Laurence Hanin-Jamot : Apaiser les conflits en expatriation

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Vous êtes-vous déjà demandé comment résoudre des conflits sans passer par la case tribunal ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, » réalisé en partenariat avec Expat Pro, Gauthier Seys reçoit Laurence Hanin-Jamot pour discuter de la médiation, une alternative souvent méconnue mais efficace aux procédures judiciaires. Que ce soit dans le cadre personnel ou professionnel, la médiation peut être la clé pour apaiser les tensions et trouver des solutions durables.

Laurence Hanin-Jamot est une médiatrice expérimentée ayant vécu plusieurs expatriations en tant que conjointe de militaire. Originaire de Versailles, elle a grandi en Provence et a fait ses études en droit des affaires. Ses aventures l’ont menée en Allemagne, en Russie et en Belgique, où elle a dû s’adapter à des cultures et des langues différentes. Cette richesse d’expériences internationales lui permet aujourd’hui de mieux comprendre et aider les Français en mobilité internationale.

Dans cet épisode, Laurence partage son parcours et explique comment la médiation peut aider à résoudre des conflits. Elle insiste sur l’importance de travailler sur les besoins des personnes impliquées pour trouver des solutions qui conviennent à tous. Que ce soit pour des disputes familiales, des conflits parent-adolescent ou des désaccords professionnels, la médiation offre une voie de dialogue et de compréhension mutuelle avant d’envisager des actions en justice.

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Pour en savoir plus sur son travail, vous pouvez visiter son site HJLmediation.com

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Podcast n°2263 (Septembre 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage de l’épisode

0:00:01-Introduction et présentation de l’invité
0:00:23-La médiation comme solution avant le tribunal
0:00:54-Partenariat avec Expat Pro et l’expatriation avec un militaire
0:01:16-Début de la vie d’expat en Allemagne
0:02:12-Adaptation à la vie en Russie et apprentissage de la langue
0:03:20-Impact de l’expatriation sur la personnalité et l’ouverture culturelle
0:04:27-Vivre en Belgique : similarités et différences avec la France
0:05:05-La médiation comme outil de résolution de conflits
0:06:22-Processus et importance de la médiation
0:07:32-Conflits familiaux et professionnels : quand recourir à la médiation
0:08:52-Expérience personnelle en tant que médiateur pour les Français expatriés
0:10:03-Les défis et réussites des séances de médiation
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Transcription de l’épisode :

Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale, écoutez des parcours inspirants et des paroles d’experts sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Laurence, Anin Jameau. On va parler médiation. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
Francaisdanslemonde.Fr. Parce que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Il peut y avoir côté perso ou côté pro des accros, des séparations, des disputes. Et là, une des solutions, c’est la médiation. Avant peut-être d’aller jusque devant monsieur le juge.
Rendez-vous devant Laurence, notre invitée. Bonjour Laurence. Bonjour Gauthier. Content de te retrouver aujourd’hui. On avait bu un petit verre ensemble à l’occasion d’un cocktail Expat Pro.
D’ailleurs, on se retrouve aujourd’hui dans le cadre de notre partenariat avec les experts d’Expat Pro. Il faut dire que l’expatriation avec un mari militaire, tu as connu ça ? Oui, tout à fait, oui.
Tu originaires de Versailles mais alors tes parents décidément tu t’es toujours entouré de personnes qui aimaient bien bouger. Et t’es des voyageurs, finalement tu vas grandir en Provence et lorsque tu fais tes études supérieures dans le droit des affaires tu rencontres ton futur mari qui est donc militaire. Résultat tu bouges pas mal en France puis tu découvres les joies pour commencer de l’Allemagne, quatre années en Bavière. Ça tombe bien t’avais appris espagnol et anglais à l’école, bon choix. Oui, tout à fait.
Ça a vraiment aidé. Résultat, tu arrives là-bas avec les trois enfants. Tu m’expliquais qu’avec ton fils, qui a un très joli prénom d’ailleurs, il s’appelle Gauthier, tu faisais les cours d’allemand avec lui et vous faisiez deux cerveaux pour le prix d’un. Oui, tout à fait. La maîtresse avait trouvé judicieux de me faire asseoir à côté de lui en classe.
Les petits Allemands me regardaient en me disant « mais qu’est-ce qu’elle fait là ? » et j’ai aidé mon fils à comprendre ce qui se passait, en tout cas au cours d’allemand, parce qu’en maths, les chiffres étaient faciles. Il n’y avait pas de traduction, mais en allemand, il y en avait besoin. C’est facile de se lancer dans une nouvelle langue comme ça, quand on a fini d’étudier et que c’est loin derrière et qu’on s’y remet. En même temps, tu n’as pas vraiment le choix quand tu vis dans un pays.
Voilà, je trouve que finalement, il y a ce moteur. C’est peut-être plus facile d’apprendre quand on est comme ça dans un pays que quand on est sur sa classe à voir avec sa maîtresse ou son prof d’anglais ou prof d’allemand. C’est beaucoup plus facile. Il y a aussi le fait qu’il y a les enfants et qu’il y a besoin de les seconder. Il faut assurer.
Oui. Quand t’arrives chez le boucher charcutier, t’as pas le choix de devoir te faire comprendre, quoi. Ah oui, tout à fait. T’as vu, j’ai mis boucher charcuterie parce qu’on était en Bavière. Du coup, j’ai intégré la saucisse.
Ensuite, vous allez vivre en Russie pendant trois années, direction la capitale Moscou, une capitale que j’ai eu l’occasion de visiter, qui est assez fascinante. C’est quoi tes premiers souvenirs de Moscou ? Moi, c’est Saint-Basile, sur la Place Rouge. J’ai vraiment trouvé… C’était vraiment superbe. Et puis après, c’est la rencontre avec le mode de vie des Russes, un petit peu de la même manière qu’en Allemagne, même si la France est voisine de l’Allemagne, il y a malgré tout des différences.
Et en Russie, c’était encore plus flagrant. En plus, la langue, avant de partir, j’ai appris à écrire et à lire le russe pour être en capacité d’arriver à décrypter ce qu’il était.
Devenir expat et devoir s’adapter à d’autres cultures, c’est un bel exercice pour le cerveau, ça fait de toi une personne différente ? Je pense que ça fait de moi une personne bien différente que si j’étais restée dans la même région. Je trouve que ça donne la capacité à aller vers les autres et puis être à l’écoute de la culture qui peut être différente. On approche beaucoup plus la diversité et on est plus accueillant. Je trouve que quand on reste tout le temps au même endroit et que finalement, on n’a pas à baigner dans des cultures différentes.
Troisième expérience, c’est la Belgique, direction Bruxelles cette fois. Alors là, Bruxelles, c’est un peu étonnant parce qu’on arrive, ça parle français, on se dit ça va être fastoche, c’est comme la France. C’est pas si simple que ça. Oui c’est un petit peu différent et ce qui est bien normal, c’est un pays différent mais c’est vrai que le fait que ce soit un pays francophone fait que la différence avec les cultures au premier abord est moins prégnante. On va parler boulot maintenant et médiation, c’est ton travail, toi qui as fait le droit des affaires avec cette formation de juriste.
En effet, la loi est là pour parfois trancher, mais avant la loi, il peut y avoir échange, discussion et finalement s’entendre. Là, on a l’impression que ça n’est plus possible. L’idée de toi, c’est de vraiment travailler avec les personnes qui sont en conflit pour apaiser les blessures. Oui, c’est vraiment travailler avec ces personnes et les accompagner pour qu’elles trouvent la solution qui leur convienne. puisqu’on va travailler sur les besoins, on travaille sur les positions pour arriver sur les besoins et ça permet vraiment à chacun de se sentir écouté dans ce dont il a besoin.
