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Avez-vous déjà envisagé de tout quitter pour vivre une aventure à l’étranger? Dans cet épisode captivant de « 10 minutes, le podcast des Français dans le monde, » Gauthier Seys nous emmène en Arabie Saoudite pour découvrir la vie des expatriés français à Riyad. Il s’entretient avec Dominique Delbecq, une Française qui a osé franchir le pas et s’installer dans ce pays en pleine mutation.
Dominique Delbecq, originaire du Val d’Oise, a suivi un parcours classique avant de se lancer dans cette aventure. Mariée et mère de quatre garçons, elle a travaillé dans le domaine de la communication avant de décider, en 2001, de partir en Arabie Saoudite suite à une opportunité professionnelle pour son mari. Elle partage avec nous son expérience d’adaptation dans un pays qui, à l’époque, était très fermé et où les expatriés vivaient dans des cocons protecteurs.
L’épisode explore les défis et les joies de la vie à Riyad, une ville en pleine évolution. Dominique nous parle de son implication dans la communauté française, notamment à travers l’association FIAFE (Riyad Accueil), et de son rôle en tant que présidente. Elle décrit également le quotidien sous le climat chaud et sec de Riyad, les activités dans le désert, et l’importance de maintenir un lien avec la culture française. Une aventure riche en découvertes qui montre à quel point l’expatriation peut être une expérience enrichissante, malgré les défis.
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Chapitrage de l’épisode
Voici un nouveau podcast qui parle de mobilité internationale et qui va rejoindre la galerie des 2000 interviews disponible sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Dominique Delbecq, direction Riyad en Arabie Saoudite. 10 minutes, le podcast des Français dans le monde. francaisdanslemonde.fr Grâce à la FIAF et à ses accueils partout dans le monde, je voyage, je voyage et me voilà aujourd’hui en Arabie Saoudite, un pays qui évolue très vite ces dernières années. Dominique va nous en parler.
Bonjour Dominique. Bonjour Gauthier. Content de faire ta connaissance. On a échangé un peu avant d’enregistrer cette interview. Et voici le podcast 10 minutes pour mieux connaître ce pays, cette ville.
Et la communauté des français, entre 6 et 7000 français, à peu près, pas énorme, vivent en Arabie Saoudite. Oui, c’est ça, dont la moitié à Riyad. Très bien. Alors, on va commencer un peu sur ton parcours. Tu es originaire de la région parisienne, du Val d’Oise.
Tu fais tes études, puis il y a le mariage, puis il y a du boulot dans le domaine de la com’, puis il y a quatre enfants, quatre garçons et un jour, une envie de bouger. C’est une discussion que vous avez eue en famille, de se dire on pourrait peut-être un petit peu aller voir ailleurs. C’était une discussion du dimanche ? Un petit peu ça, c’est-à-dire que voilà, on s’était mariés, on avait bien entamé notre carrière, on avait fini les travaux de notre maison. Je ne sais pas qu’on s’ennuyait parce que ce n’était pas bien, mais on s’était dit qu’on ferait bien autre chose.
On n’avait jamais bougé. Mon mari avait bougé au début de sa vie professionnelle. Il bougeait beaucoup, mais sur des courtes périodes. Il voyageait beaucoup sur des courtes périodes et on s’est dit pourquoi pas. Une opportunité professionnelle par rapport à ton mari d’aller en Arabie Saoudite.
Ça se passe en 2001. Ce n’est pas forcément la destination que tu avais imaginée ? Non, pas du tout. Ce n’est pas une destination qui fait rêver. J’ai même eu des condoléances quand j’ai annoncé que je partais là-bas.
Mais voilà, on s’est dit après tout, pourquoi pas ? Essayons et si ça ne va pas, on en rentrera. Après, on va être honnête, Dominique, à ce moment-là, le pays est assez fermé, les communications Internet sont relativement limitées. L’ouverture au monde qui se passe actuellement, ce n’était pas le cas à l’époque. Toi, tu ne pouvais pas rouler en voiture, tu devais porter la baïa.
On peut comprendre que ce n’était pas forcément une destination naturelle pour vivre une expatriation. Oui, mais en fait, dès que je suis arrivée, je me suis tombée dans un espèce de petit cocon. La vie était quand même finalement assez facile parce qu’on était très protégé dans ce petit cocon. L’accueil, comme dans tous les pays difficiles, a été extraordinaire et j’ai assez vite pris mes marques. Je suis une naturelle curieuse, donc cette vie totalement Je l’ai abordée avec des grands yeux curieux et je m’y suis faite assez vite parce qu’au quotidien elle était quand même très facile.
