Dans cet épisode de « 10 minutes », Gauthier Seys questionne les défis auxquels sont confrontés les expatriés français en matière de santé lorsqu’ils vivent à l’étranger. Avec la participation de Jean Christophe Pandolfi, fondateur de Santexpat.fr, le podcast explore les différences significatives entre le système de santé français et ceux d’autres pays, et comment ces différences influencent la vie des expatriés. Quelles solutions existent pour garantir un accès à des soins de qualité, et comment les Français peuvent-ils s’adapter à ces nouveaux environnements ?
Jean Christophe Pandolfi est un entrepreneur expérimenté dans le secteur de l’assurance, avec une carrière qui l’a emmené des côtes ensoleillées de la Corse aux États-Unis. Après avoir vendu sa première entreprise d’assurance en France, il s’est installé à Atlanta avec sa famille, où il a découvert les particularités du système de santé américain. Cette expérience l’a inspiré à créer Santexpat.fr en 2019, une plateforme dédiée à faciliter l’accès à la santé pour les Français vivant à l’étranger, en tirant parti de sa vaste expérience dans le domaine de l’assurance et de son désir d’innovation.
L’épisode se concentre sur les défis uniques auxquels les expatriés français sont confrontés en matière de santé. Contrairement à la France, où l’accès aux soins est largement accessible et peu coûteux, de nombreux pays exigent une gestion proactive des dépenses de santé. Jean-Christophe explique comment Santexpat.fr s’efforce de simplifier ce processus en offrant des solutions d’assurance santé adaptées aux besoins des expatriés. Il souligne également l’importance d’une approche personnalisée pour instaurer la confiance avec les clients, tout en décrivant les tendances actuelles de l’expatriation, telles que le rajeunissement des expatriés et la diversification des destinations.
Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gautier Saïs. J’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Jean-Christophe Padolphi de Santexpat.fr. 10 minutes. Et cette interview va commencer sous le soleil de Corse.
Bonjour et bienvenue Jean-Christophe. Bonjour Gauthier. Natif de Corse, tu y passes tes vacances, au moment où on se parle, t’es sous un beau soleil. C’est quand même un très bel endroit en France. Oui effectivement écoute, moi c’est mon pays d’origine donc je te dirais pas le contraire.
Effectivement il fait beau, malgré ça je la vois un peu éraillée, je pense que c’est dû à un excès de clim. J’espère que ça va pas trop contrarier cette interview et les oreilles de nos auditeurs. On va parler de Santexpat.fr, mais avant d’y arriver, un mot sur ton parcours. Tu fais tes études sur le continent. En 1994, tu ouvres ta première boîte d’assurance que tu vas ensuite revendre un peu plus tard avant de partir aux USA en famille avec femme et enfant.
C’était une envie d’international, une envie d’Amérique ? C’était à la fois une envie de passer à autre chose, de s’ouvrir un peu l’esprit avec ma famille, avec mon ex-femme et mes enfants, de leur faire découvrir autre chose que le système français. On a eu cette expatriation de 7 ans aux Etats-Unis, à Atlanta en particulier, et c’était une expérience extrêmement riche qui a permis de nous ouvrir un peu l’esprit en venant de Corse. Mon ex-femme a été Corse également, donc ça nous a permis de voir autre chose et d’apprécier un peu d’autres façons de voir le monde. Un petit choc culturel au début pour vous ?
Énorme choc culturel bien sûr, mais extrêmement bienfaiteur, qui te permet de voir la vie différemment, d’approcher les gens différemment avec beaucoup plus de tolérance et d’ouverture d’esprit. Et je suppose que toi, travaillant dans les assurances et découvrant le mindset du français qui vit à l’international, ça a dû te donner des idées ? Écoute, les Etats-Unis, on le sait, c’est extrêmement dynamique. Il y avait encore l’arrivée américaine à l’époque. Je pense qu’il existe encore un peu aujourd’hui.
Encore, mais effectivement, aux Etats-Unis, tout va très vite dans un sens comme dans l’autre, c’est-à-dire vers le haut, mais vers le bas aussi. Donc, il faut faire très attention. C’est un pays d’opportunités, donc tous les jours tu sors, tu as une opportunité, tu as une idée, tout te pousse à la lancer, tu n’as pas de freins, donc ça va très très vite. Alors ce n’est pas le seul pays au monde à être comme ça, mais c’est un pays qui est vraiment connu pour pousser l’entreprenariat, l’innovation et l’expérimentation effectivement. Résultat, en 2019, avec cette expérience aux USA, avec ta connaissance du monde de l’assurance et avec ce grand sujet qu’est la santé, c’est vrai qu’un Français de France se pose rarement la question du sujet de la santé, parce qu’en France, c’est un peu facile l’accès à la santé.
Quand on a connu la vie ailleurs, on sait d’un coup qu’il y a de quoi travailler. C’est vrai qu’en France, on ne se rend pas compte la chance qu’on a. Je pense qu’on est un des rares pays au monde, avec la Belgique peut-être à un degré moindre, à disposer d’un système de protection sociale, notamment santé, qui fait qu’on ne se pose jamais la question, est-ce que je vais être bien soigné ? Tous les médecins sont relativement très bien formés en France. Combien ça va me coûter ?
