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Avez-vous déjà réfléchi à la manière dont les différences culturelles peuvent façonner nos interactions quotidiennes, même avec nos voisins les plus proches ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys explore cette question fascinante en compagnie de Roberta Cecchin, une artiste italienne vivant en France. Ensemble, ils discutent des nuances culturelles qui séparent et rapprochent les Français et les Italiens, deux peuples souvent perçus comme similaires, mais qui cachent des différences subtiles et parfois surprenantes.
Roberta Cecchin est née dans le nord de l’Italie et a grandi à Parme. Bien qu’elle ait initialement prévu de rester en France pour seulement six mois, cela fait maintenant dix ans qu’elle vit à Paris. Roberta a embrassé sa nouvelle vie au point de devenir franco-italienne, une double nationalité qui lui permet de participer activement à la vie politique des deux pays. Ancienne professionnelle du marketing, elle est aujourd’hui humoriste et partage son expérience unique à travers un spectacle qui met en lumière les différences culturelles entre la France et l’Italie.
Au cours de cet épisode, Roberta partage ses réflexions sur les différences culturelles entre la France et l’Italie, notamment dans le domaine du travail et de la communication. Elle souligne comment les Italiens et les Français peuvent parfois mal se comprendre, malgré des langues et des coutumes apparemment similaires. Roberta utilise son humour pour illustrer ces différences, évoquant des anecdotes personnelles qui ont inspiré son spectacle. Elle aborde également la perception mutuelle souvent erronée entre les deux nations, alimentée par des stéréotypes et des expériences individuelles. Le podcast se termine par un appel à embrasser ces différences comme une richesse et une opportunité pour mieux se comprendre et se rapprocher.
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Chapitrage de l’épisode :
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Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Roberta Cecchini, artiste italienne qui vit en France. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Ah, la magie des différences culturelles ! Et il faut parfois ne pas aller très loin pour qu’il y ait de grosses différences.
On va faire un petit voyage entre l’Italie et la France avec Roberta, mon invitée. Bonjour Roberta ! Bonjour, bonne journée à tous. Alors, je ne parle pas très bien italien. Tout ce que je sais, c’est que je t’ai demandé si je pouvais te tutoyer en débutant cette interview.
Tu m’as dit la première différence en Italie, c’est l’inverse. On se tutoie et après, on dit au fait, on doit vous voyez, c’est l’inverse de la France. Nous on se tutoie, mais depuis que je suis en France, j’admette que j’ai ce réflexe italien de tutoyer. Et après je me rappelle que je dois dire, ah ça va, je dois vous voyez. En Italie on se tutoie un peu direct.
Très facilement, oui. Alors en effet, tu es d’origine italienne. Tu es née dans le nord de l’Italie. Tu as vécu, grandi à Parme. Toute ta vie, t’as vécu en Italie.
T’adores ton pays. Tout va bien. Tu bosses dans le marketing. Logiquement, t’aurais dû y rester en Italie. C’était prévu.
J’étais prévue de venir en France pour six mois et basta. Oui, moi j’étais bien, j’avais un bon travail et j’avais beaucoup d’amis. J’adore mon pays comme ça, mais j’ai eu cette opportunité. C’est vrai que j’étais toujours curieuse de découvrir d’autres choses et il y avait cette opportunité dans mon groupe et je suis partie sans savoir en plus trop la langue. Alors t’es partie sans parler le français pour six mois et c’était il y a dix ans.
Tu es toujours aujourd’hui à Paris, donc on peut considérer que ça s’est bien passé. D’ailleurs, tu es maintenant franco-italienne. Tu as la double nationalité. Pourquoi t’as voulu avoir la nationalité française en plus de la nationalité italienne ? Alors déjà, car on peut l’apprendre en plus et c’est pas nécessaire de renoncer à l’Italie.
Moi, je dis toujours que je suis italo-française. C’est un petit moins, ça peut dire que… Effectivement, je suis italienne. Pourquoi je l’ai pris ? Principalement pour voter.
Quand je vis ici, j’ai commencé à découvrir un peu plus la politique française au-delà de l’italienne. Comme ça, j’étais toujours active d’un côté citoyenne en Italie. Et comme ça, pour moi, voter, c’est très important. Et après, je voulais doubler les possibilités de gagner au foot.
