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Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous invite à explorer le parcours fascinant de Corentin Biette, fondateur « Le Café du FLE ». Comment une enfance en Bretagne avec une vue sur mer et une passion innée pour les langues ont-elles conduit Corentin à créer une plateforme dédiée à l’enseignement du français à l’échelle mondiale ? Cette question nous amène à réfléchir sur les chemins inattendus que peut prendre une carrière internationale, surtout lorsqu’elle est animée par une passion sincère pour la culture et la langue françaises.
Corentin Biette est un entrepreneur français dont le parcours est marqué par une riche expérience internationale. Né dans le Morbihan, ayant grandi dans le Finistère, Corentin a été influencé par ses parents, médecins ayant travaillé en Corée. Son goût pour l’entrepreneuriat et les langues l’a mené à explorer divers horizons, de Madrid à Londres, en passant par le Brésil et le Panama. En 2009, il fonde « Le Café du FLE« , une plateforme qui réunit des milliers de professeurs de français à travers le monde, et qui vise à promouvoir l’enseignement du français langue étrangère (FLE) grâce à des ressources technologiques et des interviews enrichissantes.
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Chapitrage de l’épisode :
Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gauthier Seys et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Corentin Biette. On parle de son média Le Café du Fle. Un pied en Bretagne, un pied à Rabat pour faire du surf. La vie est belle.
Bonjour Corentin. Bonjour Gautier ! Alors c’est vrai qu’on s’est vus dans la vraie vie, dans le cadre des rencontres mondiales flammes. Tu me disais d’ailleurs en préparant cette interview, peut-être que si on ne s’était pas vus en vrai, on ne serait pas là aujourd’hui. Un peu de réel, après ce monde qui a été sous cloche pendant la pandémie, ça fait du bien quand même.
Et oui, un peu de réel, le plaisir de se rencontrer pour de vrai. Et puis, on a pu planifier ces interviews. C’est une bonne idée. En effet, puisqu’on va présenter le Café du FLE aux auditeurs de la radio dans le monde. C’est la plus grande salle de prof de français du monde.
On va y rentrer dans quelques instants. D’abord, un mot sur ton parcours. Toi, tu es né dans un beau village du Finistère avec vue sur mer. Voilà, j’ai grandi dans un petit village du Finistère qui s’appelle Poulouganou. J’étais né à Vannes, c’est aussi en Bretagne, mais un petit peu plus au sud, dans le Morbihan.
C’est un village un petit peu entre la campagne et la mer. Il y a des plages, il y a déjà l’occasion de faire du surf, et puis un lien avec la nature. Cette région de la Bretagne s’appelle le Trégor, c’est très naturel. Alors ensuite tu fais tes études à Brest, puis à Nantes, et là va commencer l’aventure dans l’international. Alors l’international dans la maison, c’est pas très étonnant.
Tes parents étaient déjà médecins en Corée. Il y avait pour toi une passion des langues. L’international traînait dans ton quotidien. C’est vrai que mes parents ont voyagé en Corée. Ils ont travaillé là-bas comme médecins.
Ensuite, ils se sont installés en Bretagne et on a eu l’occasion, par exemple, lors de voyage en vacances déjà, de partir un petit peu à l’étranger. Dans ma famille, un certain nombre de gens avaient épousé des gens de l’autre côté de la frontière, de l’autre côté des Pyrénées, en Espagne. Donc, j’avais des liens déjà avec le voyage et peut-être que ça a commencé par ça. Alors, tu te retrouves avec Madrid, puis un stage à Londres. Tu finis tes études au Brésil et ensuite, on te propose un veilleux au Panama.
Bon, évidemment, je fais un peu vite tout ça, mais pour montrer que tu t’es un peu promené, tu as quand même le goût de l’entreprenariat. Tu vas faire une école d’entreprenariat et même un peu prof aussi. Cette envie d’entreprendre, tu vas le concrétiser il y a 14 ans avec la création de ta boîte. Tu trouves que le sujet de la langue française est passionnant ? Oui, je trouve que c’est passionnant.
Alors souvent, quand on lance son projet, on essaye de trouver une correspondance entre qui on est et ce qu’on peut faire et ce dont les gens ont besoin. Et justement, lors de ce VIE, je commence à rencontrer le monde des alliances françaises, le monde des professeurs de français. Et je me dis, mais qu’est-ce qu’un profil un peu ingénieur, entrepreneur pourrait apporter à ce monde de la langue française ? Et en fait, j’ai créé le Café du Fleu, d’une part pour proposer de la technologie, apporter des outils technologiques de mesure des langues, d’apprentissage des langues autour de la langue française. Et puis aussi, pour dire le fait que c’était une chance d’être nouveau, d’être novice dans un secteur.
