L’Expatriation des ados vue par Chloé, 16 ans

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Dans le cadre du dossier spécial « Les Ados & l’Expatriation » proposé par
Francaisdanslemonde.fr avec le soutien des experts d’Expat Pro et le parrainage d’Expat Student, le Spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada, nous explorons une question intrigante : comment l’expérience de l’expatriation influence-t-elle la vie et l’identité des adolescents ? Pour répondre à cette question, nous avons eu la chance d’entendre le témoignage de Chloé, une jeune fille de 16 ans qui a vécu dans plusieurs pays avec sa famille. Depuis Nairobi, au Kenya, Chloé partage ses réflexions sur les défis et les opportunités que présente une vie de déplacements constants.

Chloé est née à Barcelone et a vécu dans divers endroits tels que la France, l’île Maurice et maintenant le Kenya. Elle incarne une jeunesse ouverte sur le monde, capable de s’adapter rapidement à de nouvelles cultures et de maintenir des relations à distance avec des amis établis dans différents pays. Sa capacité à embrasser le changement et son enthousiasme pour l’apprentissage de nouvelles langues et cultures font d’elle une invitée fascinante pour cet épisode. Elle envisage même un avenir dans des domaines tels que l’humanitaire ou la politique, où ses expériences multiculturelles pourraient être un atout majeur.

Au cours de l’épisode, Chloé discute des aspects positifs et négatifs de l’expatriation. Bien que les déménagements fréquents puissent être difficiles, elle souligne les avantages de découvrir de nouvelles cultures et de développer une adaptabilité précieuse. Elle évoque également le rôle des réseaux sociaux dans le maintien des amitiés à distance. Cet épisode offre un aperçu précieux sur la manière dont l’expatriation peut enrichir la vie des adolescents, tout en posant des défis uniques.

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Podcast n°2401 (janvier 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

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Chapitrage de l’épisode :

00:00:02 – Introduction et présentation du dossier
00:00:36 – Rencontre avec Chloé depuis Nairobi
00:01:18 – Parcours de vie et adaptation
00:02:12 – Arrivée en France et découverte de l’hiver
00:03:11 – Annonce du déménagement à l’île Maurice
00:04:30 – Arrivée à l’île Maurice en période de Covid
00:05:36 – Départ pour le Kenya
00:06:36 – Difficultés d’adaptation au Kenya
00:07:33 – Activités extrascolaires et vie sociale
00:08:48 – Perspectives futures et carrière
00:10:00 – Choix de prochaines destinations
00:10:52 – Encouragements pour l’expatriation
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Transcription de l’épisode :

