Serge Mucetti : 40 ans au service des Français de l’étranger

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Quel est l’avenir de la protection sociale pour les Français de l’étranger ?

La Radio des Français dans le Monde, radio partenaire officielle des Assises organisées par l’Assemblée des Français de l’étranger, nous plongeons dans une question cruciale qui touche des millions de nos compatriotes : comment améliorer la protection sociale des Français vivant à l’étranger ? Alors que les défis liés à la mobilité internationale se multiplient, comment peut-on s’assurer que ces citoyens bénéficient d’un soutien adéquat, où qu’ils se trouvent ? Cette question est au cœur des discussions des assises de la protection sociale, un événement clé pour repenser et adapter nos politiques aux réalités d’aujourd’hui.

Rencontre avec Serge Mucetti, un expert chevronné

L’invité de cet épisode, Serge Mucetti, n’est pas un inconnu dans le domaine des affaires étrangères. Avec une carrière impressionnante de 40 ans, dont la moitié passée à l’international, Serge a occupé des postes prestigieux tels qu’ambassadeur et consul général. Son expérience s’étend de la République Centrafricaine à Djibouti, où il a navigué à travers des crises complexes. Son parcours lui a permis de développer une compréhension fine des enjeux auxquels font face les Français de l’étranger, ce qui fait de lui un intervenant précieux pour discuter des améliorations possibles dans le système de protection sociale.

L’épisode explore en profondeur les Assises de la protection sociale, un événement qui vise à moderniser les services consulaires tout en préservant une approche humaine. Serge Mucetti souligne l’importance de combiner innovation technologique et empathie pour répondre aux besoins variés des expatriés français. Il plaide pour une simplification des procédures administratives et une flexibilité accrue, permettant d’adapter les solutions aux situations individuelles. Les discussions s’orientent vers la nécessité de dépasser les simples obstacles financiers pour imaginer des systèmes plus agiles et adaptés aux réalités du terrain. Les contributions des Français de l’étranger sont essentielles pour façonner un avenir où leur protection sociale est à la fois efficace et humaine.

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https://www.linkedin.com/in/serge-marius-mucetti

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Podcast n°2510 (mai 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

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0:00:04 – Introduction du podcast et des assises de la protection sociale
0:00:14 – Présentation de Serge Mucetti et début de l’interview
0:01:00 – Expériences de Serge Mucetti en tant qu’ambassadeur
0:02:20 – Simplification administrative pour les Français de l’étranger
0:03:20 – Modernisation des services consulaires
0:05:00 – Approche humaine et innovation dans l’administration
0:05:59 – Les clichés sur l’expatriation française
0:06:38 – Diversité de la diaspora française
0:08:36 – L’importance du patriotisme chez les expatriés
0:10:24 – Rôle des Assises de la protection sociale
0:12:20 – Vision sur les améliorations possibles du système
0:14:58 – Conclusion et remerciements
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Transcription IA de l’épisode :

