfants plus jeunes. Alors justement, sur le lieu, on va faire une petite promenade avec votre famille sur vos différentes expériences.
New York pendant trois ans, Washington pendant trois ans, puis la Jordanie pendant deux ans. Et vous êtes depuis quatre ans au Cameroun. Et d’ailleurs, est-ce que tu es prête, Nancy, à annoncer un scoop pour nos auditeurs? Puisque depuis quelques heures seulement, depuis hier, vous savez que vous allez bouger à nouveau. La révélation, c’est maintenant.
Je le sais depuis un peu plus qu’hier, mais ça a été officialisé hier, donc je peux en parler. À savoir que la prochaine destination, c’est retour en Suisse. Après 11 ans d’expat, on rentre en Suisse, sur Genève. Vous allez à Genève. Alors justement, ça va être marrant pour les enfants et même pour vous à la limite, parce que depuis 11 ans, la Suisse, c’est les vacances.
Effectivement, la Suisse et les vacances, c’est un peu une des choses que je sais qu’on devra bien préparer pour nous, parce que même en tant qu’adultes, il ne faut pas s’attendre à ce que le retour soit si facile. Et puis pour les enfants aussi, surtout que ce retour pour nos enfants est très attendu. Ça fait un moment qu’ils nous disent qu’on aimerait bien rentrer en Suisse maintenant, dans notre pays d’origine. Alors parce qu’on va être honnête, l’adolescence en Afrique, à la limite on en parle à l’orientale, ça aurait été plus pratique que vos différentes expatriations se passent dans un autre ordre parce qu’adolescent aux Etats-Unis, c’est peut-être un peu plus funky. Aujourd’hui, il se retrouve dans un monde où il y a peu de loisirs, il y a peu de transports, il y a un contexte sécuritaire plus difficile.
Donc être ado en plein Cameroun aujourd’hui, il faut faire un peu attention, on ne peut pas faire les loisirs qu’on veut. Exactement. Être ado au Cameroun, ce n’est pas l’expatriation la plus facile, bien qu’une fois encore. Ce que nous, on trouve génial, c’est ce qu’on voulait, c’est qu’ils ont découvert un autre continent, d’autres choses, et il y a plein de choses qui ont été enrichissantes. Mais au fil des années, ce qui ressort, c’est que la grosse difficulté en tant qu’ado, c’est qu’on veut devenir de plus en plus indépendant.
Pour être tout à fait clair, en tant qu’ado au Cameroun, ils n’ont pas la possibilité de prendre le bus ou le train ou le vélo pour aller voir un copain ou faire une activité. Donc, ils dépendent de nous systématiquement et même se promener dans la rue, en l’occurrence, pour eux, c’est impossible. Donc, voilà, ils dépendent à chaque fois de nous. Et en termes de loisirs, ils peuvent faire du foot, aller nager et puis faire du tennis. Mais il n’y a pas d’autre chose si on compare à ce qu’on peut trouver dans d’autres pays.
Il dirait que ce n’est pas d’être en Afrique, c’est plus d’être Ici à Yaoundé, ça peut aussi varier selon la ville, ça peut varier selon le pays d’Afrique. Il y a des pays d’Afrique où il y a plein de choses à faire, si je pense au Kenya ou à d’autres. Après, ils ont la chance d’être dans une école où ils se plaisent beaucoup, ça, ça fait énormément, et d’avoir des chouettes amies. Mais il y a tout ce côté indépendance. Et quand ils rentrent en Suisse, prendre le bus pour eux, c’est l’activité du jour.
Il faut que ça en dit long. Et c’est ça qu’ils recherchent quand ils disent voilà, moi, j’aimerais rentrer en Suisse. C’est surtout ce côté-là de pouvoir vivre une vie plus normale ou plus comme ils l’imaginent ou plus comme leurs cousins. Ils ont des points de comparaison, ils échangent avec leurs potes qui ont le même âge dans un autre continent et c’est différent. Ils ont fait Europe, USA, Moyen-Orient, Afrique.
Aujourd’hui, ça va rechanger pour eux. Tu me disais, Un peu dans le podcast de Cécile Gilbert, on en parlait. Ça ressoute, par contre, la famille. Vous êtes plus proche entre vous. On a la grande chance de ne pas avoir de crise d’ado, de difficultés majeures.
