Notre invitée, Isabelle Radder, est psychologue installée à La Haye, aux Pays-Bas. Originaire de Paris, elle a vécu à Lille avant de s’installer aux Pays-Bas en 2010 avec son mari irlandais. Forte de son expérience personnelle et professionnelle, Isabelle travaille principalement avec des Français expatriés à travers le monde, offrant un soutien psychologique en visioconférence. Cet épisode marque sa première participation à un podcast, où elle partage ses précieux conseils et observations sur le sujet.
L’épisode aborde en profondeur les défis que rencontrent les adolescents lors de leur retour en France. Isabelle explique comment la socialisation joue un rôle crucial dans la construction de l’identité des jeunes, et comment le retour au pays peut être perçu comme une rupture, voire un deuil, en raison de la séparation d’avec leurs amis. Elle met en lumière l’importance de réapprendre les codes sociaux et d’intégrer de nouveaux groupes, tout en valorisant l’expérience internationale acquise. Isabelle insiste sur la préparation en amont de ce retour pour faciliter l’adaptation et minimiser les tensions familiales, soulignant l’importance de la communication et de l’accompagnement psychologique si nécessaire.
.
.
Chapitrage de l’épisode :
La Radio des Français dans le Monde présente le dossier spécial Les ados et l’expatriation parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.
Les ados et l’expatriation, grand dossier sur la radio des français dans le monde, avec les experts de Expat Pro. J’en ai une nouvelle, au sens propre comme au sens figuré, parce que tu viens de rejoindre, il y a quelques mois, les équipes de Expat Pro. Bonjour à Isabelle Rader. Nous sommes aux Pays-Bas, on est à Lahaye pour être précis. Bienvenue pour la première fois et pour ton premier podcast.
Merci Gauthier, merci de m’accueillir. Tu vas voir, tout va bien se passer. Un petit mot sur toi, t’es originaire de Paris, mais t’as vécu à Lille, qui est quand même, selon moi, en toute objectivité, la plus belle ville du monde. Je rappelle que j’y vis. Tu es marié à un Irlandais qui était venu faire une expatriation en France et qui t’a ramené dans ses valises en 2010.
Tu t’installes à La Haye. Alors, on connaît très bien Amsterdam, un peu Rotterdam, un peu moins La Haye. sauf grâce à ces accords européens qui avaient été signés là-bas. Un petit mot sur ta vie à la haie, sur ta vie en Hollande. Écoute, voilà, ça fait maintenant 14 ans que je suis arrivée ici.
Je me suis installée en libérale il y a quelques années et je suis très contente de ma vie au Pays-Bas. Je trouve que c’est très agréable. Alors Isabelle, on va se pencher sur le sujet des ados. Rappelons que tu es psychologue. Tu as un très beau site, très apaisant, Psychologue installé au Pays-Bas, mais tu travailles essentiellement avec des français expatriés à travers le monde en visio.
Zoom sur le sujet des adolescents. On a fait un dossier sur le retour en France avec beaucoup de podcasts, beaucoup de conseils, beaucoup d’experts. Là, c’est le retour en France des ados. Il faut dire qu’il y a une particularité chez l’ado. C’est le moment de sa vie où la socialisation est primordiale.
C’est le moment où il se crée ses groupes d’amis. C’est le moment où il va se créer son identité. Et là, bim bam boum, les parents annoncent qu’on rentre au pays. Ils doivent laisser tout ça de côté. Le principal sujet, c’est devoir se séparer de ses amis et devoir casser tout ce qu’on est en train de construire.
Voilà, c’est vrai que l’adolescence, c’est une période où il y a beaucoup de changements, beaucoup de transformations. Mais une des particularités, c’est que la socialisation va permettre à l’adolescent de se construire. Elle va lui permettre de construire son identité. Or, l’adolescent, quand il revient d’expatriation, va devoir laisser ses amis, va devoir se séparer. Et du coup, c’est vraiment une Voilà une étape qui peut être compliquée pour l’adolescent et dans sa construction d’identité.
Cette notion de se séparer de ses amis, elle peut même être vécue comme un deuil. Donc c’est vraiment, ça peut du coup compliquer le retour de l’adolescent. On va un peu planter le décor. Les changements, les principaux changements, nouveaux codes sociaux, il faut s’habituer. Au début, ça peut être un peu âpre.
