Expatriation & PMA : Margaux de Noiron témoigne


Comment la procréation médicalement assistée (PMA) impacte-t-elle les expatriés français ?
Avez-vous déjà envisagé les défis uniques auxquels sont confrontés les Français vivant à l’étranger lorsqu’ils envisagent la procréation médicalement assistée (PMA) ? Cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le monde » explore ce sujet intime en compagnie de Margaux de Noiron, une expatriée vivant à New York. Ensemble, nous plongeons dans les complexités et les nuances de la PMA pour les Français à l’étranger, en abordant les différentes options disponibles, les défis logistiques et émotionnels, et les implications légales qui en découlent.

Margaux de Noiron, notre invitée, a elle-même traversé ce parcours à New York, elle partage avec nous son expérience personnelle et ses connaissances approfondies du sujet. Margaux offre également son soutien aux auditeurs qui pourraient avoir des questions ou qui se trouvent actuellement dans un parcours de PMA. Elle met en lumière les différences entre les systèmes de santé publics et privés à l’étranger et les spécificités de la législation française, notamment le remboursement de certaines procédures par la sécurité sociale.

Dans cet épisode, nous discutons de l’évolution de la PMA depuis les années 80 et de son impact croissant en raison de l’augmentation des problèmes d’infertilité. Margot explique les différentes techniques de PMA, notamment la fécondation in vitro, et compare les taux de réussite en France et dans d’autres pays. Elle aborde également les avantages et inconvénients de réaliser une PMA à l’étranger, tels que les coûts, les taux de réussite, et la législation plus souple. Enfin, Margaux évoque l’isolement potentiel des couples expatriés et comment cela peut paradoxalement les protéger des jugements extérieurs, tout en soulignant l’importance d’un soutien psychologique tout au long du processus.

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Podcast n°2125 (Mars 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia d’aide à la mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.
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Transcription de l’épisode :

