Olivier Sautrelle : L’odyssée d’un ingénieur expatrié

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Quel impact un changement de pays peut-il avoir sur votre vie personnelle et professionnelle ?
Dans cet épisode du podcast « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », nous explorons les défis et les opportunités de l’expatriation avec Olivier Sautrelle. Originaire de l’île Maurice, Olivier partage son parcours qui l’a mené de l’océan Indien à la France, puis au Canada. En tant qu’auditeur, vous êtes invité à réfléchir sur la manière dont un déménagement international pourrait transformer votre propre vie.

Olivier Sautrelleest un ingénieur talentueux qui a récemment remporté le prix « Innovation et Recherche » de Racines Sud, l’association des Occitans dans le monde. Après avoir démarré sa carrière en France dans le secteur de la robotique médicale, il a été recruté par l’entreprise Medtech, qui a ensuite été rachetée par Zimmer Biomet, un leader mondial dans le domaine des implants médicaux. Olivier est désormais responsable technique d’un projet basé à Montréal, où il vit avec sa famille.

L’épisode plonge dans les détails de l’expatriation d’Olivier et de sa famille au Canada. Il discute des aspects pratiques de cette transition, tels que la planification minutieuse et la gestion des différences culturelles, notamment au sein du milieu professionnel nord-américain. Olivier partage également ses réflexions sur le choc culturel, l’adaptation à une nouvelle vie loin de la famille et les défis de se recréer un cercle social. Enfin, il évoque le développement de technologies médicales innovantes, notamment un bras robotique qui assiste les chirurgiens, et comment son travail à Montréal lui permet de réaliser ses rêves professionnels tout en restant connecté à ses racines occitanes.

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https://www.linkedin.com/in/olivier-sautrelle/

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Chapitrage de l’épisode :

00:00:01 – Introduction et présentation de l’invité
00:00:44 – Origines et parcours scolaire en France
00:01:75 – Carrière professionnelle et début chez Medtech
00:02:110 – Méthodologie du projet Montréal 2024
00:04:262 – Déménagement et installation à Montréal
00:05:333 – Adaptation culturelle et vie à Montréal
00:06:405 – Défis de l’expatriation
00:07:452 – Amitiés et relations professionnelles au Canada
00:08:537 – Maintenir des liens avec les proches
00:10:641 – Travail chez Zimmer Biomet et avancées technologiques
00:12:744 – Récompense Racine Sud et nouvelles opportunités
00:13:788 – Conclusion et remerciements
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Transcription de l’épisode :

Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Olivier Sauterelle, direction Montréal. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Et Olivier a gagné le prix de l’expatriation de racines sud les Occitans dans le monde, le prix Innovation et Recherche.
On va parler de robots dans le domaine médical. Vous allez voir des robots qui coupent les os. Je résume, je dis n’importe quoi, mais c’est pour faire une accroche. Bonjour, Olivier. Salut !
Content de faire ta connaissance. On va parler de ton parcours, si tu veux bien, pour commencer. Toi, tu es originaire de l’île Maurice dans l’océan Indien. C’est quand même un des plus beaux endroits dans le monde, si je ne m’abuse. Exactement.
Je viens de l’île Maurice et je l’ai quitté à l’âge de 18 ans pour des études en France. Et voilà, tu arrives en 2009 en France pour étudier. T’es à Montpellier. Ta licence se passe bien, il y a de bons résultats. Résultat, tu rentres dans une école d’ingénieurs où tu vas y être pendant trois ans.
Et après, le diplôme en poche, tu commences un stage à Lyon, puis à Grenoble, et puis tu reviens à Montpellier où tu rencontres ta femme. Deux enfants vont arriver, une petite fille, un petit garçon. Et puis, en 2016, tu es contacté par un chasseur de tête qui te permet de rentrer dans une entreprise qui te faisait rêver un petit peu. Exactement. L’entreprise s’appelle Medtech à l’époque.
C’était la référence robotique du bassin montpellier. Je suis contacté pour intégrer cette entreprise.
début 2017, entre temps ils ont été acquis par Zimmer Biomet, donc Patek est devenu Zimmer Biomet qui est une référence mondiale dans tout ce qui est implants. Et tout ce qui est recherche et développement, il y a un pôle à Montréal, un pôle à Montpellier, les auditeurs voient où on va en arriver avec cette histoire puisque tu deviens responsable technique d’un projet, la plupart des équipes sont au Canada, tu fais des allers-retours, Très régulièrement. Et puis un jour, vous vous asseyez avec Madame pour une grande réflexion. Est-ce qu’on irait pas vivre là-bas ? C’est même Madame qui a un petit peu mis le sujet sur la table.
Exactement. Là, c’est un clin d’œil pour Madame. Mais effectivement, le projet était dans un coin de la tête et un beau jour, Madame a dit Je pense qu’on devrait tenter l’aventure, on n’a rien à y perdre. Donc là, on se lance et de toute façon, dans notre vie de couple, à chaque fois qu’on a pris des décisions, c’était pour y aller à 100%. Donc là, on décide, on lance ce qu’on appelait le projet Montréal 2024.
Et là, on est mi-mi-2023. On prend la décision. Tu es un ingénieur. Je suppose que le dispositif est bien organisé, bien écrit. Comment ça se passe ?
Tu te fais des fiches avec ce qu’il faut faire ? Il faut libérer tout ce qu’il y a à Montpellier, il faut préparer le futur, il faut préparer la maison, l’arrivée des enfants. C’est un dispositif, une opération au commando ? C’est pour ça que je disais que le projet Montréal 2024 était géré comme un projet. on a commencé par regarder c’était quoi le budget qu’on avait besoin pour les vies par mois, les enfants, à l’âge qu’ils avaient, c’était quoi le système scolaire dans lequel ils devaient…
Donc il y avait, et on l’a fait de manière très méthodique, donc d’abord les papiers, après on a décidé de la date à laquelle nous on allait déménager, qu’est-ce qu’on faisait de notre maison qu’on avait à Côte d’Oignan, donc là on décide de mettre en location, on crie nos affaires, on décide de pas envoyer nos affaires en cargo. Donc ce qui fait qu’on voyage avec ce qui va être notre futur maison dans nos valises. Donc là encore, toute une organisation, on arrive à Montréal. L’avantage c’est que comme on avait tout anticipé, la maison a été louée, les enfants, quelques jours après, ils étaient en garderie pour la datation. Donc on va dire que le projet s’est bien déroulé.
T’as des souvenirs d’arriver avec des grandes valises, je crois, dans les taxis. Exactement, c’est une petite anecdote mais on avait chacun, comme je voyage beaucoup, j’avais pas mal de miles et je pouvais avoir pas mal de valises, on voyage à quatre, on a quand même neuf grosses valises en soute, plus nos valises cabine et donc là on récupère tout, ça fait trois chariots, pas oublier que nos enfants ils ont que deux et trois ans à l’époque et donc là on pousse trois caddies plus les deux enfants on arrive au coin taxi il nous dit bah là il faut que l’on appelle un grand taxi et le grand taxi dit non on va appeler un deuxième grand taxi donc effectivement toute une aventure mais Voilà, belle à raconter cette histoire. Et alors j’ai bien senti le responsable projet qui avait tout planifié. Lorsque l’aventure commence dans un nouveau pays avec une autre culture, alors certes à Montréal on parle le français mais pas tout à fait le même français, on sent quand même le choc de l’expatriation, une petite claque culturelle au début. Je dirais clairement.
Alors pour moi, c’est la deuxième fois que je le vis parce que quand je suis arrivé en France, le choc est encore plus énorme. Passer d’une île de l’océan Indien à la métropole. Mais passer de la France au Québec, ça a été la même chose. Ce que je répète, c’est que pour moi, le plus gros point commun, c’est la langue française, mais ça s’arrête là. Donc on est avant tout dans l’Amérique du Nord.
Donc toute une culture qui est différente et effectivement on a appris et moi je me suis aussi rendu compte que pourtant j’ai fait beaucoup de voyages pendant deux ans en venant ici. Mais y vivre, c’est complètement différent. Et là, c’est toute une adaptation qui est différente aussi. Alors vous y êtes depuis juin 2024. Les enfants, on peut rassurer les familles qui nous écoutent, eux s’adaptent le plus vite du monde.
Ça va très vite pour eux. Pour vous, c’est peut-être un peu plus difficile. Il y a des jours avec ta conjointe, vous vous dites pourquoi on a fait ça. Il y a des jours, c’est dur. Honnêtement, Non, peut-être si elle était en ligne, elle aurait dit autrement, mais non.