J’ai des amis où c’est des fois plus compliqué. Tout dépend des enfants. Mais c’est vrai que du coup, nous, en tant que parents, on n’a que les bénéfices à quelque part. On devra aussi apprendre à se détacher de nos enfants et de retourner en Suisse.
Ils iront plus facilement vers leurs potes. Exactement. Ils seront moins à la maison et ils seront plus facilement vers les potes. Et puis, on ne saura plus forcément exactement où ils sont, à quel moment. Mais après, c’est vrai que pour nous, on a plein de moments privilégiés en famille.
On se fait même des séries ensemble à la télé. On fait tout, un peu tout, beaucoup de choses ensemble. Ce qui fait qu’on a cette chance d’être très soudés. Mais écoute, tant Catherine et Cécile, avant cette intervention, je me disais effectivement C’est pour ça que ça a été super intéressant d’écouter ces podcasts-là, de me dire, OK, c’est pas improbable qu’il y ait peut-être un peu plus de caractère ou un peu plus de, comment on dit, je pense qu’il y aura un petit peu plus de revendications et d’affirmations une fois qu’on sera de retour en Suisse, parce qu’il y a plus de possibilités. Déjà aujourd’hui, vous avez des débats inattendus, tu m’as dit.
Vous pouvez vous retrouver dans la petite cellule familiale à parler notamment d’interculturel. Oui, alors c’est ce que je trouve intéressant avec ces ados expats, c’est qu’ils ont fait différents pays et mine de rien, ils ont eu les États-Unis, donc à l’heure actuelle, ils sont très intéressés par ce qui se passe avec les élections et tout ça, parce qu’ils se sentent concernés quand même, ils ont fait six ans là-bas. Et puis après Jordanie, Moyen-Orient, une culture totalement différente. Et puis maintenant l’Afrique, encore une autre culture totalement différente. Ils ont des amis, donc ça c’est les pays, mais ils ont des amis qui viennent en plus de d’autres cultures aussi.
Je disais, dans la classe de mon aîné, il n’y a que des Africains, mais personne du Cameroun. Donc voilà, ils découvrent aussi le Ghana, le Guinée-Conakry et plein d’autres pays. Puis après, dans la classe de mon autre fils, il y a un Indien. Enfin bref, tout ça pour dire qu’il y a un vrai mélange. Ce qui fait que quand ils ont des discussions d’ados et de garçons, je pense, je ne sais pas comment ça se passe avec les filles, sur certains sujets, on sent quand ils reviennent à la maison qu’il y a des choses que nous, on est surpris d’entendre de la part de nos enfants qui viennent certainement de d’autres cultures qui ont une autre approche.
Donc, ils débattent même sur les droits de la femme, sur l’homosexualité et tous ces grands sujets-là. Il faut vraiment qu’on réussisse à les convaincre que Ils viennent avec des arguments, voilà. C’est pas toujours simple. Un peu déstabilisant parfois. Un peu déstabilisant.
Du coup, on a un peu déstabilisant, mais en même temps, c’est ce que je trouve super intéressant, justement, parce que ça nous remet aussi nous face à comment expliquer et comment Mais c’est vrai, nos valeurs de base pour nos rêves, si on était resté en Suisse, je pense, alors il y a des valeurs qui sont différentes d’une famille à l’autre, mais malgré tout, il y a des choses qui sont plus discutées, je pense, plus confrontées. Et là, ils vont grandir. On se disait aussi que leur âge avance beaucoup plus vite que le nôtre. C’est tout à fait étonnant. Ils vont approcher quand même des études supérieures.
Est-ce que des expats font des expats ? Souvent, statistiquement, oui. Est-ce qu’ils vont avoir envie d’étudier ? Pourquoi pas repartir aux Etats-Unis ? Vous parlez déjà un peu de leur futur ?
Oui, alors est-ce qu’expat ou pas ? C’est dur à dire, je pense. Par exemple, le grand, ce qui est marrant, c’est qu’il a été influencé un peu par ses expats. Quand il était en Jordanie, il voulait étudier l’histoire. Une fois qu’il a découvert Gerach, Petra et d’autres lieux, il y a beaucoup de choses qui l’ont passionné.
