Notre invitée, Céline Plotitza, est une traductrice expérimentée et partenaire de Expat Pro. Originaire de Lorraine, elle a un parcours fascinant qui l’a menée à travailler étroitement avec l’Allemagne, un pays qu’elle affectionne particulièrement. Son mari, d’origine ukrainienne, ajoute une dimension multiculturelle à son expérience, lui permettant de naviguer avec aisance dans plusieurs contextes linguistiques et culturels. Céline a fondé sa propre agence de traduction, traduscript.com, et elle est passionnée par le fait de rendre les langues accessibles à tous.
Dans cet épisode, nous discutons des nuances de la traduction et de l’importance de comprendre le contexte culturel derrière les mots. Céline partage son expérience de vie en tant qu’expatriée en Allemagne, Turquie, Autriche, et Hongrie, et comment ces expériences ont enrichi sa perspective professionnelle. Nous abordons également les besoins croissants en traduction dans des langues moins courantes, notamment celles de l’ancien bloc de l’Est, et comment son agence s’adapte pour répondre à ces demandes. Enfin, Céline nous parle des défis et des joies de gérer une entreprise de traduction, où l’expertise linguistique et culturelle est essentielle pour offrir un service de qualité.
Besoin d’un traducteur ? Tendez l’oreille, j’ai quelqu’un pour vous, Céline Plotidza, ou un nom qui vient du mari d’origine ukrainienne, on va en parler, partenaire de Expat Pro, on va donc se plonger dans les langues. Céline, bonjour et bienvenue.
Félicitations, t’as bien prononcé le nom à la première énonciation. Je me suis lancé, j’y suis allé calmement, mais je l’ai fait, merci. Ça a bien marché. Alors tu es originaire de Lorraine. En effet, ton mari, je viens de le dire, a des origines ukrainiennes.
On parlait un peu hors antenne, même si ça remonte trois générations auparavant. Toi qui travaille beaucoup avec l’Allemagne, qui a une passion pour l’Allemagne, ton mari avec l’Ukraine, drôle de monde dans lequel on vit aujourd’hui. Malheureusement, on peut rappeler ça une histoire sans fin, même si évidemment, ce n’est pas ce qu’on souhaite. On ne peut que comme tous espérer qu’avec raison et assez rapidement on trouve un terrain d’entente. ça n’empêche que moi je reviens dans le domaine de la traduction et ça nous permet aussi sur le plan linguistique d’aider des gens parce que comme dans toute situation nouvelle il y a des besoins nouveaux aussi qui arrivent et là en l’occurrence c’est vrai que les besoins ne serait-ce que vers le russe ou du russe, vers l’ukrainien ou vers le français n’ont jamais été aussi nombreux donc on s’attelle aussi à oeuvrer dans ce contexte.
Et on espère que tout ça va s’améliorer avec le temps. On revient sur ton parcours avec des études germanistiques à Nancy. C’est vrai que géographiquement, l’Allemagne n’est pas loin. Tu y vas régulièrement. Une curiosité, les marchés de Noël, cette ambiance allemande.
Très souvent sur cette antenne, quand on parle de Français qui vivent en Allemagne, on rappelle à quel point le pays est proche et différent. Oui, c’est vrai. Il y a un petit filtre de façade où le premier contact n’est pas forcément hyper chaleureux. Une fois que le premier contact est passé, que le voile est levé, pour être très honnête, les meilleures fêtes que j’ai faites, que ce soit avec ou sans bière, ça a toujours été en Allemagne. Donc bon, il n’y a jamais de fumée sans feu, donc évidemment il y a une certaine réputation, mais il y a quand même un gros préjugé à démentir, parce que très honnêtement, une fois que le contact est établi, ça se passe bien.
Ça se passe même très très bien. Il y a malheureusement pour tous les peuples des images d’épinal, et les Français sont spécialistes pour coller des étiquettes en plus. Oui, on peut aussi balayer devant notre porte. Est-ce que les allemands sont aussi critiques et caricaturaux envers nous ? Oui, il y en a beaucoup et d’ailleurs moi qui suis de formation universitaire, il y a eu beaucoup d’études qui ont été faites justement sur les relations interculturelles franco-allemandes, beaucoup de choses de mémoire, de choses comme ça sur la collaboration française-allemande en entreprise sur tel et tel niveau et évidemment chacun a ses propres déclarations à faire mais encore une fois c’est justifié et puis à la limite c’est normal, c’est normal.