Parce que quand on est passionné par quelque chose, qu’on est attiré, on peut commencer par prendre des cafés avec les professionnels de l’enseignement des langues, c’est-à-dire les profs. Et j’ai bu un nombre assez incalculable de cafés. Et petit à petit, j’ai réalisé 400 ou 500 interviews de professeurs de français dans le monde, de diplomates, d’ambassadeurs, d’attachés de coopération pour le français, d’élèves, de directeurs de centres, et ils m’ont parlé de leur métier, et je me suis dit que ce serait une bonne chose de jouer collectif, c’est-à-dire de… de retranscrire tout ce que ces personnes me disaient et de les repartager sur un site. Et comme on prenait un café ensemble, j’ai appelé ça le café du FLE, le café des professionnels du français et parfois du français à langue étrangère.
Alors le FLE, français langue étrangère. Je parlais tout à l’heure de la rencontre FLAM, qui est français langue maternelle. En gros, toi, tu te passionnes pour tous ceux qui veulent apprendre le français quand ils ne le sont pas eux-mêmes. Selon l’Organisation internationale de la francophonie, 51 millions de personnes dans le monde apprennent le français. Un gros Oui, il y a beaucoup de gens à apprendre le français.
C’est une langue de la diplomatie, c’est une langue des échanges économiques, c’est une langue de la culture. Et puis la France a un fort pouvoir d’attractivité. Ça va être par son cinéma, ça va être par sa gastronomie, ça va être par la variété de ses paysages. Et quand je parle de langue française, on ouvre à la France. mais à tous les pays de la francophonie.
Donc là, on ouvre à la Belgique, au Canada, à la Suisse et on va pouvoir faire la liste. Mais c’est vrai que ce chiffre, 51 millions de personnes apprenant le français ou apprenant en français, c’est considérable. Alors dans ton café aujourd’hui, il y a du monde. Quand vous vous réunissez, vous êtes près de 50 000. 50 000 profs sont abonnés à la newsletter.
Il y a une chaîne YouTube. Il y a le site Internet. Toi, tu aimes tendre ton micro, faire des articles. Il y en a plus de 400 aujourd’hui, justement, sur ce sujet du FLE. Oui, j’adore ces moments d’écoute.
J’adore identifier un invité, percevoir ce que cette personne porte comme message et la valeur que ça va avoir pour les gens qui vont venir écouter. Parce qu’on est dans une société de l’information, mais on est aussi dans une société de l’attention. Et chaque fois que j’écris quelque chose, chaque fois qu’on enregistre une vidéo, etc., je me pose toujours la question, mais est-ce que je suis en train d’apporter quelque chose d’utile à la personne qui va lire ou écouter ? Et donc, c’est assez passionnant de se poser systématiquement la question, qu’est-ce que je vais pouvoir apporter aujourd’hui à la grande famille de la langue française dans le monde ? Et comme tu le disais, les profs peuvent se retrouver dans cette salle de café et discuter, mais au moins, là, tu laisses des traces.
Les bonnes idées, par exemple, tu essayes de les compiler. Oui, les bonnes idées, il faut les compiler. Ça m’a rappelé un passage où moi-même, j’ai été prof. J’ai été prof dans l’éducation nationale, dans l’Académie Paris, au début du Café du Fleu, en parallèle. Et je me suis rappelé de la richesse de tout ce qui était partagé dans une salle d’épreuves.
Et si ça reste de l’oral, alors ça va se faire. Alors que si on va le compiler, on peut le repartager, entre guillemets, on prend le temps d’organiser, de structurer l’information, on joue au collectif. Et au bout d’un moment, ça va forcément créer de l’intérêt sur Internet. Alors, au-delà des articles que l’on peut trouver, tu formes également des professeurs indépendants. Et là, on va faire un petit focus assez important.
On est en plus dans un dossier spécial actuellement sur la radio des Français dans le Monde, sur la place du conjoint accompagnateur. Et pourquoi ne pas devenir prof de français ? Parce qu’en plus, c’est un métier qui peut se balader de ci, de là, dans le monde, selon les différentes expatriations que l’on peut vivre. Ça, c’est un sujet qui te passionne beaucoup en ce moment. Et oui, c’est un super métier, devenir professeur de français dans le monde, ça demande d’une part de creuser des aspects pédagogiques, il existe de très bons manuels, des formations, et puis surtout l’expérience et cette capacité, quand on est français, à parler de la culture française, c’est quand même beaucoup plus facile.
d’aborder l’interculturel quand soi-même on est français et qu’on se balade de par le monde, on est expatrié, on est souvent la bonne personne. Mais quand on est entrepreneur, il faut rajouter des compétences dans sa caisse à outils, à savoir se faire connaître, trouver des clients, quelques aspects de gestion, un petit peu de communication, comment bien manier les réseaux sociaux, les newsletters, finalement se faire connaître. Et quand on est un professeur de français indépendant, il faut savoir être visible, cultiver une forme de notoriété pour que les élèves nous trouvent, qu’on ait des inscriptions à nos cours et finalement qu’on puisse vivre de notre métier. Ça c’est important. Et ça tu proposes des formations concrètes pour avoir le kit complet pour devenir un bon professeur de FLE ?
