La Chine a décidé de se positionner en première ligne dans la bataille mondiale pour les talents. Depuis le 1er octobre, un nouveau titre de séjour, le visa K, est officiellement lancé. Réservé aux experts étrangers des secteurs scientifiques et technologiques, ce visa se veut l’équivalent chinois du très convoité H-1B américain, mais en plus accessible.
L’annonce arrive à un moment clé. Deux semaines plus tôt, Donald Trump avait décidé de porter à 100 000 dollars les frais du visa H-1B, une mesure qui freine l’arrivée de milliers d’ingénieurs étrangers aux États-Unis. Pékin a donc vu une opportunité.
Contrairement à son modèle américain, le visa K ne nécessite pas de parrainage d’employeur chinois et autorise des entrées multiples, des séjours prolongés et une validité plus longue. En clair, un système plus souple, pensé pour attirer chercheurs, ingénieurs et professeurs issus des meilleures universités du monde.
Mais sur les réseaux sociaux chinois, la réaction a été immédiate, une vague d’indignation. Beaucoup dénoncent un projet « injuste » alors que le chômage des jeunes atteint 19 % et que plus de 12 millions de nouveaux diplômés peinent à trouver un emploi. « Nous avons déjà trop de talents nationaux ! » s’insurgent des internautes sur Weibo.
Pékin tente de calmer le jeu. Les médias d’État assurent que ce visa est une « preuve d’ouverture » et qu’il ne s’adresse qu’à une élite de la tech, dans des secteurs stratégiques comme les semi-conducteurs ou l’intelligence artificielle.
Et cela semble déjà fonctionner. D’après une enquête de CNN, au moins 85 chercheurs basés aux États-Unis (physiciens, ingénieurs ou experts en IA) ont choisi de rejoindre des instituts chinois depuis l’an dernier. Un mouvement discret, mais symbolique d’un glissement d’influence dans le monde de la recherche.
Reste à savoir si ces nouveaux arrivants s’adapteront au modèle chinois, marqué par le fameux rythme de travail « 996 » (9 heures – 21 heures, six jours sur sept). Certains observateurs, comme Stefanie Kam de l’Université technologique de Nanyang, rappellent que « l’innovation naît dans un climat ouvert et libéral, tout le contraire de la trajectoire actuelle de la Chine ».
Ce nouveau visa marque une étape dans la « guerre mondiale des cerveaux ». Tandis que les États-Unis durcissent leurs conditions, la Chine s’ouvre prudemment mais stratégiquement à ceux qui façonnent la tech de demain.
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