Radio des Français dans le Monde présente les assises de la protection sociale des Français de l’étranger.
Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gauthier Seys et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Serge Mucetti. On parle des assises de la protection sociale des français de l’étranger. 10 minutes, le podcast des français dans le monde. Francaisdanslemonde.Fr Serge, bonjour et bienvenue sur l’antenne de la radio des français dans le monde, un média que tu découvres à l’occasion de cette interview.
Mais je pense que tu devrais te régaler avec nos différentes interviews. On passe notre temps à voyager aux quatre coins du monde. Ça nous fait un point commun. Bonjour, merci de m’accueillir. Un sacré CV, 40 ans de carrière, la moitié de passé à l’international.
Et on va faire un petit tour d’horizon ensemble des différents postes que tu as pu avoir. Ancien ambassadeur, déjà. Une belle expérience. Un petit mot sur ces expériences d’ambassadeur ? Ma première expérience a été une expérience très très éprouvante puisque j’étais ambassadeur en République Centrafricaine lors du coup d’État et du début de la guerre civile jusqu’au lancement de l’opération Sangharis.
Ensuite j’ai été nommé à Djibouti où là aussi nous avons été confrontés aux attentats des Kébabs et à la guerre du Yémen. La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Non, mais elle est passionnante, elle est intéressante, elle est stimulante. Consul général, directeur de cabinet des ministres d’État, sous-directeur de l’administration des Français, sacré parcours, à des postes importants, cette sensation d’avoir fait avancer les choses pour les Français de l’étranger, on rappelle qu’ils sont à peu près 3 millions, on n’a pas le chiffre précis, important de travailler pour eux ? Dans le propos, l’introductif, Quand je me suis livré au début des assises, j’ai dit que le métier de Consul Général était un des plus beaux dans l’État parce qu’il permet d’approcher au plus près de la dimension humaine du service public.
Et quand on traite des questions des Français d’étrangers, si on n’aime pas cette approche sociale, si on n’aime pas rendre service, si on n’éprouve pas une satisfaction quand on trouve une solution à un problème compliqué qu’on nous a donné, eh bien on éprouve une frustration. et avec nos équipes, justement, nous essayons de faire en sorte que cette frustration soit jugulée ou n’existe pas. Et c’est ce qui m’a intéressé, justement, dans les différents postes que j’ai occupés. Chaque fois, nous avons essayé de trouver des moyens de simplifier la vie des Français d’étrangers et faire en sorte qu’ils puissent obtenir le plus rapidement possible et dans les meilleures conditions des réponses aux questions qui se posaient, qu’il s’agisse d’obtenir un document administratif ou qu’il s’agisse d’obtenir une allocation, une aide à laquelle ils pouvaient prétendre. Notamment le réseau informatisé, la création de listes, la fluidité…
Alors ça, c’est une des satisfactions les plus vives que j’ai éprouvées puisque en 2002 à 2007, j’étais à l’administration centrale et nous avons, avec notre équipe, créé le réseau d’administration consulaire informatisé qu’on appelle Racine et qui a permis, en agrégeant tous les des fichiers de tous les postes et bien de créer une base mondiale qui permet aujourd’hui de pouvoir obtenir des services en ligne. Alors justement, en ce moment, en écoutant la radio des Français dans le Monde, en partenariat avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, on parle de la modernisation des services consulaires, la possibilité sur certaines zones du monde de commander son passeport en ligne. Tout ça, ça avance. Il y a un vrai travail. D’ailleurs, la France est très puissante pour ses ressortissants français de l’étranger.
Un petit cocorico, ça ne mange pas de pain. Oui, c’est sans doute le pays du monde qui apporte le plus le plus grand nombre de services, que ce soit en matière administrative ou dans des services annexes à portée sociale, à ces ressortissants à l’étranger. Simplement, il faut contrebalancer le côté technique par une approche comme je l’ai dit tout à l’heure, plus humaines qui tiennent compte des situations personnelles. Que l’on arrive à mettre en ligne et en équation un certain nombre de services administratifs pour obtenir des pièces ou des documents, c’est une très bonne chose à condition que ça permette de dégager du temps pour les agents pour s’intéresser davantage à des questions qui nous obligent à entrer dans l’intimité de la vie de nos compatriotes Et ça, ça prend du temps, ça ne s’improvise pas. Il faut avoir la fibre sociale et il faut avoir envie de trouver des solutions parfois innovantes parce que toutes les situations ne correspondent pas toujours à ce qui est prévu très exactement par les textes.
