Sur La radio des Français dans le monde, en partenariat avec la Fédération FLAM Monde (Français LAngue Maternelle), Gauthier Seys nous invite à explorer une question cruciale pour de nombreuses familles expatriées : comment garantir que leurs enfants conservent la langue et la culture françaises lorsqu’ils vivent à l’étranger? Pour répondre à cette question, Gauthier s’entretient avec Marion Fontan et Cécile Ranise, deux figures clés de l’association Les Petits Mousquetaires de Budapest, qui se consacrent à cette mission en Hongrie.
Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde pour aider tous ceux qui se préparent ou qui vivent de près ou de loin la mobilité internationale. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Marion et Cécile, les petits mousquetaires de Budapest. 10 minutes.
Petite visite dans la capitale de la Hongrie, connue pour ses termes et pour ses nombreux touristes qui débarquent pour faire ses enterrements de vie de jeunes filles ou de jeunes hommes. Chaque week-end, on en parlait hors antenne avec mes invités. Marion Fontan, présidente de l’association. Bonjour Marion. Bonjour, bonjour Gauthier.
Et Cécile Ranis, qui est responsable des activités et animatrice au sein de l’association. Bonjour. Bonjour Boitier. C’est vrai qu’on va dire un petit mot là sur ces touristes, d’autant qu’il y a une actualité quand même, puisque le pays vient de rafler le prix de la plus forte inflation sur la nourriture ces dernières années. Ça coûte un petit peu cher en ce moment.
Ah oui, c’est sûr que ça coûte cher. Ça coûte de plus en plus cher, en fait, de vivre en Hongrie. Mais ça n’arrête pas les touristes. Et ils viennent. Et voilà, j’ai lu aussi de là que parfois, il y avait un petit énervement.
Les Airbnb qui prennent beaucoup de place, les locaux qui sont obligés de se reculer un petit peu. Vous, vous avez de la chance. Votre asso, elle est en plein cœur de la ville. Tout à fait, on est situé dans un endroit magnifique, près du plus beau parc, le Valoshley Gate, qui est vraiment un endroit exceptionnel. On a la chance de pouvoir emmener nos enfants dans un parc public au milieu de platanes qui sont centenaires, donc on a vraiment beaucoup, beaucoup de chance.
Alors, c’est vrai que c’est une très belle capitale. Il y a à peu près 3500 Français inscrits au registre. Ça veut dire quelques centaines de plus qui ne l’ont pas fait. Et vous avez donc tous les deux un parcours qui vous a amené jusqu’à la Hongrie. Un parcours de l’amour de toutes les deux.
Marion, tu originaires d’Alsace, un petit village près de Strasbourg. Juste comme on arrive aux fêtes de Noël. Fais-moi rêver. Comment s’appelle ce petit village ? Vaslone, c’est même pas trop sexy, mais ma mère actuellement habite à Ergersheim, qui est plus à l’océan.
Les plus beaux marchés de Noël de France, c’est quand même dans ce coin-là de France. Il y a une quinzaine d’années, tu t’es installée. Il faut dire que tu as fait un Erasmus dans ton parcours d’étudiante au Danemark. Tu as rencontré ton mari, qui est lui, hongrois. Et contre toute attente, c’est toi qui as tenu à aller vivre en Hongrie, pas lui.
Il était content d’être parti, lui. C’est ça, exactement. Il ne cherchait pas trop le chemin du retour. Mais bon, on s’est dit qu’on allait tenter de vivre ici pour six mois. Et puis, ça fait ça fait 15 ans, deux enfants plus tard.
Donc je pense que c’était le bon choix. Alors Cécile, toi tu régénères de Toulon. Depuis une vingtaine d’années, tu es installée et c’est aussi l’amour qui t’a amenée dans cette capitale. Comment ça s’est passé ? Tout à fait, je confirme.