C’est vrai que les codes sociaux pour les adolescents c’est important, comme par exemple le langage, avoir des vraies expressions, des mots et des mots qu’ils ne connaissent pas forcément. La question de l’apparence, parfois le code vestimentaire est différent d’un autre. un autre, il a évolué, également aussi le comportement qui peut être différent, par exemple la notion de l’humour, les blagues, toutes ces différences de codes sociaux vont créer des décalages avec ce qu’a appris le l’adolescente dans son pays étranger. Or, ces codes sociaux, ils sont cruciaux pour pouvoir faire partie d’un groupe, pour pouvoir être accepté par un groupe. Et si l’adolescent n’a pas ces codes sociaux, il peut du coup ressentir un sentiment d’exclusion.
Exclusion, voire isolement, voire se recroqueviller, ça fait partie des risques ? Oui, il peut du coup s’isoler, ne pas se reconnaître dans le groupe. Et du coup, il va devoir réapprendre les codes sociaux pour pouvoir de nouveau faire partie du groupe. Il faut combien de temps pour réapprendre tout ça ? Parce que nous, c’est assez naturel.
D’un coup, là, on est en train de dire qu’il faut qu’ils réapprennent. Mais ça prend quoi ? Une semaine, un mois, un an ? Et ça, ça prend du temps, en fait. En effet, c’est plus en termes de…
Alors après, ça dépend si l’adolescent a déjà vécu en France ou pas, mais c’est comme n’importe quelle expatriation ou un nouveau pays ou l’intégration de nouveaux codes, en fait, ça prend plusieurs heures. Les changements dans les relations aussi, tout va changer. On me disait souvent que quand on est en expatriation en famille, l’ado peut avoir une adolescence un peu retardée avec un cocon familial plus soudé. Là, on revient, on retrouve pour les parents des habitudes, peut-être pour les enfants, tout change. Les amis, la famille, ça change.
Voilà, les amis, la famille, ça change. Il y a une séparation avec les amis, donc avec cette notion de deuil, perdre le contact avec ses amis. ne plus avoir le sentiment d’appartenir à un groupe. Ça, ce n’est pas facile. Ça peut impacter la confiance en soi, le sentiment de sécurité que peut avoir l’adolescent.
Et donc, il y a d’un côté les amis dont il a dû se séparer et il y a la famille, cette période de transition en lien avec le retour au pays d’origine. il va avoir un besoin de se rapprocher de sa famille, il va en avoir besoin. Or à cette période, c’est un besoin de s’en éloigner, donc pas facile de pouvoir combiner, d’être dans cet équilibre de à la fois perdre ses amis, avoir sa famille, en avoir besoin, mais en même temps pas trop parce qu’il a besoin de s’éloigner pour pouvoir se construire. Donc c’est de retrouver un peu cet équilibre pour pouvoir vivre mieux cette situation. On parle de reconstruction parfois, c’est un mot qui est terrible.
Oui, c’est en effet la question de la construction et la reconstruction, en effet, parce qu’elle est en lien avec le fait que l’adolescent n’a plus sa place. Il a l’impression de ne plus avoir sa place parce qu’il a changé de pays. Il a l’impression d’être… Il peut avoir un sentiment de… d’être étranger.
Par exemple, il peut avoir un sentiment de se sentir chez lui, dans le pays étranger, alors qu’en revenant dans son pays d’origine, il a le sentiment d’être étranger. Toutes ces contradictions, ça peut compliquer, en effet, le sentiment de se construire et donc d’avoir besoin de se reconstruire, de s’adapter, de trouver des moyens Dans les. Conseils, il y a la facilitation de la réintégration sociale. Comment techniquement on y parvient ? Comment on lui fait retrouver des groupes à lui ?
Pour pouvoir le réintégrer sur un plan social, ça peut être à la fois de garder des liens peut-être avec des amis qu’il a pu avoir, parce qu’avec tous les réseaux sociaux, etc. Il y a les outils techniques, on peut le faire. C’est possible, tout en lui permettant de créer des liens, des nouveaux liens dans dans le lieu où il vient d’arriver. Avec aussi, peut-être lui permettre de faire des activités, peut-être faire des activités qu’il a déjà fait dans le pays où il vient et qui puissent se faire là dans le pays dans lequel il arrive. Essayer de trouver un peu parfois cette notion de continuité, d’essayer de garder des repères.
