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Comment se réinventer lorsqu’on s’expatrie ?
Avez-vous déjà ressenti le besoin de tout quitter pour recommencer ailleurs ? Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des français dans le monde », Gauthier Seys nous emmène à la découverte de Salt Lake City en compagnie de Stéphanie Rochelemagne. Ensemble, ils explorent les défis et les joies d’une vie d’expatrié, en particulier dans des endroits moins connus des États-Unis. Stéphanie partage son parcours et ses réflexions sur ce que signifie réellement s’adapter à une nouvelle culture tout en gardant un lien avec ses racines françaises.
Stéphanie Rochelemagne est une Française expatriée aux États-Unis depuis près de vingt ans. Après avoir grandi dans la Loire et poursuivi des études en géologie, elle a déménagé au Texas pour une opportunité professionnelle. Cependant, c’est à Salt Lake City qu’elle a véritablement trouvé son équilibre. Aujourd’hui, elle est CTO d’une entreprise de logiciels en remote (noCRM.io), et elle vit avec son conjoint dans une région qui lui permet de profiter pleinement de sa passion pour les activités en plein air.
L’épisode aborde divers aspects de la vie d’expatrié, depuis les différences culturelles et les défis linguistiques jusqu’à l’adaptation à un nouvel environnement social. Stéphanie explique comment elle a su naviguer entre ses souvenirs français et sa nouvelle vie américaine, tout en s’intégrant dans une communauté locale accueillante mais différente. Elle partage également ses expériences professionnelles, ayant fait la transition de la géologie à l’informatique, et discute de l’importance de l’innovation dans le monde des affaires. Une réflexion sur la dualité des identités culturelles clôture cet échange enrichissant.
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Chapitrage de l’épisode :
0:00:01 – Introduction du podcast et présentation de l’invitée
0:00:46 – Arrivée à Salt Lake City après une expérience au Texas
0:01:67 – La vie à Houston et comparaison avec Salt Lake City
0:02:130 – Beauté de l’Utah et avantages pratiques de Salt Lake City
0:02:143 – Parcours en France avant de partir aux USA
0:03:161 – Défis culturels et linguistiques de l’expatriation aux USA
0:04:280 – Découverte de la communauté locale à Salt Lake City
0:05:306 – Transition professionnelle de la géologie à l’informatique
0:07:448 – Travail en remote et rôle de directrice technique
0:08:534 – La vie quotidienne à Salt Lake City, loisirs et intégration
0:10:649 – Conditions climatiques et défis liés à la nature locale
0:12:730 – Réflexions sur l’identité et fin de l’interview
Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Stéphanie Rochlemagne. On part du côté de Salt Lake City. 10 minutes, le podcast des français dans le monde. francaisdanslemonde.fr Sur la radio des Français dans le Monde, assez régulièrement, on se rend à New York, à San Francisco, à Washington.
Mais cette fois-ci, on va se balader du côté de Salt Lake City. C’est quand même un état dans lequel on trouve de magnifiques parcs et de belles balades. Stéphanie va nous en parler. Bonjour et bienvenue Stéphanie. Bonjour Gauthier.
Je suis très heureux de te recevoir. C’est vrai que c’est un endroit aux USA où on ne se rend pas très régulièrement. C’est votre second choix quand vous êtes arrivé. Vous avez commencé avec une vie du côté du Texas, si je ne m’abuse, et ça ne vous a pas beaucoup plu. Non, on a commencé par Houston, dans le Texas.
Disons que la vie à l’extérieur, elle est plus difficile dans le sens où c’est très chaud, très humide, il n’y a pas de montagne. C’est une ville sans être une ville. Il n’y a pas de centre-ville comme on pourrait avoir en France, mais c’est des malls, c’est beaucoup de boutiques et ce n’est pas vraiment axé sur l’outdoor. Et alors vous, vous aimez avec ton conjoint les belles balades et vous avez de quoi. Moi, ce que je connais de l’Utah, c’est une petite balade dans le Bryce Canyon qui est sublime.
Oui, tout à fait. L’Utah est magnifique. Salt Lake City, c’est ce que j’aime bien dire, c’est entre Yellowstone qui est tout au nord dans le Wyoming et les parcs nationaux du sud qui sont Bryce, Zion, Arches, Canyonland. C’est un endroit qui est très beau géographiquement et qui a l’avantage d’avoir aussi un aéroport international. Salt Lake a un aéroport international avec une ligne directe vers la France qui est appréciable.
Tu n’es pas trop loin de ta Loire natale. On va d’ailleurs revenir sur ton parcours. Tu fais ton enfance et les études, collèges, etc. dans le coin de la Loire. Et puis ensuite, il y a déménagement.
Tu vas aller vivre à Mulhouse, puis à La Rochelle, où sont maintenant établis tes parents. Quand tu reviens en France, c’est direction La Rochelle, du coup ? Souvent, oui. C’est le passage à la Rochelle. Bien loin de la France, est-ce que dans ton quotidien tu suis un peu son actualité ?