Alors la seule condition c’était qu’il y ait un lycée français pour accueillir les enfants qui avaient à ce moment-là entre 7 et 13 ans. En septembre 2002 c’est parti pour l’aventure. D’ailleurs toi tu vas travailler au lycée français parce que t’aimes pas trop rester tout le temps à la maison. Donc tu vas faire prof et puis ensuite t’occuper de la com du lycée français. C’était vraiment important pour toi que les enfants puissent continuer une scolarité.
Oui, et puis une scolarité en français, parce qu’ils n’étaient pas à des arts où c’était évident de les faire passer dans un autre système. Donc effectivement, ça c’était la condition sine qua non, c’est qu’il y ait un lycée français, qui existe toujours, mais qui à l’époque, comme je le disais, c’était aussi le petit cocon, ils étaient très peu nombreux par classe, Le lycée faisait partie vraiment de la vie des Français ariades. C’était un des points d’entrée de la vie ariade. D’ailleurs, l’association FIAF, qui a changé de nom depuis, était aussi un passage obligé quand on était Français expatriés, pour se retrouver, pour avoir les bons plans, les bonnes adresses, etc. Très vite, tu as rejoint l’assaut.
Exactement, donc moi je suis arrivée en septembre, je me suis tout de suite inscrite en tant que membre et je pense que j’ai commencé à donner des petits coups de main en tant que bénévole en janvier et en septembre j’ai vraiment intégré le bureau de l’association en tant que bénévole. Et 2011 tu deviens présidente, madame la présidente. Alors c’était quelque chose de Très nouveau, le fait que je sois présidente, parce que jusqu’à présent, compte tenu du pays, il n’y avait eu que les présidents.
J’étais la première présidente, la première femme à être présidente. Alors il faut savoir qu’ici les associations n’ont pas pignon sur rue, l’association n’existe pas en tant que telle, mais bon malgré tout on est soutenu par l’ambassade et quand même connu des autorités saoudiennes et on n’a pas d’existence légale, mais bon malgré tout il faut quelqu’un qui dialogue et jusqu’à présent c’était que des hommes. Voilà donc c’était une nouveauté. Tu fais partie justement de ce pays qui bourgeonne, tu m’as dit, c’est le terme que tu m’as apporté, un pays qui est en train de changer. Juste un mot sur l’assaut aujourd’hui, c’est 110 familles, pour les 3000 français qui vivent dans la capitale, des bénévoles, des activités, des loisirs, vous avez du boulot pour vous occuper de la communauté française et francophone.
– Tout à fait, et en fait, ce pays effectivement bourgeonne mais… C’est un peu en ébullition, donc ce n’est pas toujours évident de savoir ce qui se passe. On sent que c’est nouveau pour eux, toutes ces activités, et donc la communication n’est pas toujours évidente. D’abord, elle est beaucoup en arabe, et on est très peu de Français à être arabophones, parce que l’anglais est encore très fortement utilisé, donc on a plus tendance à se concentrer sur l’anglais. Et donc il faut défricher tout ça. C’est un des rôles de l’association.
Il y a évidemment le traditionnel accueil des nouveaux, la présentation de la ville, etc. Mais il y a aussi toute cette partie présentation des activités, des possibilités de la ville via le compte Instagram, qui est une grosse partie du boulot. Alors un petit mot sur la vie, sur le quotidien. Un climat chaud et sec, il est agréable ? Alors moi je dis oui, mais là il faut savoir que par exemple aujourd’hui on va atteindre les 47 ou 48 degrés, moi ça ne me gêne plus.
Je pense que je me suis totalement adaptée. Pour certains, les mois de juin, juillet, août, septembre sont violents. Certains trouvent ça un petit peu chaud. Mais le reste, en fait, ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est qu’on ne se pose jamais la question de savoir quel temps il va faire. Il pleut très peu.
Quand il pleut, c’est des pluies d’orage très brèves. Donc, en fait, la question météo est un non-sujet ici. Alors, pour un français, évidemment, la bouffe. On va parler un petit peu nourriture. Comment vous vivez votre quotidien impliqué complètement dans la culture locale ?
– Non, on revient un petit peu en parallèle des Saoudiens, d’abord parce que pendant très longtemps, ce n’était pas souhaité des autorités saoudiennes que les expatriés se mêlent trop aux Saoudiens. Par exemple, nous n’avions pas le droit d’accueillir des Saoudiens dans l’association.