Parce que quasiment tout est prêt en charge, le reste à charge. Quand tu vas passer un IRM, c’est quelques euros. Quand tu vas chez le médecin, c’est 2-3 euros. Cette expérience là, tu ne la vis jamais à l’étranger, parce que quand tu es à l’étranger, tu ne sais jamais sur qui tu tombes, en termes de qualité de service, qualité de conseil médical, et en termes de prix, souvent, on parlait des Etats-Unis, où il n’y a absolument pas de système de protection sociale publique, et où tout est à la charge du patient, mais c’est pas propre aux Etats-Unis, c’est plutôt la règle dans le monde, où en fait tu es responsable de tes dépenses de santé, et avec tous les inconvénients que ça peut avoir. Donc j’étais chef d’entreprise aux Etats-Unis, j’avais 170 collaborateurs sous ma responsabilité et lorsqu’ils étaient malades, souvent je leur disais mais pourquoi tu vas pas chez le médecin ?
D’abord parce que ça leur coûte trop cher et même s’il y a des assurances qui sont prises en charge par les entreprises, tu as toujours un co-payment donc 35 ou 50 dollars qui reste à ta charge et il n’allait pas chez le médecin pour ne pas avoir à payer ça parce que l’accès à la santé est rendu difficile par la qualité des soins d’une part et par le coût de la santé de l’autre part. Donc, si tu veux, ça fausse tout le système et ça fait que les collaborateurs ne vont pas voir le médecin, sont malades, ne se soignent pas, contaminent les autres et c’est tout un cycle qui n’est pas vertueux du tout. À l’inverse, le système français, lui, est très vertueux, mais on se dit souvent entre Français qui connaissent ce monde international de la santé, pourquoi en France, on ne sait pas combien coûtent les prestations qui nous sont rendues. Mais fut un temps, la sécurité sociale, dans les années 90, nous envoyait des factures pour savoir, par exemple, une opération d’appendicite, combien ça coûte, etc. Pour nous sensibiliser.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et c’est dommage parce qu’en fait, on ne sait pas ce que ça coûte. Mais ce qu’on ne sait surtout pas, c’est la chance qu’on a en France d’avoir ce système-là. Et on ne l’apprécie pas assez, on le dénigre même. alors qu’on devrait les valoriser.
Et j’insiste sur un point, c’est la Caisse des Français d’Étrangers. Nous sommes le seul pays au monde à avoir une extraterritorialité de notre système de protection sociale qui nous couvre partout dans le monde. Donc ça c’est assez exceptionnel. 2019, tu lances donc SantExpat.fr. L’idée c’est de simplifier l’accès à la santé pour les Français de l’étranger.
Le marché est fragmenté, il n’est pas digitalisé. Donc un gros travail à faire à ce moment-là. C’est l’opportunité qu’on a sentie en tant qu’expatriés et en tant qu’acteurs de l’assurance. Je me disais qu’il y avait quand même quelque chose à faire en termes de digitalisation de la santé et de simplification de l’accès à la santé et à l’assurance santé pour le commun des mortels et faire en sorte que n’importe quel français dans le monde puisse avoir accès à l’intégralité de l’offre santé qui pouvait lui être disponible dans son pays donné. Et donc c’est parti de cette idée là.
Donc on a essayé de penser l’UX la plus simple avec une dimension conseil très forte parce que cette culture de comptage je l’ai depuis 1994, depuis plus de 30 ans maintenant. Et donc dimension conseil très forte par l’algorithme, par l’expérience digitale. mais aussi par nos collaborateurs qui sont à la disposition de tous les prospects et les clients pour toutes les questions qu’ils pourraient avoir, toutes les demandes d’informations qu’ils pourraient avoir sur leur contrat d’assurance, mais aussi sur l’accès à la santé. Par exemple, fils à 14 ans ou 15 ans, il a besoin d’orthodontie, comment je fais ? Donc on va accompagner en fait.
Tous nos clients sont accompagnés avec un accompagnement. Alors on parle de conciergerie médicale, c’est pas tout à fait de la conciergerie mais c’est vraiment un accompagnement au quotidien pour tous leurs petits pépins ou plus gros pépins de santé qu’ils pourraient rencontrer. Alors, en effet, il y a du conseil et il faut aussi instaurer un climat de confiance parce que la santé, c’est des sujets très intimes. Donc, il faut vraiment avoir une relation entre Santexpat.fr et ses utilisateurs. Oui, alors on essaie d’individualiser ça.
