François Braun : Travailler au-delà des frontières avec EURES

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Comment la mobilité transfrontalière transforme-t-elle le marché de l’emploi dans le Grand Est ?

Dans cet épisode pratique pour les Français vivant proche des frontières des pays de l’Union Européenne, nous nous penchons sur un phénomène souvent méconnu mais pourtant crucial : la mobilité transfrontalière. Saviez-vous que chaque jour, plus de 200 000 Français traversent la frontière vers la Belgique, le Luxembourg, la Suisse ou l’Allemagne depuis la région Grand Est ? Quelles sont les implications de cette dynamique pour les travailleurs et les employeurs ? Et comment les demandeurs d’emploi peuvent-ils tirer parti de cette réalité unique pour enrichir leur parcours professionnel ? Ces questions, et bien d’autres, sont au cœur de notre discussion.

Rencontre avec François Braun, expert en mobilité transfrontalière

Notre invité, François Braun, est le responsable du service frontalier et international à la direction régionale France Travail Grand Est. Avec une expertise pointue dans les relations transfrontalières, François joue un rôle clé dans l’accompagnement des demandeurs d’emploi souhaitant explorer les opportunités de l’autre côté de la frontière. Il travaille en étroite collaboration avec des partenaires européens pour offrir des services adaptés, allant des formations linguistiques aux ateliers de rédaction de CV spécifiques à chaque pays voisin.

Explorer les défis et opportunités de la mobilité transfrontalière

Au cours de cet épisode, François Braun nous éclaire sur les nombreux aspects de la mobilité transfrontalière. Il aborde les défis interculturels, tels que les différences dans la rédaction de CV ou les attentes professionnelles variées entre pays. François souligne aussi l’importance de maîtriser la langue du pays de destination et les avantages économiques potentiels, comme des salaires souvent plus élevés. Enfin, il met en avant le rôle crucial du dispositif EURES, qui facilite la mobilité professionnelle à l’échelle européenne, en offrant des financements et des formations pour mieux préparer les travailleurs à ces transitions.

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https://www.facebook.com/FTravail.MobiliteInternationale/

https://eures.europa.eu/index_fr

https://www.francetravail.fr/international/mobilite-internationale.html

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Dossier spécial « EURES 30 ans » avec France Travail. Podcast n°2475 (avril 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

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Chapitrage de l’épisode :
0:00:11-Introduction de l’invité François Braun
0:00:41-La Région Grand Est et la mobilité transfrontalière
0:01:03-Services offerts aux demandeurs d’emploi transfrontaliers
0:02:02-Différences culturelles dans la recherche d’emploi
0:03:03-Spécificités des CV et photos en Allemagne
0:03:29-Mobilité transfrontalière et complexités juridiques
0:04:13-Interculturalité dans le monde du travail
0:05:03-Défis et soutien pour les travailleurs frontaliers
0:05:50-Anecdote d’une réussite d’apprentissage en Allemagne
0:06:42-Le rôle de EURES dans la mobilité transfrontalière
0:08:13-EURES et l’organisation de formations transfrontalières
0:09:00-Conclusion et ressources supplémentaires sur EURES
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Transcription de l’épisode :