Nos deux pays se sont serrés la main officiellement il y a quelques années. Il y a une vraie dynamique entre l’Allemagne et la France. Nos peuples s’entendent, on n’est pas toujours d’accord sur tout, mais ça se passe bien. Ça se passe, oui, ça ne s’est jamais aussi bien passé. Avec les nouveaux dirigeants d’un côté et de l’autre, on va dire qu’à priori ils sont un petit peu moins sur la même ligne, mais c’est vrai que sur le tandem précédent, et puis la chancelière Merkel était quand même quelqu’un, un personnage auquel il faut accorder le crédit qu’elle mérite.
Et son prédécesseur aussi, Cole, je me souviens de cette image, c’était magnifique. C’est vrai, il y a 20 ans, tu t’installes en Allemagne, à Starbuck, mais tu bosses chez Castorama, qui a décidé d’ouvrir des magasins. Tu as donc l’occasion de te promener un peu dans toutes les grandes villes d’Allemagne pour ses ouvertures. D’ailleurs, mauvaise stratégie, ça n’a pas marché, ces magasins de bricolage. Les Allemands sont très forts en bricolage.
Ils sont arrivés sur un terrain commercial qui était déjà bien implanté.
Ils se sont cassés les dents. Ils sont restés quelques années. Effectivement, on était une belle équipe française de jeunes diplômés, plein d’énergie, etc. à suivre cette implantation pendant 4-5 ans, avec 5-6 lieux différents. Une belle dynamique.
Et puis après, la réputation de bricolage et de rigueur allemande a eu raison des ambitions outre-Rhin de Castorama, qui est rentrée chez lui. Après cette expérience avec ton mari, vous allez vivre la Turquie, l’Autriche, l’Hongrie. La Hongrie, pardon, j’ai fait une liaison un peu mal à propos. Je fais attention à mes mots puisque t’es quand même une experte de langue. Même si maintenant on revient beaucoup sur le H aspiré, mais je crois que.
La Hongrie, il faut quand même le garder. Retour en France en 2012 jusqu’en 2018. Quand on vit l’expatriation et qu’on remet les pieds dans son pays d’origine, c’est une vraie nouvelle expatriation aussi ? C’est comme ça que tu l’as vécu ? Alors, je ne l’appellerai pas comme ça, mais effectivement, il y a un réel décalage quand on rentre en France, parce qu’on revient avec…
et tout le monde en parle, tout le monde en parle, et ça fait l’objet aussi de beaucoup de discussions. Le retour est beaucoup plus difficile que le départ, parce qu’on revient effectivement un petit peu lavé à neuf, avec beaucoup de choses, beaucoup d’étoiles dans les yeux, beaucoup de choses dans le cœur à vouloir raconter. Et en fait, on se rend compte que la plupart s’en fichent. Un décalage entre ce que tu as vécu et ce que les autres ont vécu en France. Moi je l’ai bien vécu, je me suis vite réadaptée, mais je conçois qu’il y a beaucoup de gens qui le vivent mal et ça fait l’objet de suivis.
Il y a des gens qui sont spécialisés après en coaching, en accompagnement, etc. Parce qu’effectivement, rentrer, la manière qu’on a de s’exprimer sur toute notre expérience, sur toute notre vécu, peut être assez mal perçu par ceux qui sont restés là et qui n’ont pas de grandes nouveautés à faire savoir. C’est un sujet délicat, c’est touchy le retour. Et on a beaucoup de podcasts sur ce sujet. C’est vrai que c’est un vrai sujet.
Ça m’étonne pas. Au bout de six ans, tu décides quand même avec ton mari de te réinstaller à l’étranger, direction l’Autriche. Tu es à Vienne, une ville qui vient d’être élue la ville la plus agréable au monde. Tu m’as dit qualité de vie, rythme, cette ancienneté de l’empire qui reste toujours présent. Il y a Sissi, il y a les palais, il y a les jardins, il y a les calèches.
Ça, c’est pas une image d’épinal cette fois-ci, c’est vrai. Alors ce n’est pas une image d’Espinal, c’est une image de Vienne, d’Autriche en particulier, et puis au-delà de l’aspect architectural, il y a une proximité. Alors ce n’est pas la mer, ce n’est pas l’océan, c’est le Danube, c’est des canaux, c’est des bras qui ont été construits pour préserver la ville des inondations.
Ils sont très astucieux les autrichiens, enfin voilà. Et donc on a une proximité à 10 minutes, on sort de la ville, alors que la ville est une grande ville, on a l’impression que c’est une petite ville, mais en fait Vienne c’est 4 fois plus grand que Paris. Donc ça, on ne le sait pas, mais c’est quatre fois la superficie de Paris. Et en fait, en dix minutes, on sort de la ville. Alors, il y a un réseau de transports en commun à faire rêver, mais vraiment rêver, beaucoup de grandes villes.