Donc, chaque client aujourd’hui, Santexpat depuis 2019, c’est plus de 7500 clients aujourd’hui. On essaie d’individualiser la relation, toujours de mettre un prénom qui va s’occuper de telle ou telle personne de manière à ce que il retrouve à chaque fois qu’il aura des questions ou des petits pépins, est-ce qu’il retrouve la même personne et qu’il puisse se nouer cette relation de confiance par défaut de proximité puisque nous sommes à distance, donc au moins créer une intimité. Et comme on a extrêmement peu de turnover chez Saint-Expat aujourd’hui, Saint-Expat on est 16 personnes et 5 ans il y a, on a eu 2 personnes qui sont venues et qui sont reparties en fait. C’est là le turnover. Votre zone, votre terrain de jeu est plutôt vaste, c’est le monde entier.
Tu m’as dit une petite exception depuis quelques jours sur la zone Iran, mais sinon la santé, c’est partout dans le monde. Effectivement, on assure absolument tous les pays du monde. Alors comme on travaille avec 32 assureurs, on a toujours un assureur pour être en capacité de vous couvrir, que ce soit en Russie, aux Etats-Unis, en Libye, en Irak. On a toujours la solution, donc on accompagne de grands groupes. comme Bouygues pour quelques unes de leurs filiales, tous les salariés de Business France dans le monde qui partent souvent en mission dans des pays qui sont dits à risque et que nous accompagnons pour leur mission également dans ces pays là qui sont plus risqués.
Donc effectivement aucune contrainte à part l’Iran aujourd’hui qui a des contraintes mais je pense qu’on va retrouver, j’espère qu’on va retrouver la capacité d’assurer en Iran dans quelques jours une fois que le climat se sera apaisé. Alors deux tiers de vos clients sont donc des entreprises, tu le disais, des chefs d’entreprise, des filiales, des français qui partent travailler à l’étranger, et un tiers sont des particuliers, et là le champ des particuliers est large, de l’étudiant au retraité en passant par le digital nomade. Ça vous permet de voir, avec SantExpat.fr, comment justement ces français se déplacent dans le monde, s’il y a des modes, s’il y a des évolutions ? Oui, en fait, on voit les grandes tendances et les profils pays changent peu. Il y a toujours une attraction très forte pour l’Amérique du Nord, malgré les évolutions politiques actuelles qui ont poussé certains à rentrer, mais qui poussent d’autres à partir aussi.
Il y a un peu plus de mouvement, mais il y a toujours une stabilité dans la traction d’Amérique du Nord, Etats-Unis et Canada. Ce qu’on constate en fait, c’est plus un rajeunissement de la population qui s’expatrie. Aujourd’hui, grâce au système des VIE, grâce aux universités françaises qui proposent des semestres à leurs étudiants à l’étranger, on s’aperçoit qu’il y a une énorme sédentarisation de ces jeunes après leur expérience de VIE, de PVT ou d’étudiant. Donc on a vraiment, si en 2009, L’expatrié moyen, il avait 41 ans et 7 mois, dans les deux tiers des cas, marié avec deux enfants. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas.
Aujourd’hui, c’est plutôt le jeune qui va avoir… La moyenne d’âge est plutôt à 29 ans. Il va s’expatrier tout seul. Il va partir sur des périodes qui seront plus courtes dans un pays, mais il sera multi-expatrié, c’est-à-dire qu’il va avoir des expériences dans plusieurs pays. Voilà ce qu’on constate aujourd’hui en termes d’évolution du profil de l’expatrié français.
Jean-Christophe, si on se tourne vers le futur, une filiale aux USA, développer la notoriété auprès des entreprises, il vous reste du boulot chez Santexbat.fr ? On n’a que 5 ans, on est tout jeune, rien n’est gagné, rien n’est fait.
l’avenir est devant nous et donc effectivement aujourd’hui si au départ nous étions spécialisés sur le B2C, c’est à dire sur l’individuel qui part vivre à l’étranger, aujourd’hui le marché et les opportunités nous ont poussé à assurer plutôt le chef d’entreprise ou la filiale de PME qui va s’ouvrir un peu partout dans le monde. Donc on a vraiment une appétence et un conseil qui est très orienté chef d’entreprise et filiale de PME à l’étranger. Jean-Christophe, merci. Si tu veux bien pour terminer et pour ouvrir l’appétit à nos auditeurs qui nous suivent aux quatre coins de la planète, fais-moi rêver un peu. Quelle est ta spécialité culinaire de Corse ?
Question d’aptiser l’envie de passer à table. Je n’ai pas de spécialité en particulier, j’ai la chance d’avoir une femme qui cuisine extrêmement bien et qui est bergère, donc qui produit du fromage et qui produit du brooch, donc tous les plats à base de brooch. Ça va être du Fiadone, pour ceux qui connaissent, qui est un dessert. Et ça va être des légumes farcis, ce qu’elle nous a cuisiné à midi. Ça va être tout un tas de choses.
Mais je vous invite à venir en Corse pour venir le découvrir parce que la cuisine corse est parfois méconnue et assez riche. En tout cas, pour ma part, c’est noté. Je viendrai. Merci beaucoup. Je souhaite un bel été.
Au plaisir de te retrouver sur la radio des Français dans le Monde. Merci beaucoup Gautier, à très vite.
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