La Radio des Français dans le Monde présente le dossier spécial Les ados et l’expatriation parrainé par Expat Students, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.
On ne peut pas faire un dossier sur les ados sans les écouter, sans les avoir au micro de la radio des Français dans le monde. Sophie m’a proposé d’échanger avec sa fille, Chloé, à 16 ans. On la retrouve depuis le Kenya. Nous sommes à Nairobi. Ça fait un an et demi que Chloé vit là-bas avec la famille.
Il y a une petite sœur et un petit frère, la plus grande de la fratrie. Chloé, bonjour. Bonjour. Alors toi, on a papoté un peu avant le lancement de ce podcast. Toi, la vie est belle.
Toi, tu veux découvrir le monde, tu veux bouger. Tout ça te va bien, finalement ? Oui, exactement. Moi, j’aime bien découvrir des nouvelles choses, des nouvelles cultures et m’ouvrir au monde. Et tu crois que tu es quelqu’un de différent par rapport à un autre ado de ton âge qui aurait vécu toute sa vie en France ?
Oui, je pense que je suis plus ouverte et j’ai plus cette capacité d’adaptation puisque j’ai l’habitude de bouger. Et je sais aussi garder des relations à distance parce que j’ai des amis un peu partout maintenant et donc on garde contact. On va revenir sur ce parcours. Toi, tu es née en Espagne, à Barcelone. Tes parents sont en expatriation et vont pour le travail bouger, même en Espagne, assez régulièrement.
Alors, changer de chambre, changer de pote, changer un peu ton quotidien. Toi, c’est ton quotidien depuis toujours, en fait. Oui, exactement. Depuis ma naissance à Barcelone, on a bougé à plein d’endroits, que ce soit en Espagne, en France, à l’île Maurice. J’ai l’habitude de changer de maison.
Pour le CE1, les parents rentrent en France et tu vas y rester jusqu’en sixième. Alors là, tu es dans un petit village dans les Alpes. Le temps de l’Espagne et la météo dans les Alpes, ce n’est pas pareil. Tu découvres l’hiver. Tu ne connaissais pas l’hiver avant.
Ouais c’est ça un peu, j’ai des vagues souvenirs de connaître la neige déjà mais pas vraiment toute l’ambiance qui accompagnait avec parce qu’on y allait pour une seule journée, là c’était tout l’hiver. Mais oui, je me souviens que j’ai eu très froid au départ pour m’habituer. C’était quelque chose, mais j’étais quand même super contente de découvrir le ski, tous les sports d’hiver finalement. Et de te rapprocher aussi de la famille parce qu’il y a les grands-parents, il y a des gens aussi que tu peux voir plus facilement que quand tu es à plusieurs centaines ou milliers de kilomètres. Ouais, exactement.
Mes grands-parents venaient déjà me voir en Espagne régulièrement. Mais là, vu qu’on était en France, on se voyait à chaque vacances. Alors un jour, tes parents vous emmènent, vous allez manger une fondue en plein milieu de la neige. Et à la fin de la fondue, ils vous annoncent que vous allez partir à l’île Maurice. Tu te souviens de ce jour-là ?
Moi j’ai beaucoup aimé parce que je n’y attendais pas du tout. C’était une surprise, une grande surprise. Normalement c’était juste une journée au ski pour aller profiter. Et on se poche déjà, grande surprise puisque les parents sortent un appareil à fondu, ce qui n’est pas du tout commun sur la piste de ski. Donc c’était déjà joie générale et en plus à la fin la plupart de la famille était contente, on était quand même ravis de la situation et de notre expatriation.
Mais sauf mon frère qui lui était très triste de partir. de Salanches, donc le village où on était. Et il a pris ses skis et il s’est en allé. Donc mon père a dû le suivre après. Ah merde !
Alors toi, très contente. Première question, on part quand ? Moi, j’aurais dit, ne sachant pas où se trouve l’île Maurice dans le monde, j’aurais dit on va où ? Mais non, la première question, toi, c’est on part quand ? J’avais hâte de partir.
J’étais prête. Deuxième question qui t’arrode, c’est le déménagement. Comment ça va se passer ? Et troisième question seulement, c’est où ? Alors là, tu découvres que c’est une petite île.
Tu vas faire les au revoir aux amis que tu as, parce qu’en sixième, on commence à avoir des potes à l’école. Tu dis les au revoir. Ça te va bien, finalement, de dire je vais continuer une expérience ailleurs. Tu pleures ou ça va ? À la fin de ma sixième ou de mon dernier tour, j’ai quand même beaucoup pleuré, oui, parce que je tenais quand même à mes amis.
Mais vu que j’étais certaine qu’on garderait contact, ça allait mieux. À 11 ans, tu arrives à l’aéroport de l’île Maurice et là tu découvres qu’il fait chaud. Il fait très chaud et très humide. Vous allez commencer par une quarantaine, on est dans la période du Covid et puis les mois vont passer. Tu t’habitues pas mal, tu vas à l’école du centre parce qu’elle est dans le centre de Lille.
Ouais, exactement. Et mon premier jour, c’était quelque chose parce que j’arrive, j’étais pas prête, on arrive en retard, je m’en souviens, et la cloche avait déjà sonné. Je détestais les uniformes qu’on avait et c’était quelque chose. Tous les élèves ont fait une ronde autour de moi et j’ai passé 30 minutes très anxieuse en plein milieu de la ronde. Ça fait flipper.
Oui, j’ai eu très très peur. C’est quoi, c’est une tradition pour l’accueil d’un nouveau ? Je ne sais pas, non, parce qu’on n’a pas eu d’autres nouveaux accueillis. Super accueil, super. En 2023, Rebelote, cette fois-ci, c’est une installation au Kenya.
Alors là, on ne va pas se cacher. Tu es optimiste et positive, mais ça a été dur et ce n’est pas non plus la destination de tes rêves aujourd’hui. Exactement. Ouais, c’était Moins bien que les autres destinations. J’avais des amis à Maurice que je ne voulais pas quitter.
Surtout quand je suis arrivée au Kenya, c’était un peu plus compliqué. Donc j’étais très nostalgique de Maurice et je voulais rentrer à tout prix. Ouais, tu as même proposé à tes parents de retourner solo sur l’île Maurice. Exactement. J’avais prévu d’habiter chez ma meilleure amie et ses parents étaient d’accord.