Je ne pensais pas pouvoir un jour quitter les cigales, les vignes, les oliviers, les rosées de bandoles. Mais j’ai fait ce choix, oui, de partir m’expatrier à Budapest. Et tu as même appris la langue qui, selon toi, est assez difficile, agglutinante, tu m’as dit qu’elle est. Oui, je confirme. Mais au final, maintenant, curieusement, je parle mieux hongrois qu’anglais, donc on peut arriver à apprendre cette langue, une langue agglutinante, oui, parce qu’elle comporte des préfixes et des suffixes casuels pour parler de cette langue.
Et il n’y a pas beaucoup de points communs avec nos racines, donc difficile de s’y mettre, quoi. Oui, moi j’ai mis, pour vous donner une idée, j’ai mis six mois pour arriver à lire en fait tous les messages qu’on peut voir dans la ville, les publicités. Donc imaginez, six mois pour arriver seulement à déchiffrer ou à lire des publicités. Et je dirais dix ans pour l’apprendre, à peu près. Et maintenant tu fais tes courses Finger on the Noise, tu comprends tout, même les notices.
Ah oui, je règle mes impôts, je gère tous les papiers administratifs, tout va bien. Alors évidemment, puisque c’est l’amour qui vous y a amené, il y a eu l’arrivée d’enfants dans la foulée et puis les enfants ont grandi et il y a eu la préoccupation du maintien du français. Vous voyez où je veux en venir. Dans le cadre du partenariat avec la Fédération Flamme Monde, on se retrouve aujourd’hui pour mettre en lumière les petits mousquetaires qui étaient finalement nés un peu par regroupement de parents francophones qui se voyaient dans le parc et ça a fini par créer l’association en 2017. C’est un peu ça la genèse ?
Tout à fait, des parents qui avaient des enfants dans le parc se sont dit, mais comment faire pour que nos enfants continuent à parler la langue française et ne switchent pas immédiatement sur la langue hongroise ? Du coup, ils se sont regroupés, ils ont trouvé quelqu’un pour animer tout ce petit monde. Et puis, au final, au bout d’une année de fonctionnement comme ça, à la bonne franquette, ils se sont regroupés pour créer l’association Flammes Petits Mousquetaires de Budapest. Alors aujourd’hui, on va donner quelques chiffres. L’ASSO existe depuis 8 ans.
Il y a 97 enfants qui vous suivent chaque semaine pour 26 heures de travail, 63 familles, 9 stagiaires qui travaillent. Toi-même, Cécile, tu es salariée de l’association. Oui et j’essaye de porter tout ce petit monde puisque je suis responsable des activités et animatrice dans toutes les activités. Donc c’est vrai que je n’ai pas une seule journée qui se ressemble et c’est ce que j’aime dans ce métier parce que c’est très varié, c’est très riche et je n’ai pas l’impression d’aller travailler en fait le matin. Donc j’espère que ce sentiment va me porter longtemps.
Ça nous fait un point commun. Trouver le bon ratio qualité prix pour les familles tout en développant une structure, en la solidifiant. Un petit mot quand même pour toutes les assos du monde qui nous écoutent. C’est un challenge au quotidien. C’est un challenge, mais c’est possible.
Donc le petit mot, c’est vraiment de ne pas laisser tomber. Je pense que c’est très important de proposer des activités en français dans nos associations où on ne fait pas de profit. de trouver la bonne formule pour être pérenne, pour proposer des activités qui puissent continuer. Nous, juste pour dire, quand on a commencé il y a 8 ans, on avait des enfants évidemment, qui nous suivent toujours, les plus grands ont 16 ans actuellement, et je pense que la pérennité des activités, le fait qu’ils soient heureux de se retrouver toutes les semaines, les motive aussi au final à garder le contact avec la langue et à continuer à parler français. Petite particularité locale, on travaille chez vous le lundi et le vendredi pour les 3 à 6 ans.
Oui, c’est le point fort de notre association puisqu’on propose une journée d’immersion totale en français pour des enfants qui ont entre 3 et 7 ans. Donc ça veut dire que les enfants viennent une fois par semaine dans leur journée en français avec les petits mousquetaires. Et puis le samedi, ce sont les primaires. Il y a aussi les centres aérés et des colonies de vacances à la ferme. Oui, alors les colonies de vacances à la ferme, ça sera notre quatrième année d’été.