Depuis, il a changé. Il veut maintenant être médecin, mais en envisageant aussi d’aller justement à l’étranger, en Afrique ou ailleurs. Donc oui, ça, je pense que ça a aussi influencé. Le plus jeune est moins sûr en ce moment de ce qu’il veut, il verra. Parfois, ils disent, moi, je veux être expat plus tard.
Parfois, ils disent, non, je ne voudrais pas. Aujourd’hui, vous êtes une famille très soudée, tu le disais. Si le plus grand s’en va faire des études loin, le cœur de la maman, t’es prête à ça ? Parce que ça pourra arriver. Oui, il faut que je me prépare.
De toute façon, ils quitteront à un moment donné, c’est sûr. Donc, effectivement, c’est tout à fait possible qu’ils partent ailleurs. Mais à ce moment-là, ce sera à moi de travailler sur moi, pas à eux. Je ne pourrais que les encourager comme l’avaient fait mes parents, alors que c’était une autre génération. tout à fait encouragé, alors qu’à l’époque, on n’avait pas du tout les mêmes moyens de communication.
C’était encore d’autant plus difficile. Mais c’est vrai que parlant de la suite, ça a été pour nous le gros enjeu de cette année, l’année dernière, qui est très compliqué. C’est au niveau scolaire, comment la suite, en fait ? Et donc à chaque population vers un nouveau pays potentiel, il fallait vérifier qui est vraiment le système scolaire dans lequel les enfants sont actuellement, parce que c’est trop tard pour changer. Ils ont changé trois fois le système scolaire, mais là, c’est trop tard.
Et ça, ça a été extrêmement compliqué à gérer. Et ça, le reste, là, en Suisse, on ne va pas pouvoir les mettre dans le système suisse, c’est trop tard. Donc, ça veut dire aussi au niveau financier un gros impact sur tout ça, parce qu’il faut qu’on les mette dans une école qui leur permette, le premier, il est dans sa avant-dernière année du bac. La dernière année, c’est l’année prochaine. Être parent d’ado finalement expatrié, est-ce que c’est facile ou est-ce qu’on se pose plus de questions que si tu étais resté à Genève toute ta vie ?
Excellente question. Je pense qu’ado, enfant, bébé, on se pose beaucoup plus de questions quand on est expat parce qu’on se dit, est-ce qu’ils vont souffrir du changement, des copains, etc. On se pose beaucoup de questions. Au final, c’est que du positif, moi, je pense. Il y a sûrement des enjeux et c’est pas moi, j’ai de la chance, ça se passe bien et puis peut-être que ça changera encore.
Mais malgré tout, moi, ce que j’ai toujours essayé de retenir quand je me suis posé trop de questions, c’est que Quoi qu’il arrive, ils construisent, ils développent leur résilience. Et ça, ils l’ont développé clairement parce qu’ils ont changé plein de fois de système scolaire, d’école, de copains, de lieux. Et puis, ce sera encore le cas quand ils rentrent en Suisse. Il faudra qu’ils développent encore un peu plus. Et à ce type-là, ça peut être que positif.
Je pense qu’ils ont des armes pour la suite, où il faut s’équiper pour la vie d’adulte aussi. Merci beaucoup Anne-Nancy pour ce témoignage important. Et puis, on aura l’occasion d’avoir prochainement un parent qui vit par contre dans une situation très difficile. On essaye de voir tous les éclairages parce que là, on ne peut pas dire que ça soit complètement le pied, mais en tout cas, dans peu de temps, les choses vont évoluer. Non, complètement.
Effectivement, c’est vraiment le témoignage de quelqu’un qui a de la chance avec des enfants qui sont conciliés, en fait, et pas encore en crise d’adolescence. Eh bien, tu salues Thomas-Maxime et ton mari aussi au passage. Et puis, quand tu seras de retour, on se rappelle. OK, parfait. Merci beaucoup, Gauthier.
Les ados et l’expatriation en partenariat avec les experts du réseau Expat Pro. Dossier parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada. expatstudents.fr.
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