Non, ça c’est un blague, mais principalement c’était pour voter et l’autre chose c’est que je suis tombée amoureuse des principes de la France et de certaines choses en plus qui sont différentes de chez nous et que je trouve très bien. Il y a beaucoup de choses intelligentes en France et comme ça moi sincèrement je suis très fière d’avoir aussi la nationalité française. Et je pense aussi que la double nationalité c’est une valeur, mais je me rends compte de plus en plus que parfois, c’est pas trop valorisé. Tu m’as dit que finalement, les Français connaissent mal les Italiens, les Italiens ont beaucoup d’a priori sur les Français, alors qu’on est voisins. Pourquoi il y a autant de méconnaissances des deux peuples ?
Je pense que c’est vraiment comme quand tu penses de connaître bien quelqu’un, c’est la proximité de certaines choses. Nous, on aime bien manger les deux. On a un art de vivre qui est plutôt similaire. On a une langue, ce sont les deux langues les plus similaires au monde. 85% de la racine des mots, pas de la prononciation des mots, c’est commun.
Il y a eu, si on pense à l’histoire, beaucoup de situations historiques qui ont amené les Italiens et les Français à avoir des contacts. C’est quelque chose qui nous fait penser qu’on est très similaire. On a des simitudes, mais après on a beaucoup de différences culturelles, notamment aussi dans le travail, on a beaucoup de différences culturelles et des différences de façon de travailler. Et parfois, on pense qu’on a besoin d’une médiation culturelle. Quand on travaille avec des Allemands ou en japonais, c’est normal de dire « ah bah, s’il y a des choses qu’on ne comprend pas, c’est un problème culturel ».
Mais c’est difficile de penser que c’est un problème culturel entre les Italiens et les Français. On pense tout de suite « ah non, mais lui, c’est la personne, c’est pas… » et comme ça. Non, non, non, il y en a beaucoup et dans la vie de tous les jours, mais surtout dans le travail, C’est quelque chose qui sort beaucoup. Déjà quand on écrit un email, on a des formes de politesse qui en France sont hyper importantes, qu’en Italie on n’a pas du tout. Et quand c’est quelque chose d’écrit, ça fait vraiment un problème parfois.
Toi d’ailleurs, tu es humoriste aujourd’hui, on va parler de ton spectacle, mais tu travailles toujours au sein du groupe Crédit Agricole. Sur ce sujet du travail, par exemple, tu préfères travailler à la française ? Ah oui, je préfère travailler à la française, mais je suis contente d’avoir l’expérience italienne pour quand il y a une urgence ou quand il faut faire les choses sans avoir beaucoup de temps. Les Italiens travaillent beaucoup mieux quand on est sous pression. Les Italiens sont toujours dans l’urgence et ils détestent planifier comme ça.
Moi, je trouve qu’on travaille beaucoup mieux en France. L’approche au travail, surtout, c’est différent. Le travail dans la vie des Italiens, après ça va changer avec les nouvelles générations, mais c’est encore quelque chose que c’est la première chose. Et en France, il y a une approche, le travail c’est une partie de la vie, mais ce n’est pas la plus importante. Et c’est un exemple très important quand je dis que c’est quelque chose de culturel, historique.
Le premier article de la constitution italienne, c’est que l’Italie est une république basée sur le travail. Pas le droit du travail, pas le fait que c’est un travail qui doit être bien payé. C’est pour dire que nous, on est un peuple, et la première chose qui va créer notre république, Il faut travailler. Le travail, c’est la chose presque la plus importante. Le premier article de la France, c’est sur la liberté.
Et le travail, c’est mis dans la Constitution française comme un droit. Nous, c’est mis comme un devoir. Alors ça, c’est de faire comprendre déjà culturellement notre approche différente. Alors tu fais des pauses café quand tu bosses au crédit agricole et puis là tu dis des bêtises parce que les deux langages, tu le disais, il y a beaucoup de points communs, mais il y a aussi beaucoup de subtilités. Donc, par exemple, on baise la main, on fait un bisou.