Les enfants en redemandent, ils demandent des jours en plus. On a bénéficié des subventions FLAM-Projet. pour ces colonies de vacances, ce qui nous a permis d’acheter des tentes. L’idée, c’est vraiment d’amener les enfants près de la proche de la nature, qu’ils voient d’où leur nourriture vient. Ils aident à la ferme le matin et l’après-midi, ils sont plongés dans un imaginaire toujours différent.
Moi, j’y vais, je fais la cuisine sur place. Cuisine au feu de bois, etc. C’est super. Et douche solaire. Quand il y a du soleil, il y a de l’eau chaude, sinon c’est douche froide.
Il y a un an, aux rencontres mondiales, où d’ailleurs on a eu l’occasion de se rencontrer, Cécile, tu es ressortie de cette réunion qui rassemblait les associations flammes du monde entier en te disant, mon Dieu, mais c’est bien sûr, il nous faut des rencontres régionales. Et donc vous avez travaillé sur ce projet. Six pays d’Europe centrale vont se rassembler en novembre prochain. J’ai l’impression que vous êtes assez fier de ce rendez-vous. Oui, parce que je pense que ça a vraiment donné beaucoup de valeur, de crédit à ce qu’on portait depuis plusieurs années et je me suis vraiment dit qu’il fallait qu’on soit pilote de ce projet.
C’est vrai que j’étais extrêmement motivée, j’ai rencontré des gens extraordinaires, il y avait vraiment un élan, une motivation. et c’est vraiment ce qui a guidé la construction de ce projet. Donc on est fiers effectivement aujourd’hui de pouvoir accueillir 11 personnes prochainement avec 6 pays invités, pays voisins de la Hongrie. On l’avait dit lors de ces rencontres FLAM-Monde, le sentiment d’isolement, un peu de solitude, ça peut arriver. La structure associative n’est pas toujours une structure très facile.
se rassembler comme là dans cette rencontre régionale, partager les bonnes idées, les bonnes pratiques, tout ça c’est enrichissant et vous allez sortir de là plus fort finalement. Oui donc c’est sûr, en plus on est épaulé aussi par les institutions françaises locales. Je pense qu’il faut quand même le souligner que l’Institut français nous soutient dans l’organisation de ces rencontres et le programme de formation qu’on a mis en place va être incroyable en plus d’une croisière nocturne sur le Danube pour faire rêver tous nos participants. Très sympa. Si vous voulez en savoir plus, le site Internet est disponible en descriptif de ce podcast.
Si vous êtes français ou francophone du côté de la Hongrie, envoyez vos enfants dans ces structures FLAM et puis, rappelons-le, un peu partout dans le monde, des associations Flam accueillent vos enfants pour le maintien du français. Une belle culture à entretenir, une jolie langue qui est importante et la mobilisation de ces structures associatives qu’on peut saluer à nouveau. C’est un vrai travail important de terrain qui est fait par toutes les équipes et à travers les équipes des Petits Mousquetaires, je salue toutes les autres in the world, around the world, comme on dit. Qu’est-ce que je vais vous souhaiter ? Des belles rencontres ?
Vous bossez là-dessus en ce moment ? Oui, on est à fond. Les rencontres auront lieu dans deux semaines. On a vraiment hâte de rencontrer tous nos invités. Tout est prêt.
Le compte à rebours est lancé. Et qu’est-ce qu’on boit à cette occasion, quand on se rassemble en Hongrie ? J’imagine une palinka, mais je pense qu’on ne va pas le faire. C’est quoi ? C’est quoi ?
Comme un schnapps. Ah ouf, bah dis donc, buvez-le à la fin de la réunion, ce sera mieux. Sinon des limonades, là à Hongrie, si vous venez en Hongrie en été, n’hésitez pas à tester une des limonades locales qui sont incroyables. Très bien, c’est peut-être plus raisonnable. Surtout celle au sureau, oui.
Marion, Cécile, merci d’être venues sur l’antenne de la radio. Vous passerez le bonjour à toutes les équipes régionales et à bientôt. Merci Gauthier, à bientôt. Merci, à bientôt.