Je pense que le plus dur, c’est quand on arrive à des périodes de fêtes, d’anniversaires, où là, récemment, il y a eu une naissance dans ma belle famille à Montpellier. C’est ces moments-là qui font qu’on aurait bien aimé y être, parce que c’est vrai, La partie un peu sombre de l’expatriation, c’est être éloigné de la famille.
qui est un peu le plus pénible. Olivier, on a un peu discuté avant d’enregistrer. J’ai senti aussi deux petits sujets tendus. Se faire des nouveaux amis là-bas sur place, ce n’est pas si simple. Et au travail, les relations sont différentes.
On n’a pas la même façon de fonctionner que lorsque tu étais en France. Par exemple, on ne dit pas à son collègue que ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. Il ne faut pas être aussi brutal. Oui, après, encore une fois, moi, je viens d’une culture qui est encore différente, mais je te dirais quand même, il y a un monde différent dans le travail entre l’attitude et la façon de parler entre collègues. C’est-à-dire qu’on ne peut pas y aller de manière frontale, ça ne va jamais passer.
Il faut y aller en faisant des introductions, enrober un peu le sujet.
Je pense que c’est plutôt une culture nord-américaine. Ça en découle. Mais oui, on ne peut pas y aller, arriver un peu en mode latin, arriver sur ses grands chevaux et rentrer dedans. Voilà, c’est ça. Donc ça, ça ne passe pas.
Ce qui va se passer, c’est juste la personne va se braquer. Et après aussi, c’est sûr que quand on arrive la trentaine, on a moins le réflexe de se faire des amis parce qu’on a déjà un cercle d’amis. Sauf que là, notre cercle d’amis est de l’autre côté de l’Atlantique, ce qui fait que ça reprend des réflexes de « OK, il faut s’entretenir en réseau ». Après, je te dirais qu’on a aussi découvert qu’à travers les enfants, à travers. La garderie, c’est comme ça que t’arrives.
Voilà, c’est ça. C’est un peu un nouveau cercle via les enfants. Mais du coup, Olivier, t’as un bout de ton cœur sur l’île Maurice avec ta famille là-bas, un autre bout de ton cœur avec un peu moins de soleil en Occitanie avec la belle famille et vous maintenant, ce petit noyau avec encore un peu moins de soleil. À Montréal, il y a du soleil, mais il y a aussi un peu de neige en hiver. On y est en plein en ce moment.
Il faut arrêter de perdre des minutes de soleil. On est d’accord. Non, mais je te dirais, ce n’est pas le soleil le problème. Parce que justement, quand il y a le soleil, c’est là. Aujourd’hui, il y a un beau soleil.
Je n’ai plus même besoin de soleil. mais il faisait moins 27. C’est ça, c’est ce que j’ai dit. C’est plutôt la température. Tu sais que si tu regardes par rapport à l’île Maurice, ça fait des bonnes extrêmes de température.
C’est sûr que quand t’appelles la famille, il doit y avoir un choc thermique entre ta température et la leur. Clairement, c’est ça. Et alors, comment tu gères justement le fait d’avoir un petit bout de toit partout sur la planète ? Ce n’est pas facile parfois ? Je te dirais que On s’est rendu compte qu’avec ma femme, on s’est rendu compte qu’être à quatre ici, ça nous a permis de nous recentrer sur nous un peu, nous quatre.
Ça nous permet aussi de nous sortir de notre zone de confort. Ça nous permet d’aller découvrir des choses qu’on ne connaît pas. C’est toute une nouvelle culture. Mais effectivement, comme je te dis, pour moi, La partie la plus dure de l’expatriation, c’est le manque de la famille et les amis. En tout cas, ils vont écouter ce podcast.
Olivier, il me reste deux questions. Comment va ton bras automatique qui va aider le chirurgien en salle d’op ? Le projet avance bien. Je sais que c’est un projet un peu secret, mais… En fait, la partie secrète, c’est mon projet, mais la partie qui est déjà sur le marché, je peux en parler.
Oui, effectivement, c’est un robot qui ne coupe pas la place du chirurgien. mais qui va le guider, donc vous pouvez imaginer que c’est une guide de coupe, et le chercheur coupe dans le guide et c’est le bras robot qui le tient. Il va bien, mais on a commencé à la base, le projet faisait que le genou, maintenant il fait la hanche, il fait l’épaule. Et aussi on a la toute première version qui lui fait le cerveau, qui permet de placer des électrodes dans le cerveau, donc il se porte bien. Il y a un beau marché, il se porte bien.
Tu rêvais de bosser pour Zimmer, t’y bosses et aujourd’hui ça devient concret, je suppose que tu dois t’amuser. Toute dernière question, le prix Racine Sud te ramène un peu en Occitanie. Comment tu as réagi lorsque tu as appris que tu avais gagné ce prix Innovation & Recherche ? Écoute, moi j’étais pas mal surpris et de l’autre côté très fier parce que j’ai réalisé, en montant le dossier, j’ai réalisé quand même que j’ai passé, on va dire, plus d’une dizaine d’années en Occitanie, j’ai toute ma belle famille là-bas, j’ai étudié là-bas et que j’avais de connexion avec l’Occitanie. Ça m’a aussi permis, à travers ce prix, ça m’a aussi permis de me faire un peu un nouveau réseau.
Donc, que ce soit à Montréal, avec ceux qui ont déjà eu le prix dans le passé, ou même, on peut citer Jonathan. Jonathan qu’on a reçu dans ce podcast, qui est aussi un Occitan expatrié, et grâce au réseau, en fait, à des milliers de kilomètres de Montpellier, vous vous faites des amis.
Grâce à ce prix, on s’est connectés juste après, on s’est vus une ou deux fois. Et dans un avenir proche, on va aussi collaborer sur des idées un peu en liage à la technologie que Jonathan avait et que je pense qu’on va pouvoir faire à deux. Très bien. En tout cas, bon début d’aventure. Ça ne fait que quelques mois que vous êtes à Montréal.
Tu salues madame les enfants. Bravo pour le travail. Bravo pour le prix. Au plaisir de te retrouver sur cette antenne. Merci.
Merci à tous. Vous écoutez la voix des expats.
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