Les deux mots, il ne faut pas les mélanger parce qu’on ne baise pas un collègue. Oui, je préfère dire que je l’ai fait au début sur toutes ces erreurs-là. Une fois, je suis arrivée au travail un peu en retard, car moi j’avais fait un Navigo mensuel mi-juin. En Italie, si tu fais un abonnement mensuel, ça dure un mois. Et le monsieur qui m’a fait le Navigo, il ne m’a pas dit « Désolée madame, d’ici deux semaines, ça va activer.
» Alors moi j’ai fait le Navigo mensuel, j’arrive le 1er du mois, il y avait un flux d’attente énorme, un queue énorme. Moi j’étais pressée, je voulais pas être en retard, j’arrive au travail et j’ai dû faire la bise à tout le monde. C’était au début, moi déjà j’étais pas habituée mais j’avais vu que c’était quelque chose d’important. Et comme ça je suis arrivée avec 5-6 minutes en retard dans une réunion d’un comité de pilotage niveau 2. et moi je suis arrivée et j’ai dit désolé pour le retard mais pour le passe navigo j’ai dû faire 15 minutes de cul dans le métro et après je suis arrivée ici et j’ai mis un peu de temps à baiser tout.
Le monde Ah ouais, ça commence bien. Alors ils sont morts. Et là, ça a commencé quand j’utilisais un peu le prestige au travail, car tout le monde voulait écouter les aventures, ce que j’avais dit. Moi, je n’ai fait mille choses. J’avais dit à mon directeur financier que je suis trop fatiguée, que je vais danser tout le week-end, tout le week-end, le samedi soir, le vendredi soir, sur un pénis et pas sur un péniche.
Ah ouais, c’est pas pareil. Non, c’est ça. Lui il m’avait dit félicitations à toi, mais surtout au mec. Il y en a plein comme ça. Et après, ce qui est un peu dur pour une Italienne au début, c’est que nous déjà, ma génération, on est un peu coincé.
On ne pense pas, mais les Italiennes, on est un peu coincé sur certains sujets. Et chaque fois que je faisais une erreur, il y avait une connotation sexuelle. Ah ouais, pas de bol. J’avais peur de parler parfois. Résultat, tu t’es dit, avec toutes ces différences et ces mots compliqués, comme ça fait rire tout le monde, je vais me lancer dans l’écriture d’un spectacle.
En plus, ça tombe bien, on arrive dans la période du confinement, tu as le temps, tu lis, tu étudies, tu écris le spectacle. Début février 2022 tu te lances, à ce jour plus de 160 dates, dans 4 pays, tu as fait le Festival d’Avignon, le Festival de Milan, dans 35 villes différentes et tu joues sur un spectacle en français sur les différences entre les deux pays. D’ailleurs ta maman ça lui a pas beaucoup plu que tu fasses humoriste ? C’est pas qu’elle me l’a plu, mais elle est étonnée à chaque fois. Elle ne les connaît pas.
Quand surtout elle voit que… J’ai beaucoup de suivis de succès. Quand je fais voir, par exemple, une salle de 600 personnes, comme ça, et souvent… Moi, je suis allée à ma mère, et souvent, à la fin du spectacle, je dis « Ciao, maman », et je fais dire « Ciao, maman » à tout le monde, et elle me dit « Mais tu es… » « Tu es folle, tu es folle. Tu es matte, tu es matte, tu n’es pas à poste. » Et donc on vit un incroyable voyage interculturel entre la France et l’Italie pendant ton spectacle. Tu mets en avant toutes ces différences.
Aujourd’hui tu as 10 ans de vie en France, tu fais des spectacles pour des Français et pour des Italiens. Ton cœur il est où ? Il est plus du côté de Parme ou plus du côté de Paris ? Alors ça dépend sur les sujets, sur les différents sujets. Alors par exemple, si on parle de foot, ça sera toujours côté Parma, côté Italie.
D’accord. On ne peut pas vraiment… Mais c’est vrai que si l’Italie ne joue pas, moi je supporte la France.
Après, c’est entre les deux. Malheureusement, moi je dis toujours que j’ai un cœur quatre couleurs. C’est pour dire que c’est un peu comme le bleu et le vert, c’est d’un côté. Il y a le blanc et le rouge qui restent bien ancrés. Mais moi, je me sens Italo-française, je me sens déjà Européenne, mais je pense que toutes les personnes qui écoutent la radio sont des personnes qui ont voyagé comme ça.