Strasbourg, on va parler des sujets transfrontaliers avec notre invité François Braun, responsable du service frontalier et international, à la direction régionale France Travail Grand Est. François, bonjour et bienvenue. Bonjour Gautier. Content de faire ta connaissance, ce sujet transfrontalier, on ne l’a pas encore abordé sur notre antenne et pourtant, chaque jour, tu m’annonçais que 200 000 Français traversaient la frontière direction la Belgique, le Luxembourg, la Suisse ou l’Allemagne dans cette région Grand Est. C’est énorme !
Alors effectivement, c’est énorme. Comme tu le dis, c’est plus de 200.000 personnes qui franchissent chaque jour la frontière. On a l’habitude de dire que le Grand Est est la première région transfrontaliére de France, puisqu’on partage effectivement notre frontière avec quatre pays de l’Union Européenne. Alors concrètement, que proposez-vous aux demandeurs d’emploi au niveau régional pour les aider dans leur projet ? Et puis, comment êtes-vous organisés ?
Alors, ce qu’on leur offre comme services, ce sont vraiment des services concrets pour les aider à traverser la frontière et à trouver un emploi de l’autre côté. Je vais te donner quelques exemples. D’abord, des informations de premier niveau. C’est sur le marché de l’emploi transcontinier, quels sont les secteurs qui recrutent, où concrètement trouver des offres. Et puis, si le demandeur d’emploi est vraiment intéressé, on va aller plus loin avec lui en l’accompagnant sur les techniques de recherche d’emploi.
On ne va pas rechercher un emploi de la même façon en France qu’en Allemagne. Et puis, ça peut être aussi un accompagnement un peu plus intensif. Ça peut être des actions de formation ou encore des évaluations en langue. On prend le cas du CV, on a une façon de faire le CV en France, c’est pas forcément la même lorsqu’on se retrouve en Belgique, au Luxembourg, en Suisse ou en Allemagne. Il y a des subtilités, les titres des postes recherchés par exemple, l’organisation même du CV, ça, ça fait partie des tâches où vous accompagnez le demandeur d’emploi.
Oui, exactement. Par exemple, le CV en allemand, qu’on appelle le Lebenslauf, il est beaucoup plus détaillé qu’en France. C’est tout à fait usuel de trouver un CV avec deux pages, voire trois pages. l’habitude aussi d’indiquer des recommandations par exemple d’anciens employeurs et puis aussi une différence importante c’est c’est la photo il est vraiment d’usage de mettre une photo ce qui est rarement le cas finalement en france et une photo qui est très codifiée c’est pas la petite photo d’identité comme on l’a l’habitude de voir en france c’est une photo qui est très souvent prise par un professionnel et donc on s’adapte à cette réalité et avec nos partenaires d’Isagen Turun sur Arbeit, nos homologues de l’autre côté de la frontière allemande, on propose aux demandeurs d’emploi des ateliers pour faire ce CV et même également des ateliers pour prendre une photo avec un professionnel. Les joies de l’interculturalité.
Exactement. Concrètement, qu’est-ce qui rend la mobilité transfrontalière unique par rapport aux autres types de mobilité ? Alors, d’abord, il y a des questions juridiques. Un frontalier, c’est un individu qui habite dans un pays et qui travaille dans un autre pays et il va revenir dans son pays d’origine chaque jour ou au moins une fois par semaine. Et ça, ça entraîne des règles particulières en matière de santé, en matière de fiscalité.
Mais ce n’est pas là-dessus que je souhaite insister aujourd’hui. C’est plus sur, comme tu le disais, les questions d’interculturalité. On recherche un emploi de manière différente, on vient de le dire avec l’exemple du CV, mais aussi dans le monde du travail, on va trouver des habitudes un petit peu différentes, la communication en entreprise, On a l’habitude de dire qu’elle est en général plus directe, que les différences hiérarchiques sont un petit peu moins marquées, des différences aussi sur les horaires. Bon, ça ne va pas t’étonner. La ponctualité, ça reste une valeur extrêmement importante dans le monde du travail en Allemagne.
On va aussi commencer souvent la journée un petit peu plus tôt. Il a terminé aussi un petit peu plus tôt. Il y a beaucoup de différences qui sont à prendre en compte par un demandeur d’emploi qui veut aller de l’autre côté de la frontière et qui, pour l’instant, n’a pas encore travaillé, expérimenté toutes ces différences. Le cadre allemand ne tolère pas le quart d’heure autorisé en France. Effectivement, c’est quelque chose, il faut vraiment faire attention à ça.
Tu me diras aussi dans les entreprises françaises, je ne suis pas sûr que ce carnet soit bien apprécié non plus. Quels sont les défis les plus courants auxquels sont confrontés les travailleurs frontaliers ? Est-ce qu’on peut avoir des services spécifiques pour eux ? Première chose importante aussi à prendre en compte, c’est la langue. Évidemment, l’allemand, ce n’est pas le français, évidemment.
Alors, c’est important de maîtriser la langue allemande. Alors, comme je le disais, on propose des évaluations en langue. Et puis, avec le conseil régional Grand Est, on peut aussi proposer des formations en langue. Ils ont un site très intéressant qui s’appelle « Do you speak Grand Est ? ».
qui permet, si vous résidez dans le Grand Est, d’apprendre la langue allemande. Pour autant, ce n’est pas un obstacle totalement insurmontable. Je me rappelle l’anecdote d’une jeune femme qui a commencé un apprentissage dans une boulangerie à Kehl. C’est la ville qui est en face de Strasbourg. Et quand elle a commencé, en gros, elle savait dire bonjour, au revoir, s’il vous plaît, merci en allemand.
Et puis, au bout de deux ans, dans son centre d’apprentissage, elle a décroché le premier prix. Ça veut dire que rien n’est impossible. Par contre, effectivement, dans certains métiers, si vous voulez faire comptable, évidemment, on sait bien qu’il faut maîtriser la langue, la langue allemande. Et puis aussi, les questions de rémunération peuvent être variables. Les salaires sont parfois un petit peu élevés, effectivement, quand on travaille en Allemagne, ce qui explique aussi qu’un certain nombre de Français sont attirés par l’autre côté de la frontière.
Alors évidemment, là, on parle de la partie Grand Est, mais tu as des homologues sur toutes les zones frontières françaises. On en a beaucoup. Alors effectivement, moi j’ai un homologue dans chaque région frontalière et même d’ailleurs dans les régions non frontalières, la Direction Générale de France Travail organise un réseau de ce qu’on appelle des correspondants internationaux régionaux parce que la mobilité internationale, ça concerne tout le monde, pas uniquement ceux qui sont dans des régions frontalières. Et on peut quand même remercier ERS parce que ce dispositif a relativement simplifié les démarches. Alors effectivement, EURES, European Employment Service, c’est le dispositif européen qui nous permet notamment d’obtenir des financements et qui vont permettre de multiplier les services dont je parlais tout à l’heure, des accompagnements techniques de recherche d’emploi, des accompagnements plus intensifs et également des formations Par exemple, on a organisé il n’y a pas longtemps, c’était avec le Luxembourg, une formation gestionnaire de paye où on a mixé un groupe de demandeurs d’emploi français, un groupe de demandeurs d’emploi luxembourgeois, On a fait également avec l’Allemagne une formation pour la conduite d’engin avec des certifications type KSS en France.
Donc c’est sûr que EURES, c’est vraiment un outil qui est totalement indispensable. Et puis je précise aussi que nous avons dans certaines agences transfrontalières des conseillers EURES, c’est-à-dire des conseillers labellisés qui ont suivi une formation organisée par la Commission européenne. Quand l’Europe est belle et organisée, il faut le dire, et c’est le travail d’EURES. Merci beaucoup François Brown. Nous étions du côté du Grand Est.
Au plaisir de te retrouver sur cette antenne. Merci à toi Gauthier et à une prochaine fois. Pour en savoir plus sur EURES, la porte vers l’emploi en Europe, découvrez notre dossier spécial sur Français dans le Monde.fr.
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