J’insiste sur le mot besoin parce que c’est vraiment important en médiation et arriver à trouver la solution qui convient à tout le monde. Parce que c’est vrai que par exemple dans le cas d’une séparation, il n’y a pas que les deux parents qui sont là, il y a aussi les enfants. Donc c’est important de tenir compte des enfants qui sont présents et de savoir comment on peut les accompagner. A quel moment on se dit, bon là, vu la situation, j’ai besoin d’un coup de main, j’ai besoin d’un médiateur ? Alors je ne sais pas ce que les gens se disent, c’est vrai que je trouve que la plupart du temps, ils viennent peut-être entre guillemets un peu tard.
Parce que quelquefois, le conflit est quand même bien enquisté et que ça devient compliqué pour eux d’arriver à travailler dessus, de voir l’autre. Parce que forcément, on a tendance à dire que la médiation est un mode amiable, mais ce n’est pas tout le temps aimable, puisqu’on vient voir la personne qu’on n’a juste pas envie de voir. Donc la première séance de rencontre avec l’autre n’est pas ce qui est le plus facile. Alors tu parles de séparation, donc ça peut être un couple, ça peut être parent-ado, une autre situation parfois conflictuelle et puis ça peut être dans un domaine professionnel, exemple des associés qui n’arrivent plus à s’entendre, n’arrivent plus à se parler et qui mettent en péril finalement la société. Dans tous ces cas, quand on est dans une situation où ça peut être un point de bascule, il reste une solution avant la justice qu’est la médiation.
Oui c’est vrai et j’ai même eu un traité et j’ai trouvé que c’était intéressant, c’était deux personnes âgées qui avaient des enfants et qui voulaient en fait organiser leur succession et donc ils ont réuni leurs enfants, il n’y avait pas forcément de conflit mais ils avaient besoin d’en parler avec chacun, de pouvoir en parler et donc le fait qu’il y ait un tiers qui soit là, qui passe la parole, ça permet aussi de faire baisser la tension et ça a permis vraiment qu’ils puissent expliquer, que les enfants puissent comprendre, poser des questions, des enfants adultes bien sûr, et je pense, alors que je n’ai pas eu de nouvelles, donc je pense qu’à ce jour ils sont toujours vivants et c’est tant mieux, mais ça se passera certainement nettement mieux. Et résultat, les expériences que tu as eues en tant qu’expat fait que tu te mets aussi au service de ces Français en mobilité internationale parce que tu te dis que l’expérience que tu as eue, le mindset qui a peut-être pu évoluer pour toi, ça peut leur être utile. Oui, c’est vrai. Parce que finalement, quand on vit comme ça des expatriations, on arrive à toucher aussi les difficultés qu’on peut rencontrer Rien qu’en étant femme d’expat, ce n’est pas toujours hyper simple quand on est conjoint suiveur. Et avec les enfants et savoir comment.
Du coup, d’avoir vécu ce mode de vie permet d’être plus, pas en adéquation parce que le médiateur doit être impartial, mais plus à l’écoute de ce qui peut se passer pour chacun. Quand tu as un couple qui a vécu l’expatriation avec un conjoint accompagnateur, t’es au petit soin avec le conjoint accompagnateur, que tu sais que c’est un rôle qui est finalement très difficile à vivre. Moi je serais au petit soin avec les deux, parce que je pense que pour celui qui va travailler, qui sait qu’il a sur son dos toute la charge de l’entretien de tout le monde, donc il a à cœur aussi de faire son travail et de ramener finalement l’invenue pour que chacun puisse vivre. Et quand on est à l’étranger, Ça demande aussi, de ce que j’ai pu voir dans mes espatriations et les autres personnes qui travaillaient, c’est pas toujours la même façon de faire qu’en France, et donc avec une demande de disponibilité qui est peut-être un peu supérieure, et donc ça demande aussi à ces personnes qui travaillent d’être plus à l’écoute d’elles-mêmes, ce qui n’est pas toujours facile. Laurence, il y a des fois, tu rassembles des gens et tu te dis, je ne m’en sortirai pas.
Il n’y a pas de solution. Il y a des fois, tu sais qu’il n’y a pas de solution. Alors, ce qui est très surprenant, c’est qu’il y a des médiations où je me dis, oh là là, ça va être hyper compliqué. Je ne vais pas m’en sortir. Du coup, je réfléchis à ce que je peux faire, trouver des outils.
Et assez paradoxalement, ce sont les médiations qui s’en sortent le mieux. J’ai eu le cas hier soir où j’avais une médiation et je m’étais dit, oh là là, il y avait beaucoup de monde, est-ce que je vais y arriver ? Et en fait, ça s’est assez bien passé. En tout cas, si vous avez besoin d’avoir une oreille et une aide, un accompagnement, ça s’appelle HJL, ce sont tes initiales, médiation.com, le lien est dans ce podcast. Merci beaucoup, Laurence, tu es au nord de Paris au moment où on se parle.
Et depuis 2017, depuis votre retour en France, tu écoutes les podcasts de la radio des Français dans le Monde pour continuer à voyager ? Oui, oui. Bien sûr, c’est intéressant. Et tu te dis que tu vivrais encore bien cette expérience ? Je sais pas.
C’est pas sûr. Peut-être, ça dépend. Maintenant, il y a les enfants qui sont grands, qui ont leur famille, donc ça demande de s’écarter un peu. Ce n’est pas facile. En tout cas, s’il y a un problème, je connais un bon médiateur, Laurence.
Au plaisir de te retrouver et pour en savoir plus, n’hésitez pas à visiter le site de notre invitée. À très vite. Au revoir.
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