10 minutes pour comprendre les Canadiens avec Valérie Lion

Avez-vous déjà envisagé de vivre au Canada ou vous êtes-vous demandé ce qui rend ce pays si unique ?

Gauthier Seys de « La radio des Français dans le monde » explore les mystères du Canada avec Valérie Lion, journaliste chez Bayard et autrice du livre « Comprendre les Canadiens ». Ensemble, ils démystifient les idées reçues et plongent dans les diverses facettes de ce vaste pays, souvent méconnu des Français, malgré ses liens historiques avec la France.

Valérie Lion, originaire de Dijon, est une journaliste passionnée par le Canada. Après des études à Grenoble et Paris, elle obtient une bourse franco-québécoise qui l’emmène à Montréal en 1992. Depuis, elle a parcouru le pays en long et en large, devenant une spécialiste reconnue des relations franco-canadiennes. Elle a notamment dirigé des hors-séries sur le Canada pour L’Express et a écrit plusieurs ouvrages pour aider les Français à mieux comprendre leurs cousins d’outre-Atlantique.

Dans cet épisode, Valérie et Gauthier discutent de l‘identité complexe et diversifiée des Canadiens. Ils abordent l’histoire des colons français, l’influence britannique, et la mosaïque culturelle résultant de vagues successives d’immigration. Valérie explique comment son dernier livre, « Comprendre les Canadiens« , vise à offrir des clés pour naviguer dans ce pays aux multiples facettes, surtout en cette période de défis identitaires face aux pressions extérieures, comme les déclarations de Donald Trump. Ce podcast est une invitation à dépasser les clichés et à découvrir la richesse du Canada au-delà de ses images d’Épinal.

https://www.riveneuve.com/catalogue/comprendre-les-canadiens/


Transcription IA du podcast :

Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde pour aider tous ceux qui se préparent ou qui vivent de près ou de loin la mobilité internationale. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Valérie Lion, journaliste chez Bayard et autrice du livre Comprendre les Canadiens. 10 minutes.
Voilà une journaliste qui est tombée en amour du Canada. On va revenir sur le parcours de mon invité dans un instant, qui finalement a été poussé, on ne sait pas pourquoi, vers ce beau pays. Bonjour, bienvenue Valérie. Bonjour Gauthier, merci de l’invitation. Tu es du côté de Dijon.
La région Franche-Comté, tu m’as dit, c’est un petit Canada. Oui, alors moi je suis originaire de Dijon, mais je vis et je travaille à Paris maintenant, mais mes racines sont effectivement du côté de mes deux parents en Franche-Comté. Et quand j’essaye de comprendre finalement pourquoi j’ai été si touchée par le Canada, on y reviendra plus loin, mais je pense qu’il y a aussi un petit peu de cet environnement, de lacs, de forêts, de cette proximité de la nature qui est très présente. En France comptée, évidemment sur un territoire beaucoup plus petit, parce que le Canada, il faut savoir que c’est le deuxième pays le plus vaste au monde après la Russie. On l’oublie souvent.
Il fait combien de fois la France. Le Canada ? Oh là là, c’est la question piège. C’est la question piège, mais tu vois, deuxième pays le plus vaste au monde dans lequel on trouve seulement un peu plus de 40 millions d’habitants. Donc, il faut imaginer qu’on est dans un pays extrêmement vaste, peu peuplé et dont la population se concentre essentiellement au sud, le long de la frontière américaine, dans une bande d’à peu près de 100 kilomètres au nord de la frontière.
Américaine. C’est un très grand, c’est un très beau pays. Et je pense même que les Français le connaissent plutôt mal. On dit toujours que ce sont nos cousins. Est-ce que tu es d’accord avec.
Cette définition ? Alors oui, ce sont nos cousins. Enfin, on va dire que les premiers Canadiens étaient nos cousins, puisque le Canada a été découvert par les explorateurs français. Jacques Cartier en premier, puis Samuel de Champlain, Paul Chaumet de Maisonneuve. Et donc, effectivement, nos cousins parce que ce sont des français qui sont partis de Normandie, de Bretagne, du Perche, de Charente-Maritime pour tenter l’aventure de l’autre côté de l’Atlantique.
Mais on oublie souvent en France que le Canada n’a pas été peuplé que par des colons français, d’abord il y avait des autochtones avant que les colons français arrivent, donc il y avait les premières nations, et puis après les français il y a eu les anglais, il y a eu les irlandais, les écossais, les allemands, toute une vague d’immigration donc venue d’Europe, et puis après l’Europe il y a eu l’Afrique du Nord et puis il y a eu la Chine, l’Asie, l’Inde. C’est un pays avant tout le Canada d’immigration. Un Canadien sur cinq est né à l’étranger et ça c’est un élément très fort de l’identité canadienne. Et donc, ce sont nos cousins, on le dit aussi, parce qu’au Québec, on parle français, mais dans le reste du Canada, on parle plutôt anglais, même si officiellement, le pays est du dingue. Et je dirais surtout, les Français ont tendance à penser que Montréal, c’est le Canada.
Le Québec, c’est le Canada. Enfin, alors que Montréal et Québec, c’est juste une toute petite partie. Du Canada. Alors, en l’occurrence, merci Internet, 18 fois la France, le territoire. Du Canada.
Merci Gauthier et je vais m’en souvenir pour les. Prochaines interviews. On revient sur ton parcours. Tu quittes Dijon pour des études à Grenoble, puis Paris. Tu vas même connaître Lille, là où se trouve le siège de la radio des Français dans le monde.
Lille et ses bars. Du coup, quand on vient à Lille, on découvre forcément la chaleur des. Soirées lilloises. Oui, Lille et ses bars et son école de journalisme. Et puis, effectivement, c’est des soirées festives.
Et moi, je travaillais le week-end à la locale. De Nord-Éclair. Ah oui, Nord&Clair, la marque a disparu depuis, je suis désolé. Alors Valérie, en 92, tu obtiens une bourse franco-québécoise de la jeunesse. Tu vas, du coup, te rendre à Montréal.
Là-bas, des reportages, beaucoup de balades. Québec au début, oui, mais après la Route 137, la découverte des communautés autochtones, l’Ontario et puis l’île du Prince-Édouard et toutes ces jolies provinces et territoires canadiennes. En 25 ans, tu deviens une véritable spécialiste, ce qui va faire que lorsque tu travailleras à l’Express, on te confiera la responsabilité d’un reportage Partir au Québec, un supplément qui sort et qui en dit beaucoup pour ceux qui veulent aller s’installer là-bas. Tu es devenu une spécialiste des. Relations franco-canadiennes.