Francaisdanslemonde.Fr, la première plateforme multimédia d’aide à la mobilité internationale. Bienvenue sur notre podcast. Je suis Gauthier Seys et j’ai le plaisir de passer dix minutes avec Margot de Noiron. On part à New York et on parle de PMA. Dix minutes, le podcast des Français dans le Monde.
francaisdanslemonde.fr Et oui, c’est un sujet intime que nous allons aborder aujourd’hui. Et le tout en dix minutes, ce qui est sans doute un record du monde. Un sujet autour de la PMA en expatriation. Margot de Noiron, qui est à New York, que l’on a eu l’occasion d’interviewer récemment. A connu ce parcours PMA et on va en parler ensemble, c’est un domaine qu’elle maîtrise parfaitement d’ailleurs.
Je dis tout de suite, si vous avez des questions, si évidemment on va être incomplet sur un certain nombre de points, n’hésitez pas, elle m’a donné l’autorisation, vous puissiez entrer en contact avec elle. Bonjour Margot. Bonjour Gauthier. Alors c’est vrai que tu m’as donné une leçon, un cours magistral sur la PMA, sur les différentes options qui existent, les différentes possibilités, les parcours. C’est pas simple, il faut s’en sortir, il faut comprendre.
Et en plus, sur Français dans le Monde, on s’adresse à des Français qui vivent en expatriation et donc c’est une donnée qui s’ajoutent aux compliqués. On va essayer, si tu veux bien, de commencer de façon extrêmement pratique la procréation médicalement assistée. Elle existe depuis les années 80. En France, en tout cas, c’est quelque chose qui est très rodé, qui fonctionne très bien. On a beaucoup de chiffres aujourd’hui.
Oui, on a beaucoup de chiffres, parce que depuis les années 80, malheureusement c’est une pratique qui ne va qu’en se développant, puisque l’âge moyen de la première grossesse ayant reculé, nous avons de plus en plus de problèmes d’infertilité. puisque c’est de ça dont on va parler aujourd’hui. La PMA, c’est la procréation médicalement assistée, qui va être un recours, soit à cause d’une structure inhérente, c’est-à-dire par exemple on est maman solo, soit parce que nous avons un cas de stérilité chez l’un des partenaires. C’est un problème physiologique, soit parce que nous avons des cas d’infertilité, c’est-à-dire c’est incompatible. Ça ne marche pas.
On a essayé naturellement et ça ne marche toujours pas. En France, en 2023, la PMA représente 2 % des naissances. Alors en effet, c’est 2 % des naissances et ça représente 200 000 tentatives, mais 25 % de réussite néanmoins. Et oui, ça reste tout de même l’injustice de la nature qui va gagner face à la science. On va avoir plusieurs options qui vont aller de la stimulation hormonale.
On va avoir parfois besoin de donneurs, d’ovocytes ou bien de spermatozoïdes. Et puis en fait, 95 % de l’ATMA, c’est la fève, la fécondation in vitro. Un embryon va apparaître dans une éprouvette en laboratoire à partir d’un spermatozoïde et du novocyte. Et cet embryon va être implanté dans l’utérus de la femme. Est-ce que le pourcentage de réussite s’améliore d’année en année ?
Oui, il s’améliore d’année en année, mais nous avons des voisins européens qui ont aussi des taux de réussite encore plus élevés. C’est souvent d’ailleurs une motivation pour des Français d’aller faire ça ailleurs. Par exemple, en République tchèque, nous avons des taux de réussite entre 60 et 70 %. Incroyable. Et on sait pourquoi il y a une telle différence ?
Là, je ne m’avancerai pas forcément sur des réponses. Je voudrais juste préciser qu’on parle de deux mondes différents. Il y a la médecine publique. et la médecine privée. Et quand nous sommes à l’étranger, on va avoir évidemment recours plutôt à la médecine privée, des cliniques qui ont évidemment des capacités et des experts qui vont être parfois plus avancés que dans le public.
En revanche, on a une spécificité dont on est très fiers en France, c’est que notre sécurité sociale rembourse quatre tentatives de fibre. Même si on est français de l’étranger, même si on vit hors du territoire français. Alors, quand on vit hors du territoire français et qu’on cotise à la CFE, donc la Caisse des Français de l’Étranger, la CFE rembourse aussi, quatre tentatives, mais là, attention, elle rembourse sur les frais pratiqués en France et non pas les frais réellement engagés à l’étranger. Et puisque quand on vit à l’étranger, on va avoir recours plutôt à la santé privée, Évidemment, on ne parle pas des mêmes frais, mais ça aide et symboliquement, je trouve ça très important. Et d’ailleurs, on est le seul pays à rembourser.
On est le seul pays à rembourser qu’à tenter, oui. C’est pas mal. Alors, quels sont les avantages de le faire dans des pays étrangers ? Souvent, on va être sur des avantages soit monétaires, c’est-à-dire qu’on a des prix qui vont être assez concurrentiels. C’est fou de parler de ça quand on parle de bébé, mais oui, c’est important pour beaucoup de Français.
Le taux de réussite aussi, la limite d’âge qui va être poussée au Portugal, on peut faire une fille jusqu’à 50 ans. En France, c’est 43 ans. En Belgique, on va autoriser des implantations d’embryons post-mortem, sous condition, bien sûr. Donc voilà, la législation qui va être plus souple, un système de santé aussi, parfois plus développé. Par exemple, là où je suis, aux États-Unis, j’ai plusieurs cas autour de moi qui ont souhaité faire une PMA en étant à New York.
Parce qu’ici on autorise les tests génétiques préimplantatoires, c’est interdit en France. Et puis les délais vont être peut-être plus courts dans le privé, et puis surtout moins de restrictions par rapport à l’orientation sexuelle. Et enfin, au Portugal, l’anonymat des donneurs peut être levé à la majorité de l’enfant. Lorsqu’on a un couple expatrié qu’on s’aventure dans ce parcours, on est isolé. Alors autant, parfois, ça peut être un problème d’être isolé de sa famille, de ses amis.
Est-ce que pour un couple qui vit cette aventure, l’isolement ne peut pas la protéger, finalement, cette fois ? Tu as tout à fait raison, Gauthier. L’APMA, on est sur un sujet qui, par essence, est de l’ordre de l’intime, donc on appréciera l’anonymat de l’expatriation. Parce que l’expatriation, par défaut, va apporter cette bulle au couple et puis va consolider la solidarité compensée par l’isolement dû à la distance. On est très solidaires dans un couple expatrié.