Donc tout allait bien. C’est juste les parents pas… Sauf qu’à 15 ans, peut-être que oui, c’est ça. Alors tu as une vie sociale très animée. Tu donnes des cours parce que du coup, tu maîtrises plusieurs langues.
Donc tu donnes des cours aujourd’hui. Tu fais du théâtre. Tu fais le ciné club et tu vas aussi passer des heures dans un orphelinat. C’est incroyable. C’est quoi ce dynamisme que tu as ?
Tu t’ennuies pas toi ? J’aime beaucoup faire plein de trucs. J’aime bien être bien stimulée pendant la semaine. Donc, en plus des cours comme ça, ça me fait d’autres trucs et d’autres expériences. Mais aussi, le Kenya, c’est quand même plus simple pour faire des activités extrascolaires.
Pas facile à dire. Parce que à l’école, on a plein d’activités disponibles. Et en plus, pour apprendre un instrument de musique ou faire un sport à côté, c’est super simple. À la limite, t’attends que tes parents te disent on repart et on va à tel endroit. Vous en avez envie, en fait.
Oui, c’est ça. Moi, j’ai très hâte de partir. J’espère qu’à la fin de l’année, on pourra repartir quelque part d’autre. D’ailleurs, tu devrais bien bosser soit dans l’humanitaire, soit dans le droit, soit dans la politique. Alors choisir, c’est quand même trois métiers assez différents.
L’humanitaire, ça pourrait t’amener à pas mal voyager, tu sais. Oui, c’est pour ça aussi que j’hésite avec ce métier là. J’ai toujours hésité sur ce que je voulais faire quand j’étais petite. Donc même là, on voit que je n’ai toujours pas fait le choix. Mais je suis quelqu’un d’assez hésitante quand même.
Ton rapport à la France, tu sais un peu ce qui se passe dans ce pays. Là, les changements de gouvernement, tu suis l’actualité, tu écoutes un peu la radio ? J’aime beaucoup m’intéresser à ce qui se passe en France parce que c’est quand même là où je vais aller faire mes études plus tard. Et avec le lycée français, on est quand même assez reliés à ce qui se passe en France, aux actualités. Donc on est au courant de tout ce qui se passe, on se renseigne.
Et ces fameux réseaux sociaux aujourd’hui, quand on est ado, mais qu’on parcourt le monde, on a des petits bouts d’amis un peu partout ? Oui, c’est ça. J’ai des amis encore, j’ai des relations à distance de partout où j’ai vécu. Et donc, je les revois dès qu’on part en vacances là-bas. Chloé, c’est très drôle parce que j’ai quand même l’impression que tu vois les choses vraiment de façon très optimiste et avec le sourire et que tout va bien.
Ça te saoule jamais de déménager, de recommencer à zéro, d’apprendre une nouvelle langue, de découvrir de nouvelles cultures ? Ça te va ou de temps en temps, ça te fatigue ? Ça dépend, parce que par exemple pour les déménagements, moi j’aime bien, ça permet de faire le tri. Et puis c’est drôle de vivre trois mois sans affaires. C’est un peu l’aventure.
La nouvelle langue, par contre, là je suis complètement d’accord, je suis quelqu’un d’assez anxieux. Donc pour ce qui est de communiquer avec une nouvelle langue, ça, je préfère juste devenir muette en fait. Ah ouais, phase d’observation, sauter, j’écoute et… Ah oui, mais j’ai dit à mes parents que je ne voulais pas parler anglais quand j’arrivais au Kenya. Et le Kenya, c’est un pays anglophone.
Donc je leur ai dit que je ne parlerais pas pendant ces deux ans, enfin ces trois. Donc voilà. Mais bon, du coup, j’ai dû parler à un moment donné dans ma vie. Mais on évite quand ils sont là quand même. Parce que bon, faut le payer, c’est quoi.
Et là, par exemple, si tu pouvais partir, c’est toi qui choisis. Maintenant, on va inverser les rôles. C’est plus les parents qui choisissent. C’est toi qui choisis où la famille va aller se poser. Tu partirais bien où ?
Ah, je ne sais pas, il y a beaucoup de pays qui me diraient. Je dirais non, parce qu’on n’est pas du tout à vivre en Amérique, donc ça, ça m’intéresserait, pourquoi pas ? En Amérique du Sud, en Amérique du Nord, ou même en Asie ou en Indonésie. Tout te va, toi. Oui, exactement, même le Groenland à Londres.
Et il n’y a aucun endroit où ça t’angoisserait d’aller ? Tu peux tout faire. L’Afghanistan, peut-être. D’accord. A priori, ce n’est pas dans les plans, Sophie, mais on n’en a pas parlé.
En tout cas, merci pour ce témoignage. On sait, l’adolescence, c’est une période. Toi, tu es plutôt une adolescente tranquille ou un peu rebelle, quand même, de temps en temps ? Rassure-moi. Je dirais tranquille, même si bon, on a tous des périodes.
Il faut demander à mes parents pour. Ça, je ne peux pas dire. Si ta mère m’a envoyé au micro de la radio, c’est qu’a priori, elle s’attendait à ce que ça se passe plutôt bien. Je pense aussi. Et pour les autres ados qui vont écouter ce podcast et qui vont dire, ah là là, mes parents ont envie de bouger, mais moi, je n’ai pas envie de tout changer tout ça.
Qu’est ce que tu ferais comme réclame, comme pub pour dire l’expatriation, c’est vachement cool. Je leur dirais que Des fois, c’est difficile, on n’a pas envie de bouger, mais en même temps, c’est quand même trop bien. On découvre plein de gens. Et puis, même le fait d’être à l’étranger, de vivre à l’étranger, c’est de l’adaptation et c’est même un truc que tu peux mettre sur ton CV. Donc, tu vis et ça donne des points.
C’est pas mal. C’est top. Merci beaucoup, Chloé. Tu embrasseras toute la famille. Peut-être qu’il y a une fondue ce soir pour vous annoncer que vous allez partir au Groenland.
Je ne sais pas. Merci en tout cas d’avoir témoigné. Et alors bravo pour cette aisance au micro. C’est incroyable. Merci.
À bientôt. À bientôt. Les ados et l’expatriation en partenariat avec les experts du réseau Expat Pro. Dossier parrainé par Expat Student, le spécialiste des candidatures pour les universités au Royaume-Uni, en Europe et au Canada. expatstudent.fr.
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