Quand je suis arrivée à l’Express en 2005, il existait ce hors-série « Partir au Québec » ou « Cap sur le Québec ». Il avait eu deux titres. Et puis à partir de 2007, on a fait chaque année un hors-série qui s’appelait « S’installer au Canada » et qui était le best-seller des hors-séries de l’Express. Et je peux dire en toute modestie, parce que c’est toute une équipe qui travaillait sur ce sur ce hors-série Canada que j’avais la chance de piloter, une équipe de journalistes à la fois du Service Monde de l’Express à Paris, mais aussi des journalistes basés au Canada, la correspondante de l’Express à Montréal, Isabelle Grégoire, Philippe Renaud, qui signe d’ailleurs les photos de l’ouvrage « Comprendre les Canadiens » que j’ai sorti très récemment. Et donc toute une équipe qui faisait ce hors-terrier destiné aux Français qui souhaitaient aller vivre au Canada, tenter l’aventure que ce soit pour des études, pour des affaires ou tout simplement d’ailleurs pour le.
Tourisme et qui était un numéro très attendu chaque année. Alors en 2020, tu vas rejoindre le groupe Bayard, on les salue, ils font partie du club des partenaires. Et en tout cas, côté écriture, un premier livre en 2005, Irréductible Québécois, où tu vas justement éviter de tomber dans les caricatures du sirop d’érable, de la cabane en bois au fond du jardin, de Céline Dion et de la poutine, et expliquer à travers ce livre, ce premier. Livre, que le Canada, c’est beaucoup plus que cette image. En fait, là, je m’étais concentrée effectivement sur les Québécois, des irréductibles Québécois.
Et ce que je voulais montrer aux Français, c’est qu’effectivement, les Québécois étaient bien différents des clichés qu’on pouvait avoir en France il y a 20 ans encore sur le Québec, sur ces fameux cousins, comme tu le disais, et que le Québec était une société très moderne, voire avant-gardiste. dont on pouvait s’inspirer sur bien des points, notamment en matière par exemple de médiation, tout ce qui est la médiation dans les écoles, la médiation familiale, la recherche du consensus, du compromis, on en parle beaucoup en ce moment. Une société très innovante aussi en matière technologique, les jeux vidéo. Montréal est devenue la capitale des jeux vidéo avec le français Ubisoft qui a plus de salariés au Canada qu’en France. Une société extrêmement créative aussi.
C’est l’époque où émerge le Cirque du Soleil qui va se projeter à l’international et qu’on va voir installer des chapiteaux permanents aussi bien aux États-Unis, en Asie, etc. Donc une société extrêmement dynamique avec des entreprises aussi, le fameux Québec Inc, des entreprises qui se projettent à ce moment-là, notamment en Europe. Et donc je raconte effectivement dans ce livre tout ça, ça c’était il y a. 20 ans, donc depuis il s’est passé beaucoup d’autres choses. Alors, en l’occurrence, on va te proposer d’écrire un nouveau livre.
T’as pas complètement le temps encore, mais en 2025, l’idée va refaire surface parce que c’est une année importante. C’est la fin de l’ère Trudeau. C’est l’anniversaire du drapeau canadien. C’est les déclarations de Trump et de son 51e état. Et tu te dis que finalement, c’est le bon moment.
Voici donc un nouveau livre. Comprendre les Canadiens, c’est issu de la collection Connaître les peuples aux éditions Riveneuve. Une préface de Daniel Lavoie, qui a créé une très jolie chanson dans les années 80. Et puis voilà, c’est parti pour cette. Fois-Ci s’ouvrir à l’ensemble du Canada.
Tu élargis le territoire. C’est ça, voilà. En fait, je trouvais ça assez stimulant, 20 ans après avoir écrit un livre sur les Québécois, d’essayer de faire comprendre les Canadiens, parce qu’en fait, les Canadiens, on a une image d’un peuple souriant, très facile d’abord et d’accès, ce qui est vrai d’ailleurs, et on se dit finalement les Canadiens, ils sont faciles à comprendre. Mais en fait, les Canadiens, c’est un peuple d’une extrême complexité parce que d’abord, d’une extrême diversité. On peut, si on n’y fait pas attention, se tromper en fait, avoir assez vite des idées fausses et ne pas réussir à rentrer dans une relation vraie, j’ai envie de dire.