Et on est à l’extérieur et on est dans le verre, on est au bord de l’eau, on est en contact direct avec la nature. Enfin, il y a vraiment une faune et une flore accessible très facilement et c’est la ville championne pour les cyclistes. Donc moi je suis en plein centre-ville, je n’ai pas de voiture et je fais tout à pied, en trottinette, à vélo ou en transport en commun. C’est un vrai bonheur. Et dans de beaux appartements avec une belle hauteur sous plafond que tu as qualifié tout à l’heure d’un nom mais que je n’ai pas retenu.
Alors, c’est un terme allemand, ça s’appelle Altbau. En fait, ça veut dire les vieilles constructions, ça veut dire les vieux immeubles, mais des immeubles qui ont une hauteur de plafond de 4 mètres, 4,50 mètres. Donc, ça donne effectivement une atmosphère à l’appartement assez particulière. Par contre, pour acheter des rideaux, il faut avoir les moyens. La hauteur de rideau est compliquée.
Alors, tu as toujours été traductrice, mais en 2012, tu décides de te lancer à ton compte. Ça y est, c’est parti pour ta société qui s’appelle traduscript.com, agence de traduction dans toutes les langues, alors l’allemand, l’anglais, l’espagnol et toutes les autres combinaisons linguistiques. Avec le temps, tu as formé une équipe, une équipe de gens qui possèdent, tu m’as dit, le background culturel, parce que traduire, c’est une chose, mais il faut comprendre ce qu’on raconte. Il faut comprendre ce qu’on raconte et puis de toute façon, la langue est pleine aussi, elle est ambivalente et puis elle a plein de sous-entendus. Donc effectivement, ça passe par des structures, ça passe par des mots qui vont rester, on va dire, correlles grammaticalement mais qui peuvent apporter des notions, des sous-entendus, des choses comme ça.
Chez TraduScript, effectivement, tous mes collaborateurs sont de langue maternelle, c’est-à-dire qu’ils ne traduisent que dans leur langue maternelle. Moi, je suis française et je continue à traduire, même si j’ai cette double casquette de responsable d’agence et de traductrice, mais je continue à traduire, donc je traduis toujours vers le français. et mes collaborateurs, en fonction de leur nationalité, vont traduire dans leur langue maternelle. Ça ne les empêche pas d’avoir plusieurs combinaisons linguistiques, c’est-à-dire qu’ils peuvent partir de l’italien, du tchèque, enfin bon, je prends des langues un petit peu aux antipodes, etc. Mais s’ils sont anglais, ils vont traduire vers l’anglais.
Voilà, c’est vraiment la devise, on va dire, du traducteur professionnel. Et quelle est la cible type de tes clients, des particuliers, des professionnels ? J’ai beaucoup de professionnels et j’ai été ravie de diversifier mes clients une fois arrivés en Autriche. Les clients autrichiens demandent beaucoup d’anglais mais malgré tout ils ne s’adressent pas au même public. à la localité, donc en fait moi je travaille en Autriche pour les entreprises sur des combinaisons linguistiques différentes, c’est-à-dire avec beaucoup plus de langues, on va dire anciennement du bloc de l’Est.
Quand j’étais en France, on me demandait traditionnellement, c’était pas pour me déplaire non plus, mais plus l’espagnol, l’italien, de temps en temps il y avait des clients qui voulaient s’aventurer vers le nord, donc le suédois, les choses comme ça a été demandé. Et en Autriche, on va beaucoup être sur les langues telles que le tchèque, tel que le polonais, tel que le hongrois, tel que… Enfin voilà, on se décale un petit peu vers l’est. Donc ça, c’est pour tous les clients et les entreprises, c’est-à-dire je travaille beaucoup beaucoup avec des professionnels. Et puis, la partie privée que j’aime beaucoup, parce qu’on fait des chouettes rencontres, on suit un petit peu les gens aussi, les privés dans leurs déplacements, etc.
C’est plus consacré aux étrangers, aux expatriés qui sont sur des projets de voyage et qui ont besoin de faire traduire de manière officielle. Quand on parle de traduction assermentée ou certifiée conforme, c’est des traductions officielles demandées par les universités. pour les visas, pour les inscriptions à l’école, pour les enregistrements, un petit peu partout. Et là, effectivement, il faut qu’on travaille avec des traducteurs qui sont certifiés et qui ont prêté serment auprès de cours d’appel en fonction de leur pays. Voilà.
Et donc ça, c’est toute cette offre qu’on offre le plus souvent à des privés, parce que les entreprises demandent moins de certifiés. Au plaisir de se retrouver pour parler de ces sujets ou d’autres sujets encore. A bientôt sur la radio des français dans le monde. Merci pour cette interview, j’ai beaucoup apprécié Gauthier.
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