Le théâtre, le sport, la musique. Le théâtre, le sport, plein d’activités qui lui permettent justement d’être en contact et avec l’idée de créer du lien et d’être en connexion avec d’autres. Tu parles de valoriser l’expérience internationale, ça va être une richesse pour lui, souvent il va s’en rendre compte avec un peu de temps. Comment on peut valoriser cette expérience justement ? Alors en effet, de valoriser l’expérience, c’est de mettre en avant toutes les compétences qu’il a pu acquérir pendant son expatriation, donc avoir une nouvelle culture, avoir parler plusieurs langues.
C’est quelque chose de très riche en termes de compétences et de connaissances. Ce qui est important, c’est de pouvoir à la fois faire un équilibre entre ce qu’il a pu acquérir et les compétences qu’il peut acquérir dans le dans le nouveau pays, donc cette notion internationale et non nationale. Conjuguer un peu le meilleur des deux, quoi. Voilà, exactement. Le plus important selon toi, c’est de préparer ce retour.
On le prépare combien de temps à l’avance et qu’est-ce qu’on fait pour le préparer ? Je pense qu’en effet, de pouvoir en parler avec l’adolescent, de pouvoir lui donner un espace d’écoute pour savoir comment il vit les choses, quels sont ses ressentis par rapport au retour, de pouvoir verbaliser en amont, c’est vraiment important. Ça ne permet pas les difficultés auxquelles il va être confronté. sont peut-être toujours là, mais en fait, c’est l’idée de mieux le vivre, de pouvoir vraiment verbaliser les choses et de donner un espace, un dialogue ouvert. Ça permet de l’aider à se projeter, à imaginer comment ça va être, de lui donner des ressources qu’il a, parce qu’il a construit aussi des ressources dans son pays quand il était allé à l’étranger.
Il a déjà eu plusieurs expatriations, il a déjà eu cette expérience, ce processus d’adaptation, donc c’est de l’aider à, voilà, de l’aider à visualiser, à le verbaliser pour mieux vivre ce succès. Et ma dernière question par rapport aux différents patients que tu as pu rencontrer, ados, en tant que psychologue. Est-ce que parfois ils en veulent à leurs parents ? Est-ce que ça passe forcément par une période de crise ou est-ce que ça se résorbe assez vite ? Est-ce que ça dépend du caractère ?
Je suppose que ça va jouer. Est-ce que ça dépend de la préparation ? Je pense qu’en effet, le vécu des adolescents est différent en fonction de chaque adolescent, de son histoire, à quel moment arrive le retour en France, est-ce que ça a été préparé ou pas préparé. Je pense qu’en effet, plus il est préparé, mieux il est compris, mieux il est accepté. Par contre, en effet, au niveau du vécu, l’adolescent qui l’exprime à la fois soit à un moment donné que son comportement change, qu’il peut être même montré une certaine fatigue, je pense que c’est normal.
Ça fait partie du processus d’adaptation. Et tu peux conseiller une séance ou quelques séances seulement, peut-être juste un peu pour l’accompagner à ce moment-là. Il ne faut pas non plus qu’il se sente complètement déphasé et se lancer dans un grand parcours de chez un psychologue. Parfois, peut-être juste un peu en effet verbalisé, ça peut l’aider. Alors, je pense qu’en effet, de pouvoir les verbaliser avec un tiers, c’est toujours important et ça peut l’aider.
Et dès qu’il y a cette notion d’intensité et de durabilité en termes de ceci, par exemple, il y a des émotions vraiment très fortes, mais qui durent dans la durée ou dans l’intensité. À ce moment-là, de pouvoir consulter, ça permet vraiment de donner un espace pour pour exprimer ce qu’il ressent et surmonter la situation. Merci pour ton travail, à bientôt. Merci Gauthier, bonne journée. les ados et l’expatriation en partenariat avec les experts du réseau Expat Pro.
Dossier parrainé par Expat Student, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada. expatstudent.fr.
.