Voilà, tous les mois je propose une formation qui dure deux jours en ligne pour devenir professeur de FLE indépendant. Alors un mot aussi sur la dernière rencontre qu’on a eu l’occasion d’avoir sur Paris. Tu étais à la Francophonie, ce grand rassemblement qui a eu lieu à Villers-Cotterêts. Comment ça s’est passé ? Comment tu vois la francophonie aujourd’hui évoluer ?
La francophonie, c’est déjà une prise de conscience, parce que quand on arrive dans ces endroits-là, comme la cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, qui est très belle, et vraiment j’invite tout le monde à aller faire un tour par là-bas, on voit tous ces drapeaux, toutes ces personnes qui convergent autour de quelque chose de partagé, la langue française, donc c’est quelque chose d’assez fascinant finalement, quand les humains convergent tous au même endroit, pour une raison, c’est toujours beau à voir. On prend conscience aussi d’un espace de travail qui vaut la peine d’être exploré, et là on n’est pas obligé d’être professeur de français, on peut On peut être dans le tourisme, on peut être dans l’économie, etc. C’est très grand, la francophonie. Et puis c’est important de la célébrer. Périodiquement, c’est un peu comme les Jeux Olympiques.
C’est important de se retrouver de temps en temps avec quelque chose à partager. La dernière fois, c’était en Tunisie, à Djerba. Cette fois-ci, c’était en France. Ce n’est pas si courant que ce soit en France. C’est assez rare.
Et donc j’ai trouvé en plus que c’était bien organisé, parce qu’il y avait un volet culturel par exemple à la Gaieté Lyrique, il y avait un forum économique génial à Station F dans le 13e arrondissement, il y avait Villers-Cotterêts, il y avait le 104, enfin je trouve vraiment que tous les volets avaient bien été traités, une organisation remarquable. Et puis on va rebondir sur l’actualité puisque le président Emmanuel Macron vient de passer un bon petit moment au Maroc. C’est vrai que le français est très apprécié, il y a beaucoup d’enseignements du français au Maroc. Oui, c’est gigantesque. L’Institut français du Maroc, alors je n’ai pas les chiffres exacts, mais avec celui au Liban le plus grand du monde en termes de nombre d’élèves, le réseau AEFE, et aussi gigantesque, il y a beaucoup d’élèves dans les lycées français, etc.
Et on parle vraiment de dizaines de milliers d’élèves, c’est gigantesque. Alors pourquoi ? Il y a la proximité, il y a l’histoire, il y a parfois la possibilité d’aller faire ses études en France ou dans d’autres pays où on parle le français. Il y a l’attraction dans l’ancien plan supérieur et puis des opportunités professionnelles qui s’ouvrent quand on parle français. Alors en tout cas, si vous voulez en savoir plus et si, pourquoi pas, vous voulez devenir prof de français, Corentin a tout le matériel qu’il faut.
Ça se passe sur lecafédufle.fr. Je suppose que ce café s’enrichit chaque jour avec de nouveaux membres, etc. Ça doit être assez… excitant. Oui, ça fait plaisir de regarder sur la carte du monde d’où viennent les nouveaux abonnés.
Parfois, on m’écrit un petit mail, un petit mot sympa. Il y a quelqu’un qui dit bonjour depuis la Bolivie, parfois depuis Singapour, depuis le Bhoutan, depuis le Botswana. Donc, c’est vraiment génial de voir cette grande planète des professeurs de français. Et je m’amuse aussi à regarder les audiences de la radio des Français allemands. Il y a même des pays qui nous écoutent.
Je ne savais même pas qu’ils existaient. Ça arrive. Je ne suis peut-être pas allé assez en géographie, ça c’est un autre sujet. Corentin, merci pour ce témoignage. On te connaît, le Café du Fleu est très connu.
C’est rare que tu parles, c’est rare que tu sois interviewé, tu es à l’autre place. C’est vrai, c’est gentil de tourner la table et d’inverser les rôles. Oui, j’ai plus l’habitude d’être la personne qui pose les questions, mais je te remercie de m’avoir invité. Ça m’a fait plaisir, au plaisir de te retrouver. Merci beaucoup.
francaisdanslemonde.fr.
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