Quand on a préparé cette interview tu disais, alors ça fait quelques années que vous êtes partie, ça fait presque une vingtaine d’années, du coup il y a un petit décalage qui s’installe tout doucement ? Oui, il y a un petit décalage parce que j’ai ma culture d’enfance jusqu’à une vingtaine d’années, une trentaine d’années où j’ai la France, j’ai l’actualité, la culture musicale, littéraire française. Puis après, il y a eu cette coupure aux États-Unis où on essaye quand bien même avec des podcasts, des émissions sur YouTube de garder contact avec cette culture. on perd quand même les nouveautés, le changement et par rapport aux États-Unis où on n’a pas du tout la culture enfantine et où on est un décalage avec les amis avec qui on peut discuter. C’est difficile d’avoir des points communs, des références qui parlent à tout le monde finalement.
J’ai beau faire les efforts que je peux, j’ai toujours un petit accent en anglais. Et donc, en fait, on ne prononce pas correctement. Et c’est vrai que quand on discute avec nos amis, ils ne comprennent pas. Jusqu’au moment où ils trouvent et ils trouvent le mot et tout ça, je dis bah oui, mais c’est ce que j’avais dit. Et on se retrouve vraiment dans le côté serial killer de la cité de la peur.
Et à la fin, eux, ils n’ont pas cette référence. Ils nous disent bah oui, mais tu nous as fait un serial killer là, publiquement. Il n’y a pas la même culture. Il n’y a pas non plus énormément de Français à Salt Lake City. Mon meilleur ami Google n’a pas su réellement me donner de chiffres.
Il n’y a pas une forte communauté de Français établie sur la zone. Et puis vous, vous n’êtes pas vraiment à Salt Lake City, vous êtes au nord. Bon, il ne faut pas compter sur de l’entraide française. Non, là-bas non, mais par contre, on a eu la chance de trouver des amis qui nous ont accueillis les bras ouverts comme c’était de la famille. Et c’est vrai que ça aide beaucoup à savoir exactement comment ça fonctionne.
C’est vrai qu’on se retourne vers eux et c’est une aide inestimable. Et c’est vrai qu’on a trouvé des amis comme des frères et sœurs. On retourne en France, tu fais tes études supérieures de géologie. C’est l’étude des eaux souterraines à Grenoble notamment, très inspirée par cet univers. Un prof va d’ailleurs tout doucement t’aiguiller et sur la géologie et sur l’informatique.
Ce sera pas innocent puisque dans le futur l’informatique prendra beaucoup de place. Tu débutes ta vie dans la boîte de tes rêves, tu fais de la géologie, mais c’est un monde qui est quand même très masculin, tu trouves pas forcément ta place. Tu as eu une possibilité au sein de cette société de vivre une expérience à l’international, direction Houston, pendant trois ans et demi, vous allez vivre une aventure d’expat. Ton conjoint était prêt, vous étiez prêt à tout lâcher en France pour vivre cette aventure ? Je pense qu’on n’est jamais complètement, complètement prêts en fait.
Tu as l’excitement de dire c’est une nouvelle vie, c’est un nouveau truc et tout ça. Mais à côté, tu as le petit stress de savoir comment ça va se passer parce que même s’il faut être honnête, les États-Unis sont quand même très proches de la France, il y a quand même des petites choses qui changent. Dans la maison c’est différent, les démarches administratives sont différentes. Il y a plein de petites choses qui sont quand même différentes et qui t’apportent un petit stress mine de rien pour ça. Tu vas finir par laisser le monde de la géologie pour l’informatique, on en parlait.
Une fois que tu obtiens ta carte verte, tu quittes la boîte où tu te trouvais, tu te formes et tu te renforces dans ce sujet-là et tu rejoins une société où tu bosses toujours aujourd’hui depuis 12 ans. qui propose notamment une CRM, on touche à un mot pour les auditeurs, CRM c’est très utile pour les TPE, PME pour garder son lien avec ses clients et vous avez développé une solution qui s’appelle nocrm.io Exactement. En fait, on est une entreprise qui donne une solution alternative à des CRM classiques, dans le sens où nous, on aime dire qu’on n’est pas vraiment un CRM, dans le sens où c’est plus facile de rentrer des informations. Souvent, les petites entreprises ou même les personnes qui sont tout seules trouvent que c’est un peu long et fastidieux de rentrer les renseignements. Et donc là, on propose une solution facile où sur l’opportunité, on met un titre, un numéro de téléphone ou un email, et paf, on continue, on met des rappels, pour ne pas perdre de clients en fait, toujours avoir une action qui a affaire sur nos clients.
Et toute l’équipe travaille en remote, c’est-à-dire chacun chez soi, ils sont tous sur le sol américain ? Non, du tout. Je suis la seule sur le sol américaine au niveau de la tech. Par contre, on est tous en remote. On est partout en France, on est en Danemark, on est aussi en Amérique du Sud, au Mexique.