Donc finalement cette distance va protéger le couple, de quoi des intrusions extérieures, souvent des avis qui ne sont pas forcément sollicités. des conseils non plus pas sollicités, des jugements et souvent des questions. Mais c’est vrai qu’aussi, quand on vit dans un pays étranger, quand on a fait ce choix-là, on est face à du stress dû à l’inconnu. et qui va se rajouter au stress de la PMA, puisque avec la PMA on va devoir s’adapter à un milieu médical, on va devoir s’adapter à une situation qui n’a rien de naturel par définition, à un engagement du corps. On a énormément de tests qui vont être faits sur le corps, par exemple je pense aux injections, Et puis surtout, on va avoir du stress avec l’attente et l’incertitude.
Voilà, donc il faudra éviter la double peine de l’isolement due à la distance et de la solitude dans un parcours PMA. Il faudra sortir et en parler. Alors justement, quand on a pris la décision de se lancer dans une PMA, comment on en parle ? Oui, comment on en parle ? Alors quand on vit à l’étranger, là on a un super pouvoir, c’est qu’on voit peu nos proches, donc on va vraiment pouvoir décider, choisir à qui en parler et comment.
En revanche, ceux qui sont heureux élus, il faudra être pédagogue avec eux, il faudra approfondir sûrement le sujet, les informer de la procédure, mais surtout verbaliser le soutien qu’on attend d’eux. Ça peut être de l’écoute tout simplement, de la discrétion, qui nous fasse penser à autre chose. Au niveau du couple, comment le couple se prépare à vivre la PMA ? Alors oui, c’est très important pour le couple ou pour la personne en solo, d’avoir l’impression d’avoir une forme de contrôle, de pouvoir agir sur quelque chose qui la dépasse. Pour ça, on va essayer d’avoir un esprit sain, serein et positif, et on va pouvoir donner une notion de contrôle à notre mental qui aime tellement ça, en mettant en place par exemple un rétro-planning.
Dans ce rétro-planning, on pourra projeter les étapes médicales. Ça nous aide puisque ça nous donne une représentation très précise. Ça va nous permettre aussi d’avoir des discussions et des décisions avec son conjoint. Je pense par exemple aux embryons qui nous restent après implantation. On va pouvoir aussi préparer les actions logistiques en fonction du déroulement du protocole, vérifier les agendas professionnels et personnels.
on va pouvoir aussi réfléchir aux ressources psychologiques et relationnelles, par exemple le réseau d’aide, mais aussi des accompagnements thérapeutiques. Justement sur la partie psy, c’est un parcours qui est plein d’attentes, de coups de théâtre, de bode et de mauvaise nouvelle. Comment on s’y prépare sur un point de vue psy ? Oui, la PMA elle regorge d’émotions qui sont très fortes. La première, c’est le stress évidemment, parce que le stress d’un parcours PMA est très élevé puisqu’il induit un engagement qui pourrait impacter toute la vie de la personne.
Il faut imaginer que l’enjeu est considérable, avec une issue totalement incertaine. À la fois, notre présent est bouleversé, c’est-à-dire au niveau de notre corps, de nos émotions, de notre vie de couple, de notre vie professionnelle aussi. Mais en plus, notre futur est déterminé par l’issue qui peut être à la fois dans sa version désirée, mais aussi quand ça ne marche pas, dans sa version redoutée. On va avoir aussi souvent un sentiment de culpabilité. Il y a une idée qui est répandue et qui fait énormément de dégâts, c’est que finalement, la fertilité, c’est dans la tête.
Il y a toujours quelqu’un qui a une idée plus forte que l’autre en disant, si tu y voulais un petit peu, tu y arriverais. Exactement. Ou plutôt, si tu n’y pensais pas, ça arriverait tout seul. Tu bloques.
Quand on fait le choix de l’expatriation, on peut se sentir d’autant plus coupable parce qu’on s’est confronté à tout un tas de changements, avec tout plein de bouleversements dans notre vie.
Cette culpabilité-là, on va pouvoir l’alléger en acceptant la situation. Le mantra du lâcher prise, qui est « n’y pense pas, ça ira tout seul », il est impossible. En revanche, on pourra travailler sur comment y penser. Là-dessus, on pourra travailler à la fois sur nos pensées, c’est-à-dire notre réflexion, notre intelligence, mais aussi nos émotions, ce qu’on ressent, et puis notre ressenti, c’est tout ce qui va être physique. Ces trois choses-là sont bien mal pendant l’APM, mais elles sont interconnectées.
Ça veut dire que si j’agis sur soit mes pensées, soit mes émotions, soit mon physique, ça peut influencer sur les deux autres. On va penser par exemple à améliorer son hygiène de vie. faire du sport, bien manger, on va pouvoir cultiver des états de ressources. Alors là c’est à la carte, c’est en fonction des affinités de chacun, il y a l’hypnose, il y a la sophrologie, la méditation. Et puis évidemment avec l’accompagnement psychologique, on va pouvoir aussi travailler sur nos réflexions, nos blocages et nos émotions qui vont avec.
Margot, j’ai bien conscience qu’en dix minutes, on ne peut pas faire le tour de ce sujet. Par contre, toi, tu as connu cette aventure. Aujourd’hui, tu te mets à disposition des auditeurs de la radio des Français dans le Monde. S’ils ont une question, s’ils sont déjà en plein parcours et qu’ils ont besoin d’un petit coup de main, le contact dans ce podcast est disponible pour pouvoir t’appeler et pour échanger avec toi. On rappelle que tu es sur le fuseau horaire de New York, mais c’est relativement facile aujourd’hui.
Beaucoup d’autres thématiques, beaucoup d’autres développements, beaucoup d’autres législations sont en discussion. En France, on a encore beaucoup de travail sur ce sujet. Oui, mais ce qui est intéressant, c’est que c’est en réflexion. Ça avance. Avec la loi de la PMA pour toutes, on a vu que la société française était prête à se remettre en question.
Le prochain, je pense, grand travail, ça va être la GPA, qui est la gestation par autrui, évidemment, qui est en faveur des couples homosexuels, c’est-à-dire deux hommes. Pour l’instant les couples homos en France vont faire aux USA ou anciennement en Ukraine ou au Canada parce qu’en France on ne peut pas. Pour l’instant, en France, on ne peut pas. Il y a encore beaucoup d’autres sujets qui sont en discussion. Ayons un peu confiance en l’avenir.
Margot est à votre disposition. Merci d’avoir répondu à mes questions sur ce sujet. Un vrai, beau sujet, rarement exploité. En tout cas, c’est la première fois que je le fais sur l’antenne. Merci beaucoup pour ces minutes que tu nous as accordées, pour le temps de préparation également, pour être claire et concise en quelques minutes.
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