Je pense qu’on est vraiment les personnes qui portent les valeurs de ce qu’est l’Europe.
J’imagine qu’il y a des Français partout, mais aussi en Europe, il y en a beaucoup dans d’autres pays. Et c’est nous qui comprenons ce qu’est l’Europe. Et qu’est-ce que je fais pas, parfois, avec les problématiques qu’on a, de dire on est en Europe, on doit être plus simple de faire des choses entre deux pays et comme ça. Ça, le cœur, c’est vraiment… Un peu de deux.
Oui. J’arrive pas maintenant à mélanger. Je n’aurais jamais, jamais pensé, imaginé des… Désolée, je m’émue toujours. Quand je pense à ça, je n’aurais jamais pensé d’aimer autant un autre pays comme le mien et d’avoir vraiment la fierté de deux pays.
Je n’aurais jamais pensé, sincèrement. En plus, moi, je venais aussi de l’Italie avec tous les a priori. Les Français sont arrogants, les Français ne sont pas sympas, les Français nous détestent. Tu me disais d’ailleurs que beaucoup d’Italiens ont une très très fausse image de la France. Voilà, ça va dans les deux sens.
En fait, les deux pays ne se comprennent pas toujours, en fait. Le foot, pour l’Italie surtout, il joue beaucoup. L’antagonisme qu’il y a sur le foot, c’est là-bas. Mais c’est vrai, il y a eu les Olympiades et il n’y a eu que des critiques. Ils ont mal parlé, parce que tous les journaux, de toutes les choses qu’ils ne savaient pas.
Il y a eu un ou deux articles sur le courriel de la série à la fin de la première de l’Olympiade, entre guillemets normal, un peu positif, mais moi quand j’étais ici, sincèrement, c’était magnifique et je disais à mes amis italiens, oui il y a des choses qui ne vont pas comme ça, mais c’est toujours arrivé dans les Olympiades de tout le monde, car c’est tellement énorme comme chose et c’est pas vrai que c’était pas bien organisé comme ça et c’est un peu incroyable quand j’ai dit quelque chose que ça va bien en France sur les réseaux sociaux souvent j’ai pas mal des attaques des italiens qui disent mais non c’est vrai ils nous détestent pourquoi nous on devrait pas être gentil avec vous, nous, eux car eux sont jamais gentils avec nous et je dis mais Mais sous la base de quoi ? Si tu es venu une fois à Paris et que tu es allé prendre un café à Saint-Michel, ils ne sont pas gentils avec les Français non plus, les serveurs de Saint-Michel. Désolé, je parle beaucoup en plus. En tout cas, les différences interculturelles, ça donne une vraie occasion de s’amuser au cours de ton spectacle. On va mettre le lien vers ton site parce que tu joues un peu partout.
D’ailleurs, tu m’as dit si des auditeurs veulent que je vienne jouer au bout du monde, toi, tu es prête à aller n’importe où. Oui, l’important c’est qu’on a bien mangé. Mais avec le français, ça tombe bien d’habitude. Mais oui, j’ai bien mangé aussi en Belge, comme ça je peux aller partout. Non, en Belgique, je rigole.
Mais pendant ça, j’ai fait la Tunisie, l’Italie, la Belgique, la France. Là, j’attends une date pour Genève en Suisse. L’année prochaine, peut-être que je vais à Boston. J’ai rencontré quelqu’un pendant le Festival d’Avignon qui fait des spectacles en français à Boston. Mais je viens partout, vous m’écrivez.
De toute façon, c’est facile. Une Roberta, vous mettez une Roberta sur les réseaux sociaux. Et surtout qu’il y a des Roberta en France, surtout sur les réseaux sociaux. Il n’y en a pas beaucoup. Eh bien Roberta, je te souhaite le meilleur pour ce spectacle.
Amuse-toi bien, profite bien des deux pays. Et puis, tu as raison, on est européens et tous d’abord citoyens du monde. C’est quand même le plus important. Et apprendre à vivre avec nos différences, c’est quand même toute la richesse de ce que l’on peut vivre quand on voyage à travers le monde. À bientôt.
Merci mille, ciao à tous.