Il faut innover, il faut proposer, il faut imaginer, il faut créer et trouver la bonne solution qui permettent qu’aux humains, et c’est une solution qui ne s’applique qu’à une seule personne et qui souvent n’est pas transposable, qui permettra de faire en sorte qu’elle éprouvera une satisfaction. Serge, la radio des Français dans le Monde prépare un dossier spécial sur les clichés de l’expatriation.
Bizarrement, on parle rarement de ces 3 millions de français qui vivent hors du territoire. Tu as souligné, par exemple, que régulièrement, au moment des vœux, le président ne les salue pas. D’ailleurs, même pour les Outre-mer, on les oublie un peu parfois. Pourquoi on n’utilise pas cette diaspora ? Est-ce qu’on peut parler de diaspora à travers le monde des 3 millions de français ?
D’abord, j’ai simplement signalé que sur ces vingt dernières années, on avait oublié parfois de saluer les Français de l’étranger lors des lieux. Cette diaspora est…
Elle est terriblement diversifiée d’abord d’un point de vue géographique, c’est une évidence. Et même à l’intérieur de certains pays ou de certaines régions, il y a des disparités très importantes. Prenons les États-Unis, prenons le Brésil, prenons l’Australie. Mais en même temps, il y a des disparités sociologiques extrêmement vivaces, parce que tous les Français de l’étranger ne fuient pas, contrairement à ce que beaucoup croient, leur pays pour des raisons fiscales. Il y en a qui sont extrêmement pauvres.
considérée par exemple à Madagascar, où la plupart de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et une grande partie de nos compatriotes qui vivent aussi en dessous du seuil de pauvreté. Lorsque j’étais conçu général à Rabat, j’étais confronté une fois à une situation tout à fait particulière d’une famille qui vivait dans la classe, dont les enfants avaient une dizaine d’années, jamais été scolarisé dans le service d’enseignement français à l’étranger, il n’avait même pas été déclaré à l’état civil. Donc on est confronté ici ou là à des situations rares, il est vrai, mais tout à fait curieuses, tout à fait surréalistes, et c’est là qu’il faut intervenir, comme je le disais tout à l’heure, pour faire en sorte que ces Français un petit peu désorientés puissent retrouver, je dirais, leur place dans la communauté nationale. Est-ce que finalement ça n’est pas à l’occasion des Jeux Olympiques et notamment de cette cérémonie d’ouverture que les Français du monde entier ont pu bomber le torse en disant c’est ça la France, c’est ça nos valeurs, c’est un pays un peu différent des autres quand même ? C’est rare d’être un peu fier de son pays ?
Alors ils ont pu peut-être le faire mais ça c’était une manifestation très exceptionnelle. Ils peuvent également le faire le 14 juillet, le 8 mai, le 11 novembre. et je me suis aperçu dans tous les postes où j’ai été, que les Français de l’étranger ont une fibre patriotique extrêmement importante et ils ne boudent pas ces cérémonies contrairement à d’autres, et ils considèrent que c’est une façon pour eux de renouer, de renouer avec leur pays, de se rassembler, de montrer qu’ils ont des liens, plus encore qu’au 14 juillet où il y a des fêtes, etc. Les cérémonies patriotiques, le 8 mai, le 18 juin, le 11 novembre, ont des caractéristiques un petit peu différentes. Et je me suis toujours attaché à célébrer ces dates avec nos compatriotes dans le respect du sacrifice qu’ont fait nos aînés et faire en sorte qu’ils puissent se sentir ce jour-là comme des membres à part entière d’une communauté nationale qui en plus met aussi en exergue la fraternité d’armes, vous parliez tout à l’heure du Maroc, la fraternité d’armes avec des des ressentissants et étrangers, des contextes de souveraineté différents, qui ont partagé les souffrances et notre volonté de retrouver notre liberté lors des deux conflits mondiaux.
Direction maintenant les Assises de la protection sociale des Français de l’étranger. Tu interviens en tant qu’expert avec une perception fine des problématiques, un technicien de l’activité consulaire. C’est important aujourd’hui d’écouter les idées, de souligner les bonnes idées, de voir comment le système peut s’améliorer ? Alors, il est vrai que lors des sessions de l’Assemblée des Français et de l’étranger, ces questions sont évoquées. Elles sont évoquées aussi à l’échelle des postes et, naturellement, elles sont évoquées à l’administration centrale.