Donc, oui, on est tous en remote. Et toi tu es la CTO, alors c’est comme ça qu’on dit chez les américains, c’est directeur technique version française. Exactement. On va dire que t’es bien loin de ta géologie d’enfance. Oui, je suis loin, mais d’un autre côté, c’est aussi ce qui m’a amené, les choix de vie m’ont amené à faire ça.
Et c’est vrai que je suis très heureuse dans le travail que je fais, avec l’équipe avec qui je travaille, où on est une entreprise qui est très humaine et où on est très soudés entre nous. Donc, je trouve que c’est un très bon cadre de travail. Pour terminer sur votre vie à Salt Lake City, donc c’est votre deuxième choix. C’est là que vous avez décidé d’acheter notamment une maison. C’est quand même un signe fort quand on en est là.
Tu adores l’accueil des gens. Tu adores le fait de pouvoir vivre dehors. Tu adores les balades du week-end. Il y a de beaux décors. Après, tu es dans une région où il y a beaucoup de Mormons.
Comment ça se passe la vie avec les Mormons ? De temps en temps, on vient essayer de vous convertir. Oui, en fait, quand leurs enfants ont 18 ans, entre 18 et 20 ans, ils ont deux années où ils font ce qu’ils appellent les missions. Et donc, les missionnaires, comme on l’appelle, font du porte-à-porte et essayent de convertir les gens. Donc, c’est vrai que là-dessus, au début, on ouvre la porte, on essaye de discuter avec eux parce que ce sont quand même des jeunes adultes, on ne peut pas dire des enfants.
Et au bout d’un moment, quand ils sont tellement sur le fait de nous convertir, il faut mettre le haut là et dire c’est bien gentil, si vous avez besoin de partager un repas, il n’y a pas de souci, on sera là pour vous ouvrir la porte. mais convertir. Non merci. Alors c’est très étonnant, c’est vrai que quand on voit des images de la ville de Salt Lake City, elle est entourée de montagnes. Les photos que je vois sont assez stupéfiantes.
Vous profitez vraiment de votre quotidien et de la vie américaine. Oui tout à fait en fait. Alors c’est vrai que cette Lake City est bloquée entre d’un côté la chaîne de montagne et de l’autre côté le Great Salt Lake. Donc c’est vrai qu’elle s’étend de nord-sud quelque part la ville. Et en fait on profite au maximum des week-ends pour faire des balades à pied, des balades en vélo.
On en profite aussi pour emmener nos chiens pour faire des balades ce qui nous pousse aussi un peu à sortir. L’hiver c’est le ski. L’Utah dit qu’ils ont la meilleure neige au monde, ce qui est peut-être vrai, dans le sens où la neige, c’est de la poudreuse en fait. Elle est très sèche, entre guillemets, parce qu’on est quand même dans un climat plus ou moins désertique. Donc c’est vrai que c’est très agréable, je dois dire, de marcher dans la poudreuse.
Et Stéphanie, il n’y a pas trop de bestioles dans vos balades du week-end ? À ça, il faut faire attention, effectivement. Je m’en doutais, je m’en doutais. Parce qu’on peut rencontrer des ours, des pumas, des mountain lions, des serpents bien entendu. Et c’est vrai que j’avais discuté dans une école parce que j’avais présenté un peu la France dans une école et la question des enfants était « quel est l’animal le plus dangereux que vous avez ?
». On a quelques ours en montagne, mais pour en trouver un, c’est quand même… On va pas vraiment tomber dessus, on a quelques loups. Mais après, ils sont milliers, ils sont dangereux. Mais bon, mis à part ça, c’est sûr que faire du camping en France, c’est quand même beaucoup plus serein que faire du camping aux Etats-Unis.
Avec une présence sur les USA depuis quelques années, 15-20 ans. Aujourd’hui, tu as les deux passeports. Si tu ne devais en garder qu’un, tu garderais lequel ? Alors ça, c’est vraiment la question piège. Difficile parce que j’ai encore de la famille en France, donc je peux toujours rentrer avec mon passeport américain, mais c’est vrai que je ne me vois pas tout de suite rentrer en France, donc c’est vraiment très difficile.
Mais bon, avec le climat aussi politique, c’est très compliqué en ce moment. Cela dit, aucun des deux pays n’a de leçons à donner sur l’autre en ce moment. C’est une drôle de période. En tout cas, profitez bien de votre vie à Salt Lake City. Merci de nous avoir fait une petite visite parce que, encore une fois, c’est la première fois qu’avec la radio des Français dans le Monde, j’ai l’occasion d’interviewer une Française sur place.
Merci et belle journée. Alors du coup, profite de cette belle météo. Merci beaucoup. Merci à toi et à bientôt. Vous écoutez la voix des expats.
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