Donc on vit un petit peu à côté. Honnêtement, en termes de gastronomie, l’Arabie essaye de promouvoir les quelques plats locaux qu’ils ont, mais bon, ce n’est quand même pas leur fer de lance. Non, si je devais parler de quelque chose d’exceptionnel ici, c’est le désert. C’est 80 %, ça a été. Maintenant que la ville évolue, ça change un petit peu, mais c’était 80 % de notre loisir.
Et vous avez fait des sorties incroyables dans le désert. Incroyable. C’est un pays qui est magnifique et surtout, c’est l’aventure. C’est-à-dire qu’on prenait notre voiture, on partait avec trois, quatre voitures et on traversait l’Arabie, on s’arrête au bivouac, on repart. Voilà.
Et on rencontre… Alors là, par contre, on rencontre les Saoudiens beaucoup plus, finalement, curieusement, qu’Aryagan. Parce que dans les Tempas, quand ils voient passer des voitures, ils s’approchent, ils veulent discuter, ils veulent nous inviter à boire le thé. Il y a un accueil extraordinaire ici. L’hospitalité, comme ils disent, c’est quelque chose de très très important en arabe, c’est dans la culture.
On est accueilli avec le petit kawa. Et la faune, elle est comment dans le désert ? Parce que j’ai toujours un peu peur de ça. Rassure-moi. Alors moi, je n’aime pas les bêtes.
Je n’irais pas vivre en Australie. Alors bon, oui, il y a quelques scorpions, quelques serpents, des petits fenêques. Mais franchement, pour un pays chaud, il n’y a pas énormément… Non, on ne se sent pas… Enfin, ce n’est pas un souci.
D’accord. Ces petites bêtes. Alors vous vous êtes installé en septembre 2002 pour deux ans. Nous sommes en 2024, Dominique. Ça se passe bien.
Ça se passe très bien. Franchement, ça se passe très bien. Et alors, c’est ce qui est assez curieux ici, c’est-à-dire quand les gens arrivent, c’est un peu comme le film Desti, on arrive en pleurant et on repart en pleurant. Alors, il y a quelques personnes qui ne se sont pas adaptées. C’est rare, mais quand les gens détestent, ils repartent très, très vite.
Mais les gens qui restent, en général, ils partent le cœur lourd. Et surtout, on a beaucoup de personnes qui font deux, voire trois séjours. parce que comme ce n’est pas un pays, alors ça change, mais comme ce n’était pas un pays attractif, quand on cherche des expats pour venir ici, il n’y a pas de foule au portillon, mais les gens qui sont déjà venus et qui savent comment on y vit, ils disent moi je veux bien revenir. Et j’ai dans mon entourage plusieurs personnes qui en sont à leur deuxième voire troisième séjour. Et ma dernière question Dominique, comment tu suis la France, son actualité, sa culture, sa musique ?
Est-ce que tu gardes un contact justement avec ton pays natal ? Ah oui, très important. De toute façon déjà, on sait qu’on ne restera pas ici parce qu’on ne peut pas rester en Arabie. Donc ça ne peut pas être une expatriation définitive. Même si ça fait 22 ans qu’on y est, qu’on est installés ici et que je dis que je rentre chez moi quand je rentre en Arabie, mon vrai pays c’est la France.
On y rentre dès qu’on peut. Alors on y rentrait moins quand on avait tous nos enfants, mais maintenant que… qui sont tous les quatre en France, mes enfants sont tous les quatre en France, donc notre point d’attache c’est la France et on finira certainement nos vieux jours au moins partiellement en France. Et comment je suis l’actualité ? Par les réseaux sociaux, Instagram, beaucoup Instagram, je suis très Instagram. Et puis dès que je rentre en France, c’est exposition, cinéma, balade dans le pays, voilà.
Et puis il y a la radio des Français dans le Monde pour t’accompagner et t’offrir un petit bout de France. Exactement. Ce que j’ai découvert il n’y a pas très, très longtemps, je l’avoue, mais j’ai écouté pas mal d’émissions et c’est assez sympa. Merci beaucoup, Dominique, pour ce témoignage. Merci aux équipes de La FIAF qui ont organisé cet échange.
Au plaisir de te retrouver, du coup, pour parler de l’Arabie Saoudite et de sa capitale, Riyad. À bientôt. À bientôt.