Avec les Canadiens, il y a beaucoup de nuances, de subtilités, qu’il y a beaucoup d’héritage qui se mêle dans la culture canadienne. On a parlé de l’héritage des colons français, mais l’héritage britannique est extrêmement présent et nous, Français, souvent on l’oublie. Cet héritage britannique qui façonne beaucoup les relations sociales au Canada, mais aussi la nordicité, la nord-américanité, parce que les Canadiens sont d’abord des Américains du Nord, des Nord-Américains, et ça c’est très important. Je trouvais que c’était un beau défi d’essayer de donner des clés pour comprendre les Canadiens dans une année en plus effectivement très particulière où les Canadiens ont été défiés dans leur identité par le président des États-Unis qui a. Menacé de faire du Canada le 51e état des États-Unis.
Alors on a un point commun Valéry, moi je me bats contre les clichés liés à l’expatriation, non tous ces auditeurs aux quatre coins du monde ne sont pas des exilés fiscaux, non ils ne vivent pas tous au bord d’une piscine les pieds en éventail, c’est bien autre chose. Finalement tu mènes le même combat concernant les canadiens et. Les images d’épinal que l’on a nous d’ici en France. Tout à fait, c’est vraiment l’idée, comme tu le dis très justement, de sortir des images d’épinal et de penser que le Canada se réduit au Québec, par exemple, qui est un rapport que les Français font très souvent. Or, il y a tout le reste du Canada, le Canada anglophone, dans lequel il y a d’ailleurs des communautés francophones aussi, que les Français souvent méconnaissent.
Pour eux, les Canadiens francophones sont au Québec. En fait, il y a des Canadiens francophones dans d’autres provinces, au Nouveau-Brunswick notamment, qui est la seule province officiellement bilingue du Canada, mais aussi à Winnipeg, mais aussi à Saskatoon, en Saskatchewan. Un peu partout, il y a des communautés francophones, qui ne sont pas énormes, mais qui existent. C’est vrai que. Ça, par exemple, les Français ne le savent pas forcément.
Ce Canada, grâce à comprendre les Canadiens, on le décrypte un peu. Par exemple, le choc de Trump et de son 51ème état, ça a été un réveil, l’occasion pour les Canadiens de dire, achetez Canadiens. On est qui on est et tu nous laisses tranquilles. Je crois que jamais l’identité canadienne, alors je travaille sur le Canada depuis longtemps, puis je me suis évidemment penchée aussi sur l’histoire du Canada, je crois que jamais l’identité canadienne ne s’est autant affirmée que dans cette année 2025 face aux déclarations Trump. Ça a été incroyable parce qu’on a vu évidemment dans les magasins le fait de boycotter les produits américains, de privilégier les produits canadiens, mais surtout on a vu des Canadiens annuler leurs vacances aux États-Unis.
Il faut savoir que les Canadiens, leur première destination de vacances, c’est les États-Unis, et notamment ce qu’on appelle les « snowbirds », c’est-à-dire les Canadiens qui vont chercher la douceur du climat en Floride pour cuire l’hiver canadien. Ils sont même propriétaires, beaucoup de condos, d’appartements en Floride. Beaucoup de Canadiens ont annulé leurs vacances, ont vendu leurs propriétés, ont annulé leurs vacances aussi dans le Vermont, etc. sur la côte est du Canada. Beaucoup traversaient le fameux pont de Windsor pour aller faire leurs courses.
De l’autre côté de la frontière, ils n’y vont plus. Les centres commerciaux sont vides, côté américain. Les cafés où allaient les bars où allaient les Canadiens. Le hockey a été l’occasion, les matchs de hockey, d’affirmer l’identité canadienne très puissamment et c’est vraiment intéressant à regarder parce qu’il faut savoir que le Canada, la Confédération canadienne qui s’est créée en 1867, Elle s’est créée dans un élan, comme par exemple les États-Unis se sont créés dans un élan d’indépendance vis-à-vis de la couronne britannique. C’est le fruit de compromis entre différentes provinces, etc.
Et donc là, il y a eu un espèce d’élan, comme finalement on a rarement vu au Canada, en faveur de l’identité canadienne et ça a resserré. Les rangs, y compris entre les Québécois et le reste du Canada. En tout cas, si vous comptez vous installer au Canada, passage obligé par le livre de Valérie Lion, Comprendre les Canadiens. Le lien est disponible dans ce podcast. Un guide de voyage interculturel.
L’occasion d’ailleurs de saluer Thierry et Cécile qui m’ont beaucoup parlé de toi et qui ont fait que cette. Rencontre se fait aujourd’hui sur la radio des Français dans le Monde. Merci à Thierry et Cécile d’avoir. Fait le lien. C’est très canadien de créer le lien comme ça.
Merci à. Eux. Merci à toi d’être venue sur notre antenne. A très vite. Merci.

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Podcast n°2630 (décembre 2025)

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