Il y a trois niveaux de perception, l’administration centrale, les postes et les individus. Mais il est bon aussi de donner la parole aux intéressés, à nos compatriotes, pour qu’ils donnent leurs sentiments et qu’ils fassent aussi un petit examen, autrement que lorsqu’ils sont confrontés à des difficultés personnelles ou qu’ils sont au guichet de nos postes consulaires, et qu’ils réfléchissent aussi à ce que pourrait être la protection sociale, une expression que je n’aime pas beaucoup, je l’ai dit tout à l’heure qu’elle ne correspondait pas tout à fait au sujet, est-ce que pourrait être la protection sociale dans les années futures ? Et ce qu’il faudrait aussi c’est qu’on dépasse un petit peu le rapport des difficultés que chacun a pu rencontrer dans ses relations avec l’administration, mais qu’on prenne un peu d’altitude. Et en prenant de l’altitude, qu’on sorte aussi de cette logique diabolique qui voudrait que tout irait mieux si on avait plus d’argent. Je crois qu’il faut faire du mieux, mais pas forcément du plus.
voir, mesurer ce qui aujourd’hui marche bien, ce qui pourrait marcher mieux, ce qui pourrait être changé aussi. Il y a peut-être des choses à revoir fondamentalement et à faire preuve d’imagination. Je crois que le contexte s’y prête aujourd’hui où nous réfléchissons beaucoup à ce que pourrait être le budget de l’année prochaine et les tendances dans les années futures, et bien voir comment nous pourrions améliorer fondamentalement le système, mais également pour faire en sorte que ce système réponde mieux aux attentes de nos compatriotes. Alors je comprends bien, il y a des sujets importants aujourd’hui, les seniors, la scolarisation des enfants handicapés, les sociétés françaises de bienfaisance, les bourses scolaires. L’idée c’est de dégager des synthèses, des pistes pour en effet faire mieux Pas forcément avec toujours plus d’argent comme on peut facilement le réclamer.
Tout ça va nous amener jusqu’à octobre prochain. Du coup, d’ici là, tu suis les différents échanges et tu as déjà une petite idée du rapport final qui va se profiler ? Non, pas du tout.
D’abord, il faut que nos compatriotes s’expriment, qu’ils le fassent de la façon la plus libre possible. Je crois que la synthèse n’aura de véritable sens et n’apportera de véritable contribution que si on dépasse le simple catalogue des difficultés qu’on connaît déjà finalement. Mais essayer de voir aussi comment on peut s’affranchir d’un certain nombre de procédures administratives françaises qu’on croit ne pas pouvoir modifier et que l’on doit pouvoir appliquer à l’étranger. Je crois qu’il faut se débarrasser de ces carcans parce qu’aujourd’hui, il faut être agile, il faut essayer d’être extrêmement souple. Lorsque j’ai commencé à l’administration des défenseurs de l’étranger, on était sur la lancée de poursuivre ce qui se faisait auparavant, c’est-à-dire des décrets, des circulaires, des arrêtés.
et qui était extrêmement précis. Parce que dans l’administration française, chaque fois qu’on crée un principe, on est bien obligé d’assortir sa rigidité d’un certain nombre d’exceptions, on multiplie les conditions et on finit par perdre de vue l’objectif de départ. Et pour poursuivre ce que j’étais en train de dire, on s’est aperçu que finalement il fallait définir plutôt des cadres qui permettent aux chefs de poste de prendre des initiatives et de leur laisser la liberté de pouvoir intervenir et de prendre en compte les situations toujours différentes, qui s’imposent à eux. Aujourd’hui, notre dispositif est excellent, il est remarquable, mais il est trop compliqué, et il est trop lourd. La volonté de bien faire, la volonté de faire du de la haute couture, d’essayer de trouver dans les textes les réponses qui pourront être fournies à chaque situation, ça ne marche pas.
Il faut laisser de la marge de manœuvre. Et je pense que le fait justement d’avoir confié la présidence des comités consulaires aux élus, peut peut-être permettre de trouver des réponses innovantes. Serge, merci beaucoup. Je rappelle à nos auditeurs qui vivent aux quatre coins du monde qu’ils peuvent faire vivre la démocratie, qu’ils ont leur rôle de citoyens pour prendre la parole dans le cadre de ces assises. Je vous renvoie aux différents podcasts que la radio des Français dans le Monde vous propose.
Et puis Serge, on se retrouvera pour le débrief du coup, voir un peu quelles sont les belles et grandes idées qui ressortiront. au cours de cette année 2025. Merci d’être venu sur la radio, c’était la première fois. Un plaisir. Merci, ce fut un plaisir.
Merci beaucoup.
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Podcasts à ne pas louper !